Chapitre 2 (Mckensie)

Au moment où le directeur ouvre le coffre, les chronomètres sont enclenchés par les deux ravisseurs aux mains libres.

— On a dix minutes et pas une de plus ! Allez les gars, on y va et on ne traîne pas ! enchaîne le chef de la meute contre lequel je suis collé. On a besoin de ces deux minutes restantes pour foutre le camp d'ici !

Parce que je suis certaine que c'est lui le meneur. Il savait où nous surprendre dans cette salle de réunion. Il a visiblement tout organisé dans les moindres détails et n'a rien laissé au hasard. D'autant plus qu'il est le seul à donner des directives pendant que les autres obéissent docilement sans dire un piètre mot.

Il me pousse à l'intérieur du coffre avec le boss, sans aucune délicatesse, et je manque de justesse de chuter au sol à cause de ma chaussure manquante. Déséquilibrée, je me rattrape à l'épaule du patron qui me retient avec sa main sous mon bras.

— Vous vous faites tout petit, compris ? nous montre-t-il du menton le coin de la pièce où il peut avoir un œil sur nous.

Soumis, on obtempère sous la contrainte et nous nous pressons l'un contre l'autre sans riposter. J'aurais préféré un autre bougre comme soutien physique, mais ce n'est pas le moment d'avoir des exigences, alors je m'en contente. Pour se permettre de faire la fine bouche, il faut encore en avoir la possibilité et là, malheureuse, le choix m'est imposé. Pour moi, comme pour lui. Le type nous montre qu'il met son arme à la ceinture de son pantalon, tapote dessus et pose un index sur ses lèvres camouflées par la cagoule pour nous dire de rester silencieux. Comme les autres, il ouvre un sac, jeté par son comparse, et le remplit rapidement.

— Surtout, ne prenez pas les billets avec les bandes vertes les mecs. Il y a des mouchards placés au centre, OK ?

Comment peut-il connaître un détail pareil ?  Et ça me laisse perplexe. À moins de travailler dans le milieu, très peu de personnes sont au courant de ce subterfuge.

Mais qui est ce type ?

Ils mettent de côté les fameuses liasses à éviter, et emballent le reste. Les sacs se gonflent de billets verts. Des milliers de dollars vont s'évaporer dans la nature et je les observe se gaver comme des oies sans la moindre difficulté. Les yeux vérifient les chronos régulièrement. Dans un calme olympien, les gestes sont précis, rapides et aucun doute ne transpire chez eux. Face à cela, les spectateurs que nous sommes, assistent impuissants à ce braquage parfaitement maîtrisé.

— Encore deux minutes ! Ça nous laisse le temps de vider quelques coffres ici et là, suggère l'un des types en les épiant du coin de l'œil.

— On est pas là pour ça ! On s'en tient au plan, c'est compris ? le stoppe net le commanditaire principal.

— Tu fais chier, merde ! Je suis sûr qu'il doit y avoir des bijoux qui valent une petite fortune là-dedans ! insiste-t-il.

— J'en ai rien à foutre, putain ! On dégage ! Je me doutais bien que tu allais me faire chier  !

Il se tourne vers le troisième type et s'adresse à lui.

— Tu t'occupes de ton pote, ou je te garantis qu'il n'aura pas sa part, s'il n'en fait qu'à sa tête, OK ? Putain ! Je t'avais dit que je ne voulais pas de lui, merde ! Depuis le début, je ne le sens pas !

— C'est bon, mec, je m'en charge, tente-t-il de le calmer.

Alors que tout paraissait parfait, la tension qui règne désormais est palpable et anxiogène. Mon cœur redémarre au quart de tour en pulsant comme un fou furieux contre ma poitrine. Mes muscles se bandent et deux iris bleus croisent les miennes sans que je m'y attende. Il s'approche rapidement et je recule jusqu'à ne plus pouvoir. Ma bouche s'assèche. Mon rythme cardiaque s'affole. Ma respiration devient chaotique. Mes mains se placent sur mes avant-bras comme si elles voulaient me protéger de ce malfrat.

Sa paume s'avance vers mon visage et d'instinct je ferme les yeux avec la boule au ventre en rentrant la tête dans les épaules. Mes jambes menacent de céder sous mon poids et je ne sais pas comment j'arrive à rester debout devant lui.

Que va-t-il me faire ? Se venger sur moi, parce que l'abruti de son équipe vient de le mettre en rogne ?

Je me prépare mentalement à prendre un coup, mais rien ne vient et ces secondes passantes paraissent interminables. Pourtant je sens sa présence. Il est juste devant moi et je peux entendre sa respiration et sentir son souffle sur mon visage.

— Ne lui faites pas de mal, me défend le boss d'une voix tremblante.

— Ferme ta gueule, toi ! grogne-t-il.

Je discerne du mouvement à mes côtés, mais ne bouge pas d'un iota.

Pourquoi met-il autant de temps à agir ? C'est une véritable torture mentale et mes membres commencent sérieusement à souffrir de toute cette pression que je leur fais subir.

Je sens le pouce de son gant en cuir passer sur mes lèvres, comme s'il tentait d'effacer ce rouge carmin qui les recouvre depuis ce matin. Je sursaute et continue de retenir mon souffle. En apnée, je subis silencieusement.

— Tu n'as pas besoin de te cacher derrière tout ce maquillage, tu sais ? J'aime les filles au naturel. Elles sont tellement plus belles à regarder ! soupire-t-il. Et au moins, elles ne trichent pas.

Je lève la tête et plonge littéralement dans cet océan houleux qui m'observe sans aucune once d'agressivité. Je relâche lentement l'air resté dans mes poumons. Mes doigts se détendent sur ma chair à vif. Et cette fois, mon palpitant raisonne sur mes tempes, mais d'une toute autre manière. Partagée entre le soulagement et l'incompréhension, sa carrure s'impose à moi. De toute sa hauteur, il me domine et abandonne mes lèvres pour pincer légèrement mon menton entre ses doigts. Silencieuse, je m'abandonne à ce regard pénétrant et tumultueux.

— Je t'avais dit qu'il ne t'arriverait rien, murmure-t-il. Et je n'ai qu'une parole.

Qu'est-ce qu'il me prend ? Je deviens folle ou quoi ? Pourquoi je le regarde comme ça sans pouvoir me détacher de ces iris ensorceleurs ?

Je secoue inconsciemment la tête et déglutis difficilement. Je ne sais pas pourquoi, mais j'ai l'impression de le voir sourire sous sa cagoule. Est-ce pour se foutre de moi ? Pauvre petite chose sans défense face à ce grand méchant loup qui pourrait d'une façon ou d'une autre en finir avec ma vie. Une simple balle entre les deux yeux, et adieu ce monde que je maudis depuis des lustres.

— C'est bon, mec. On a atteint la limite ! 10 minutes, il est temps de déguerpir ! intervient son complice avec son second sur les talons.

Il recule en continuant de me scruter, attrape un sac qu'il passe par-dessus son épaule et m'envoie un clin d'œil taquin.

— Tu restes sage, d'accord ? Les guignols vont bientôt venir te libérer ! Et toi, donne-moi les clefs du coffre ! ordonne-t-il au directeur en tendant la main.

Une fois récupéré, il presse le pas et s'apprête à refermer la porte du coffre-fort en nous laissant dedans. Seulement, lorsque je croise une dernière fois son regard, je me précipite sur lui sans comprendre moi-même ce que je fais.

— Attends !

Son geste se met en suspens et j'attrape son poignet comme si je me raccrochais à une perche de maître-nageur pour éviter de couler. Depuis des mois, je rêve de sensation forte. Depuis des mois, je ne suis plus cette fille mordant la vie à pleine dent. Et lui est peut-être cette issue qui s'offre à moi pour changer définitivement la tournure de mon existence.

Je suis peut-être devenue folle, mais j'en ai rien à foutre ! Moi aussi je veux me tirer d'ici, bordel !

Je me jette à l'eau et lui demande du bout des lèvres :

— Emmène-moi  !

****

Hello, chose promise, chose due. Un nouveau chapitre rien que pour vous.

Alors ? Vous vous attendiez à ça ? Dites-moi tout !

Va-t-il se laisser convaincre par une Mckensie prête à franchir la barrière ?

En attendant la suite, soyez sage, mais pas trop

Big Bisouxx

Bina

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