Chapitre 9 (Mckensie)
Un tam-tam percute ma boîte crânienne. Lentement, j'ouvre les paupières sur une lumière aveuglante et me tiens la tête écervelée entre les mains. Je commence doucement à distinguer l'environnement autour de moi et constate que je ne suis plus dans cette piaule bordélique, au milieu d'un garage à l'apparence d'un véritable taudis. Mais surtout, je suis libre de mes mouvements. Pas d'attaches, ni de baillons. Je suis entière, c'est déjà ça...
Quelqu'un m'aurait-il sauvé de mes geôliers ?
Assise au bord d'un lit propre qui sent la lavande, je fais un tour d'horizon pour essayer de comprendre où j'ai atterri. Une chambre ordonnée où chaque objet semble être à sa place et particulièrement luxueuse. Mes pieds sur la douceur d'une moquette blanc cassé, je prends une grande inspiration en glissant mes doigts dans ma tignasse complètement en fouillis. La gorge sèche, je la racle comme je peux et tente de me mettre debout sur mes jambes flageolantes.
Oh purée ! Ça tangue par ici !
Je me rattrape de justesse au pied du lit avant de flancher, comme un lendemain de soirée trop arrosé.
De grandes baies vitrées donnent un aperçu sur le quartier. Je m'en approche, me place devant elles et reste scotchée sur place. Ébahie, mes yeux balayent les immeubles à ma hauteur, puis la rue à quelques dizaines d'étages plus bas.
C'est-quoi-ce-bordel ?
Je me rends compte que je suis désormais sur la pointe de Manhattan. Plus précisément à Financial district. L'un des quartiers les plus huppés de New York. Mais le voir d'ici, je n'aurais jamais cru cela possible.
Bordel de merde, qu'est-ce que je fous ici ? Et ça fait combien de temps que je suis là ? Et surtout, je suis chez qui et pourquoi ?
Je devrais être à l'hôpital, non ? Mon sauveur aurait dû m'emmener là-bas ! Pas ici dans cet chambre hors de prix !
Le cœur battant comme un forcené, je me retourne prestement, les doigts frottants mes paupières en espérant me réveiller. Ou pas.... Un pas devant l'autre, j'essaye de me souvenir de ce qu'il s'est passé, mais rien ne me vient. Mis à part cette sensation désagréable d'étouffer. Une douleur intense qui me broyait presque la cage thoracique. Puis plus rien...
— Je vois que tu es debout, petite marmotte !
Je fais un bond et me maintiens derrière le lit pour m'en servir de barrière.
Ma tête pivote vers la voix et découvre un Adams métamorphosé.
Je n'ai donc pas été arraché de ses griffes et je sens une boule se former au fond de ma gorge, pour retenir mes larmes de désespoir.
Habillé d'un costume gris argenté sur une chemise d'un blanc immaculé, il m'observe au travers de sa paire de lunette. Rien à voir avec le type qui m'a prise au piège. C'est le jour et la nuit et je comprends encore moins ce qu'il se passe. Adams s'approche lentement, comme pour éviter de m'effrayer, mais je recule lentement, en tentant de faire le point sur la situation qui m'échappe et hors de contrôle. Est-ce que je suis en train de rêver ? Si c'était le cas, comment le saurais-je ?
— Reste où tu es ! m'insurgé-je en levant la main devant lui. Je suis ici depuis quand ? Et il est où ton copain, le barjot ?
Le pas en suspens, il soupire, baisse brièvement les yeux au sol et se passe une main dans les cheveux, comme pour réfléchir.
— Il n'est pas ici, si ça peut te rassurer. Il n'y a que nous deux. Et nous sommes ici depuis hier soir... Je suis désolé, Mckenzie. On a paniqué et avec Max, on a fait n'importe quoi. Comme depuis des semaines d'ailleurs !
— Je ne veux pas le savoir ! Vous m'avez séquestré dans un garage miteux et maintenant je me retrouve dans cet endroit pour le moins improbable ! Mais vous êtes qui au juste ?
— Vaut mieux pas que tu le saches. Enfin, pour l'instant. Mais je ne veux te faire aucun mal, d'accord ?
Ses iris bleu électrique tentent de m'amadouer en se vissant aux miennes. Ma respiration s'accélère et je serre mes bras entre mes paumes. Ne pas céder à son charme ou je cours à ma perte. Il se remet à réduire la distance qu'il y a entre nous, mais cette fois, je ne me laisserai pas faire. Du coin de l'œil, j'aperçois une lampe de chevet et l'attrape rapidement des deux mains pour m'en servir comme une arme de défense.
— Si tu avances encore, je t'assomme c'est compris ?
— OK ! m'observe-t-il les yeux grands ouverts.
Les paumes en avant, il recule de quelques pas, penche la tête sur le côté pour garder le contact visuel, en continuant d'un air qui se veut rassurant :
— Tu devrais poser ça, avant de blesser quelqu'un !
— Si tu ne veux pas que ce soit toi, je te conseille de me laisser partir ! grogné-je en brandissant la lampe devant lui.
— Comme tu voudras ! La porte est là, s'écarte-t-il en me la montrant du menton.
Méfiante, je tire sur le câblage de mon arme de fortune d'un coup sec et il se décroche rapidement du mur, tout en gardant un œil sur mon geôlier. Le fait qu'il se décide à me laisser partir, ne me dit rien qui vaille. La prudence est gage de sûreté. En évitant de lui tourner le dos, je le contourne et prends la direction de la porte avec méfiance et n restant sur mes gardes.
Sentant le souffle de la liberté, je lâche la lampe et cours à toutes jambes dans le couloir et trouve un escalier que je dévale à toute vitesse. L'instinct de survie m'a fait pousser des ailes et je retrouve la quasi totalité de mes capacités.
— Tu ne devrais peut-être pas sortir habillée comme ça ! me crie-t-il de la rambarde.
— J'en ai rien à foutre ! Je me tire !
— C'est toi qui vois !
Qu'est-ce que ça peut lui foutre que mes collants filés, ma jupe déchirée et ma chemise froissée ne conviennent pas pour une sortie incongrue ?
Je traverse les pièces et j'ai l'impression de tourner en rond dans l'espoir de trouver la porte de sortie. Tout est chic et luxueux, tout est propre, tout est ordonné et je manque de chuter à plusieurs reprises lorsque mes pieds glissent sur le sol marbré. Paniquée, mon espoir s'amenuise à mesure que je rentre encore et encore dans les mêmes pièces sans aucune possibilité de sortir d'ici.
Bon sang, c'est quoi ce labyrinthe ?
À bout de souffle, je me retrouve encore une fois dans cette cuisine avec son îlot central d'où je prends appuie en balayant des yeux ce piège que je sens se refermer sur moi. J'ai les nerfs en pelote et peste en tapant du poing sur le marbre noir et froid. Mais bon sang, tout est glacial ici !
— Elle est où cette putain de sortie ? Adams !
— T'as trouvé la cuisine, c'est bien.
Il déboule derrière moi, avec cette espèce de moquerie dans la voix qui ne me plait guère et la lampe entre les mains qu'il dépose devant moi. Je lui fais volte face et lui assène mon index sur la poitrine avec la rage au ventre.
— Tu vas jouer avec mes nerfs encore longtemps ?
— Si tu savais, soupire-t-il les yeux au ciel, en levant les mains en signe de reddition.
— Qu'est-ce que tu me veux à la fin ?
— D'abord que tu te calmes ! Ce serait déjà pas si mal, sourit-il avec ce clin d'œil taquin que j'ai déjà eu l'occasion de voir auparavant.
— Me calmer ? Tu te fiches de moi, c'est ça ? Et d'ailleurs, on est où ici ?
Sa paume brûlante s'enroule autour de mon poignet gelé et il plante ses yeux électriques dans les miens. Ce qui a le don de faire monter une autre tension, autre que ma crise de nerf. Adams croque légèrement sa lèvre inférieure et plisse légèrement les paupières en observant maintenant ma bouche. J'ai chaud tout à coup... Terriblement chaud... Mais ce coup, il me l'a déjà fait et il est hors de question que je me fasse avoir une seconde fois par son petit jeu pervers.
— Nous sommes chez moi. Pourquoi ça ne te plaît pas ?
— Quoi ?
C'est la douche froide...
Je récupère prestement ma main pour reculer, tout en croisant les bras contre ma poitrine.
— Tu ne vas pas me faire croire que tu habites ici, grâce aux trois casses que tu as fait avec tes acolytes ? Ne te fous pas de ma gueule, d'accord ? Je ne suis pas aussi naïve que tu le crois !
Adams se pince l'arête du nez, me contourne et ouvre un placard d'où il sort deux tasses, tout en restant silencieux, comme s'il réfléchissait à un autre mensonge qu'il voudrait encore me faire avaler. D'une main, il saisit la cafetière et verse dans chacune d'entre elles ce liquide brun qui fume encore, mais dont j'ai affreusement envie depuis que j'en sens l'odeur. Qu'est-ce qu'il est encore en train de manigancer ? Sur mes gardes, je ne le quitte pas des yeux et me prépare à une autre entourloupe de sa part.
— La tune que je récupère dans ces banques, ce n'est pas pour moi. À vrai dire j'en n'ai pas besoin... me tend-il un contenant, en soupirant de plus belle.
— Et tu crois que je vais gober tout ce que tu dis ? Tu me prends pour une imbécile en plus ?
J'attrape la tasse sèchement et le fusil du regard. J'y trempe mes lèvres et avale un soupir d'extase pour le rendre silencieux. Purée que ça fait du bien... Il secoue la tête, hausse les épaules et lâche un long souffle en gonflant ses joues. Visiblement je l'exaspère. Tant mieux !
— Tu es fatigante ! J'ai jamais rencontré une nana qui arrive à m'épuiser ailleurs que dans un pieu !
— Non mais je rêve ? Tu ne manques pas de culot ! Si tu n'es pas satisfait de ce que tu as fait, tu n'avais qu'à me laisser partir la première fois ! Ou mieux encore, fallait me laisser croupir dans ce coffre à la con avec l'autre guignol !
— C'est toi qui a voulu venir, non ? Alors ne me reproche pas tes propres décisions ! s'insurge-t-il en quittant la cuisine.
Sur ses talons, je compte bien savoir où est cette fichue sortie. Et si je comprends bien, à force de l'agacer, il finira par céder. Quand je veux être chiante, il n'y a aucun problème. Pour ça, je peux être une véritable professionnelle dans ce domaine.
— Parlons-en, justement ! Je ne t'ai pas forcé la main à ce que je sache ! renchéris-je.
— Si j'avais su que j'avais tiré le mauvais numéro, je me serais abstenu ! se retourne-t-il.
Ses iris se sont assombris et le regard qu'il me lance ne me dit rien qui vaille. Il presque à point... À moi l'air de la liberté !
— Tu t'attendais à quoi au juste ? grogné-je en passant devant lui.
— À une bonne baise, peut-être ? hausse-t-il les épaules. What ? Il m'a pris pour une Marie couche toi là ou quoi ? Mais certainement pas à une castratrice en puissance ! continue-t-il. T'avais l'air bonne au premier regard et je me suis dit, pourquoi pas ? Maintenant je t'ai dans les pattes et je ne sais pas ce que je vais faire de toi.
— Eh ben tu n'as qu'à me montrer la sortie et ton calvaire sera terminé ! Espèce de connard ! lui balancé-je le contenu de ma tasse, mais il l'évite de justesse et le café dégouline sur un tableau accroché derrière lui.
— Mais t'es complètement timbrée ma parole ! Tu aurais pu me brûler, bordel ! Et ce tableau vaut une petite fortune !
— Fallait pas esquiver ! C'est dommage que j'ai raté mon coup et j'en ai rien à foutre de cette peinture, c'est toi que je visais ! Avec ta belle gueule d'ange en vrac, tu n'aurais plus eu l'occasion de baiser qui que ce soit !
— En fait, c'est ça que tu veux ?
— De quoi tu parles ?
— De ça ?
Rapidement il pose sa tasse sur un meuble à côté de lui, empoigne mes épaules et me plaque contre le mur en pressant son torse contre ma poitrine, les yeux voilés. Je n'ai rien vu venir. La douleur irradie toute ma colonne vertébrale et je le fixe à mon tour. Mon cœur s'affole, ma respiration devient chaotique avec son parfum qui envahit mon espace vital et mes doigts laissent tomber mon contenant à mes pieds. Son souffle chaud balaye mon visage, ses lèvres tout près des miennes, il murmure en me fixant avec ce bleu électrique qui me pénètre pour fouiller mes secrets les plus fous...
— Tu veux me sentir en toi, n'est-ce pas ?
Son nez frôle ma joue. Sa bouche s'arrête juste en dessous de mon lobe d'oreille et je me liquéfie sur place.
— Tu veux que je te prenne sauvagement et que je te fasse jouir comme tu le mérites peut-être ? Tu veux mes faveurs et pour le coup, tu joues la désintéressée, alors que je sais que tu mens...
Cette voix rauque et sensuelle titille mes sens pour faire écho et vibrer entièrement mon corps de la tête aux pieds.
Dominateur, une main s'empare de mon sein, pendant que l'autre s'agrippe à ma hanche. Ses doigts pénètrent ma chair à vif devenue sensible à son toucher et à cet instant, il sait qu'il a raison. Mon corps parle à ma place et je suis incapable de le faire taire.
— C'est ça que tu veux ?
Sa paume quitte mon bassin, glisse vers ma cuisse et remonte sous ma jupe du bout des doigts. Je frissonne et halète sous ses caresses en désirant cette bouche brillante de salive s'emparer des miennes. Ses phalanges effleurent ma culotte qu'il trouve rapidement. Un courant électrique me traverse de part en part. Mes jambes deviennent cotonneuses. Mon cerveau est entièrement déconnecté et ce sont mes sens qui ont pris le relais.
Je soupire d'impatience et cambre les reins vers cette main baladeuse.
Il est la tentation même de mes rêves les plus érotique. Mon bas ventre se contracte, mon globe durcit dans le creux de sa main. Et bon sang, le gémissement qui s'échappe d'entre mes lèvres confirme l'envie d'être malmenée et possédée entièrement par cet air sauvage qu'il utilise sur moi.
— C'est bien ce que je pensais...
Il s'écarte et me laisse en plan avec une frustration digne de ce nom.
Mais non ! Pas encore ! Mais pourquoi ?
Le froid parcourt immédiatement ma peau qui était encore dix secondes avant en ébullition constante. Reprenant mon souffle, je rage en le fusillant du regard et m'en veux terriblement de céder aussi facilement comme un potiche. Je pourrais lui sauter dessus et réclamer le reste de cette scène qu'il vient de me jouer, mais je ne me rabaisserais pas à quémander comme une pauvre affamée.
— Va te faire foutre, Adams ! vociféré-je.
— Je t'ouvre la porte... Tu peux partir si l'envie t'en chante toujours.
Stoïque, j'observe son dos, les bras ballants pendant qu'il sort une carte de sa poche de veste. Il la passe devant un cadran au fond du couloir et une porte d'ascenseur s'ouvre devant lui.
— Tu es libre. D'ailleurs, tu l'as toujours été même si tu as pensé le contraire.
****
Hello,
Bon et bien Mckensie va pouvoir enfin retrouver le monde extérieur en tant que femme libre. Adams n'est pas très fair-play, mais il la laisse tout de même repartir.
Que va-t-elle faire à présent ? Vous avez une petite idée ?
La suite demain
En attendant, soyez sage, mais pas trop
Big Bisouxxx
Bina
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