Découverte et mélodie

Le bruit irritant et répétitif de son réveil matin, extirpa le jeune adolescent d'un sommeil agité.
Dans un grognement plaintif, il ouvrit ses yeux émeraudes bouffis de fatigue, et se redressa sur ses coudes, portant son regard sur le cadran de l'horloge pour s'enquérir de l'heure : Six heure vingt-cinq.

Ses cours commençaient à huit heure vingt-cinq ce qui lui laissait près de deux heures pour se rendre jusqu'à son université. Mais il vivait dans un petit studio assez éloigné, et non pas directement sur le campus, ce qui justifiait son réveil particulièrement matinal.

En effet, il prenait environ une demi heure pour s'apprêter, puis approximativement une autre pour se rendre jusqu'à l'établissement en transports... soit, il préférait cela plutôt que rester parmi d'autres adolescents à longueur de journées.

Poussant un nouveau soupir de mécontentement il quitta son lit avec une pointe de regret, et chemina jusqu'à sa salle de bain. Comme prévu, il lui fallu une vingtaine de minutes pour prendre une douche rapide, incluant un brossage de dents.

En sortant de la cabine, le corps encore ruisselant d'humidité, le garçon se hâta de se sécher et de se vêtir avant de se poster devant son miroir - comme il le faisait toutes les matinées - et de s'adonner à l'activité qui lui prendrait probablement ses dix prochaines minutes : Analyser son reflet.

Et encore une fois, le jeune homme se trouva une mine affreuse.

Le teint pâle, des joues trop creuses pour un jeune homme de son âge, aux pommettes saillantes qui n'avait absolument rien de séduisantes, de grandes poches noires sous des yeux d'un vert terne- trophée obtenu après de longues nuits d'insomnie, durant lesquelles il fuyait lâchement les cauchemars qui le hantaient à l'instant même où il osait fermer les paupières.

Sans parler de ses cheveux roses mis-longs, continuellement dans un désordre désespérant.
À croire que son cuir chevelu avait été implanté sur son crâne de façon tout à fait aléatoire et rocambolesque, l'adolescent avait d'ailleurs depuis longtemps abandonné l'idée de réussir à les dompter. Il passa malgré tout une main lasse à travers ses mèches rebelles - vieille habitude qu'il avait prise pour tenter de les plaquer en arrière.

Enfin, son attention se porta sur ses vêtements. Honnêtement, il n'avait pas la moindre allure.
Il avait même l'air pathétique.
Son large pull noir et abîmé ne suffisait pas à cacher la maigreur effrayante de ses membres, et son pantalon gris troué ne faisait pas un meilleur travail pour camoufler la misère de la partie inférieure de son corps. Après réflexion, le garçon était certain d'avoir déjà vu des petites filles aux mollets plus musclés que les siens.

Il avait pitié de son apparence- non pas qu'il s'intéressait particulièrement à son physique, il s'en moquait bien, comme il se moquait de tout - mais chaque matin, lorsqu'il passait devant le miroir, et qu'il captait du coin de l'œil l'image qui lui était renvoyé, il n'avait pas l'impression de voir un jeune adulte de dix huit ans, dans la fleur de l'âge.
Au contraire il croyait presque faire face à un corps dépourvu de vie se mouvant par une force qui lui était encore inconnue. Sa corpulence squelettique et sa peau blafarde ne faisait que renforcer la ressemblance avec un cadavre.

Hors, ce qui l'avait toujours dégoûtée le plus chez lui,  étaient ses yeux.

Dehors, il lui arrivait souvent d'observer - avec une infinie discrétion - les pupilles de ceux qu'il croisait. Et aujourd'hui, son esprit avait fait la collection d'une variété de teintes quasiment infinie : noir, marron plutôt chocolat ou noisette, bleu pâle voir foncés, d'une froideur aussi saisissante qu'un bloc de glace, et même gris !

Mais ce qui retenait le plus son attention, était cette interminable palette de verts qu'il s'appliquait chaque jour à enrichir d'avantage :

Émeraude, olive, vert onyx, vert doré, très clair, pâle ou extrêmement sombre. Mais jamais il n'avait vu des prunelles comme les siennes. De toute son existence, il n'avais pas une seule fois trouver un regard aussi repoussant que le siens. Pour la simple raison que quelque soit la nuance de l'œil, il y brillait toujours cette étincelle de vie. Cette flemme, aussi infime soit-elle, qui donnait de la vie à un regard.
Même les vieillards et les animaux en possédaient !

Toutefois, il avait beau se fixer dans les yeux pendant des heures durant - il lui était même déjà arrivé de se mettre en retard à cause d'une contemplation trop intense - jamais il ne voyait quoi que ce soit illuminer ce vert affreux.

Son regard était morne, vide et las, plus encore que le reste de son corps...

Décidant de laisser cette vision désolante derrière lui, le rose quitta la pièce pour retourner dans sa chambre exiguë, attrapa son sac, et sorti de son petit studio sans oublier de fermer la porte à clé après son passage.

Le bon côté à vivre seul - se dit-il en sortant la clé de sa serrure - c'était qu'il n'avait pas à parler à qui que ce soit après le réveil. Le mauvais, c'était qu'il n'y avait personne non plus pour lui souhaiter bon courage pour cette journée, alors qu'il savait qu'il en aurait bien eu besoin.

Le garçon ferma les yeux et pris une profonde inspiration, comme s'il souhaitait en même temps que remplir ses poumons d'air, trouver cette stimulation qui lui manquait pour avancer.

Une fois ce rituel accompli, il entama le long chemin qui le mènerait jusqu'à cet endroit maudit qu'était son université.

***

À peine eut-il le temps de franchir le portail métallique de l'immense campus, qu'une voix - bien connue par l'adolescent et qu'il haïssait presque autant que ce chauffard qui avait gâché sa vie - scanda son nom.

Habitué à la procédure, l'interpellé se tourna en direction de l'appel, et approcha mollement le petit groupe qui en était l'émetteur, lequel se trouvait dans un coin isolé de la cours et était composé de neufs membres dont seulement deux filles.

Leurs prénoms ? Il ne le savait pas. Premièrement, avoir connaissance de cette information était réellement le cadet de ses soucis et deuxièmement, ils n'avaient jamais pris la peine de faire les présentations.

Quand bien même l'auraient-ils fait un jour, le cerveau du frêle jeune homme s'appliquait à faire un tri minutieux entre l'utile et le nuisible. Et il avait apparement jugé les identités de ces personnages grotesques comme nuisibles. Il savait en revanche que celui qui l'avait appelé - un blond au sourire carnassier - était le leader cliché que l'on trouvait dans les histoires de bad boys et qu'il avait toujours trouvé ennuyeux.

Peut être s'appelait-il Jackan - non, cela semblait proche mais incorrect - mais cela n'avait pas d'importance, la seule chose qui importait ici, était de lui donner ce qu'il souhaitait pour éviter de s'attirer des problèmes . D'ailleurs le leader ne tarda pas à le réclamer d'une voix impatiente et bourrue.

« Dépêche toi Natsu, tu sais pourquoi tu es là. »

Ne cherchant pas à lutter outre mesure, Natsu sorti de son sac son argent et tendit un billet froissé devant lui, avant même d'avoir attendu que le Cliché- parce que c'était finalement ainsi qu'il s'était décidé à le baptiser- ne finisse sa phrase.

Son regard vide fixé au sol comme il en avait l'habitude, Natsu ne vit pas son persécuteur lever un sourcil dubitatif face au maigre butin.

« Pardon ? Cinq dollars ? C'est tout ce que tu es capable de nous donner après une journée entière de travail ? Tu parles d'un raté. » Cracha t-il dédaigneusement

Son interlocuteur ne prit pas la peine de lui répondre. Communiquer n'était pas son fort, et ce serait pour le rose une perte de salive inutile de répliquer - pourtant à juste titre - qu'il passait effectivement son dimanche à travailler, mais qu'étant étudiant, son salaire était misérable et qu'il avait déjà dû y puiser pour se nourrir légèrement la veille au soir. Chose tout à fait normale étant donné qu'il s'agissait de son argent durement acquis et qu'aussi désespéré soit-il, il n'avait pas encore pris la décision de se laisser ou non mourir de faim. Mais cela, il s'abstiendrait encore plus soigneusement de le divulguer à voix haute.

Ainsi, ce billet c'était tout ce qu'il avait pu mettre de côté au vu de ce « braquage » auquel il avait droit chaque matin de cours.

Une main saisissant violemment son col le tira - au sens propre du terme - de ses pensés moroses et Natsu se retrouva sur la pointe des pieds, le visage proche de celui de Peut-être-Jacky.
Et instinctivement il plissa le nez, réflexe plutôt dû à la violation de son espace personnel, qu'à une quelconque odeur, puisque ce serait mentir que de dire qu'il avait senti quoi que ce soit.

« J'espère sincèrement que t'es pas entrain d'essayer de nous escroquer looser ! »

Cette fois, il avait littéralement craché ses mots, et le rose ne se priva pas pour arborer une grimace de dégoût lorsqu'un postillon l'atteint de plein fouet.

Action qui déplu visiblement à... Jackson ?
Puisque la minute suivante, la grimace écœurée de Natsu se transforma en rictus de douleur lorsqu'il senti un genou entrer rudement en collision avec son estomac, il aurait peut être même vomis si son ventre n'était pas aussi tragiquement vide. Au lieu de quoi il n'émis qu'un faible gémissement plaintif avant d'être de nouveau repousser avec force et de rencontrer le sol dans un bruit sourd.

Sans un mot de plus le groupe s'éloigna de leur victime pantelante, ne lui adressant qu'un dernier regard menaçant qui signifiait sans le moindre doute « la prochaine fois ce sera pire », avant de disparaître dans la foule.

L'écolier se relevait difficilement sur ses jambes tremblantes lorsque la sonnerie indiquant le début des cours parvint à ses oreilles.
Il ne prit pas la peine de faire un détour chez l'infirmière et de risquer d'être d'avantage en retard car il était depuis longtemps habitué à cette douleur. Au lieu de quoi, il atteignit clopin-clopant sa salle de classe et s'assit lourdement sur sa place juste avant que le professeur ne réclame le silence.

Le reste de la journée passa comme dans un brouillard pour Natsu. Ses oreilles ne prêtaient pas le moindre crédit, ni aux mots des professeurs, ni aux ragots des élèves pendant les pauses. Il passait tout son temps à crayonner aux coins de ses cahiers, y compris l'heure du dîner durant lequel il ne pu pas manger - son argent lui ayant été soutiré quelques heures plus tôt - et ses cours ne ressemblaient par ailleurs plus à grand-chose.
C'était un méli-mélo de mots recouverts par des millions de croquis tracés par son crayon, qui se mouvait sans même qu'il n'y prête réelle attention.

L'esprit du garçon était en expansion constante, perdu dans le foui de ses pensés variés.

Parfois il songeait à sa petite enfance avec nostalgie, d'autres fois à son dilemme du moment : se battre ou renoncer ? Il lui arrivait aussi- ce qui était tout de même rare- de se morfondre, et d'autres fois comme à cet instant précis, il préférait planer.
Son cerveau ne pensait à rien, comme sur un nuage tandis que son poignet bougeait de lui-même pour donner vie à un univers d'image dont il n'avait même pas conscience. Mais jamais, au grand jamais, il ne songeait à son futur, il ne voulait même pas envisager quoi que ce soit, prévoir ou espérer avoir un jour un avenir - alors même qu'avec un tel coup de crayon, il aurait pu songer à s'engager dans une glorieuse carrière artistique - car c'était un sujet qu'il craignait et évitait comme la peste.

Pourtant, quiconque se pencherait sur ses dessins, verrait en ce curieux jeune homme un être de talent. Même si le tout était très brumeux - les œuvres se fondants les unes aux autres jusqu'à former un tout presque noir - on parvenait tout de même à y distinguer nettement une sorte de panthère bleue chimérique dotée d'une grande paire d'ailes blanches, un monstre absolument laid mais dont le physique abominable constituait toute l'horreur, et des paysages sorti droits d'un compte de fée, ou en l'occurrence d'une imagination fertile d'adolescent. Il y avait également des créatures plus conventionnelles comme des chevaux, des loups, des écureuils...

Mais un élément était notable, on ne pouvais y trouver d'humain, comme si Natsu avait inconsciemment effacé toute trace de l'espèce humaine de son esprit.

Parfois il était interrogé, ne savait pas quoi répondre et s'excusait platement. Il essayait ensuite de se concentrer, avant que son attention ne dérive à nouveau. Un comportement qu'il savait plus que discutable, pour lui-même aussi bien que pour les professeurs, mais qu'il ne mettait pas beaucoup de volonté à tenter de modifier. Ce qui lui avait valu de nombreuses visites chez le directeur, et ce jour là non plus, il n'y échappa pas.

Le vieil homme légèrement dégarni qu'était son directeur se fit une nouvelle fois le devoir de lui rappeler qu'il négligeait ses études, et mettait en péril son avenir par la même occasion et Natsu ne discutait jamais les paroles de son aîné, car elles étaient justes. Mais au fond de lui, quand il s'autorisait enfin à aborder le sujet il pensait : « Mon avenir ? Ai-je quelque chose à faire de mon avenir ? »

Et il n'avait toujours pas trouvé la réponse. Pour le moment, son présent était déjà bien assez à gérer à son goût. Alors il haussait les épaules, écoutant les remontrances d'une oreille distraite et se retirait après un salut respectueux.

C'était ainsi que la plupart des journées de l'étudiant se passaient.

Mais ce jour là, allait se produire un événement qui sans qu'il ne le sache encore, changerait sa vie de la plus étrange des manières.

***

Tandis que l'étudiant rangeait distraitement ses affaires dans son sac après une longue journée de cours. Il capta du coin de l'œil le même groupe qui l'avait plus tôt démit de son argent. Sachant qu'ils n'étaient pas ici par hasard. Et qu'ils étaient sans doute venu pour se défouler sur lui après un éventuel contrôle raté, ou que savait-il d'autre, d'aussi futile, Natsu tenta de trouver un moyen de se sortir de cette situation délicate.

Le journée avait été longue et fatigante, il était affamé et ne se sentait clairement pas d'humeur à encaisser une autre correction illégitime. Le garçon avait peut être l'air invulnérable face à tout ce qui l'entourait
- voir même aussi vide de sentiment qu'un robot - il restait un être humain, qui n'appréciait pas plus que cela de se faire frapper et humilier sans la moindre raison.

En vérité, derrière cette façade indifférente et apathique, il était terrorisé.
Chaque jour il était effrayé à l'idée de se rendre à l'université et de se retrouver face à eux, et pourtant il continuait de leur tenir tête en utilisant la carte du désintérêt. En effet, il avait peur, mais c'était un fait d'autant plus vrai que le leur montrer ne ferait qu'aggraver les choses. Un signe de faiblesse de la part d'une proie pour son prédateur serait une erreur fatale ! Il l'avait appris à ses dépends quand cet enfer - qu'il vivait maintenant depuis des années - n'avait fait que commencer et qu'il avait supplié à maintes reprises pour qu'on le laisse en paix. Que l'on cesse de s'en prendre à lui lorsque la seule chose qu'il souhaitait était de vivre une vie tranquille après ce par quoi il était déjà passé. Lorsqu'il se demandait ce qu'il avait bien pu faire pour mériter cela et qu'il passait des heures à se lamenter.

Mais ses supplications étaient toujours passés dans l'oreille d'un sourd, et n'avaient fait qu'augmenter la satisfaction de ses différents bourreaux à le voir se briser petit à petit. Alors il prenait sur lui, il combattait ce désespoir saisissant chaque fois qu'il avait affaire à eux, faisait mine de ne rien ressentir, jouait les fiers-à-bras, allant même jusqu'à soutenir leurs regards lorsqu'il se sentait particulièrement courageux.

Mais pas aujourd'hui.

Aujourd'hui, il en avait assez, il voulait finir la journée sans une nouvelle blessure à ajouter à sa déjà longue collection. Alors il passa la bandoulière de son sac sur son épaule, gardant une prise ferme sur celle-ci afin d'éviter de le faire tomber, et s'approcha de la porte à pas feutrés.
Un rapide coup d'œil a l'embrasure lui permit de localiser ses « opposants ». À droite de la salle, bloquant le passage pour les escaliers menant à la sortie. Il n'avait donc pas le choix, il devrait courir aussi vite qu'il le pouvait dans l'autre direction- un cul de sac menant aux toilettes- en espérant un miracle. C'était soit ça, soit se rendre sans discuter, et il en avait assez de se laisser faire.
Son choix fut donc vite fait.

Il prit une profonde inspiration, et sorti de la salle à toute allure, ce qui ne lui suffit pas à passer inaperçu. Aussitôt, il entendit les exclamations indignées de ceux qu'il tentait de fuir, suivi de lourd bruit de course.
Natsu ne s'était pas fait d'illusion, il s'était attendu à ce qu'il le suive, mais cela ne manqua pas de le terrifier. Le rose était loin d'être un athlète, et ses poursuivants auraient tôt fait de le rattraper mais il ne voulait toujours pas abandonner.

Alors il pressa d'avantage le pas, courant aussi vite et longtemps que ses jambes pourraient le porter, tout en sachant que tôt ou tard, il atteindrait la fin du couloir. 

Étrangement, il ignorait si c'était dû à l'adrénaline causée par sa peur d'être attrapé, ou bien à une intervention d'un être supérieur, mais il constata que les bruits de cavalcade dans son dos se faisaient de plus en plus distants. Soit prenait-il de l'avance, soit ses poursuivants fatiguaient.

Il ne cria cependant pas victoire trop vite et préféra continuer sa course.

Le couloir bifurqua tout à coup vers la gauche, la où il atteignait sa fin, et Natsu dû procéder à un arrêt brutal. Ici, dans le renfoncement du mur, il était caché à la vue du groupe, mais pas pour longtemps.

Le jeune adulte scruta les alentours désespérément, cherchant sans réellement y croire un endroit où se planquer, et seule la porte d'un vieux placard à ballet capta son attention.

Il y entra immédiatement, soulagé que la porte soit ouverte, et s'y enferma ensuite depuis l'intérieur à double tour. C'était stupide, le placard étant là seule pièce du couloir, il était tout à fait logique qu'il se soit cacher à l'intérieur, le garçon n'avait pas pu disparaître. Mas il n'avait pas vraiment d'autre choix... il ne lui restait plus qu'à croiser les doigts pour qu'ils n'aillent pas jusqu'à forcer une des portes de l'établissement pour mettre la main sur lui, et encore moins rester planter à l'extérieur en attendant sa sortie.

L'intérieur du placard était sombre, exigu et encombré, il avait à peine la place pour s'y faufiler malgré sa petite corpulence, mais ce serait amplement suffisant en tant que cachette provisoire. Quelques secondes à peine après avoir fermé la porte, les bruits de pas se firent plus forts, avant de s'arrêter exactement de l'autre côté de la porte, il entendit ensuite des grognements, accompagnés de chuchotements frustrés, et il capta les phrases « où est passé ce lâche ? », ou encore « il va le payer ».

Le souffle de Natsu se fit erratique, et le pauvre sentit son sang geler dans ses veines lorsque de puissants coups furent assené à la frêle porte le protégeant de ses assaillants. Il mordit sa lèvre supérieure tout en closant fermement les paupières dans le but de faire le moins de bruit possible et espérant que le groupe ne remarquerait pas sa cachette. Malheureusement, il effleura par mégarde l'un des ballet qui prédit son équilibre précaire contre le mur et bascula, atterrissant sur le sol dans un bruit sourd.

Le choc fut suivi par un silence de mort durant lequel Natsu retint anxieusement son souffle.
Silence qui fut vitré brisé par un cri haineux.

« Natsu ! Sort de là espèce de froussard ! Je sais que tu m'entends. »

Le concerné ne répondit rien, toujours concentré a maîtriser son souffle pour éviter une possible crise de panique.

« Allons, ne me force pas à te faire sortir contre ton gré. » Continua la voix du leader.

« Si tu sors sans faire d'histoires, je pourrais peut être même les convaincre de fermer les yeux sur ta fuite. »

Cette fois, c'était une voix plus aiguë et moqueuse, elle contenait plus d'amusement et moins de rage, elle appartenait certainement à l'une des filles.

Mais elle n'obtint toujours aucune réponse de la part de l'étudiant terrifié et son silence de pierre sembla leur déplaire.

« Ne nous fait pas poireauter mauviette ! Ma patiente a des limites. Crois moi, ça vaudrait mieux pour toi que tu sortes de ce placard par toi-même »

Comprenant que leurs menaces étaient inutiles, et que leur cible ne risquait pas de sortir de sitôt, les tambourinements infligés à la porte redoublèrent des force. De l'autre côté, Natsu senti son cœur faire une embardée, mais heureusement pour lui, elle ne céda pas, à la différence de son agresseur, dont la patiente était réellement fugace.

Après quelques autres paroles et essais infructueux, qui parurent durer des heures pour la victime, l'autre adolescent cracha quelques insultes - tout en lui assurant de lui faire payer ce temps perdu - et cessa ses assauts, avant de s'éloigner accompagné par sa petite clique.

Le rose laissa échapper un profond souffle de soulagement qu'il avait retenu depuis la chute du ballet mais n'osa pas bouger immédiatement.
Il attendit avant un certain moment, le temps de reprendre ses esprits, et de s'assurer - par le billet des bruits de leurs pas - que le groupe avait réellement abandonné.
Après un moment à écouter attentivement, seul un calme plat lui répondît et il en conclu qu'ils étaient bel et bien partis.

Natsu permis alors à son corps de se détendre, et il parvint tant bien que mal à s'assoir sur le sol, dos pressé contre le mur, et jambes ramenés vers sa poitrine pour essayer de gagner un maximum de place. Il voulait essayer de s'installer confortablement, après tout, il ne comptait pas sortir de si tôt.
Il voulait être absolument certains que Cliché et sa bande ne l'attendaient pas devant le portail ou dans les escaliers, et même si cela pouvait paraître paranoïaque, cela lui était déjà arrivé. Ces gens n'avaient apparemment rien de mieux à faire de leur vie non plus.

Ainsi pendant ce temps, Natsu pencha sa tête en arrière, pressant son crâne contre le mur derrière lui, fixa son regard verdâtre sur le plafond, et autorisa pour la première fois depuis des semaines, de sincères larmes de tristesses et de frustrations à dévaler ses joues squelettiques. Il était enragé contre lui-même.

Quel idée avait-il eu de fuir, il n'avait fait que repousser l'inévitable !

Il le savait pourtant, il s'était forgé une armure incassable, il était habitué au chagrin, à la terreur et à la douleur. Il n'avait pas d'émotion !

Il ne devait pas, ne pouvait pas pleurer !

Les larmes n'était qu'un autre signe de faiblesse à l'état liquide, et elles n'arrangeaient jamais rien à la situation.

Il le savait, lui qui avait passé des heures à pleurer dans sa chambre en espérant que tout s'arrête.

Mais il avait sincèrement cru pouvoir continuer à tout endurer sans jamais laisser couler la moindre larme, pourtant, dans l'immédiat, il ne parvenait plus à contrôler ses sanglots, ni le rythme de ses pensés.

Il n'en pouvait plus.
Était-il réellement sur Terre pour souffrir, qu'avait-il fait pour mériter cela ?

Natsu n'avait jamais comprit quel genre de plaisir des adolescents qui s'apprêtaient à entrer dans le monde adulte, pouvaient trouver à martyriser autrui. Au début, il s'était fait la réflection qu'il n'y avait pas de raison légitime. Ces gens tentaient simplement de rabaisser les autres pour se mettre soit même en avant, une sorte de technique consistant à faire du mal aux autres pour cacher sa propre faiblesse et se faire passer pour plus fort qu'on ne l'ai réellement.
Puis il avait aussi compris que c'était un instinct primaire faisant ressortir les faces les plus sombres de l'espèce humaine, consistant à ressentir du plaisir face à la détresse de son prochain.
Instinct que certains s'efforçaient de cacher en se qualifiant de civiliser, mais que d'autres aimait à laisser libre cours, ce qui arrivait généralement durant l'adolescence.

Mais finalement, ses nombreux tourmenteurs, étaient parvenus à lui faire croire que tout ce qui lui arrivait était de sa faute. Ils ne manquaient jamais l'occasion de placer une petite phrase telle que « Tu ne sers à rien », « c'est tout ce que tu mérites », et le pire qu'on lui ai adressé, « tu n'aurais jamais dû naître ».

Parce qu'en effet, si Natsu les écoutait - et hélas c'était le cas - il n'était qu'un raté, un incapable trouillard qui ne méritait même pas d'être venu au monde. Et après toutes ces années à entendre ces mêmes phrases de la part de différentes personnes, aussi résistant et optimiste eu-t-il un jour été, il avait fini par y croire ! Après tout même ses parents biologiques n'avaient pas voulu de lui, et la seule personne l'ayant un jour traité avec affection et qu'il avait en retour considéré comme un père, était mort par sa faute.

Alors il ne pouvait s'empêcher de se dire que, peut être n'avait-il en effet rien à faire ici ? Personne n'avait besoin de lui, personne ne se souciait de son devenir. Il n'avait pas le moindre but dans la vie, pas une seule attache, aucun hobbies, ni plaisir.

À quoi bon s'accrocher, si sa vie n'était qu'une lutte douloureuse ?

Peut être parce qu'il n'avait pas le courage de renoncer. Même pour cela il n'était qu'un trouillard.

D'un geste rageur de la main, Natsu essuya ses larmes, qui n'avaient cessé de couler tout au long de son monologue interne. Il était particulièrement sensible aujourd'hui. Sans doute parce que c'était le jour de la mort de son père adoptif...

C'était la seule pensée de cet homme merveilleux, qui le poussait encore à se battre, et qui aujourd'hui, l'avait forcé à lutter, à ne pas se laisser attraper sans opposer de résistance. Il savait que jamais Igneel ne l'aurait pris pour un trouillard, cependant il savait également que s'il avait été la, où que s'il l'observait toujours de là ou il était, il aurait détesté le voir se faire battre une nouvelle fois autant qu'il aurait haït le voir pleurer. Le rose ne pouvait pas lui faire ça, il ne voulait pas le décevoir, pour rien au monde.
C'était pour lui qu'il avait pris le risque de fuir, pour lui qu'il essayait de ne plus pleurer, pour lui qu'il repoussait son désire de le rejoindre.

Mais c'était dur. De plus en plus dur.

La vision encore troublée par le rideau de larme qui avait recouvert ses yeux il y a peu, Natsu remarqua tout de même une lueur étonnante provenir tout à coup d'un coin sombre du placard.

Repoussant ses récentes pensés dans un coin de sa tête, il se redressa et avança difficilement en direction de la lumière.

Quelques produits ménagés retirés plus tard, le garçon tomba nez à nez avec une nouvelle porte.
Dire qu'il était surpris serait un euphémisme !
Qu'est ce qu'une porte comme celle-ci, faisait-elle a l'intérieur d'un placard, et à quoi pouvait elle mener ?

Aussi loin qu'il se souvenait, il n'y avait pas de salle ici, et il ne pouvait pas s'agir d'une sortie, il était au troisième étage !

Une fois la surprise passée, Natsu prit le temps d'analyser sa découverte. La porte était de taille moyenne, et construite dans un magnifique bois sombre, gravé de formes étranges. Il avait beau observer, il ne comprenait pas vraiment ce qu'elles représentaient, peut être des fées, ou bien des cerfs ? Il cru discerner une forme étrange dotée d'ailes et d'une queue.
Fasciné par le design, il passa distraitement ses doigts sur les reliefs. La matière était agréable, douce, chaude et accueillante. À vrai dire, l'adolescent ne savait pas comment il parvenait à trouver une porte « accueillante » au touché, mais c'était le mot le plus proche qu'il avait trouvé pour qualifier ce qu'il ressentait en ce moment.

Il observa également la poignée de la porte, faite quant à elle d'une matière doré, et lorsqu'il l'effleura à son tour, le ressenti fut différent.
La surface était froide, mais pas repoussante. Électrifiante d'une certaine manière et faisait courir dans ses membres une démangeaison, le suppliant de tourner la poignée. Effrayé par cette excitation qui ne lui était clairement pas familière, le jeune homme retira sa main, comme s'il avait craint d'être brûlé.

Le dernier élément notable de la porte - et qui l'avait appaté en premier lieu - était la serrure, d'où s'échappait la fameuse lueur horriblement attirante. C'était une lumière aux nuances de couleurs chaudes comme Natsu n'en avait jamais vu. Et il se demandait plus que tout d'où cette fascinante lumière pouvait bien provenir. Il se pencha donc légèrement en avant, prêt à observer par le trou, trop curieux à l'idée de découvrir ce qui se cachait de l'autre côté de la porte.
Un comportement enfantin qui ne lui ressemblait pas. Il ne se souvenait même plus de la dernière fois où il avait agis de manière aussi spontanée et insouciante.

Lorsqu'il avisa ce qui se trouvait à travers la serrure, l'étudiant failli s'étouffer avec sa salive. Il ne voyait pas très bien, mais il pouvait très clairement discerner de grands arbres abondamment feuillus et d'un magnifique vert, s'étendant haut dans un ciel azur dégagé du moindre petit nuage- à noter qu'ils étaient en janvier. Un sol d'herbe grasse et humide se gorgeant des chauds rayons du soleil, et, le plus fascinant, une rivière limpide s'écoulait paisiblement de gauche à droite jusqu'à perte de vue, séparant l'endroit en deux rives qui étaient reliés par un petit pont de pierre.

C'était une véritable forêt, qui paraissait gorger de vie, à en juger par les frétillements constants des fourrés, attestant de la présence d'animaux.

Natsu retrouvant son caractère modéré et assez craintif s'écarta de la vision invraisemblable et s'accroupît à nouveau dans un coin, faisant fonctionner ses méninges pour trouver une explication raisonnable entendant son menton entre deux doigts. Comme il avait l'habitude de le faire lorsqu'il réfléchissait intensément.

La première et seule explication logique qui lui vint  fut celle d'une serre, peut être avait-il trouvé un écosystème gardé secret par son académie ?
Là ou un club de jardinage de l'ombre entretiendrai un mini environnement personnel ?

Malgré lui, il afficha une moue dubitative face à sa propre hypothèse. Cela n'avait pas le moindre sens... ce club existait déjà, et ses membres ne cherchaient absolument pas à se cacher.

Et surtout, pourquoi son université planquerai t-elle un club dans les tréfonds d'un placard, quel serait l'intérêt à cacher des plantes comme s'il s'agissait d'un secret d'état ?

Le garçon sentit son sang se glacer lorsque son esprit encore légèrement trop romanesque, envisagea la possibilité d'un champ de canabis, mais fort heureusement, il pu chasser rapidement l'idée. L'étudiant n'était pas très calé en la matière, mais il en était certain, cette végétation luxuriante n'était clairement pas comparable à une quelconque drogue, au contraire, le décor plutôt invraisemblable auquel Natsu venais de faire face, n'avait absolument rien en commun avec celui d'une forêt ordinaire. Le jeune homme n'aurait su en expliquer la raison, mais il pouvait clairement sentir qu'il y avait quelque chose de spécial dans ces bois, une atmosphère quasiment irréaliste et mystérieuse.

Il avait beau réfléchir, il ne comprenait pas. Un lieu pareil n'avait rien à faire là !

C'est alors qu'un son totalement inattendu le sorti de sa rêverie. Sous la surprise, il manqua de s'étouffer avec sa salive.
C'était une voix, profonde, douce et mélodieuse.
Et elle semblait également purement irréelle - sortie droit de son imagination tant la mélodie interprétée était envoûtante - comme un chant de sirène à ses oreilles. Il y avait dans le rythme une mélancolie et une tristesse, qui lui rappelait étonnamment sa propre souffrance et Natsu se trouva totalement hypnotisé par le son, le regard fixé sur les gravures de la porte

Incapable de prendre en compte quoi que ce soit d'autre que ce chant, il sentit sa gorge s'assécher d'une émotion inconnue et retint son souffle, effrayé faca à l'idée que, le moindre geste ou son, ne puisse apeurer la créature détentrice de cette voix angélique et mettre fin à ce moment de pur délice.

Natsu avait bien comprit que la mélodie provenait de l'autre côté de la porte, mais il se trouva tout bonnement incapable de faire quoi que ce soit d'autre que rester planter la, comme un animal surpris par les phares d'une voiture. Il n'osa pas coller son oreille au bois pour tenter d'en entendre plus, ni ne se risqua à observer à nouveau par la serrure, et encore moins à ouvrir la porte. Il était pris par une terreur étrange à la simple possibilité de savoir ce qui pouvait émettre une telle mélodie.
Cela ne pouvait pas être une personne ordinaire, c'était tout bonnement impossible. Un humain ne pouvait pas réaliser pareil miracle, pas même la plus talentueuse des chanteuse- puisqu'il était en effet certain que le timbre faisait de la créature un être de genre féminin.

Et si cette voix, a l'apparence si innocente et accueillante, n'était en fait qu'un appât l'invitant à passer de l'autre côté, pour au final s'en prendre à lui ?

L'idée pouvait paraître invraisemblable, voir même paranoïaque, mais la paranoïa était devenue l'une des caractéristiques premières du garçon. Quand on était harcelé depuis des années, on apprenait à se méfier.

Alors, charmé, dans l'impossibilité totale de fuir malgré sa méfiance face à cette porte qui semblait tout mettre en œuvre pour le pousser à l'ouvrir, et dans la crainte de se soumettre à la demande subtile. Natsu se contenta de s'asseoir le plus discrètement et confortablement possible sur le sol, et sortit distraitement l'un de ses cahier usé, pour se mettre à y griffonner furieusement la fascinante forêt qui était restée parfaitement gravée dans sa mémoire.

***

Bonjour, s'il vous plaît avant toute chose, prenez le temps de lire la petite note importante un peu plus bas, c'est quelque chose que je tiens à vous partager.

Voici le premier très long chapitre de ce qui devrait s'avérer être un tree-shot.
Je ne comptais pas poster cette histoire en premier lieu, puisqu'à la base ce n'était qu'une histoire que j'ai écrite pour un cours, mais j'ai trouvé que cela collait vraiment bien avec les personnages de Fairy Tail et j'ai donc changé les noms.
Ainsi si vous trouvez deux trois noms qui ne vont pas avec l'histoire, ou un mot qui qualifie Natsu de « brun » et que j'aurais omis, cela m'aiderai que vous me le signaliez pour que je le modifie.

Alors j'espère que l'idée vous plaira, c'est un type d'histoire assez particulier, avec bien plus de descriptions que de dialogues, alors j'ignore si beaucoup de personnes accrocherons.
Mais comme dit le dicton, qui ne tente rien n'a rien !

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Et surtout voici le message important que je voulais vous faire passer.
Cette histoire a également été écrite pour tenter de vous sensibiliser face à ce que certains peuvent ressentir face au harcèlement. Honnêtement je ne peux pas prétendre l'avoir réellement vécu, mais du peu que j'ai expérimenté je sais à quel point l'ignorance, les mots et la haine d'autrui peuvent être blessants. Ne faites jamais endurer ce genre de calvaire je vous en conjure, nous sommes des personnes civilisés, n'est ce pas et en tant que tel nous
ne trouvons aucun plaisir à retirer de la détresse de son prochain.
N'oubliez jamais que les choses peuvent aller extrêmement loins, pensez aux conséquences dramatiques que peuvent avoir ces acts et réfléchissez y a deux fois avant de vous en prendre a quelqu'un.

Et évidemment, sachez que j'ai écrit cette fanfiction sous le point de vu d'un Natsu perdu, triste et avec un fort manque de confiance en lui. Le fait qu'il pense que sa souffrance est mérité et est de sa faute, n'est ABSOLUMENT pas vrai !
Une victime n'est jamais en tord et ne méritera jamais son malheur, s'il vous plaît ne vous méprenez pas sur cela.
La personne en tord  est celle qui s'en prend aux autres pour se sentir exister, pas celle qui endure chaque jour la douleur.

Même chose pour le physique. Votre physique ne fait pas la personne que vous êtes. Ne laissez personne vous dire le contraire, vous êtes tous beaux/belles, vous êtes tous des êtres fascinants et peu importe vos talents personne n'est inutile, vous êtes tous dignes de joie et d'amour, personne ne mérite de vivre dans la tristesse et la peur, personne ne mérite d'aller en cours la boule au ventre.
Et aux personnes ayant subit réellement ce genre de choses, je ne peux me mettre à votre place mais je peux essayer de vous aider un maximum. Je sais que je ne suis sans doute pas la première personne à qui vous voudriez vous confier mais si vous n'avez personne à qui parler sachez que je me ferais une joie de vous soutenir et vous offrir une oreille attentive et respectueuse. Je suis là pour vous, nous sommes tous à vos côtés, ne laissez pas la haine et la tristesse vous abattre, la vie est parfois dure mais vaut la peine d'être vécue.
Essayez de vous confier si vous le pouvez et si vous vous en sentez prêt, garder sa détresse pour sois n'est jamais une bonne chose !

Voilà c'était la petite morale que je voulais faire passer, j'espère qu'elle aura été reçue comme souhaitée, et pleins de bisous à tous et à toutes ❤️

Merci d'avoir lu, n'hésitez pas à commenter ou à voter pour me témoigner votre soutiens, cela me ferait plaisir ^^
À bientôt !

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