3 - L'ami d'enfance

Dès que je repris la possession du corps de Kenshin, j'envoyai un message à Izuku, signant de mon vrai nom. La réponse ne se fit pas attendre :

Izuku : Rinku ? Je croyais que tu étais mort ! Bon sang, mais où tu étais passé ?

Moi : Trop long à expliquer. Tu ne m'as pas répondu, le test, c'était comment ?

Izuku : Tu crois vraiment que tu peux me demander ce genre de chose alors que tu as disparu depuis deux ans ?

Moi : Je suis vraiment désolé, Izuku-kun. Je ne peux pas t'expliquer par message.

Evidemment, il m'appela aussitôt.

-Qu'est-ce qui se passe, alors ?

-Je voulais dire que la ligne n'était pas sécurisée, Izuku.

-C'est si grave que ça ?

-Un peu plus, je dirais.

-Remarque Rinku, parfois avoir raison cause les inconvénients toujours terribles observés, rarement avec lenteur.

Je ris.

-Merci, idiot dit intello.

-J'écris souvent, évidemment, roublard, animal inculte, surtout l'aprèm.

-Tu ne t'es pas rouillé, à ce que je vois.

-J'espérais te revoir. Donc tu ne peux rien me dire ?

-Non, désolé.

-Je dois te laisser. A plus.

-A plus.

Je posais mon portable avec un sourire. Quand nous étions petits, Izuku et moi étions amis, et nous étions devenus inséparables quand Katsuki avait commencé à le traiter comme un être inférieur. Quand nous nous ne voulions pas être compris, nous utilisions un code que nous avions trouvé dans un vieux livre, annoncé par deux mots commençant par la même lettre, et consistant à n'utiliser que les lettres des premiers mots utilisés. Par exemple :

Remarque Rinku, parfois avoir raison cause les inconvénients toujours terribles observés, rarement avec lenteur.

Merci, idiot dit intello.

J'écris souvent, évidemment, roublard, animal inculte, surtout l'aprèm.

Ce qui nous donne :

Parc littoral

Midi

Je serais là

Je sentis mon cœur se réchauffer. Quelques mots échangés avec mon ancien ami, et immédiatement, je ne me sentais plus seul.

J'étais tellement impatient que je dus me faire violence pour ne pas partir immédiatement. Je retournai dans mon véritable corps pour le reposer un peu –et manger. Bon sang, l'argent que j'avais grappillé à coups de jobs d'été était en train de fondre comme la neige au soleil. Je mangeais tout le temps, mais mon alter dépensait toujours plus que ce que j'arrivais à consommer-.

Je revins ensuite à mon avatar, et entrepris de spamer le téléphone d'Hitoshi à coups de SMS. Il ne répondit à aucun d'entre eux. Dommage. Je le trouvais sympa.

Finalement, je me rendis au parc littoral avec une demi-heure d'avance. Izuku devait être aussi impatient que moi, car il y était déjà. J'avais pris la peine de coiffer les cheveux de Kenshin –pour une fois-, de sorte à ce qu'il puisse voir le symbole dans ses yeux. Il n'en eut pas besoin. Sans doute à cause de ma démarche, il me reconnut immédiatement.

Il se précipita vers moi. Il avait toujours ce petit air gamin et ces yeux pétillants.

-Rinku !

Je l'interrompis d'un geste.

-Kenshin. En ce moment, je suis Kenshin Haiko.

Son regard se fit plus sérieux, et nous écartèrent des promeneurs.

-Qu'est-ce qui se passe ?

Je lui expliquai tout. Je savais que je pouvais tout lui dire. J'avais souvent douté qu'il fut capable de garder un secret, mais j'avais besoin de parler à quelqu'un.

Il m'écouta sans rien dire, avant de murmurer :

-Rinku... Pourquoi tu ne m'en as pas parlé avant ?

-Je ne voulais pas te mettre en danger. Black Storm est un fou furieux.

-Black Storm ? Tu es certain ?

Il sortit son portable de sa poche, et me montra une image trouvée sur internet. On y voyait une silhouette presque entièrement masquée par des étincelles noires. L'article indiquait : le super-vilain répondant au nom de Raijin a encore frappé.

Des éclairs noirs.

Ça ne pouvait être que lui.

Il se faisait donc appeler Raijin ?

-Cet article date de plus d'un an. Depuis, ce vilain n'a plus fait d'apparitions aussi grandiloquentes. Personne n'a jamais vu son visage. C'est lui, pas vrai ?

-J'en ai bien peur.

J'avais à peine prononcé ces mots qu'il avait saisi son éternel carnet.

-Parle-moi de son alter.

-Black Storm... enfin, Raijin, maîtrise l'électricité, qu'il soit question de l'émettre ou de prendre le contrôle des appareils qui l'emploient. Quand il utilise des éclairs pour attaquer, il crée dans le même temps une sorte de matière extrêmement conductrice, qui leur donne leur couleur noire. Il est capable de devenir lui-même un courant électrique, pour circuler dans les conducteurs.

-Il a des faiblesses ?

-Les alter isolants. Et celui de Kenshin. Et j'imagine que si on parvenait à atteindre son corps, on pourrait le mettre hors d'état de nuire, mais (je désignais le téléphone) qui pourrait traverser ça ?

-En tout cas, tu ne dois pas l'affronter seul.

-Je l'ai créé. C'est à moi de l'arrêter.

-Je connais ton alter. Je suis prêt à parier qu'à l'heure qu'il est, le véritable toi a dû mal à mettre un pied devant l'autre.

Il fallait reconnaître ça à Izuku, il connaissait trop bien les pouvoirs des gens qu'il rencontrait.

Je haussai les épaules.

-Si je parviens à entrer à Yuei, je n'aurais que quelques temps à tenir. Si j'obtiens l'accès aux bases de données des héros, je pourrais trouver les informations suffisantes pour mettre la main sur lui.

-Il n'est pas question que je te laisse l'affronter tout seul.

-Izuku ! Tu n'as pas d'alter !

C'était cruel de le lui rappeler. Mais je ne voulais pas qu'il se mette en danger pour moi.

Il eut une expression étrange. Il me cachait quelque chose.

-Izuku ?

-Oui ?

-Il y a un problème avec... Attends, quand tu disais que tu n'avais pas d'alter... C'était des craques ?

Il se mit alors à gesticuler d'un air paniqué.

-Non, non, Rin... Kenshin-kun ! Mais... C'est compliqué...

-Qu'est-ce qui se passe ?

-Rien ! Rien !

Il criait presque. Il mentait tellement mal que je commençais à lui en vouloir de lui avoir parlé de Black Storm.

Il semblait au bord de la crise d'angoisse, si bien que je n'insistai pas.

-C'est peut-être un retard d'alter... Ça s'est déjà vu... lâchai-je.

Bien sûr, je n'y croyais pas une seconde. Jamais un alter n'avait attendu plus de treize ans pour se réveiller.

-C'est ça, soupira-t-il, soulagé. Un retard d'alter. Dis, ça ne me plait pas trop de te savoir en vadrouille. Tu ne voudrais pas vivre chez moi ? Ma mère serait ravie de t'accueillir.

-Tu plaisantes ? Si ta mère me voit, tout Tokyo sera au courant d'ici deux heures ! Autant agiter un panneau à néon en appelant Raijin !

-Je lui dirais que c'est une question de vie ou de mort !

Je levai les yeux au ciel, mais il insista assez pour me faire plier.

Quelques heures plus tard, il débarquait dans la « maison hantée », pour m'aider à rejoindre son logement. Je l'attendais dans l'entrée. Quand il me vit, ses yeux s'écarquillèrent.

-Bon sang, Rinku...

Je n'osais pas le regarder en face, mais je voyais bien qu'il pleurait.

-C'est rien. C'est moins terrible que ça en a l'air.

-Tu ressembles à un cadavre.

-Je n'en suis pas encore un.

J'étais tellement faible qu'il dut me soutenir pour rejoindre sa maison, pourtant plutôt proche de la mienne. A peine avions nous poussé la porte que sa mère se précipitait devant moi.

-Oh, Rinku ! Nous étions tellement inquiets ! Tu as l'air en si mauvaise santé ! Et tu n'as que la peau sur les os ! Viens-là mon grand, je vais te montrer ta chambre ! Et je vais t'amener à manger ! Mais où sont tes avatars ? Tu devrais les rappeler, que tu puisses te reposer ! Tu as demandé à aller à Yuei ? Tu devrais leur demander de trouver un dispositif qui éviterait que tu faiblisses de la sorte ! Donc tu ne veux pas que je prévienne tes parents ? Mais ils doivent être tellement inquiets ! Surtout ton père, parce que ta mère, entre nous... Mais elle a du travail, c'est normal. Mais Izuku m'a dit que c'était dangereux, alors compte sur moi pour ne rien dire. Mais tu en as manqué, des choses, depuis que tu as fugué ! Attends, je vais te raconter...

J'avais oublié à quel point elle était bavarde. Mais j'avais tellement perdu l'habitude des contacts humains que ses monologues et ceux de son fils me réchauffaient le cœur.

Elle accepta que je fasse venir Kenshin, si bien que personne ne trouvait étrange que le corps de mon avatar reste en permanence allongé sur le lit. Comme je ne l'avais pas habité de la semaine, j'avais vite repris du poil de la bête. Cela ne durerait pas, mais pour le moment, je n'avais plus une tête de zombie.

Un matin, un énorme fracas retentit à l'entrée. Je ne fis pas attention, jusqu'à ce que la mère d'Izuku crie à son fils qu'il avait reçu une lettre de Yuei. Peu après, elle m'en apportait une autre, surexcitée.

Je l'ouvris avec appréhension. A ma grande surprise, au lieu d'une feuille de papier, ce fut un diffuseur d'hologramme qui se trouvait dans l'enveloppe. Une image d'All Might apparut au-dessus de l'objet.

All Might ! Il allait être professeur à Yuei !

J'écoutai ses paroles, au bord de la crise de nerf.

Le message était à peine terminé quand mon ami déboula dans la chambre. Nous nous jetâmes dans les bras l'un de l'autre, comme quand nous étions petits.

Nous avions réussi l'examen !

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