La Chanteuse et la clé

Le lendemain, Natsu se réveilla dans le même placard dans lequel il s'était réfugié la veille.
Le garçon devait s'être endormi sans s'en rendre compte la veille, en écoutant la mystérieuse mélodie, qui par ailleurs, avait cessée.
À l'instant présent, seul persistait un silence calme et relaxant.

Quelle heure était-il ? Natsu n'en avait pas la moindre idée, mais il avait l'intuition que les cours ne tarderaient pas à commencer, et qu'il valait mieux pour lui qu'il sorte de sa planque avant que les couloirs ne soient bondés.

Le rose se leva difficilement, encore légèrement groggy et le corps meurtri de courbatures. Apparemment, dormir dans un placard de son université n'était pas une excellente idée. Pourtant malgré les douleurs emplissant son corps, Natsu ne s'était pas senti aussi paisible et reposé depuis des années, il avait même d'énormes scrupules à quitter l'étrange endroit.

Hélas, il savait qu'il ne pourrait pas échapper à cette journée de cours et pour une fois, il était prêt a l'affronter. Ce serait difficile, comme toujours, et il risquait fortement de croiser à nouveau ses bourreaux - qui ne manqueraient par de lui faire payer comme promis sa fuite - mais il n'avait pas aussi peur que d'accoutumé.

Une seule nuit passée bercé par cette étrange mélodie avait suffit à le requinquer.

Natsu attrapa son sac posé négligemment sur le sol et ouvrit prudemment la porte qui était restée fermée à clés depuis la veille. Pas une personne à l'horizon, et comme l'adolescent s'y attendait, la pale lumière filtrant par les fenêtre des couloirs - l'éblouissant par la même occasion après être resté si longtemps plongé dans une quasi-totale obscurité - indiquait le début de matinée.

Sans attendre, le garçon couru jusqu'aux WC les plus proches, dans l'intention de procéder à une toilette un minimum convenable avant le début des cours.

Les jours suivant se déroulèrent avec une nouvelle routine absolument apaisante pour le jeune étudiant.

Chaque matin, il venait en cours plus tôt, se précipitait jusqu'à sa cachette et s'extasiait devant la vision qu'offrait la serrure de la porte, tout en se gorgeant de la lumière revigorante qui s'en dégageait. Puis légèrement déçu de déjà devoir s'en aller, mais étrangement motivé, il en ressortait pour se diriger vers sa salle de classe.
Il y retournait à chaque pauses, à l'heure du dîner et il y restait le soir après les cours jusqu'à la dernière minute avant la fermeture de l'établissement.
Il y passait un maximum de temps, et mis à part lors des cours, on ne voyait plus trace du jeune homme dans le campus - pas qu'il aurait été remarqué de toute façon...

Jusqu'ici, Natsu était brillamment parvenu à éviter le groupe de trouble fête en se réfugiant à temps dans son abri bien aimé, et avait échappé à la revanche promise en comptant bien continuer ainsi.

Il se sentait en sécurité dans cet endroit pour la première fois dans toutes ces années d'étudiant.

Par ailleurs, le garçon avait remarqué une chose : les chants hypnotisants qu'il appréciait tant - et qui étaient chaque jours différents - n'apparaissaient qu'à deux moments de la journée, neuf heure du matin et dix-sept heure quarante-cinq, toujours avec une extrême précision, et le jeune homme ne perdait jamais l'occasion de l'entendre. Quitte à risquer de s'endormir à nouveau dans le placard. Cette mélodie était devenue une sorte de thérapie pour son esprit brisé. Évidemment Natsu se sentait toujours terriblement perdu et seul, mais quand il écoutait cette voix, il avait l'impression d'avoir enfin une présence à ses côtés pour le soutenir.

C'etait enfermé entre ces quatre murs qu'il se sentait le plus libre et qu'il entrevoyait une lumière dans les ténèbres de son esprit.

Toutefois et malgré toute sa bonne volonté, au bout d'un mois, le rose n'avait toujours pas trouvé le courage de regarder par la serrure pour observer le détenteur de la voix à l'œuvre, trop effrayé à l'idée de faire un tel bond dans l'inconnu.

Mais aujourd'hui, en ce vendredi, il était déterminé à découvrir qui se cachait derrière ce qu'il avait baptisé « Le portail».

Il était dix-sept heure cinquante-cinq, Natsu était dans le placard, figé devant la porte et le chant avait déjà commencé depuis une dizaine de minute, pourtant il n'avait toujours pas trouvé la force d'esquisser le moindre mouvement.

En arrivant à destination, toute sa résolution avait fondue comme neige au soleil. Il était tout bonnement tétanisé, des dizaines de questions fusant dans sa tête à toutes vitesse :

Après un mois d'ignorance a être charmer par la mélodie, qu'allait-il bien pouvoir trouver derrière celle-ci ?
Et si tout cela n'était réellement que le fruit de son imagination ? Peut être était-il devenu complètement fou après des années de solitude ?
Cela paraissait possible.

Et il en avait peur. Il était terrifié à l'idée de ne rien trouver de l'autre côté. La forêt serait sans doute là, mais... et si cette voix n'appartenait à rien ni personne ?

Si ce chant était une création de son esprit pour l'aider à échapper à ses intentions de plus en plus sombres ?

Il ignorait s'il le supporterai.
Ce son était devenu encore plus important pour lui que l'air qu'il respirait, exactement comme une drogue, sauf que son effet était purement positif.

Du moins c'est ce dont il était certain.

D'accord, s'enfermer chaque jour dans un placard sombre n'était probablement pas le meilleur comportement pour rester en bonne santé, encore moins s'isoler du reste du monde, mais dans tout les cas, il n'avait aucun contact à l'extérieur et préférait rester chez lui.

Les choses revenaient ainsi plus au moins au même, mis à part qu'ici, il y'avait la lueur, le paysage et surtout la mélodie, pour éclairer légèrement ses journées.

Il n'excluait toujours pas la possibilité que tout ceci ne soit qu'un piège, et dans ce cas, c'était le plus beau guet-apens qu'on ai pu mettre sur son passage. Quitte à finir entre les griffes d'une créature démoniaque, il était satisfait que cela soit après avoir pu entrevoir quelques instants de bonheur.

Quoi qu'il en soit, il n'y avait qu'une seule façon d'être fixé sur l'identité de « La Chanteuse. »

La voix commençait déjà à ralentir et à devenir plus ténue, et Natsu reconnu là les signes de la fin du morceau. Il ferma alors les yeux pour reprendre le contrôle de ses émotions et sans réfléchir d'avantage, positionna son œil gauche en face du trou.

Ce qu'il y vit, était une scène en soit plutôt banale mais qui lui coupa le souffle :

Une jeune femme était assise au bord de l'eau sur l'autre rive. Les jambes ramenés à sa poitrine et ses bras accrochés autour d'elles.
Son regard - dont il ne parvenait pas à déterminer la couleur à pareille distance -  était fixé vers l'horizon.
Sa longue chevelure blonde volait librement derrière elle telle une rivière d'or, et ses lèvres pulpeuses se mouvaient délicatement au fil de la mélodie.

Lorsque le dernier passage vint, Natsu l'observa, stupéfait, fermer fermement les yeux et incliner légèrement la tête en arrière comme pour laisser les notes imprégner l'air et s'élever haut dans le ciel.

L'étudiant était ébloui devant la beauté de la scène.

Pas nécessairement par l'apparence de la fille - bien qu'il devait l'avouer, elle était absolument sublime - mais plutôt face à l'aura qu'elle dégageait. Tout en elle était élégance et grâce, mais aussi douceur et chaleur.
A commencer par la couleur de ses cheveux évoquant le plus beau des champs de blé.

Et cette façon fascinante de chanter suggérait une passion telle que Natsu n'en avait jamais vue. Comment un acte aussi simple que celui de faire fonctionner ses cordes vocales pouvait être transformé en quelques chose d'aussi éblouissant par cette étrange fille.

Le rose n'arrivait pas à croire qu'un tel être puisse être humain, elle ne pouvait être qu'une hallucination, ou une créature mystique, voir divine ?

Natsu avait conscience de l'extravagance de ses propres pensés.

Cette fille en elle-même n'avait rien qui la différenciait d'une adolescente humaine, et n'importe qui d'autre l'aurait aperçu n'aurait fait que - peut être - tourner la tête devant sa beauté.
Mais ici, elle faisait cet effet à son unique spectateur.

Sa façon de chanter était-elle réellement exceptionnelle, ou Natsu était-il le seul à être ainsi galvanisé ? C'était une chose difficile à dire.

Dans tout les cas, pour lui, avoir enfin un visage à mettre sur cette voix le transportait d'extase.

Pendant un instant le rose eu honte de ce qu'il était entrain de faire. Il avait l'impression d'être un voyeur observant sa cible...

Et ce sentiment de gêne se renforça lorsqu'il réalisa que l'obsession qu'il avait pour la simple voix de cette fille et le fait qu'il vienne l'écouter tout les jours étaient choses proches de la folie.

Il n'avait pas eu l'intention de paraître grossier ou déplacer envers cette étrangère en venant l'écouter, le jeune homme était simplement fasciné et n'avait absolument aucune arrière pensée. Tout ce qu'il avait voulu, c'était l'écouter chanter et mettre un visage sur cette thérapie orale.

En un sens c'était plutôt flatteur pour elle !

C'etait comme venir à un concert de son idole, sauf que la star en question n'était pas au courant d'avoir un public chaque fois qu'elle venait s'isoler ici pour chanter...

Natsu eu envie de s'enterrer sous terre, quelle excuse ! Penser ainsi ne rendaient les choses que plus étranges !

La musique pris fin pendant la lamentation interne du garçon, et Natsu sorti de sa réflexion pour regarder, impuissant, l'étrangère se lever.
Elle était d'une taille modérée, vêtue d'une robe-pull bleue à manche bouffante, n'allant pas plus bas que le haut de ses cuisses. Ses jambes étaient tout de même recouvertes d'un collant blanc, et deux bottes à talons remontant jusqu'à ses genoux étaient d'une même couleur azur que son haut. Pour finir un foulard de teinte similaire était attaché autour de son coup.

Son style était tout à fait charmant, sans avoir - encore une fois - quoi que ce soit d'extraordinaire.

Le rose sorti de son extase lorsque la jeune femme se pencha en avant pour s'épousseter et ramasser ce qui ressemblait à un livre, puis se tourna afin de s'éloigner à petit pas féminin du bord de l'eau.

Natsu se senti au bord de la crise de nerfs tandis qu'il observait, désespéré, cet être fascinant sortir de sa ligne de mire.

Il ne pouvait pas la laisser partir si vite, il avait tellement de question à lui poser.
Que faisait une forêt derrière un placard ?
Pourquoi était-elle assise à chanter au bord d'une rivière ?
Comment s'y prenait-elle pour dégager cette prestance ?
Pourquoi ses mélodies avaient un pareil pouvoir d'attraction sur lui ?

Et qui était-elle tout simplement ?

Sans même réfléchir au fait que la mystérieuse jeune femme reviendrait demain dès la matinée et qu'il n'était donc pas nécessaire de s'alarmer, il fit la seule chose capable de lui signaler sa présence et de l'empêcher de partir : il posa sa main sur la poignée doré et l'abaissa.

Mais la porte ne s'ouvrît pas.

Natsu réessaya frénétiquement, tirant sur la poignée de toute la force que possédaient ses maigres bras, mais rien n'y faisait.

La porte était soigneusement verrouillée et la fille avait déjà disparu dans les broussailles.

***

Dans les heures et les jours qui suivirent, le monde parut d'autant plus fade aux yeux de Natsu.

Si généralement se rendre dans son sanctuaire personnel le remettait d'aplomb, cette fois ci, cela avait sapé le peu de moral qui lui restait.

Il avait passé des heures à retourner le placard à la recherche d'une clé, avait tenté de crocheter la serrure, misère il était même allé jusqu'à tenter de forcer la porte.
Mais aucune de ses tentatives n'avait fonctionné.

Et l'orphelin avait peur de virer fou s'il ne parvenait jamais à se rendre de l'autre côté pour interroger cette fille.

Natsu venait de finir l'énième portrait de la demoiselle qu'il avait aperçu sans entendre le moindre mot de ce que son professeur était entrain d'enseigner - ces derniers temps, l'esprit du rose était tellement tourmenté qu'il ne parvenait même plus à savoir en quelle matière il se trouvait - quand il senti son pouls accélérer drastiquement et monter en lui une envie quasi viscérale de bondir de sa chaise pour foncer... Dieu seul savait encore où.

Mais une chose était sûr il devait écouter ce besoin soudain.

Il prit tout de même le temps de lever une main fébrile pour demander l'autorisation de sortir, prétextant une envie pressante, et le professeur - bien que surpris par l'intervention si rare de cet élève dont il avait presque oublié l'existence - lui en accorda le droit.

Sans perdre un instant, le rose s'éclipsa de la salle et - au lieu de se diriger vers les WC- se mit à marcher tel un automate vers une destination encore inconnue. Il continua tout droit, le regard fixé dans le vague et sans s'en apercevoir réellement, bifurqua à gauche, puis tourna à droite. Descendit les escaliers marche par marche jusqu'au premier étage puis se remit à tourner dans différentes directions, avant d'enfin arriver devant une salle entrouverte, et dont la porte était tout à fait ordinaire.
Elle n'avait rien d'attractif comparée à son cher « Portail », et Natsu était uniquement attiré par la chose qui devait se trouver à l'intérieur.

Le garçon jeta un bref coup d'œil par l'embrasure de la porte ce qui lui permis de comprendre la nature de la pièce :

Une salle réservée aux professeurs visiblement.

L'accès étant interdit au étudient - ce qui tombait sous le sens étant donné qu'il s'agissait d'une salle conçue pour permettre aux enseignants de se reposer sans l'effervescence provoquée par les adolescents - Natsu n'avait encore jamais eu l'occasion d'observer l'intérieur.

L'endroit était assez simple, on y trouvait quelques fauteuils, une machine à café, des casiers, et des tables encombrés par des documents. Plutôt banal en somme, et le rose se demanda ce qui avait bien pu l'attirer ici comme s'il n'avait été qu'un robot contrôlé par une force extérieure.

Il continua d'explorer l'endroit du regard, sans pour le moment repérer quoi que ce soit d'intéressant ou même le moindre adulte. Le jeune homme pouvait cependant les entendre discuter un peu plus loins - probablement cachés à sa vue par la porte qu'il n'avait pas osé ouvrir d'avantage de peur d'être repéré.

Tout à coup, alors qu'il était toujours plongé dans ses recherches, une voix s'approcha à toute vitesse.
Natsu le remarqua pile à temps pour s'éloigner de la porte et s'adosser innocemment contre le mur, juste avant qu'elle ne s'ouvre entièrement et laisse sortir deux professeurs en grande discutions.

Heureusement - trop plongés dans leur échange - il ne remarquèrent pas l'attitude suspecte du garçon et s'éloignèrent sans lui jeter un regard. L'étudiant laissa échapper un soupir de soulagement qui se métamorphosa en léger sourire victorieux.

En sortant, les deux adultes avaient omis de refermer la porte derrière eux et celle ci était restée grande ouverte.

Natsu profita de l'occasion, et en parcourant une nouvelle fois la salle du regard, son attention fut violemment happé par l'éclat brillant d'un objet doré accroché au mur parmi tant d'autres. Tous les objets présents à cet endroit brillaient mais celui-ci avait quelque chose de plus fascinant, et le jeune homme mourrait d'envie de se précipiter vers l'avant pour faire courir ses doigts sur sa surface probablement fraîche.

C'est à cet instant qu'il comprit ce que cet artefact si banal à première vue, avait d'exceptionnel, et qu'il devait à tout pris se le procurer.

Durant sa précédente analyse minutieuse, Natsu avait repéré plus précisément l'emplacement des professeurs : plus loin dans la salle, dans un renfoncement du mur où ils semblaient préférer échanger. Et si ses calculs - extrêmement approximatifs au vu de son empressement - étaient justes, il pourrait éventuellement être capable d'atteindre l'objet qu'il convoitait, situé du côté opposé et ressortir sans se faire remarquer.

Le rose ne pris pas le temps de revenir sur les possibles conséquences de son futur acte, sachant que cela le ferait immédiatement changer d'avis et tourner les talons les mains vite.
Ce qu'il ne pouvait pas se permettre.

Alors il entra aussi silencieusement que possible et se dirigea à pas de loup jusqu'à son objectif.
Sa respiration était calme et paisible, ne relâchant pas le moindre son susceptible de trahir sa présence, mais au fond de lui son cœur battait si fort contre sa poitrine qu'il s'attendait à tout moment a le voir en sortir.

C'était de loin la première fois qu'il faisait quelque chose d'aussi irréfléchi, et le garçon avait l'impression d'être un délinquant en plein acte de vandalisme.

Natsu atteignit néanmoins l'autre côté bien plus rapidement qu'il l'aurait cru sans même éveiller les soupçons - il entendait encore ceux qu'il essayait d'éviter débattre sur il ne savait quel sujet - et tendit la main pour attraper sa cible.

Ne se laissant pas encore le temps de la dévorer du regard ou d'apprécier la sensation finalement chaude contre sa paume, l'intrus reprit son chemin dans le sens inverse et sorti de la salle sans encombre.

Une fois s'être assuré d'être assez éloigné de la pièce, il s'autorisa un instant de pause pour reprendre ses esprits.
Quand il porta enfin son regard pâle, sur la couleur lumineuse de l'objet posé sur sa main, il se fit la réflexion que - tout compte fait - passé inaperçu aux yeux de tous n'était pas si mal.
Il aurait pu faire autant de bruit qu'il l'aurait voulu, l'adolescent aurait sans doute été ignoré par les professeurs. Autant, Natsu considérait généralement cela comme une malédiction et en souffrait, à cet instant il se dit qu'il s'agissait d'un super pouvoir personnel.

Et puis des années à se cacher de ses harceleurs lui avaient offert d'autant plus d'expérience en la matière de « l'infiltration ».

Natsu avait fait quelque chose de mal en volant cet objet, il le savait et n'en était pas vraiment fier.
Mais malgré les remords il se sentait excité.
Plus encore, il se sentait vivant !

Il ne comprenait toujours pas par quel miracle il avait réuni assez de courage pour en arriver là. Mais bon sang peu importait, il était satisfait du résultat.

La sonnerie indiquant la fin des cours - et le début de la prochaine heure-  raisonna dans les couloirs vides, mais Natsu n'avait aucune intention de retourner écouter quelqu'un parler d'un sujet qui ne l'intéressait pas, il avait bien mieux à faire !

Le cœur battant à tout rompre d'excitation, le jeune adulte entama le chemin qu'il connaissait désormais sur le bout des doigts et s'arrêta rapidement devant la porte de son placard secret. Il vérifia rapidement que personne ne le voyait avant de s'y engouffrer et d'accueillir l'obscurité familière y régnant à bras ouverts.

Très vite, Natsu repéra la lueur chaleureuse émanant de la serrure, mais malgré son impatience extrême, il pris le temps de s'installer comme il en avait l'habitude dans un coin de son exigu repère pour entamer de nouveaux croquis.

Après ce qui paru comme de longues heures pour le garçon - et ce qui devait approximativement correspondre à trente minutes en réalité - un son fabuleux s'éleva depuis l'autre côté de la porte et atteignit ses oreilles aux aguets.

La mélodie était encore une fois bien différente mais tout aussi envoûtante.

L'adolescent se leva et attendit un instant que la jeune femme ai bien entamé sa chanson - il ne voulait pas l'effrayer en se précipitant - avant de sortir l'objet qu'il venait de trouver de sa poche.

Une clé d'or.

Une clé donnant accès à l'autre côté du portail, il en était certain.

Mais alors qu'il sortait maladroitement la clé de sa poche et la positionnait dans la serrure, il comprit que le plus effrayé ici, était probablement lui.
Encore une fois il s'était figé, incapable d'aller jusqu'au bout de son entreprise.

À quoi s'était-il attendu de toute façon ?

À ce que le courage et l'excitation qui l'avaient envahis un instant plus tôt ne durent éternellement et prennent le dessus sur la méfiance qui était partie intégrante de lui ?

C'était à en mourir de rire !
Il n'allait certainement pas trouver la clé qu'il désespérait d'avoir en sa possession depuis des jours et trouver immédiatement le courage de l'ouvrir.
C'était une chose réservée au gens audacieux, pas aux trouillards.

Lui, prenait le temps de réfléchir, de peser le pour et le contre, d'imaginer les pires scénarios.

Et ici, il se demandait ce qu'il ferait une fois cette fichue porte ouverte.

Il ne connaissait pas cette étrangère - là était justement le principe du qualificatif - et il était toujours ce looser asocial et ringard.

Dans un moment de folie il avait cru être capable d'ouvrir et de l'interpeller comme une personne normale l'aurait fait. De lui demander ce qu'elle faisait ici, la complimenter sur sa voix et... qui sait, peut être même lui demander son prénom ?

Mais quand on s'appelait Natsu Dragneel, les choses ne se passaient jamais normalement.

Premièrement, une fois la porte ouverte, il resterait sans aucun doute immobile comme un idiot à observer l'adolescente et ne trouverait pas la force de lui dire quoi que ce soit. Encore moins de la questionner !
Il passerait à coup sûr pour un garçon dérangé...

Et même s'il parvenait miraculeusement à prononcer un mot, qu'est ce qui lui garantissait que cette fille - aussi charmante soit-elle - n'allait pas fuir, l'ignorer ou même pire, lui rire au nez face au simple fait que quelqu'un comme lui ai osé lui adresser la parole.

Il avait jugé cette jeune femme à partir de sa simple voix, mais s'il s'avérait que l'inconnue était aussi malveillante que le reste de son entourage ?
Il avait du mal à y croire, mais si tel était le cas, alors cela serait la fin du rêve, la fin du plaisir, la fin de cette sensation de vie.

Et le rose ne voulait pas cela.

Après réflexion, sans doute valait-il mieux renoncer à l'idée d'un jour lui adresser la parole et se contenter d'écouter ses chants.

C'est dans cet optique qu'il glissa à nouveau la clé d'or dans sa poche - ressentant déjà le manque de sa chaleur contre ses doigts - et quitta l'endroit, avec la ferme intention de ne plus jamais tenter d'aller plus loin.

***

Une semaine était passée et Natsu était à bout.

Sept jours entiers sans se rendre une seule fois dans son sanctuaire de peur de craquer face à la tentation.
Et cette mesure de sécurité s'était impitoyablement retournée contre lui car - même s'il avait encore remarquablement réussi à éviter ses harceleur -, il était en manque certain de son refuge...

L'obscurité et le silence reposant du placard lui manquaient, la sécurité que lui procuraient ses quatre murs lui manquaient, les gravures, la lueur, le paysage lui manquaient.

Mais plus que tout, c'était de la voix de la fille dont il se languissait.

Il était continuellement sur les nerfs, encore plus craintifs, étourdi et désespéré qu'à son habitude.

Finalement cette « drogue » n'était probablement pas si positiviste s'il en était devenu si dépendant ?

Il ne savait pas comment il s'était débrouillé pour ne pas sombrer à nouveau dans ses pensés moroses après une semaine sans entendre la moindre mélodie.

Mais encore une fois - que l'étrangeté mystique de cette porte soit mauvaise ou pas - la seule chose qui lui donnait envie de se lever le matin, qui lui avait fait oublier sa triste vie, sa douleur et ses intentions suicidaires de plus en plus fréquentes, était la voix de cette fille !

Et aujourd'hui il avait atteint ses limites.

Au diable la prudence,

Au diable ses résolutions,

Et au diable la timidité !

Il allait ouvrir cette porte coûte que coûte et advienne que pourra.

Voilà pourquoi il se tenait droit comme un I devant « Le portail » son regard vert ordinairement si fade et insensible braillant d'une nouvelle détermination - d'ailleurs, si Natsu en avait vu le reflet à cet instant, il en aurait même peut être voulu pour sa collection, bien qu'il y manquait toujours la flamme.

Mais la détermination était pour le moment un pas énorme !

Un sentiment nouveau pour Natsu mais qu'il trouvait pour le moins agréable.
Il avait la folle impression d'être inarrêtable. D'avoir le pouvoir de dominer le monde s'il le souhaitait ! Même le courage de tenir tête à... « Jack » !

Alors ouvrir une porte était largement a sa porté.

Mais encore une fois il n'avait pas bougé depuis son arrivé dans le placard à balais.

Non pas parce qu'il avait changé d'avis, mais parce qu'il était quinze heure, et que la fille était déjà là, chantant mélodie après mélodie sans paraître vouloir s'arrêter un jour.

Ce n'était pas normal, généralement elle ne chantait que deux fois par jour avec une précision presque effrayante ! Il ne comprenait pas ce changement mais il n'allait pas s'en plaindre, il ne pris donc pas le temps d'élaborer d'avantage la question avant d'agir.

Natsu fourra une deuxième fois sa main dans la poche arrière de son pantalon pour en saisir fermement la clé qu'il n'avait pas quitté une seule fois depuis tout ce temps.

Il prit tout de même le temps de récolter encore un peu plus de courage en fermant ses yeux puis d'un mouvement fluide, inséra la clé dans la serrure et tourna son poignet.
Il craignit un court moment de s'être trompé et que la clé ne soit pas la bonne, puis c'est alors qu'à son grand soulagement, la serrure émit un léger clic significatif.

Il avait ouvert « Le Portail » avec succès.

Il tendit un bras tremblant devant lui et attrapa sa poignée doré pour tirer dessus et enfin révéler ce qui se trouvait derrière.

La lumière brillante qui en jailli tout à coup l'aveugla un instant. L'étudiant papillonna des yeux pour se remettre de la surprise et lorsqu'il rouvrit ses paupières, ses prunelles s'illuminèrent d'un bonheur indescriptible pour la première fois en presque dix ans.

***

Chapitre deux, fait !
L'histoire devrait se finir dans encore deux autres chapitres, et nous auront la présence de Lucy dans le prochain ^^

J'espère qu'il vous aura plus et que vous ne m'en voulez pas trop de faire des parties aussi longues ! C'est devenu une habitude pour moi, impossible d'écrire un chapitre de moins de 2000 mots...

Bon, je vais m'atteler à l'écriture du troisième, à très vite !

N'hésitez pas à voter ou à commenter si l'histoire vous plait !

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