Chapitre 23

Lorsque je me réveille le lendemain, tout mon corps est endolori. Pas un endroit ne me fait pas mal. Le plus douloureux est cette migraine qui frappe avec une puissance à mes tempes. Impossible pour moi de me remémorer ce que j'ai fait la veille.

Cherchant mon kit d'urgence, je tâtonne jusqu'a ma table de chevet et ne trouve rien. C'est là, que la lumière se fait. Les souvenirs de la veille affluent et échauffent mes sens endoloris. Merde, je suis encore chez Blake !!!

Avec prudence, je cherche une éventuelle trace de l'autre côté du lit de lhomme avec qui j'ai passé la nuit. Nada, juste du froid. Je reste un instant à l'affut du moindre signe de la présence de...De quoi au juste ? De mon amant ? C'est calme, pas de bruit, pas un signe de vie. Ma tête me fait tellement souffrir que la nausée me gagne. Je devrais pourtant être habituée à cette souffrance quasi quotidienne. Cependant, c'est différent ce matin ? Je ne sais même pas quelle heure il peut être. Je crains d'avoir à ouvrir les yeux.

Je me sens faible et ça ce n'est pas bon signe. Je devrais être chez moi et non pas dans son lit. J'ai essayé de partir, mais il a réussi à me retenir. Je n'ai jamais autant pris mon pied avec un mec. Cet homme fait des trucs de dingues avec sa langue et ses mains. Malgré, la migraine qui vrille mes tempes, je sens mon corps courbaturé se réveiller à ses pensées.

Chassant aussi loin que possible ces dernières, je me risque à ouvrir les yeux. Un rayon de lumière filtre à travers un rideau en parti tiré. L'agression est moindre et je pousse un soupir de soulagement. Ma vision limitée peine à se repérer dans cet espace inconnu.

Chez moi, j'ai mes repères, alors qu'ici, je suis en territoire hostile, au moins provisoirement. Je finis par apercevoir un verre d'eau posé sur le chevet à côté de moi ainsi qu'une feuille de papier. Je me saisis des deux, une fois assise au bord du lit. Je n'y vois pas encore assez clair pour lire ce qu'il y a d'inscrit dessus. Je dois me faire violence pour boire le verre d'eau et me lever.

Je ne suis pas très stable sur mes jambes et je dois impérativement trouver mon sac, pour en sortir mon kit de survie et l'analgésique que ma prescrit mon ophtalmo pour soulager la migraine. Mais voilà, je suis pour ainsi dire nue et je ne sais absolument pas où se trouvent mes affaires. Voilà pourquoi, quand je m'envoie en lair, je ramène toujours ma conquête à l'appart. Pour le côté salope, on ne peut pas faire mieux, je le conçois.

Pour l'heure, il y a plus urgent, je dois impérativement prendre mon insuline et ce satané cacheton, sans quoi, je n'arriverai pas à débarrasser le plancher.

Alors, que je vais pour ouvrir la porte, mes yeux se portent sur une masse blanche recouverte dune pile sombre. En fait ce ne sont pas mes yeux qui se portent dessus mais mon pied, qui vient de heurter violemment la masse, enfin le meuble. Bordel de merde, ce que ça fait mal ! Comme, si j'avais besoin de ça !

Malgré, la douleur qui irradie dans ma tête et maintenant mon pied, je me rends compte que la tâche sombre est ni plus ni moins que mes vêtements pliés. Plusieurs sentiments se battent en moi à l'instant même. Celui qui l'emporte est le soulagement, au moins je n'aurais pas à me balader à poil chez lui.

Avec des gestes lents et peu assurés, je m'habille, laissant de côté mon chemisier. Première mission accomplie. Maintenant place à la traque de mon sac à main, c'est maintenant une question de survie. Discrètement, je sors de la chambre de Sexy connard et pars à l'exploration de son intérieur.

Blake doit être un mec soigneux à tendance maniaque, car rien ne traine chez lui. Aucune trace de notre folie d'hier ne subsiste. On pourrait se croire dans un logement témoin.

La recherche de mon sac ne prend pas bien longtemps. Je retrouve ce dernier près des escaliers où sont alignées mes chaussures. Rectification, Blake est un maniaque de l'ordre.

Je ne m'arrête pas à ce détail et m'empare de mon sac, que je vais poser sur la table sur laquelle nous avons mangé et baisé. J'étale ensuite côte à côte, ma sacoche de diabétique et la boîte d'anti-douleur. Avec la force de l'habitude, la prise de mon taux de sucre est une formalité. Je bataille cependant un peu pour en lire le résultat, tant ma vue est floue. J'espère que ce n'est pas une conséquence de la maladie, mais juste un signe que ma glycémie n'est pas au top.

Une fois le verdict tombé, je m'injecte la bonne dose d'insuline, puis avale dun trait un comprimé pour la tête avec un grand verre d'eau que j'ai trouvé dans la cuisine, posé sur un plateau avec de quoi petit déjeuner.

Ce mec m'intrigue, si bien que je me décide enfin à essayer de déchiffrer le mot trouvé sur le chevet en me levant.

L écriture est aussi belle que dans mes souvenirs. Je trouve cela sexy qu'un homme se donne la peine décrire sur papier, à l'heure où beaucoup ne communiquent qu'avec leurs smartphones.

Sur le papier, l'objet de mes pensées, me dit qu'il na pas osé me réveiller. Il écrit qu'il ma laissé de quoi manger et que si je le souhaite, je peux le rejoindre dans son atelier au rez de chaussée.

Tiens, il a son atelier ici ? Qu'entend-il par si je le souhaite, je peux le rejoindre en bas. Est-ce une façon de me dire que je dois débarrasser le plancher ? Je ne sais pas quoi penser. Habituellement, c'est moi qui fous mes conquêtes dehors. Je suis toujours bien claire avec mes one shot.

Hésitante sur la marche à suivre, je prends toute fois le risque de me faire jeter. Au moins, je serai fixée et si je dois m'en aller au moins que ce soit par la grande porte. Le walk of fame très peu pour moi.

Faisant fi de la douleur qui irradie dans ma tête, je descends prudemment les marches et m'arrête en bas des marches. Derrière une porte que je n'avais pas remarquer la veille, j'entends et ressent les vibrations de la musique. Sa maison doit être bien insonorisée car depuis l étage on ne perçoit rien. Ouvrant doucement la porte, j'entre dans un univers complètement à l'opposé de celui duquel je viens.

Si là-haut tout est ordre et propreté, ici règne l'anarchie. C'est une zone de guerre, où se trouvent débris en tous genre, établis, chevalet et autres matériaux dont j'ignore le nom. Blake me tourne le dos et ne ma visiblement pas entendu entrer. J'en profite pour le regarder, il est en train de modeler quelque chose.

Il ne porte sur lui qu'un vieux short de sport tout tâché. Dès qu'il bouge, je vois les muscles de son dos se mouvoir en un ballet harmonieux. Ses avant-bras tout en muscle aussi sont recouverts dune matière blanchâtre, que j'identifie à du plâtre.

Je suis comme hypnotisée par lui. Je le trouvais sexy avant, et de le voir centrer sur son art, ça le rend encore plus attirant. Je reste comme ça à l'admirer un court moment avant de passer au crible son atelier.

De mon poste d'observation, je remarque malgré le désordre que la pièce est vaste et visiblement organisée en différents espaces. Blake est un artiste qui mêle les différents arts. C'est ce qui m'attire chez lui, un peu comme certains chanteurs qui n'hésitent pas à marier les styles ou à changer de style complètement dun album à un autre. C'est cet éclectisme qui fait un tel succès de son art.

Je me sens intimidée et en même temps comme une espionne. C'est tellement personnel de me retrouver là dans l'encadrement de cette porte. J'ai l'impression que si j'entre dans la pièce, que je vais violer son intimité. A un moment, je le vois se frotter le front avec son avant-bras recouvert de plâtre. Je souris en l'imaginant recouvert de blanc jusque sur son visage. Il est si concentré sur ce qu'il fait qu'il ne ma toujours pas calculé.

Je pourrais rester là indéfiniment à le regarder faire. Quand je me rends compte du chemin qu'emprunte mes réflexions, je me secoue. Blake n'est rien pour moi, ce que nous avons vécu hier soir, n'était qu'une parenthèse. Il serait dangereux d'entamer quoi que ce soit avec lui. N'oublions pas que nous avons des amis en commun et que cela pourrait foutre une pagaille hors norme. Je suis quelqu'un d'égoïste, mais je place mon amitié avec Cass dans une catégorie à part.

Je finis par décider de me manifester en frappant contre le bois de la porte. Je veux lui annoncer mon départ imminent et la fin de cette parenthèse, quand il me coupe l'herbe sous le pied.

–Je me demandais quand tu allais enfin te décider à te manifester, me dit-t-il en se retournant et sans s'embarrasser de la moindre politesse.

–Bonjour à toi aussi, je lui réponds sur un ton un peu grinçant. Comment que

–Jai senti ta présence.

Blake qui a lâché son travail s'avance vers moi dun air nonchalant. Comme je lavais deviné, il est couvert de plâtre. Après avoir vu le côté pile, je me retrouve à avoir du mal à déglutir en voyant le côté face.

Bien que, j'aie eu le temps d'observer et de découvrir cette nuit les formes de ce dernier. La vue que j'ai là, me mets dans tous mes états. Je ne sais pas si c'est le fait de le voir dans son élément, si c'est la fan de l'artiste en moi qui se réveille, mais waouh. Le voir tout tâché, je ne sais pas, le rend encore plus sexy. Ses bras sont encore bandés d'avoir manipulé de grosses quantités de plâtre. C'est carrément chaud, ou alors c'est moi qui ai chaud, très chaud, là ou je ne devrais plus avoir chaud après la nuit dernière.

L'air entre nous est électrique, un fil invisible est en train de se tendre et de raccourcir. Sans que je ne m'en rende compte, je franchis le seuil de son atelier, le regard rivé au sien. Un pas, puis deux et je me stoppe. Je suis comme enveloppée dans son aura de mâle. Je suis la proie, il est le chasseur.

Puis sans que je comprenne, le voilà qui est maintenant proche de moi, trop proche. Je dois avoir lair dun animal apeuré, alors que lui à lair sûr de lui. Une main finie par me toucher, par caresser ma joue, la recouvrant de la même matière fraîche avec laquelle il travaillait plus tôt. Puis, je sens un souffle chaud sur mon visage, juste avant que des lèvres pleines se posent sur les miennes et quelles me font tout oublier, y compris comment je m'appelle.

–Bonjour Carotte, me dit-t-il en libérant mes lèvres, avant de les reprendre.

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