Chapitre 6 (Mckensie)


Alors que je pensais qu'Adams allait rapidement me tomber dessus en déboulant comme un fou furieux, il ne s'est rien passé. Ça fait des heures que je suis enfermée ici et le soleil décline déjà sur l'horizon. J'ai essayé d'allumer la télévision, seulement, elle n'est reliée à aucune antenne, ni même à internet. Je me suis mise à tourner en rond, sans savoir ce qui se passait sous mes pieds. Et pourtant, je sais qu'il est encore dans les parages. Je l'entendais parfois au travers de la petite trappe, tout comme la chaîne d'information qu'il a laissé tourner en boucle, concernant le braquage de la banque.

Mon nom a été prononcé des dizaines de fois, comme étant le premier otage de ces braqueurs qui en sont à leur troisième coups. Avec le même mode opératoire, sans aucunes victimes à déplorer, mais l'enquête continue et toutes les ressources policières sont sur le qui-vive et comptent bien y mettre un terme en mettant derrière les barreaux les commanditaires. Ils sont à ma recherche et Gigi m'a vu ici, alors je ne donne pas cher d'Adams avant que cette folle furieuse le dénonce ou déboule ici. Je suis partagée entre la satisfaction de bientôt sortir d'ici, mais aussi par l'angoisse que tout ce que ça va engendrer.

Le après risque d'être pire que ce que je suis en train de vivre...

Puis, l'ennui aidant, j'ai dégagé les draps dégueulasses du lit et en fouinant j'en ai trouvé des propres dans une armoire. Mais j'ai été surprise par une penderie tout à fait inattendue. Des costumes sur mesure pendus sur des cintres. Des chemises de marque, pliées et rangées soigneusement. Des mocassins presque neufs et de différents coloris. Qu'est-ce qui peut bien faire avec ce genre d'accoutrement ? Et quand je repense à ce qu'il m'a dit - n'avoir rien à faire avec des types comme eux- il s'est clairement foutu de ma gueule.

À moins que ce soit sa façon à lui de se faire plaisir avec le fric qu'il a volé sans aucune impunité.

Lasse d'attendre un dénouement qui ne viendra probablement pas aujourd'hui, je m'installe sur le lit et laisse mes yeux se fermer. De toute façon, qu'est-ce que je peux faire d'autre ? Je n'ai aucun moyen de m'enfuir d'ici et je ne sais même pas quand je reverrai la lumière du jour en respirant de nouveau l'air de la liberté. Je sombre dans un sommeil agité, dans l'espoir qu'en fait je n'ai vécu qu'un cauchemar que mon cerveau est capable d'inventer contre ma volonté. Pour finalement me réveiller comme tous les jours dans mon lit et reprendre mon train train quotidien.

Je sens quelque chose me caresser le visage et mes paupières lourdes s'ouvrent péniblement. Quand mes esprits se remettent en marche, je me redresse rapidement et découvre Adams, assis à mes côtés, le sourire aux lèvres et un paquet entre les doigts.

Bon ben c'était bel et bien réel...

L'odeur de la bouffe arrive aussitôt à mes narines et je peux sentir la faim me tordre les boyaux. Seulement, j'ai d'autres préoccupations et me lève dare-dare pour me précipiter sur la porte avant qu'il ne puisse m'arrêter. Ce qui m'étonne c'est que je ne le vois pas réagir et je comprends pourquoi quand je constate qu'elle est fermée à clé.

— Bien tenté ! se moque-t-il en tendant à nouveau le sac en papier devant moi.

— Tu ne peux pas me retenir indéfiniment ici ! Les flics me cherchent partout et ils finiront par me retrouver !

— Ça ne dépend que de toi !

— Alors relâche-moi et je te promets que je ne dirais rien !

— La confiance, ça se mérite, Mckenzie Clark ! Âgée de vingt-deux ans. Célibataire, cette jeune femme est respectée de tous et ses amis pleurent sa disparition. Une employée exemplaire à la Cooperation Bank depuis deux ans. Elle est appréciée par ses clients. Pleine de vie, elle a toujours le sourire. Née dans l'État de Chicago, elle est sortie major de sa promotion, alors qu'elle était à peine âgée de dix-huit ans. Discrète, sans histoire, personne ne comprend pourquoi une femme aussi gentille a pu faire l'objet d'un kidnapping lors de ce braquage.

Il a tout énuméré comme s'il l'avait appris par cœur.

— C'est un tissu de mensonges ! Tu crois que je ne t'ai pas entendu écouter ces infos en boucle ? pesté-je en saisissant le paquet entre mes mains.

Des amis ? Je suis loin d'en avoir.

Une employée exemplaire ? Le patron rêvait de me renvoyer à la moindre occasion.

Les clients ? Je suis certaine qu'ils ne se souviennent même pas de mon visage.

Tous des hypocrites qui veulent leur moment de gloire en passant deux minutes à la une des journaux télévisés. La seule vérité, là-dedans, c'est mon âge, mon lieu de naissance et l'obtention de mon diplôme. Et cette dernière partie, c'est la seule chose dont je suis fière dans ma vie. Pour le reste, c'est un vide sidéral.

— Je sais très bien que tu m'as épié toute l'après-midi. À chaque fois que tu soulèves le tapis, la lumière du jour passe au travers. D'ailleurs heureusement que les autres ne s'en sont pas aperçu tout à l'heure ! Sinon, adieu ma crédibilité.

— Ça, c'est ton problème ! Pas le mien ! Et puis ça ne doit plus être réellement un secret, si comme toi ils ont regardé ces conneries, ils sont maintenant au courant. Non ?

Je le contourne et m'assois de nouveau sur le bord du lit. Adams scrute tous mes gestes sans en perdre une miette. Je plonge ma main dans le sachet et sors rapidement la boisson. La soif, c'est ce qu'il y a de plus terrible au monde. D'autant plus que l'eau de la salle de bain, ça va bien un moment et en plus elle avait un sale goût. J'enfonce la paille dans le gobelet en carton et aspire le liquide frais qui soulage immédiatement mes papilles.

Bon sang, que ça fait du bien !

Mon soupir en dit long et je vois sourire de plus belle mon tortionnaire qui semble amusé par la situation.

— Mon choix a été le bon, finalement ! Je vois que ça te plaît !

— Inutile de te racheter une conduite ! m'insurgé-je. Maintenant que tu sais tout de moi, tu peux peut-être aussi me faire ton CV ?

— Tu n'as pas besoin de savoir qui je suis. Et j'ai pas besoin de racheter quoi que ce soit ! Je te rappelle que c'est toi qui m'a supplié de venir ! Aucunement je ne t'ai forcé la main ! Et je dirais que c'est plutôt le contraire !

— Ouais, ben, j'ai fait une terrible erreur et je le regrette !

— Il est trop tard pour ça ! Et d'ailleurs, avec ces conneries, mon cas vient de s'aggraver par ta faute ! En plus du braqueur, je suis désormais un kidnappeur ! Ma liste de délinquance a augmenté et si je me fais choper, la peine sera plus lourde !

— Tu veux que je te plaigne en plus ? lui demandé-je en croquant dans le hamburger. Il est trop tard pour ça ! Fallait me laisser partir la première fois !

— Bien joué ! Tu as du répondant et j'aime ça !

Il se lève, croise les bras contre sa poitrine et me fixe tout en ayant l'air de réfléchir. Je m'arrête de mâcher et plante mon regard dans le sien, dans une attente insoutenable. Qu'est-ce qu'il prépare ?

— Je vais te trouver de quoi te changer et tu vas venir avec moi ! Il faut que je te planque ailleurs avant que les gars ne débarquent.

— Quoi ?

Je manque de m'étouffer et avale rapidement une gorgée de ma boisson pour faire passer le morceau qui est resté coincé dans le fond de ma gorge.

Pendant ce temps, il ouvre sa commode et me balance un jogging deux fois trop grand pour moi, un t-shirt que je pourrais utiliser comme une robe, un pull et une veste à capuche.

— Tu chausses du combien ? me demande-t-il. Tu dois faire du sept, sept et demi ?

— Euh... Sept et demi...

— Nickel ! Gigi a dû laisser une paire de basket dans les parages ! Tu as de la chance que je ne les ai pas encore dégagé à la benne.

— Il n'est pas question que je mette les chaussures de ta meuf !

— C'est pas ma meuf ! continue-t-il à chercher sous les tas d'habits qui traînent au sol. Je la baise, rien de plus ! Ça s'arrête là !

— Ah bah ça change énormément de chose, effectivement, ironisé-je en croisant mes bras contre ma poitrine.

Il met enfin la main sur la paire de pompes et s'approche de moi en plantant ses iris perçant dans les miens. Mon palpitant démarre au quart de tour et je ne parle même pas de ma respiration qui prend une autre mesure. Presque collés serrés, il empoigne une de mes paumes et y place les baskets.

— Serait-ce une pointe de jalousie que j'entends dans ce sarcasme ? affiche-t-il un sourire malicieux sur le bord des lèvres.

Son pouce caresse l'intérieur de mon poignet tatoué d'une Pensée et un frisson envahit aussitôt ma chair pour se répandre sur tout mon bras, jusqu'à la pointe de ma nuque. Mes sens sont mis à rude épreuve et outre le fait qu'il soit un tortionnaire, son charisme de séducteur a un effet bœuf sur moi.

Jalouse, pas du tout, mais envieuse, certainement...

Quelle nana ne rêverait pas de partager son lit avec un homme qui a tous les atouts pour vous faire grimper aux rideaux. Il est beau comme un dieu. Un corps à faire jouir les pupilles. C'est un fantasme à lui tout seul et il le sait. D'ailleurs, il en joue, parce qu'il doit savoir qu'il gagne presque à tous les coups. En tout cas, chez moi, il fait mouche.

Je suis si faible à ce point, ou c'est lui qui est trop fort pour mon petit corps qui rêve d'être couvert par le sien ?

Son visage s'approche du mien. Réduisant lentement la distance entre nos deux bouches. Son regard a grimpé en intensité et mon cœur part immédiatement à la dérive. Je sens son souffle qui s'échappe de ses lèvres sur mon visage, faisant grimper ma température corporelle de plusieurs degrés. Ma pression sanguine s'accélère à mesure que mon muscle cardiaque s'active. Dans l'attente du moment fatidique, je ferme les yeux pour savourer ses lèvres sur le point de faire connaissance avec les miennes. Je suis prête et mon corps aussi à recevoir toute l'attention de ce bel âtre.

— Change-toi ! Je t'attends au rez-de-chaussée ! murmure-t-il avant de quitter la chambre.

Quoi ?

Il me chauffe et me plante, sans même terminer ce qu'il a commencé ?

C'est quoi son problème ? Je ne suis pas assez bien pour lui ?

Frustrée, je balance les chaussures au sol, fonce littéralement vers la porte de sortie et dévale les escaliers pour le retrouver sur le point de s'étaler dans son canapé. Lorsqu'il me voit, il se redresse et mes yeux pivotent vers la porte de garage. Je me mets à courir à toute vitesse et quand enfin je touche du doigt cette poignée, il m'arrête aussitôt en m'encerclant dans ses bras puissants.

— Tu comptes aller où comme ça sans moi ! grogne-t-il à mon oreille.

— Lâche-moi !

Je hurle et me débats comme une forcenée. J'essaye de lui donner des coups de pieds, mais je rate lamentablement ma cible. Je suis en train de m'épuiser alors que sa poigne ne faiblit pas. Je viens de rater une occasion en or et sens mes larmes pointer la barrière de mes cils.

— Certainement pas ! Je croyais pouvoir te faire confiance, mais visiblement ce n'est pas le cas ! Je te ramène là-haut ! vocifère-t-il.

— Tu n'as pas le droit de m'enfermer !

— Ici, c'est chez moi et j'ai tous les droits ! Que ça te plaise ou non !

— Adams ? Bordel de merde, alors c'est bien vrai pour cette gonzesse ?

Un type vient d'entrer et ferme la petite porte du garage d'un coup sec. Toujours prisonnière de ses bras, Adams pivote vers le gars et s'immobilise en me posant au sol, sans pour autant me lâcher. Les yeux rivés sur ce type, je sens le cœur d'Adams accélérer dans mon dos et le mien est dans le même état. Je repense à ce qu'il m'a dit plus tôt. 

"C'est loin d'être des enfants de chœurs. Moi je suis un ange à côté"

Ça y est... Je suis foutue pour de bon et ma vie va s'arrêter aujourd'hui...

— Ça ne s'est pas vraiment passé comme ils le disent, Max !

C'est lui, Max ?

****

Hello toi

Bon ben un nouveau personnage vient d'apparaître. Max...

Il a pas l'air content ou c'est une impression ?

La suite demain

En attendant, soyez sage, mais pas trop...

Big Bisouxxx

Bina


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