Chapitre 10

Blake

Vivement que cette soirée prenne fin. L'idée de dévoiler une oeuvre en cours de réalisation est l'idée la plus pourrie que Brent ai put avoir. Quoi que, celle de me coller cette nana là, est probablement la pire. Pourquoi n'a t'il pas rappeler celle de la dernière fois, la blonde, celle dont le nom a une consonance slave. Mais non, il m'a déniché une rousse ! Je me pince l'arrête du nez cherchant à me calmer alors que les derniers curieux s'en vont, puis je songe à cette fille, la blonde de la dernière fois, alors que mes yeux se posent sur la rousse acariâtre, et me souviens que comme les autres fois, elle a fini dans mon lit.

Carotte et sa copine blondie se tiennent près de la photo de cette femme qui berce son chien. Ce n'est pas la première fois que je remarque qu'elle mate cette photo. Tous mes sens sont en alerte depuis qu'elle m'est apparue, et ça ne me plaît pas. Brent qui en termine avec un journaliste me rejoint et s'arrête aussi pour contempler les deux femmes qui nous accompagnent. Je sens que ce dernier m'observe à la dérobée. Brent n'est pas que mon agent, il est aussi un ami proche, peut-être le seul assez proche pour connaître mon histoire. Notre rencontre date d'il y a une quinzaine d'années.

A cette époque, je faisais partie d'un cercle un peu particulier dont seuls les initiés pouvaient se reconnaître entre eux. Depuis on parle de notre cercle de bien des façons et certaines choses ont changé à cause de ce bouquin, qui a fait un tabac auprès de ces dames, et qui selon moi sert juste à alimenter les fantasmes de ces dernières. Je ne dis pas que c'est un ramassis de conneries, non plus. Certains des membres ont appréciés la nouveauté, le sang frais qu'à apporté cette saga à notre cercle. Ouais, je sais c'est dégueulasse de penser ça, mais c'est réellement ce qu'il s'est produit. Je l'avais vu venir d'un mauvais oeil, ce « souffle nouveau ». Mes craintes ce sont alors confirmées de la pire des façons selon moi. Si vous ne l'avez pas saisi, je suis un dominant, enfin je ne le suis plus depuis, depuis elle. La voix de Brent me ramène au présent et chasse les souvenirs déplaisants qui refaisaient surface.

– Alors, tu la trouve comment ? Me demande ce dernier.

– Tu aurais put faire mieux que de me trouver une sorcière ! Dis-je tout en continuant de mater Carotte.

– Je te parlais pas de Sibylle connard ! Putain D, ça t'arrive encore de m'écouter quand je te parle !

– Ne m'appelle pas comme ça alors ! Je lui réponds si bas que je ne suis pas certain qu'il m'ait entendu.

Je sais que je me comporte souvent comme un con, mais c'est aussi une façon de ne pas me laisser trop approcher, je ne veux plus me laisser aveugler comme je l'ai été avec elle. Terminé pour moi, notre cercle. Tout ce qui se rapproche de près ou de loin de ce monde, je le fuis. Brent en fait partie, et continue à être un membre actif. Ce qu'il s'est produit est pour lui une dérive certes fâcheuse. Un événement traumatisant, qui a secoué notre petit monde, mais il a choisi d'en tirer des leçons et avec les membres les plus anciens a revu l'organisation de façon à ce qu'un incident de ce type ne puisse plus se reproduire. Je ne retournerai plus dans ce cercle, jamais, les cicatrices que ça m'a laissé sont trop profondes pour que je puisse un jour reprendre ce mode de vie.

Quatre ans après, j'en ai encore des sueurs froides et je suis toujours incapable d'en parler avec qui que ce soit, Brent y compris. Je sais que ce dernier veut bien faire et m'aider à aller de l'avant. Être dominant c'est de nature, d'une certaine façon, je le suis toujours, mais plus comme lorsque j'étais Maître D. Aujourd'hui lorsque l'on m'appelle Maître, ça n'a plus aucun rapport avec le cercle, mais rapport à mon art.

Parallèlement à cet événement traumatique, mon art lui s'est vu propulsé sur le devant de la scène. Je suis passé en quatre ans de simple professeur d'Art au PLAFA (1) exposant ses œuvres par ici et par là, à artiste en vogue. Cette notoriété soudaine m'a permis de ne pas m'asphyxier dans le bordel qu'était devenu ma vie. Mon ami a su tirer partit de ma pseudo célébrité pour faire de moi un autre homme. Du moins, du fond du trou où je me trouvais, j'ai vu là une opportunité de prendre un autre tournant.

– Désolé vieux, dis-je en soupirant. C'est juste que....

– Je sais, ce n'est pas un bon soir.

– Ça ne justifie pas pour autant que je sois aussi...

– Con avec tout le monde ?

– C'est ça, dis-je en ricanant un peu.

– Elle compte beaucoup pour moi, me dis plus sérieusement mon ami.

– C'est à ce point? Je lui demande incrédule en observant Blondie, pendant que Carotte se tient à son bras pour enlever ses escarpins diaboliques.

– C'est, c'est difficile à dire, je ne peux pas me l'expliquer, c'est juste différent avec elle.

– Est-ce qu'elle sait pour ?

– Pour mes penchants ? Oui, elle sait, je ne lui ai pas caché.

– S'en est une ?

– De soumise ? Non, j'aimerais bien qu'elle le devienne, mais je laisse faire les choses. Ce qu'on a me suffit amplement.

– Waouh, je lâche. Putain, t'es sacrément mordu !

– Oui, lâche t'il tout en ne la quittant pas de yeux un instant.

– Je te souhaite que ça marche alors. Aller, viens allons rejoindre ces dames.

Je ne suis pas toujours un sombre connard. Je suis sincère quand je souhaite à mon pote que cela fonctionne avec Blondie. D'ailleurs va falloir que je fournisse un effort pour retenir son prénom et pour me montrer plus affable. Seulement, j'ai la désagréable impression qu'il va falloir que je fournisse aussi quelques efforts avec la rousse. Elle et Blondie, pardon Cassandre ont l'air de très bien se connaître et s'entendre. Ce qui signifie que je suis susceptible de la revoir plus souvent que je ne le voudrais. Cette simple pensée suffit à faire grimper d'un niveau supplémentaire toutes mes alarmes. Plus on se rapproche, des deux femmes, et plus ces alarmes s'enclenchent.

Quelque chose en elle me retourne, quoi je n'en sais rien. Je sens au fond d'elle une part sombre qui m'attire autant qu'elle me rebute. Carotte m'intrigue et il y a un moment qu'aucune femme n'a produit cet effet sur moi. Le salaud que je suis se la ferai bien dans d'autres circonstances. Elle a physiquement tout ce qui me plaît chez une nana. Elle est plus petite que moi, mais n'est pas naine pour autant, son corps tout en courbes attire le regard. Il s'en dégage de la grâce, une certaine sensualité. Voilà c'est ça, elle a un corps sensuel, charnu aux endroits qu'il faut. Sa chevelure de feu brille sous les projecteurs. Je serai bien reparti avec elle, si je l'avais put. Seulement voilà, elle est amie avec la nouvelle copine de Brent et on ne peut pas dire que notre première rencontre se soit passée au mieux. Mes orteils s'en souviennent encore.

Alors que nous ne sommes plus très loin des deux femmes, je vois ma partenaire pour la soirée se tendre et se retourner. Cette dernière qui paraissait toute souriante me lance un regard qui signifie « vas te faire foutre ». Je décide pour ma propre sécurité de rester un peu en retrait. Brent, lui est déjà scotché à sa blonde et vu les regards que ces deux-là se lancent, je pense que la soirée va plutôt bien se terminer.

Puis sans que je comprenne, le pourquoi du comment, je me vois assigner la très désagréable tâche de devoir raccompagner la miss. Si nous n'étions des spectateurs de la scène, je crois qu'on rirait de notre déconvenue. Tellement j'étais perdu dans mes pensées, j'ai machinalement répondu par l'affirmative à la demande de mon pote sans savoir de quoi il en retournait.

Furieux devant l'air hilare de Brent, je m'apprête à revenir sur ce qui s'est passé, quand d'un coup je vois le regard de Cassandre se charger d'inquiétude et regarder derrière moi. Et oui, que voulez-vous ? J'ai derrière moi un magnifique spécimen de la gente féminine et en salaud que je suis, je l'ignore royalement. Mais quand l'expression de Brent change aussi, je comprends que quelque chose ne va pas et me retourne et ai juste le temps d'attraper le bras de la rouquine avant qu'elle ne s'effondre. Son teint est passé de porcelaine à blafard, de la sueur coule de son front et ses yeux sont devenus vides. Si je la lâche, elle tombe. Ma réflexion ne va pas plus loin, Cassandre a déjà un bras autour de sa copine et la soutien pour l'aider à s'asseoir à même le sol. Et moi, ben en parfait connard, je ne peux m'empêcher de lâcher ceci, avant de les laisser en plan.

– Quand on ne tient pas l'alcool, on s'abstient Carotte !

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1 : PLAFA : Pennsylvania Accademy of the Fine Arts. La Pennsylvania Academy of the Fine Arts est un musée et une école des beaux-arts situé à Philadelphie dans l'État de Pennsylvanie. Le bâtiment actuel du musée, conçu par les architectes américains Frank Furness et George W

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