Chapitre 13

- Aïe ! Putain mais qu'elle conne !

Bon, ben encore un matin comme je les aime. Une fois de plus étourderie va rimer avec hématome. C'est pas croyable ce que je peux être gourde ces jours-ci. Je m'agace moi-même, c'est peu dire. Me répéter mon mantra habituel, programmer ma journée à la minute près ne suffit pas !

Pourtant en ce milieu de semaine, je me sens bien. Je vis à cent à l'heure comme d'habitude. Le Book and Coffee fonctionne du tonnerre. La lecture de l'autre jour a vraiment été bénéfique. Les demandes de soirées lecture ne cessent d'arriver. Stephen n'en reviens pas lui-même, il multiplie les heures au café pour me venir en aide. Il me serine aussi pour que je me dépêche d'embaucher une personne de plus.

J'ai repoussé le recrutement car je ne trouvais personne de valable. C'est encore le cas, les CV que j'ai gardé attendent juste que je les reçoivent. Mais je ne sais pas, y a quelque chose qui cloche. Peut-être est-ce juste moi qui suis trop tatillonne.

Cassandre me l'a toujours dit, je cherche trop la petite bête. C'est sûrement vrai, seulement je préfère me fier à mon instinct, et ce dernier me dit qu'aucun de ceux que je m'apprête à faire entrer dans mon bureau ne fera l'affaire.

C'est peut être ça, qui me travaille au point que j'en viens à être maladroite. Ce matin, le temps est plutôt lourd pour la saison. Il ne fait pas très chaud, mais l'on sent qu'un orage pourrait éclater. Il me semble avoir entendu que la fin de semaine allait être pluvieuse. Voulant être à l'aise pour recevoir les candidats, j'ai revêtu un slim noir surmonté d'une chemise fluide gris acier, une des rares exceptions que j'ai fait à mon nouveau dress code. J'ai remonté mes cheveux en un chignon souple duquel j'ai laissé des mèches s'échapper. Des escarpins vernis à petits talons complètent ma tenue.

Quand je descends au café-bibliothèque, Stephen est déjà à son poste et me désigne une personne. Je suppose que ce doit être le premier candidat. De là où je suis, je le distingue mal, pourtant j'ai comme une drôle d'appréhension. Quand mon employé lui apporte une tasse de café, je le vois me désigner . L'inconnu se retourne et m'adresse un signe de tête.

Merde, qu'est-ce qu'il fait là celui-là ! Moi qui pensais être tranquille pendant un moment ! Nous, nous fixons un moment. Qui de nous lâchera le premier, ou fera un pas vers l'autre, je l'ignore. A cette distance pourtant pas si lointaine, je n'arrive pas à le déchiffrer. Ses yeux qui me dévisagent, provoquent en moi, une réaction qui m'agace et qui en même temps me donne envie de le provoquer. C'est comme si j'avais un petit diablotin sur l'épaule et qu'il me soufflait de lui jouer un mauvais tour. D'ordinaire quand on a ce sentiment, il y a toujours l'ange qui se faufile pour vous dire, ne fais pas ça, ce n'est pas bien. Sauf que là, je n'ai pas cette petite voix raisonnable. Je suis sur mon territoire et non plus sur le sien.

Alors que je m'approche de la table de Sexy Connard, toute ma volonté qui me crie de le faire chier se fait la malle, remplacée par une sorte de fourmillement dans tout mon corps. Alors que je suis tendue comme un arc, lui semble être à mon opposé, détendu. D'un signe de la main, je désigne la table à mon employé et lui commande moi aussi un café. Autant avoir de quoi se donner une contenance pour l'affronter. Plus vite, je pourrais m'en débarrasser, plus vite je pourrais retrouver la paix.

Le temps que je parcours les quelques mètres me séparant de mon visiteur, la tasse que j'ai commandé m'attend déjà. Je suis reconnaissante à mon employé que Stephen ai pour une fois compris qu'il ne devait pas traîner pour m'apporter ma commande. J'espère que la présence de Sexy connard est due au hasard. Je n'aime pas avoir ce sentiment que l'on empiète sur mon territoire. La sienne surtout me met mal à l'aise. Elle me renvoie à sa visite, lorsqu'il m'a ramené la voiture. Il ne s'était pas conduit comme un con comme la veille, je crois que j'aurais préféré cela, à la délicatesse dont il avait fait preuve.

Bien que ma journée soit chargée, je prends sur moi et m'installe tranquillement face à Blake. Je ne le salue pas tout de suite, préférant prendre une gorgée de mon café noisette. Je ne souhaite pas l'accueillir comme je le ferai avec un client, ni comme si nous étions familiers. Je tiens à garder cette distance entre nous.

Ce dernier ne manifeste aucune réaction. Il attend en braquant son regard sombre sur moi, un sourire fatigué sur les lèvres. Devant moi, je n'ai plus le même homme que lors de nos deux dernières rencontres. Ce constat me perturbe, et fait naître au fond de moi un brin d'inquiétude. Chassant cette pensée complètement stupide, je relève la tête et braque mon regard sur lui.

- Mr Donovan, quelle bonne surprise ! Dis-je en m'adressant enfin à lui.

- Blake, me dit simplement ce dernier.

- Que me vaut le plaisir ?

- Toujours aussi charmante et directe , me répond-il en réprimant un sourire.

- Je n'ai pas de temps à vous consacrer Donovan ! J'ai suffisamment de travail comme ça !

- Je suis sûr que pour un ami, vous savez le trouver.

- Sauf que vous ne l'êtes pas ! Lui réponds-je en prenant une nouvelle gorgée de mon café brûlant.

- Heureusement pour moi, se marre l'enfoiré avant d'en ajouter une couche. Qui voudrait d'une carotte crachant le feu comme amie, aussi sexy soit-elle !

Quoi ! Que ! Mais quel connard ! Le salaud se marre en prime. Putain mais qui m'a fichu dans les pattes un mec pareil ? Ah, non ça je le sais ! Quand je vais leur tomber sur le paletot, ils vont m'entendre ! Hors de moi, je suis debout à côté de la table, ma chaise gisant au sol. L'instant d'après Stephen rapplique affolé face à ma réaction. Le pauvre ne comprends pas la situation et serait prêt à tenter de mettre Super Connard dehors.

- Ça ira Steph, va regarder s'il y tout ce qu'il faut dans la petite salle s'il te plaît.

- Tu es sûre que ça ira, me demande ce dernier en regardant inquiet l'importun qui continue de sourire comme si de rien n'était.

- Certaine, Mr Donovan s'en allait justement.

- Sympa, le chien de garde ! Si on peut ne serait-ce que lui donner ce nom.

- Dehors ! Lui dis-je en grinçant des dents. Quelle que soit la raison qui vous a poussé à entrer ici, vous allez prendre vos clics et vos clacs et dégager !

- Sinon ? Me demande l'énergumène qui me regarde avec une étincelle provocatrice dans le regard.

Je ne lui réponds pas tout de suite. Entrant dans son jeu, je m'avance jusqu'à lui et pose mes fesses en coin de table. Je ne le quitte pas un instant du regard, puis lentement je me penche vers lui, si près que mes lèvres sont proches des siennes.

- Sinon, je t'arrache les couilles et les donne à bouffer à mon chien de garde.

Je n'attends pas que Sexy Connard ajoute quoi que ce soit. Je ramasse nos consommations à peine entamées et vais les déposer dans l'évier derrière le comptoir. Toujours aussi furieuse, je les rince en attendant d'entendre la cloche annonçant son départ. Une fois fini, je prends tout mon temps pour les essuyer et les ranger, espérant entendre ce bruit signifiant ma liberté. Mais rien, ni bruit de porte, ni tintement de clochette. Inspirant un grand coup, je me retourne et sursaute.

Sexy Connard se tient juste devant moi, seul le comptoir nous sépare. Portant la main à mon cur, je cherche à reprendre contenance. Ce dernier profitant de ma frayeur, prend appui, s'élève au dessus du comptoir et claque une bise au coin de mes lèvres avant d'atterrir à nouveau sur ses pieds.

- Je te remercie pour ce moment, tu viens d'égayer ma journée. Puis en se dirigeant vers la porte, le sourire aux lèvres. Content que tu ailles mieux Carotte. A une prochaine.

Je suis tellement sous le coup de son baiser, que je ne relève qu'une fois qu'il est partit de la teneur de ses derniers mots.

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