Chapitre 1
Bip, Bip, Bip.
Mais il va la fermer ce satané réveil ! Merde, pourquoi a t'il fallu qu'il se mette à me broyer les tympans maintenant? Mais pourquoi ? Ma main droite part à la recherche de mon agresseur, et l'éteint. Ma tête me fait mal, une fois de plus. Je n'ai pas encore ouvert les yeux. D'ailleurs pourquoi les ouvrirai-je.
Je me mets à tâtonner derrière moi dans le lit, à la recherche de ce qui pourrait être un corps. Ma tête me fait mal un mal de chien. Je suis une vraie loque. Je l'ai bien chercher à vrai dire. Une fête de plus, une nuit de folie ou pas de plus. Une chose est certaine, la gueule de bois elle ne faisait pas partie du plan. Mais le bel Apollon que j'ai dragué toute la soirée, oui !
Pourtant je suis seule ce matin, et en plus dans mon lit, chose assez rare pour être relevée. Je me tourne pour me mettre sur le dos et tout se met à tanguer dangereusement. Mes yeux sont pourtant toujours fermés. Putain Sibylle, tu y es allée vraiment fort cette fois.
Une seconde alarme se met en marche, plus douce cette fois-ci, quoi que. Les Bip ont fait place à de la musique, mais quelle musique ! Si je la choppe, elle va me le payer ! Si je n'avais pas autant besoin d'elle ces derniers temps, je ne la laisserai même pas entrer ici. Pendant que les rifles de guitare dissonants du début du morceau de « Black and White » de Michael Jackson résonnent, je pars à la recherche de mon nouvel ennemi, mon smartphone.
Je n'ai pas besoin d'ouvrir les yeux, je sais au millimètre près où se trouvent les objets dont j'ai besoin sur ma table de chevet. L'objet du diable éteint, j'attrape posée juste à côté une petite sacoche. Encore un rituel, un de ceux qui me suivent depuis toujours ou presque. Poussant un gros soupir, je me force à ouvrir un oeil, puis l'autre. La clarté dans la chambre me blesse autant qu'elle me rassure. Cette agression visuelle est la bienvenue. Ce n'est pas encore pour aujourd'hui.
Le zip désagréable de ma sacoche m'arrache une grimace. Je n'y vois pas très bien pour le moment, mais cela reviendra progressivement. Je suis vaseuse à un point ! Et voilà, c'est fait, la goutte de sang sur mon lecteur un bip est émis, suivi d'un chiffre écrit en gros sur ce dernier. Le résultat n'est pas terrible, mais aussi catastrophique que je m'y attendais. Je m'injecte la dose nécessaire, puis remballe le tout.
Je ne me rappelle pas grand chose de ma soirée, et encore moins de ce qui a suivi après avoir quitté la boîte où Cassandre m'a traîné, sous prétexte de ne passer mon vingt-neuvième anniversaire seule. Elle devrait savoir depuis le temps, que je ne fête pas mon anniversaire. Elle me l'a joué, « Aller, viens, c'est l'occasion de te lâcher avant tu sais quoi! ». Çà a eu le don, de me mettre en colère et j'ai relevé le défi qui se cachait derrière ça.
Mais putain, que c'est dur ce matin ! Péniblement, je sors de mon lit, me rend à la vitesse d'un escargot dans la salle de bain, vider ma vessie, et oh, mon dieu, qu'elle odeur ! On dirait qu'un rat est venu se décomposer dans mes chiottes ! Je ne me regarde pas dans la glace, vu mon état et cette odeur de rat crevé, j'ai vraiment dû dépasser les bornes cette fois ! C'est le black out, total !
Au sortir de la salle de bain dans laquelle je suis restée scotchée sur la cuvette un moment, je suis accueillie par des bruits de casseroles et une odeur de café qui a défaut de ne pas me faire courir aux toilettes, parvient quand même à me soulever le cœur.
Soudain, je suis saisie d'effroi. Je me rends enfin compte de ma tenue et un flash de ma soirée me revient. Est-ce que c'est lui qui est encore là ? Est-ce qu'on a poursuivit ce qu'on avait commencé en boîte ? L'ai-je vraiment ramener chez moi ? Je ne me souviens de rien. J'en ai fait des soirées de folies, je me suis même bien lâchée. Les one-shot, c'est mon quotidien, enfin pas réellement mon quotidien. Les mecs, je les prends, les utilises pour mon plaisir et je passe au suivant sans remords. Je ne donne plus dans le sentiment. Me voilà bien, si j'ai ramené ce mec ici.
Une voix de crécelle retentit à m'en faire grincer de dents, et me rassure sur l'intrus qui officie dans ma cuisine. Ma tenue ne m'importe plus, et dans un geste vif j'ouvre la porte qui va claquer dans le mur, vrillant mes tympans et stoppant net celle à l'origine de mon agonie auditive. Pas le temps de l'ouvrir pour incendier celle qui semble être en train d'égorger un porcelet.
- Eh ben ! Il était temps ! J'ai cru que j'allais devoir appeler la morgue, glousse la crécelle.
- Rappelle-moi pourquoi je t'ai donné une clef ?
- Parce que sans moi, tu serais probablement plongée dans le coma à l'heure qu'il est ! Viens poser ton cul de rouquine et mange ! M'ordonne-t-elle.
Seul mon majeur, lui répond. Toutefois, je fais ce qu'elle m'ordonne. Cette connasse a raison et le sait parfaitement. Une tasse café et une assiette remplie d'omelette aux légumes et de bacon glisse devant moi, jusque quand je m'assois. Un frisson me parcours, quand je m'installe sur un tabouret de bar. Qu'est ce que ces machins sont gelés ! Habituellement, je mange debout ou je suis un peu plus habillée, et non pas en petite culotte et débardeur.
Je porte péniblement une fourchette à ma bouche. Je sais que je dois manger, et vu l'air de mon bourreau du jour, j'ai plutôt interet à me tenir à carreau. Pire qu'une mère ! Mais que ferai-je sans elle ! Cassandre est la seule qui m'empêche un tant soit peu de parti en vrille complètement, la seule à connaître mon histoire. Toutes les deux avons un deal depuis quelques années. Cass veille à me le faire respecter, aujourd'hui, plus que jamais. Mon assiette avalée, je me sens un peu mieux. Comme une mère avec son chaton, Cass revient à la charge et m'impose un verre de jus d'orange et une aspirine, avant de pousser une des sacoches de secours équipée, elle aussi d'un lecteur, d'un flacon et de deux seringues.
- Je n'en aurais pas besoin, je croasse, ma voix étant encore fatiguée de mes excès.
- Tu en es sûre Sib ? Tu fais peur à voir. Tu as presque réussi à me faire peur !
- Si ce n'est que presque, c'est que c'était rien, lui réponds-je en plaisantant.
- C'est tout sauf marrant !
- T'inquiète, maman, ça ira ! Au fait, il est devenu quoi l'Apollon d'hier ? Je lui demande, en tentant de ne pas m'étrangler avec l'aspirine qui refuse de passer.
- Oh, et bien, il m'a aidé à te ramener ici et, euh...
- Et quoi ?
Cass pique un fard, ce qui me donne une indication sur ce qui a put se passer. Je ne lui en veux pas. Elle et moi, sommes plus que des amies, ou une employée et sa patronne. On partage beaucoup de chose, parfois même les mecs.
- Mais quelle grognasse, je dis faussement outrée. J'espère au moins qu'il t'a fait jouir !!
Nous nous regardons et partons dans un fou rire, vite interrompu par les cloches qui cognent toujours à mes tempes.
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