Chapitre 4 (Mckensie)

Je recule en même temps qu'Adams réduit la distance entre nous jusqu'à ce que mon dos percute un obstacle me stoppant davantage dans ma progression.

Qu'est-ce qu'il va me faire ?

Mon cœur menace à tout moment de s'arrêter à cause de la peur qui monte de plus dans mes tripes. Ses yeux noirs fixés sur les miens. Sa mâchoire qui se serre. Les muscles de ses bras qui se bandent. Tout porte à croire qu'il me veut du mal et il est trop tard pour que je puisse fuir.

Puis la porte de garage enclenche l'ouverture et mon geôlier m'attrape par le bras pour m'emmener derrière ce fameux brise vue, où je découvre un escalier métallique qui mène à l'étage.

— Monte ! Et tu ne fais aucun bruit, c'est compris ? serre-t-il les dents.

— Tu ne peux pas me retenir en otage ! C'est pas ce que je voulais, moi !

Je m'accroche à la barrière des deux mains et pousse sur mes pieds pour me planter sur le sol en béton. Peut-être que les autres me laisseront partir, alors je tente ma chance.

— Faut assumer ses choix, Crazy girl ! T'as voulu venir, alors maintenant tu la boucles !

En un tour de bras, je me retrouve sur son épaule, comme un vulgaire sac à patates. La tête suspendue dans le vide, je suis prise d'un vertige à mesure qu'on prend de la hauteur et il monte les marches sans aucune difficulté.

— Lâche-moi ! 

— Si tu cries, je te bâillonne ! Tu fais ce que je te dis, où j'annonce à mes gars que tu es là et je les laisse s'occuper gentiment de ton cas ! me menace-t-il. Crois-moi, ce ne sont pas des enfants de chœurs ! À côté, je te garantis que je suis un saint.

Je tape les poings contre son dos et feule comme une lionne en rage. Mes plaintes sont couvertes par le bruit d'un moteur qui pénètre les lieux si bien que j'ai du mal à m'entendre moi-même. Adams pousse une porte et me jette vivement sur un matelas à quelques pas de l'entrée. Il se positionne à califourchon sur mes cuisses, ôte son t-shirt dégoulinant de sueur avec une rapidité déconcertante, attrape mes poignets qu'il ramène au-dessus de ma tête en les empoignant d'une seule main et plonge ses yeux menaçants dans les miens en posant l'autre paume sur ma bouche qui sent encore le cuir de ses gants.

— Je t'ai dit de la boucler !

— Laisse-moi partir et je ne dirais rien ! Je sais être muette comme une tombe ! le supplié-je en baissant le volume de mes paroles sous ses doigts.

— Qui me dit que je peux te faire confiance ? Et tu as déjà changé d'avis ? Tu veux déjà partir loin de moi ? dessine-t-il une moue de ses lèvres charnues et luisantes de salive. J'avais plein de projets pour nous deux, Crazy girl, sourit-il avec malice.

Quoi ? De quel projet il parle ?

Il me met au défi en cherchant du regard au plus profond de mon être pour savoir si je dis vrai ou pas. Il libère mes lèvres et dégage une mèche de mes cheveux qui entrave mon visage. Son index se promène doucement sur ma mâchoire et effleure mon menton du bout des doigts. Je frissonne au même titre que l'angoisse gagne du terrain. Prise au piège sous son corps d'athlète, je tente de calmer ma respiration saccadée sous une tonne de muscles durs comme de l'acier et aux senteurs de virilité. Une brute à l'état pur. Et moi, Mckenzie Clark, je viens de perdre le peu d'estime que j'ai de moi quand mes yeux s'attardent sur son torse tentateur sculpté dans du granit et luisant de sueur. Des épaules larges et des biceps arrondis dû à la force qu'il met pour me maintenir immobile.

Le souffle court, je me fais violence pour ne pas flancher sous son regard de braise. Je dois perdre la tête, il ne peut en être autrement. Ou alors je suis encore dans ce cauchemar débile que j'ai fait cette nuit, mais il a pris une autre tournure et je vais bientôt être l'actrice d'un de ces films interdit au moins de dix-huit ans.

— Ça te plaît ? me surprend-il.

Stupéfaite, mes pupilles se lèvent et croisent un rictus de satisfaction légèrement dessiné sur le bord des lèvres. J'ai jamais eu aussi honte de toute ma vie. Le feu me monte aux joues et mon cœur prend une allure digne d'un sprint olympien. Usain Bolt vient de perdre son record du monde du 100 mètres en un éclair. Mon palpitant lève les bras de sa victoire et attend sa médaille comme un sale hypocrite en montant sur le podium.

— Allez, remets-toi ! Je vais faire comme si je n'avais rien vu, rit-il en se redressant. Enfin, pour l'instant... Tout ne dépend plus que de toi et de ce que tu veux réellement.

Ce que je veux ? Là, tout de suite ? Bien des choses, mais suis-je vraiment prête à ça ?

Mais bien sûr que je suis prête ! Tais-toi idiote de conscience à la noix !

Je bombe la poitrine et attends de voir s'il a capté le message en croquant ma lèvre inférieure.

— Adams ? entendis-je du rez-de-chaussée.

Oh purée ! Pas maintenant !

Nos têtes tournent à l'unisson et il me libère, alors que je suis encore sous les flammes ardentes qu'il a allumé dans mon bas ventre. Ce qu'il fait chaud ! Mais pour le coup, il laisse le froid de la pièce envahir ma chair brûlante avec un goût d'inachevé.

Exaspérée, je soupire et me frotte le visage. Le retour à la réalité à une saveur amer en bouche. Mais ce n'est que partie remise.

— Je te conseille de ne pas te montrer et de rester planquée ici, OK ? Ces types ne sont pas comme moi. Ils sont bien plus féroces et ils ne te feront pas de cadeaux s'ils savent que tu es ici.

J'acquiesce bien malgré-moi et me mets sur mes coudes pour reprendre mon souffle, pendant qu'il chope un haut propre dans un tiroir pour l'enfiler. Le côté pile est aussi attractif que le côté face. Un dos en V et une cambrure de rein fortement prononcée grâce à la ceinture de son pantalon posée parfaitement sur ses hanches. Il passe la porte sans se retourner et j'entends un tour de clé dans la serrure.

Putain ! L'enfoiré vient de m'enfermer ou je rêve ?

Je me lève précipitamment et presse le cliché de porte. Aucun doute. Je suis séquestrée dans sa piaule. Je fais demi-tour prestement et découvre le lit complètement défait, mais pas avec moi. Probablement suite à une partie de jambe en l'air avec la fameuse Gigi rencontrée furtivement tout à l'heure. De toute façon qu'est-ce qu'elle pouvait bien faire ici, lui montrant ses seins de cette manière si ce n'est pas pour coucher ensemble ?

Et là, d'un seul coup je me sens sale et pleine de flux corporel sur chaque once de peau qu'a touché la surface de son pieu. Mes poils se hérissent de dégoût. Je retiens un haut le cœur et tente d'effacer toutes les images de leur copulation de mon esprit bien trop imaginatif à mon goût en frottant mes bras et ma jupe dans l'espoir d'ôter ce qui s'est collé sur mon corps.

Je repère une fenêtre de l'autre côté de la pièce et une fois plongée dessus, je découvre l'accès barricadé par des barreaux scellés dans la pierre. Maudissant la terre entière, j'essaye d'ouvrir, mais le vieux bois menace de me rester dans les mains. Je soupire de désespoir et pivote de nouveau à la recherche d'une autre issue possible en abandonnant celle-ci. En plus de son lit, une commode remplit la chambre, un téléviseur semble ne pas avoir été utilisé depuis des lustres. L'écran est plein de poussière, comme le reste d'ailleurs.

Du linge sale traîne sur le sol. Le vieux plancher craque sous mes pieds. Une petite poubelle se cache dans un coin, pleine jusqu'à la gueule de détritus en tout genre. Boîte de soda. Emballage de toutes sortes. Etui de capotes et je ferme les yeux rapidement pour ne pas tomber sur un préservatif usagé.

Puis une autre porte se profile derrière un rideau.

D'un pas rapide, j'atteins rapidement peut-être ma future liberté. Mais l'euphorie est de courte durée. C'est une salle de bains composée d'une douche, d'un lavabo et d'un WC. Tout ce qu'il y a de plus banal. Étonnamment, elle paraît propre et même je dirais, qu'elle sent relativement bon le parfum et le gel douche.

Je m'enfonce à l'intérieur et découvre mon visage dans un miroir. Mon rouge à lèvres n'est pas totalement effacé, voire même étalé comme un maquillage de clown. Mon mascara a coulé et mon fond de teint est en train de fondre littéralement. J'ouvre l'eau et tente d'effacer ce masque de Freddy Krueger de ma face avant de me faire peur à moi-même.

Adams a dû se foutre de ma gueule en me voyant peinturlurée de la sorte !

Une fois présentable, je me laisse choir sur la lunette des toilettes et prends mon visage entre les mains, les coudes en appui sur mes genoux, pour essayer de réfléchir à la situation.

Je me suis foutu dans une sacrée merde et je ne sais absolument pas comment je vais faire pour me sortir de ce bourbier monstrueux. Réfléchir avant d'agir doit faire partie de mes capacités, non ? Alors pourquoi j'ai foncé à l'aveugle dans cette fosse aux lions ? Tout acte a des conséquences, pourtant je suis là comme une idiote ayant imaginé un conte de fée, au final détourné en conte des frères Grimm. Il va me bouffer après m'avoir fait cuire comme un biscuit, j'en suis sûr.

En faisant un rapide tour d'horizon, je constate que mes chances sont minces. J'ai assisté à un braquage et en m'enfuyant avec cet Adams, je me suis rendu aussi complice que ses congénères. Les flics vont aussi me courir après comme une cible à attraper, pour me juger d'un délit que je n'ai même pas commis. Voilà dans quoi je me suis lancée comme une pauvre débile, parce que je m'ennuie à mourir et que je suis à la recherche de sensations fortes.

Je suis fichue et maintenant je suis aussi fichée dans la liste des délinquants à traquer.

— Putain, je ne m'y ferais jamais les gars, entendis-je dans un coin de la pièce.

C'est quoi ça ?

Je me dirige vers la source des voix en ouvrant grand les oreilles et tombe sur une petite trappe qui donne juste en dessous du garage, planquée sous un tapis de sortie de bain. Sans faire de bruit, je me colle contre elle et écoute leur conversation.

— C'est clair que ça fait plaisir ! En tout cas, merci Adams d'avoir accepté que je vienne avec vous.

— C'est pas moi que tu dois remercier, mais ton pote. Parce que la prochaine fois que tu ne fais pas selon le plan, je te bute moi-même, c'est compris ?

— Je suis désolé, mec. Je ne sais pas c'qui m'a pris ! Tous ces billets me sont montés à la tête je crois.

— On a amassé pas loin d'un demi-millions de dollars cette fois ! enchaîne une autre voix.

— Pour le prochain casse, ce sera deux fois plus. Mais en attendant, on va se faire oublier un petit moment. Trois banques en un mois, ça commence vraiment à faire du bruit. Surtout que notre stratagème ne fonctionnera plus si on l'utilise trop souvent. Il faudra réfléchir à une autre solution pour détourner l'attention des flics pendant qu'on opère.

Je reconnais le timbre de Adams et j'ai l'impression que toute l'attention est sur lui. Il domine le groupe, il n'y a plus aucun doute là-dessus. C'est le chef et personne ne le contredit. Pas même celui qui a tenté de faire sa petite sauce de son côté. Il ordonne et les autres disposent.

— Max, tu divises en part égale et ensuite vous vous tirez d'ici ! Je vous recontacterais au moment voulu. Et faites-vous discrets. Pas d'achats flamboyants qui mettrait la puce à l'oreille des flics.

Donc, il y a Adams et maintenant un Max... Je note ce détail dans un coin de ma tête et continue d'écouter sans me faire repérer.

— Ça marche !

— Et je ne plaisante pas ! Si je me fais choper parce que l'un d'entre vous à merder, vous tombez aussi !

— T'inquiète mec ! Pas de bourde cette fois ! Je serai comme d'habitude et continuerai de balayer le trottoir pour tous ces bobos de la haute.

— Donc, nous nous sommes bien compris ! Y a pas que des conneries qui sortent de ta grande gueule, c'est bien ! Max, reste encore cinq minutes, il faut qu'on cause tous les deux.

— Pas de soucis.

J'entends de nouveau la porte du garage s'ouvrir et un moteur se remettre en marche. L'odeur du gasoil me pique au nez et je n'arrive pas à retenir un éternuement. Aussitôt je me redresse, comme prise en faute et remets tout en place pour retourner dans la chambre rapidement. Je m'adosse contre la porte de la salle de bains et tente de calmer l'angoisse qui m'envahit de la tête aux pieds.

Bordel ! Je suis certaine qu'il m'a entendu et je vais payer ma curiosité d'une façon que je ne préfère même pas imaginer.

T'es foutue Mckenzie...

****

Hello, comment allez-vous ?

Adams n'est peut-être pas aussi méchant ! Quoi que... Nous ne savons encore rien de lui et de ses acolytes.

En attendant, Mckensie est toujours dans de beaux draps et la sortie de secours semble s'éloigner de plus en plus.

La suite demain

En attendant, soyez sage, mais pas trop

Big Bisouxxx

Bina

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