Chapitre 17

Blake

Enfin ! Purée c'est pas trop tôt. Sa seigneurie se décide enfin à entrer. Ma patience a atteint ses limites et à ce rythme mes couilles vont finir bleues. D'un signe de tête, je lui désigne l'escalier face à elle. Elle a l'air d'ignorer ce qui se trouve autour d'elle. Seul ce truc qu'elle tient contre elle a l'air d'avoir de l'importance.

Restant à bonne distance, je monte lentement les marches unes à unes. Seul le bruit de nos pas mouillés brise le silence. Je n'ai plus qu'une hâte, me débarrasser d'elle. Je veux me retrouver seul et finir de cuver avec pour compagne la migraine. Je laisse mes pensées dérivées, quand un bruit sourd me ramène à la réalité. Bon sang, mais quelle empotée !

– Ça va, vous ne vous êtes pas fait mal ? Je lui demande en rongeant mon frein.

Sur l'instant, elle ne me répond pas, ne me regarde pas. Je soupire face à son absence de réaction. Cette fille, c'est quand-même quelque chose ! Et puis, je la vois, la tâche qui se forme sous sa main. Merde, merde, merde, en plus elle s'est blessée.

– Sibylle, vous allez bien ? Et puis j'insiste en plus.

Je ne sais pas pourquoi, je me sens responsable d'elle. Carotte n'est rien pour moi, alors pourquoi je me sens ainsi en sa présence ? Sans m'appesantir sur mes états d'âme, je prends enfin le taureau par les cornes et je la soulève comme je le peux pour franchir les dernières marches. Sa main est belle et bien ensanglantée, je vois un mince filet pourpre couler. Sous mes pieds quelque chose crisse. Jetant un coup d'oeil rapide, je m'aperçois qu'il s'agit de verre. Probablement des restes de mon coup de folie de la nuit dernière.

La culpabilité m'envahit une fois de plus et anéantit toute la colère que je pouvais ressentir jusque là. Seule une chose m'importe tout de suite. Soigner cette main et m'assurer que sa propriétaire parte de chez moi en bien meilleure forme. Je commence sérieusement à m'inquiéter pour Carotte. Son immobilisme, son regard vide sont flippants. Contre moi, je la sens glacée. Combien de temps a t-elle passé dehors sous la pluie ?

Aussi vite que je le peux, je me dirige vers mon canapé, et y dépose mon fardeau. Tout aussi vite, je me rue dans ma chambre pour y prendre une couverture propre dans le placard. Il est impératif qu'elle se réchauffe.

Quelque chose me dit qu'elle est comme en état de choc. Si je ne me dépêche pas de la réchauffer, cela risque d'empirer. La couverture dans les bras, je la retrouve au même endroit où je l'ai laissé. Doucement pour ne pas la faire sursauter, je pose sur épaules la couverture. Rien, aucune réaction de sa part, ça m'angoisse.

J'appellerai bien Brent pour lui demander de l'aide mais je ne suis pas sûr après ce qui s'est passé hier qu'il décroche. Et si c'est pour être accusé d'avoir maltraité Carotte. Réfléchissant un instant, je prends la décision de réchauffer la jeune femme avant de m'occuper de sa main. Je prie pour qu'il s'agisse d'une toute petite coupure, et qu'il ne lui faille pas plus de soins.

– Carotte ? Je reviens dans un instant. Je vais vous préparer de quoi vous réchauffer.

C'est dingue, elle ne réagit toujours pas. Si je ne la voyais pas respirer et trembler, j'aurais l'impression d'avoir affaire à une statue de cire. Face à son absence de réaction, je change mes plans et me rue à nouveau dans ma chambre, j'en sors des sous vêtements propres, pour elle et pour moi, ainsi qu'un jogging épais et un t-shirt toujours pour elle. Je les pose sur le lavabo de la salle de bain et hésite un instant entre lui faire couler un bain chaud et faire couler la douche.

La douche est sûrement l'option la plus sûre. L'idée qu'elle s'endorme dans ma baignoire et qu'elle se noie me file des frissons d'horreur. Rapidement, je règle le thermostat, fais couler l'eau et prépare des serviettes.

Lorsque je retourne dans le salon, j'ai juste le temps de la rattraper avant qu'elle ne s'effondre sur le divan. Son corps lourd et mou à la fois, comme ces poupées de chiffons. Je la secoue paniqué à l'idée qu'elle me fasse un malaise et arrive à lui tirer à peine quelques mots.

– froid, trop froid, me dit-elle.

– Je sais. Restez avec moi Sibylle. Vous allez vite vous réchauffer.

Passant un bras sous ses genoux et un autre dans son dos, je la soulève à nouveau pour cette fois la conduire à la salle de bain. Sa tête se pose sous menton et je sens sur elle les effluves de son shampoing ainsi que l'odeur de la pluie. Le mélange des deux m'ennivre un court instant. Cette fille me touche d'une façon étonnante.

Malgré mes problèmes et la façon dont nous avons fait quelque chose, elle fait renaître en moi des sensations que je ne veux plus éprouver. Prenant sur moi, malgré la faiblesse qui commence à prendre le dessus, je me dépêche de la poser sur le rebord de ma baignoire et la découvre. Aussi vite que possible, je commence à enlever les uns derrière les autres les boutons de son chemisier, puis je la relève en l'appuyant contre moi. Elle n'a aucune réaction, même quand je commence à m'attaquer à la fermeture de sa jupe. Je fais mon possible pour que mes doigts n'entrent pas en contact avec sa peau. Je ne veux pas qu'elle vienne à penser que je pourrais essayer d'abuser d'elle.

Devant son absence de réaction, je me demande si je dois entrer dans la douche avec elle. La situation est telle que je finis par me déshabiller à mon tour, ne gardant que mon caleçon. C'est ainsi que nous entrons dans la douche qui dégage beaucoup de vapeur. Je suis gelé moi aussi et si je veux lui venir en aide, je n'ai pas le choix que de prendre cette douche en même temps qu'elle.

Ce n'est qu'une fois que nous sommes sous l'eau chaude qu'elle semble enfin reprendre vie. Le tremblement qui s'en suit et le cri qu'elle pousse en sont la preuve.

Son cri est insupportable, mais le regard apeuré qu'elle me lance, lui me coupe dans mon élan. Ma réaction première est lui de crier dessus. Je ne le fais pas, je la saisis juste par les épaules et la presse contre moi, et la serre fort, alors qu'elle se débat.

– Lâchez-moi, me crie t-elle à plusieurs reprises.

– Chut, lui dis-je suffisamment fort pour qu'elle m'entende à travers le bruit de l'eau et ses cris. Chut, je veux juste vous réchauffer. Sibylle, regardez-moi !

J'ai conscience sur mes derniers mots de lui donner un ordre sec, mais au moins ça marche. Je la vois lever les yeux vers moi. Ses cheveux sont trempés, ses yeux quant à eux sont rouges et sa peau si blanche est recouverte de chair de poule et pourtant je la trouve magnifique. Déglutissant, je m'écarte un peu d'elle et la fixe droit dans les yeux.

– Je veux juste vous aider à vous réchauffer. Je vous jure que je ne vous veux aucun mal. Si j'avais voulu abuser de vous, je ne vous aurai pas laisser vos sous-vêtements, ni garder les miens.

Ce dernier argument fait mouche, elle se détend un peu. Je profite de ce moment de paix relative pour lui prendre sa main blessée et examiner la plaie. Heureusement, il s'agit d'une coupure qui ne nécessitera pas de gros soins.

Au bout de ce qui me semble être une éternité, Carotte arrête enfin de trembler et semble être enfin assez forte pour tenir debout sans mon aide. Je m'assure tout de même qu'elle s'en sent capable avant de couper l'eau et de sortir de la douche.

Une fois dehors, je lui tend deux serviettes pour qu'elle se sèche et j'en prends une aussi. Elle hésite à sortir, alors je prends à nouveau la parole pour la rassurer.

Je vous ai laisser des vêtements secs sur le lavabo. Je vais aller me sécher dans ma chambre. Quand vous serez prête, rejoignez moi, il faut aussi soigner votre main.

– D'accord, me répond-elle sans me regarder.

Et je sors de la salle de bain avec le sentiment perturbant que tout va changer.

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