Chapitre 16 (Adams)

Assise à l'arrière de la voiture, Mckensie tente de se repérer les yeux fixés sur l'extérieur, pendant que Max nous emmène à l'endroit prévu.

Franchement son comportement me dépasse et je n'ai vraiment rien compris à ce retournement de situation. Comment peut-il accepter aussi facilement cette nana à rejoindre le prochain braquage ? Que lui passe-t-il par la tête ?

Déjà quand Gigi a voulu participer, je n'étais pas trop pour, mais elle a su me convaincre de part sa détermination et sa force de caractère. Mais parce que aussi, elle était ma régulière et que le sexe avec elle c'est sans tabou. Il ne lui aura fallu qu'une soirée pour me faire changer d'avis. Au grand damne de Max qui m'en a voulu après le casse. Seulement là, je ne suis absolument pas serein d'emmener cette Crazy girl avec nous et prendre de gros risque aussi bien pour elle, que pour nous. Elle est loin d'avoir la carrure et les épaules pour ça, bordel !

J'accorde le fait qu'elle a un certain tempérament, mais ça ne me suffit pas. Et je n'ai pas envie qu'il lui arrive quelque chose par notre faute ! Une balle perdue. Un coup mal placé. N'importe quoi, je ne le supporterai pas ! Il faut que je trouve le moyen de faire changer d'avis mon pote avant qu'il ne soit trop tard.

— T'en as encore pour longtemps à faire la gueule ? me demande Max.

— Occupe-toi de nous conduire à bon port et ne te mêle pas de ma gueule ! grommelé-je.

— Je te rappelle que c'est ta faute si on en est là !

— C'est bon, j'ai compris ! Ce n'est pas utile de me le rappeler toutes les deux minutes, je le regrette déjà suffisamment, sans que tu en rajoutes une couche, OK ? Et si elle est dans cette bagnole, ce n'est pas de mon ressort. Tu es autant responsable que moi maintenant ! Tâche de ne pas l'oublier.

Je l'entends soupirer et vois apparaître le profil de Mc entre nous deux. Camouflée sous une casquette et une paire de lunettes de soleil, pour ne pas qu'on la reconnaisse, le sourire qu'elle affiche continue à me mettre les nerfs. Aussi magnifique soit-il.

— Allez quoi ? C'est génial de partager un moment comme ça tous les trois ! En plus j'ai l'impression de ne pas avoir senti l'air extérieur depuis des lustres !

— Arrête de te comporter comme une gamine, tu veux bien ? Tu as été enfermée 2 jours ! C'est pas la fin du monde non plus ! grogné-je.

— Arrête de bouder comme un gamin capricieux, tu veux bien ? rétorque-t-elle.

Bon sang, qu'est-ce que je vais faire d'elle ? Au départ, j'imaginais que ça aller être simple avec elle. De l'avoir pour moi tout seul. En profiter quelques jours et la laisser partir quelque part avec de bons souvenirs. Mais j'étais loin d'imaginer qu'en réalité, elle était aussi attirante qu'emmerdante. Comme quoi, l'habit ne fait pas le moine et ça m'apprendra de m'arrêter sur un physique alléchant.

— Et si pour une fois, tu faisais comme si tu n'étais pas là ? marmonné-je entre les dents.

— Difficile, puisque je suis juste là, à côté de toi ! glousse-t-elle en ébouriffant ma tignasse sous ses doigts. Tu peux mettre un peu de musique, Max ? Ça m'évitera d'entendre ronchonner monsieur grincheux !

Si ça peut m'éviter de l'entendre également, je m'empresse moi-même de mettre la radio en marche. Elle disparaît de nouveau à l'arrière en libérant mon espace vital. D'ordinaire, j'ai en horreur que l'on me touche les cheveux, mais avec elle, hormis le fait qu'elle m'agace particulièrement depuis une bonne demi-heure, un léger frisson m'envahit l'échine de haut en bas. Je déteste l'effet qu'elle provoque en moi. C'est incontrôlable. Et cette perte de contrôle m'embrouille l'esprit.

Depuis hier, lorsque j'ai senti son corps frêle collé contre le mien dans cette banque, je n'ai qu'une envie c'est de la couvrir du mien pour la faire mienne. Seulement rien ne s'est passé comme prévu et cette putain de frustration ne fait qu'accroître à mesure que les heures défilent devant moi. Et maintenant si elle commence à me toucher comme elle le fait, je vais finir par ne plus répondre de rien. Max a raison, il faut que j'arrête de penser avec ma queue, bordel ! Cette nana va courir à ma perte et c'est franchement limite. Même en essayant de mettre de la distance pour tenter de m'en détacher en la malmenant, c'est moi que je suis en train de faire tourner en bourrique.

Putain, il est temps qu'on arrive parce que j'ai besoin de prendre l'air et urgemment à cause de sa fragrance subtil qui se diffuse dans l'habitacle. C'est une véritable torture.

Sur ma belle-sœur ce parfum m'insupporte, mais sur sa peau, il excite inlassablement mon nez et pas que... Elle ne se rend même pas compte de l'état dans lequel elle me met. Et d'ailleurs, Max non plus.

Comment fait-il pour rester aussi impassible ?

Quoi que...

Quand je vois les œillades qu'il ne cesse d'envoyer dans son rétroviseur pour la contempler, il est clair qu'il n'est pas totalement indifférent. Mais il a toujours cette manière de montrer un détachement maîtrisé. Contrairement à moi, il est sans cesse dans le contrôle. Difficile parfois de savoir ce qu'il pense réellement, alors que je suis un livre ouvert. Il est mon parfait opposé en tout point, mais totalement complémentaire.

— On est bientôt arrivés ! annonce-t-il. Tu fais exactement ce qu'on te dit Mc, c'est clair ?

— Comme de l'eau de roche ! chantonne-t-elle.

— Je ne plaisante pas. C'est dangereux ici ! insiste-t-il.

— C'est le quartier de Brownsville ? demande-t-elle en ôtant ses lunettes pour mieux voir la misère qui se profile devant elle.

— Exactement. L'un des quartiers les plus pauvres de Brooklyn, répondis-je. Ici les habitants ont largement plus besoin de fric que tous ces quartiers résidentiels où les dollars coulent à flot.

— Vous êtes des robins des bois, en fait ?

— Sauf que l'on a ni arc, ni flèches pour nous défendre, rétorque mon ami. Alors tu ne nous quittes pas d'une semelle !

Il gare la bagnole sous un pont et invite Crazy girl à descendre. Pendant ce temps, je récupère le sac de sport dans le coffre, tout en glissant mon revolver dans la ceinture de pantalon. On n'est jamais trop prudent. Même si nous les aidons du mieux qu'on peut, nous ne sommes jamais à l'abri de dealers capables de nous voler sans le moindre scrupule. Ou pire encore, si on tombe sur un camé en manque et capable de nous tuer pour voler le sac dans l'espoir de se payer sa dose.

Comme deux protecteurs, Max et moi nous nous plaçons de chaque côté de Mckensie. Pas complètement sereine par l'environnement, elle passe un bras sous le mien et accroche ses petits doigts sur la manche de mon cuir.

C'est ça, accroche-toi cocotte et évite de faire la maligne. On est dans la cour des grands maintenant.

— On peut faire demi-tour si tu veux ? tenté-je de la rassurer.

— Non, je veux y aller ! réajuste-t-elle sa casquette et ses lunettes.

— OK ! C'est parti !

Au bout de deux cent mètres, j'aperçois les habitués que nous rencontrons depuis plus d'un mois, mais pas seulement. Je vois des nouveaux visages, en particulier des enfants qui fouillent dans une poubelle dans l'espoir de trouver un truc à manger et aussitôt mon cœur se serre dans ma poitrine. Quand tant d'autres jettent de la nourriture, parce qu'ils en ont en abondance, d'autres ont faim et sont prêts à bouffer ce qu'ils leur tombent sous la main pour apaiser la douleur dû aux tiraillements de cette fringale que manifeste leur ventre.

Ce monde divisé est répugnant...

J'aimerai tellement faire plus pour leur venir en aide. Mais malheureusement c'est tout ce que je peux faire pour eux. Mettre ma vie en danger en braquant les plus riches pour aider à ma manière les plus pauvres. J'ai vécu cet enfer à cause de mon père et quand Max m'a sorti de là, j'ai compris qu'il fallait que je fasse quelque chose et c'est là que j'ai pris la décision de devenir tout ce que mon paternel ne voyait en moi. Un minable capable de ne rien faire d'autre que de le décevoir. Rien que pour ça, j'y mets toutes mes tripes, juste pour une fois lui donner raison.

J'ouvre le sac et commence à glisser des billets dans la main des gamins en prenant garde de ne pas les effrayer.

— Allez à la sandwicherie du coin ! Ce sera meilleur que ces cochonneries, OK ?

— Merci monsieur ! les prennent-ils entre les mains, les yeux illuminés par les billets verts flambants neufs.

Quand je vois la lumière éclatante qu'ils dégagent, il n'y a pas de prix pour ce petit rien que je fais pour eux. Et uniquement eux. Je me sens revivre, libre et tellement satisfait.

Les autres nous reconnaissent et arrivent doucement pour venir chercher ce qu'il les fera tenir pour les semaines à venir. Je repère de suite notre petit protégé et m'avance spontanément vers lui.

— Bonjour Habib !

Ce gamin de dix-sept ans a été le premier à nous avoir accepté ici la toute première fois que l'on a débarqué. Les œillades des autres étaient menaçantes et quand un groupe est venu pour nous faire dégager d'une façon très peu conventionnelle, Habib s'est interposé. Puis quand on a sorti le fric pour le distribuer, c'est encore lui qui nous a guidé dans notre tâche. Sans cet ado à la maturité avancé et respecté des siens, il est probablement que nous aurions changé de quartier. À contre cœur parce qu'ils en ont besoin, mais on n'aurait pu faire autrement pour éviter de s'en prendre plein la gueule.

— Salut man ! Tu es revenu et pas tout seul apparemment, me checke-t-il en observant Mckensie.

— C'est une amie. Comment va ta mère ? détourné-je son attention pour éviter qu'il ne passe trop de temps sur elle.

— Grâce à toi, elle a pu commencer ses séances de chimio. Les docs sont contents du résultat. Je te remercierai jamais assez, Man.

— Je t'en prie. Comment ça se passe en ce moment par ici ?

— Comme d'habitude. Avec les potes on essaye de maintenir l'ordre, mais c'est pas facile, secoue-t-il les épaules. Les flics sont jamais là quand on a besoin d'eux, donc on gère comme on peut.

— Si tu as besoin de quelque chose, tu demandes, OK ?

— Ça marche.

Crazy girl me lâche le bras et rejoint Max qui fait la distribution entre les groupes. Comme elle a fait avec moi, elle s'accroche à son bras, puis elle se tourne vers moi, un sourire radieux sur le bord des lèvres.

— C'est cool ce que tu fais, lis-je sur sa bouche.

J'acquiesce et lui renvoie son sourire. Ce petit bout de femme arrive à m'émeuvoir et pourtant il m'en faut. Mais elle fait ça avec tellement de facilité et de sincérité que je n'arrive même plus à lui en vouloir de s'être imposée de cette façon. Elle est douée. Très douée.

Trop douée...

Elle t'aura à l'usure... C'est certain.

****

Hello,

Alors comment trouvez-vous ces Robin des bois des temps moderne ?

Je suis curieuse et j'aimerai connaître votre préférence. Adams ou Max ? Ou peut-être aucun des deux. Dites-moi tout !

En attendant la suite, soyez sage, mais pas trop...

Big Bisouxxx

Bina

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