Chapitre 18
Je suis enfin sortie de l'espèce de transe dans laquelle je m'étais réfugiée. Je suis toujours gelée et je peine à comprendre comment j'ai put atterrir chez lui, une tasse thé très sucré dans les mains. Je ressens la chaleur de cette dernière se diffuser à travers tout mon corps. Dire, que cela me fait du bien est un bel euphémisme. Ce n'est pas faux non plus. Si physiquement, j'en tire quelques bienfaits, psychologiquement, c'est toujours le bordel là haut.
J'ai eu un instant de panique, quand j'ai refait surface. Lui était là, et m'a réconfortée ? Rassurée ? Super Connard s'est occupé de moi et vous savez quoi ? J'étais tellement perdue dans mes abîmes, que je ne me suis rendue compte de rien, enfin de presque rien. C'est son touché, qui je crois, m'a ramené au présent.
Et maintenant, il est là à s'affairer autour de moi, à râler qu'il ne trouve pas ce dont il a besoin pour soigner ma main blessée. J'ai une entaille qui barre toute ma paume, ça pique et j'accueille cette douleur avec presque un sentiment de bienvenue. Je me souviens vaguement avoir eu l'impression de tomber, visiblement c'est le cas.
Beaucoup de questions restent en suspends et maintenant que je ne suis plus un corps léthargique, j'ai besoin de trouver les réponses à ces dernières. Le voir s'agiter autour de moi me donne le tournis. Je me demande si je dois l'interrompre ou pas, en même temps voir son corps bouger au rythme de ses pas est fascinant. Quand il a enfin réunit tout ce qu'il lui faut, il vient s'asseoir sur la table basse face à moi et se saisit de ma main un peu brusquement. Ses doigts contre ma peau sont râpeux et me donnent la chair de poule. Plus doucement, il pose ma main sur son genou et ouvre un paquet de compresses qu'il noie sous un produit antiseptique. Plus doucement si cela est possible, il passe la compresse sur la plaie, ce qui me fait tressaillir. La douleur peu présente jusqu'alors se réveille.
– La vache ça pique ! Dis-je avant de regarder ce qu'il y a d'écrit sur le flacon.
Mon premier réflexe est de retirer ma main, mais ce dernier est plus rapide que moi et intercepte mon poignet d'une main ferme. Puis de l'autre, il détend mes doigts et regarde de plus près la plaie à la recherche de débris. Son regard est concentré sur ma paume, ses gestes sont doux et méticuleux. Quand je parviens enfin à déchiffrer ce qu'il y a d'inscrit sur le flacon, il a de nouveau tamponner ma plaie avec une compresse .
– Merde ! L'alcool à soixante dix, c'était obligé ? Je hurle, Putain ça pique !
– Quelle chochotte, me dit-il en pansant ma main, un sourire se dessinant sur ses lèvres.
Mon élan de colère est stoppé net par son sourire. Ce n'est pas un sourire colgate, ni un rictus moqueur. C'est un sourire qui me laisse sans voix, qui semble communiquer en silence avec moi. Chose bizarre, complètement folle, ça me tire à moi aussi un sourire qui annihile toute envie de lui hurler dessus. La surprise est telle que, si je n'avais pas été assise, je serai tombée sur le cul. Merde, j'en ai les jambes sciées.
– Merci.
– Pas de quoi, me répond ce dernier.
Après cela un silence gênant s'est installé entre nous. Silence, qui ne fut brisé que par le bruit d'une horloge ancienne annonçant le changement d'heure et la fin de cet étrange aparté, mais aussi le signal du départ.
– euh, je crois que je vais y aller, lui dis je. Merci, pour votre aide.
Je me sens si mal à l'aise d'un coup, que je me trémousse comme une ado face à un mec qui lui plaît. Sauf que je ne suis pas une ado et que je suis uniquement vêtue de ses vêtements à lui dans lesquels je flotte et qui me font ressembler à un sac à patates. Lui ne bouge pas, ni ne dit rien. Ce n'est que quand je reviens de sa salle de bain avec le tas formé par mes fringues qu'il réagit enfin.
– Attendez, je vais vous appeler un taxi, vous ne pouvez pas rentrer comme ça.
– Je...
– Je ne veux pas que preniez froid, me dit-il ensuite en s'approchant tout près de moi et en m'indiquant de m'asseoir à nouveau sur son sofa.
Fort heureusement, un taxi arrive rapidement, sans quoi nous aurions été obligés de nous faire la conversation. Ça aurait été con de devoir en arriver là. Plus sérieusement, j'ai hâte de rentrer chez moi et de me retrouver seule pour pouvoir faire le point sur cette maudite journée et pas que... Blake me raccompagne jusqu'à la porte et je lui en suis reconnaissante. Bien que je me sente mieux, je ne suis pas très vaillante. Au moment de lui dire au revoir, ce dernier me surprend par un geste auquel, je ne m'attendais pas.
– Merci, me dit-il Blake avant de déposer un baiser sur ma joue et de refermer la porte derrière lui.
Ce n'est qu'une fois dans le taxi et que je suis certaine qu'il ne se montrera pas à nouveau, que je touche ma joue comme pour m'assurer que ce qu'il vient de se passer est bien réel. Avachie contre la banquette, je regarde les rues de Phili et me rends compte que le quartier dans lequel vit Blake n'est pas si éloigné du mien. Le constater ne provoque pas en moi la réaction qui me serait venue d'ordinaire, bien au contraire elle fait naître une émotion positive. Probablement la première et la seule de cette journée de merde.
Qu'il est bon et à la fois effrayant de se retrouver chez soi après une telle journée. Rien que de m'en faire la réflexion en passant la porte me fait grimacer. Pas mal de choses se bousculent dans ma caboche. L'appréhension, l'apaisement furtif que j'ai ressenti avec lui, mon désespoir face à une situation qui se rapproche de plus en plus. Soudain, je ressens le besoin de parler à quelqu'un. Mon premier réflexe est de chercher mon portable, mais impossible de mettre la main dessus jusqu'à ce que je me rappelle que je l'ai laissé dans mon bureau. A l'heure qu'il est, il est sûrement déchargé. L'idée de descendre le chercher est bien moins tentante que de me pelotonner sous un plaid, dans mon fauteuil favori.
Je ne me change pas, je prends juste le temps de vérifier ma glycémie avant de m'installer avec le fixe. Bien au chaud dans le cocon que je me suis fait, je compose de tête le numéro de celle qui pourra me remettre si c'est possible la tête à l'endroit. Ça sonne une première fois dans le vide, jusqu'à ce que je sois envoyée sur la messagerie de Cassandre. Dans un soupir, je raccroche et compose à nouveau son numéro. Il arrive souvent qu'elle ne réponde pas à la première sonnerie, mais là encore ça sonne jusqu'à se déclenche à nouveau le répondeur. Je ne laisse toujours pas de message. Dans un dernier élan, je réitère une dernière fois l'appel et finis par laisser un message sur le répondeur de mon amie.
– Salut Cass, c'est Sib. Je voulais juste euh....Non, rien en fait, tu dois être occupée, je te rappelle demain. Bisous.
Je lui laisse un message aussi pitoyable que moi. Les boites vocales sont pour moi des suppôts de Satan avec qui on a pas d'autre choix que de converser quand notre interlocuteur n'est pas en capacité de nous répondre. En loccurrence, ça me rappelle juste que tout un chacun à une vie en dehors de la mienne. Si à l'heure qu'il est ma copine ne m'a pas répondu, c'est qu'elle doit être bien occupée. Même si ça me fait chier de ne pas réussir à la joindre, je suis contente qu'elle ne soit plus seule.
Quand au bout d'un long moment, je me décide à bouger de mon fauteuil, il fait presque nuit. Mon appartement est plongé dans la pénombre. Je n'ai pas faim, mais je fais tout de même un crochet par la cuisine pour prendre un léger en-cas histoire de ne pas me retrouver dans une fâcheuse posture cette nuit. Cass ne m'a pas rappelé et c'est sûrement mieux ainsi. Je m'en voudrais de la privé de sa soirée. Elle resterait à coups sûrs avec moi et ne me lâcherais pas d'une semelle.
N'ayant envie de rien, je décide de me coucher. Je suis K-O, ma main me lance mais la douleur me permet de rester moi et de ne pas sombrer comme plus tôt aujourd'hui. Ça et les vêtements de Sexy Connard.
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