Chapitre 11
L' hypoglycémie m'a pris par surprise. Je ne l'ai pas sentir venir. Alors que je regardais la nuque de Blake qui semblait encore plus tendu si c'est possible de l'être plus qu'il ne l'était, j'ai commencé à me sentir mal. Cela a commencé par une sueur froide sortie de nulle part, alors que l'instant d'avant je me sentais en colère après l'autre connard. Puis d'un coup ma vision s'est troublée avant que je ne sente mes forces m'abandonner.
Après je ne sais plus ce qu'il s'est passé réellement. Je me souviens d'avoir senti une poigne ferme et chaude me tenir le bras, avant que la voix de Cass ne résonne à mon oreille et que je la sente me soutenir et crier à quelqu'un des mots que je n'ai pas saisis. Je me sens vidée de toute force. Ça hurle et je ne perçois que les cris sans les comprendre. Puis une sensation de pincement dans mon bras se fait et c'est le black out...
Des coups à ma porte résonnent, ils me tirent de mon sommeil. Ils cessent un instant, puis recommencent de plus belle. Bordel, qu'est-ce que cela peut bien être. Brutalement, je prends conscience de là où je suis. Certaines images se forment dans mon esprit embrumé. Je souffle un peu rassurée, mais je me sens mal, vraiment mal. Je sais ce qu'il m'attend, le sermon va à coup sur être violent. Je le supporterai sans broncher, parce que j'ai le mérité et que ce n'est pas la première fois que cela m'arrive.
D'ailleurs, c'est bizarre que je n'entende rien, en dehors des coups à la porte. Les dernières fois où je me suis retrouvée en hypo, Cassandre était là ! Putain, elle a dut être violente cette crise pour que je sois à ce point ignorante de ce qu'il s'est passé. Péniblement, je m'extirpe de mon lit, agressée par la lumière du soleil qui entre par la fenêtre. Comme après une crise, je me sens faible et comme si j'avais une gueule de bois. Vu dans l'état dans lequel je me trouve, je peux dire aisément que je me sens encore plus mal que lors de ma dernière gueule de bois. Pas si lointaine que ça la gueule de bois.
Avant que mon visiteur finisse par enfoncer ma porte, je me dirige vers celle-ci et l'ouvre en grand, sans même penser un seul instant à regarder par oeilleton, ni à la tenue dans laquelle je me trouve. Je ne souhaite qu'une chose retourner me coucher sur la première surface un tant soit peu confortable, en attendant que vienne l'heure de monter sur l'échafaud.
Je n'ai même pas la force de regarder qui me rend visite. Non pas que je sois imprudente. Peu de personnes connaissent mon adresse, donc la paire de Converse noire défraîchie que j'aperçois, ne fera rien. Je me recule et laisse entrer sans mot la paire de pompes qui a connu comme moi, des jours meilleurs.
– Eh ben, si on m'avait dit que j'aurais une si belle vision, je serai venu plus tôt, prononce une voix que j'aurai voulu ne pas entendre avant des lustres.
Le ton employé par mon visiteur quand je referme ma porte, me fait sursauter et me retourner si brusquement que je manque de m'écrouler, la tête me tournant violemment. Je ne dois mon salut une fois encore, que grâce à ses réflexes. Ses mains me saisissent, avant que je ne me vautre sur le parquet, et me soulèvent pour me poser doucement sur mon canapé. Je suis dans l'incapacité de réagir dans l'immédiat. Je me sens faible et les mains chaudes de sexy connard sont encore sur moi et me rendent toute chose.
– Qu'est-ce que vous faîtes ici ? Je lui demande si doucement que je ne sais pas s'il m'a entendu.
Je vois ce dernier hésiter à me répondre, son regard posé sur moi me sonde. Il a l'air soucieux, et en même temps en colère. Ses yeux passent plusieurs fois de mon visage au reste de mon corps. Tout d'un coup, je percute d'une chose. Merde ma tenue ! Un bref coup d'oeil me révèle ce que lui a remarqué, bien avant moi.
Si je n'étais pas déjà blanche, je crois que je le serai encore plus à l'instant. Cherchant quelque chose pour me cacher face à ses yeux sombres, je commence à perdre pied. Mon champ de vision réduit, ne me permet de trouver le plaid polaire rose pâle que je garde sur mon divan. Mes mains se posent à droite et à gauche cherchant ce satané bout de tissu. Tout aussi violemment que lorsque j'étais devant la porte, je me tourne et une fois encore la tête me tourne. Décidément rien ne va aujourd'hui, je ne comprends pas comment je me retrouve dans cette posture. Je suis complètement à la ramasse et paniquée, et ça ne ressemble pas à celle que je suis habituellement.
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Blake
Nom de Dieu, elle va pas me refaire le coup une deuxième fois non ! Et ben si ! J'ai juste le temps de la rattraper avant qu'elle s'écroule sur le parquet. Putain ce qu'elle est pâle et frêle. Elle ne pèse pas bien lourd dans mes bras quand je la soulève. Je me sens quand même un peu coupable, si elle vient de manquer de se vautrer, si je ne l'avais pas fait sursauter avec ma remarque à la con.
D'un coup, je ressens un élan de colère envers elle, aussitôt réprimé lorsque je m'approche de son canapé. Je viens de comprendre qu'elle ne m'a pas ignoré quand elle a ouvert la porte ! Elle ignorait tout de ma venue, sa réaction à mes paroles prouve qu'elle ne savait pas qui était derrière la porte. Ça me fous en rogne, j'aurais put être n'importe qui, j'aurais put l'agresser, la violer surtout dans cette tenue.
La colère qui monte en moi face à l'hypothèse de ce qui aurait put se produire, me surprends. Jamais du temps où je fréquentais le cercle, cela se serait produit. Jamais une seule de mes partenaires se serait permise de prendre ce risque sans s'exposer à une punition. Ce simple constat sur ma vie passée, me laisse un goût désagréable dans la gorge. Je savais que je n'aurais pas dut accepter de ramener sa voiture à Carotte. Seulement face à mon comportement d'hier soir et au dégoût que j'ai lu dans le regard de mon meilleur pote, je me suis résigné à me plier aux exigences de Blondie, pendant qu'eux se chargeaient de l'épave rousse que semblait être ma compagne de soirée.
Avec un peu de recul, je reconnais que je me suis comporté comme un connard pathétique. Je me suis montré agressif toute la soirée avec elle. Le fait qu'elle m'ait tenu tête à fait germer au fond de mon esprit, une petite étincelle. De celles qui me faisait vibrer dans mon ancienne vie. Dès l'instant où je l'ai vu, où j'ai croisé le feu dans son regard, j'ai vu en elle quelque chose qui m'a remué.
Pour l'heure, je l'observe prendre conscience de sa tenue et devenir encore plus pâle qu'elle ne l'est. Nous avons beau être en fin d'après-midi, je lui trouve vraiment une mine à faire peur et une sourde inquiétude me prend aux tripes, quand je la vois manquer de vaciller, alors qu'elle cherche à se couvrir. Je crois que je l'ai surprise au réveil. Elle ne porte sur elle qu'une minuscule culotte noire et un débardeur assortit faisant ressortir sa peau pâle et ses cheveux de feu. Sentant sa panique, je m'extirpe de ma contemplation et me saisis en même temps qu'elle de son espèce de couverture rose pâle. Sa main est glacée contre la mienne et pourtant je m'y attarde un instant avant de la retirer comme si son contact me brûlait.
– Laisse-moi faire, dis-je en la tutoyant involontairement, avant de la couvrir de la fameuse couverture. Ne bouge pas, je reviens.
Une fois que la couverture la couvre, je fonce dans sa cuisine. Une chance pour moi que sa pièce à vivre soit un open space, ça m'évite d'avoir à ouvrir toutes les pièces pour trouver la cuisine. Avisant son frigo, je cherche de quoi lui servir à boire. Ma priorité est qu'elle prenne vite quelque chose d'assez sucré pour lui donner un coup de fouet. Je déniche une bouteille de jus d'orange, l'ouvre et la sent histoire de m'assurer qu'il contienne soit encore buvable. Manquerait plus que l'on m'accuse de tenter de l'empoisonner. Blondie, non Cassandre (faudra bien que j'arrive à me faire à son prénom) m'étriperai. Si j'ai bien compris une chose hier concernant la nouvelle compagne de Brent, c'est qu'elle serait prête à commettre un meurtre pour protéger sa rouquine de copine.
Une fois la bouteille de jus de fruit posée sur le plan de travail, je pars à la recherche de verre. A la vue de la multitude de porte de placard se trouvant dans la pièce, je renonce et tente ma chance dans le lave vaisselle. J'aurais plus vite fait de rincer deux verres.
Lorsque je reviens dans le salon, Carotte est toujours au même endroit. Je la vois qui tremble et ça me paraît pas bon signe. Ce n'est pas normal ce comportement après une gueule de bois. Je me demande s'il n'y aurais pas autre chose derrière tout ça, mais quoi. M'asseyant face à elle, je lui tends un verre et ne peux retenir un léger rictus quand je la vois hésiter à le prendre.
– Aller, bois, je lui ordonne.
Elle hésite, le verre tremble dans sa main. Son regard ne se lève même pas pour rencontrer le mien. Je soupire, cette nana que je ne connais ni d'Eve, ni d'Adam me frustre. Si je ne craignais qu'elle fasse un malaise, je laisserai en plan.
– Il ne va te mordre, alors Bois, lui dis-je en employant une intonation de voix que je n'ai plus utilisé depuis longtemps.
Finalement au bout de quelques secondes, elle finit par porter le verre à ses lèvres et reprendre une petite contenance. Je lui prends le verre vide et le pose à côté de moi, puis lui tend le second verre, qu'elle refuse.
– Merci, me dit-elle sortant légèrement de sa torpeur. Pourquoi êtes-vous là ?
Sa question confirme qu'elle ignore tout de la raison de ma présence. Je suis quelque peu surpris, Brent m'a assuré qu'ils lui avaient laissé un message avant de partir en milieu de matinée. En même temps si elle a comaté tout ce temps, elle n'a peut être pas vu le message.
– Tu n'as lu le mot que ta copine t'a laissé ?
– Quel mot ? Me demande-elle.
– Celui qui dit que je devais passer te ramener ta voiture. Tiens, lui dis-je en sortant un jeu de clefs de ma poche. C'est une chouette bagnole.
– Non, je l'ai pas vu, me répond-elle, sortant une main de sous la couverture pour se saisir des clefs.
Une fois encore nos mains se touchent et je sens à nouveau cette sorte de décharge qui me parcours quand je la touche. Cette fois notre réaction à tous les deux est identique, et nos mains se retirent vivement, laissant s'échapper les clefs de la voiture. Plus vif qu'elle, je me baisse et ramasse l'objet de ma venue, puis les pose sur la table, avant de prendre les verres et de les porter à la cuisine.
Quand, je reviens dans le salon, je croise le regard de Sibylle, cette dernière ose enfin me regarder. Ses yeux mangent son visage pâle, je lis dans son regard quelque chose qui me donne envie de la protéger. Soudain, le bruit de quelqu'un essayant de tourner une clef dans la serrure, se fait entendre. Une tête blonde en passe le seuil, me sortant de ma contemplation et annonce ma libération.
– C'est moi, hurle la blonde !
Je voudrais lui dire qu'on a remarqué sa présence, qu'il n'est pas nécessaire de gueuler comme elle le fait. Mais ce n'est pas moi qu'elle regarde. Derrière son grand sourire qu'elle affiche, je vois dans son regard qu'elle est furieuse. D'ailleurs, elle ne m'a pas calculé, de suite. Ce n'est que quand, j'annonce que je me casse, qu'elle me remarque seulement.
– T es encore là, toi ? aboie elle.
– Je m'en allais, lui réponds-je, sans me formaliser du ton sur lequel elle me parle. La Mustang est dans le garage, comme tu me l'as demandé.
– Bien, bien, merci.
– Pas de quoi, je lui rétorque, avant de me diriger vers la sortie. Au revoir Carotte, dis-je.
Et juste avant que je ne sorte, c'est là que je la repère accrochée au mur, ma première toile. La première que j'ai exposé et qui lorsque j'ai voulu la récupérer a été vendue. Fermant la porte, je me tire de cet endroit rapidement. Je veux laisser derrière-moi tout ce qu'il s'est produit en cet fin d'après-midi. Trop de choses remontent, sans le savoir ma rencontre avec Sibylle Martin va bousculer mes certitudes.
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