Three French Hems

Les kakis avaient une odeur de sperme. Louis ne savait pas qui avait été en charge de la décoration pour les BFAs 2014, mais cette personne avait probablement été licenciée. Ce n'était pas qu'il n'arrivait pas à apprécier la réflexion. Les petites grappes de fruits étaient une bonne idée – visuellement. Elles étaient mignonnes, suggéraient des vacances festives sans être trop voyantes ou sautes à l'œil, et les couleurs étaient en vogue. Mais l'odeur était juste... Louis plissa son nez.

« Accablant, » murmura Caroline.

Louis hocha sèchement de la tête. « Pour un environnement de travail, oui. »

Elle rigola. Caroline Watson était la directrice des Relations VIP pour Burberry à Londres, et elle avait travaillé en étroite collaboration avec Louis quand il avait rejoint la marque en tant que couturier consultant au jeune âge de vingt ans. Presque une décennie plus tard, Louis venait tout juste d'avoir le poste de Directeur de la Création et Caroline était toujours son amie la plus proche.

Ils se retournèrent pour regarder Emma Watson traverser le tapis rouge dans une combinaison immaculée aux jambes amples et un blazer Dior trop grand.

« Magnifique, » commenta Caroline. « Comme d'habitude. »

Louis acquiesça en hochant de la tête. « Ce blazer est adorable sur elle. J'aimerais beaucoup l'habiller d'haut en bas avec des vêtements pour hommes. »

Emma sourit, posant devant le logo des British Fashion Awards pour le flash des appareils photo, puis elle leva discrètement sa main pour couvrir son nez alors qu'elle était conduite plus loin.

Louis et Caroline gloussèrent ensemble. « Ça va entrer dans l'histoire, » murmura-t-elle. « Cette année les British Fashion Awards avait une odeur accablante de sperme. »

Juste à ce moment-là, un visage assez jeune apparut dans la foule – il appartenait à Lydia Taylor, une des stagiaires de Caroline, et elle semblait contrariée. Louis fronça ses sourcils quand elle se dirigea vers eux en traversant le mélange des personnes de l'industrie et des photographes ; ses poings étaient fermés, ses yeux écarquillés et presque paniqués. Elle était l'une des chanceuses employées, stressées et en bas de l'échelle, qui avait été choisie pour travailler à cet événement pendant que ses patrons se détendaient. Louis se demanda ce qui avait mal tourné.

« Il est là, » siffla-t-elle dans l'oreille de Caroline. Elle leva nerveusement son regard vers Louis en le disant, presque craintive.

« Qui est là ? » demanda Caroline.

« Harry Styles. »

Louis pinça ses lèvres et tourna son regard vers le tapis rouge, essayant de ne pas être trop flagrant. Harry était la grande star de la pop anglaise du moment et, à la demande de sa styliste, Louis lui avait créé un costume sur mesure pour cette cérémonie. Ça avait été un petit projet sympathique, essayant d'injecter un peu la signature de la rock star arrogante de Harry dans la marque classique et typiquement britannique, Burberry. Il était vraiment fier du résultat, et une anticipation agréable commença à se faire ressentir dans le creux de son estomac à l'idée de finalement le voir sur le corps de Harry.

Son regard se posa à nouveau sur Lydia qui tordait ses mains, angoissée. « Il est en Lanvin. »

La mâchoire de Louis se décrocha, l'anticipation qu'il avait ressentie disparaissant immédiatement. Lanvin. Comment pouvait-il... Lanvin ? Donc Harry avait simplement décidé de se pointer aux British Fashion Awards en portent une marque française. Quel putain de culot...

Caroline enclencha immédiatement son mode 'affaire', son visage sérieux. « Es-tu sûre à cent pour-cent que le costume est arrivé chez sa styliste ce matin ? »

« Oui ! » grinça Lydia. « Je lui ai donné en mains propres, moi-même. » La pauvre fille semblait être sur le point de pleurer.

« Et ils t'ont confirmé qu'il était d'accord pour le porter ce soir ? »

Elle mordit sa lèvre et roula ses yeux alors que des larmes lui montèrent. « Eh bien... je pense que ce qu'elle a dit était... je pensais qu'elle l'avait laissé entendre... »

Caroline soupira, sortant un mouchoir de son sac à main et le tendant à Lydia pour qu'elle puisse essuyer ses yeux, en tapotant légèrement pour ne pas trop étaler son maquillage. « Ce n'est pas grave, chérie. Ces popstars font des caprices bizarres ; ce n'est pas ta faute. Je suis sûre que c'était une décision de dernière minute. »

Un rejet de dernière minute, évita-t-elle prudemment de dire, mais ce fut ce que Louis entendit. La styliste de Harry avait assuré à Louis que Harry voulait honorer l'industrie de la mode britannique en arrivant dans un costume trois-pièces à la cérémonie. Elle l'avait même amadoué avec un panier de fruit coûteux. Louis fulmina silencieusement, redressant ses boutons de manchettes alors qu'il essayait de contrôle son expression faciale. Il avait travaillé pendant des nuits sur cette création – de longues nuits dans son bureau qui auraient pu être passées à se détendre chez lui devant la télévision, ou à baiser, ou à aller à des rendez-vous. Mais, apparemment, le produit final avait offensé Harry Styles à un tel niveau qu'il avait fuit vers les français.

« Oh, Seigneur aide nous, » souffla Caroline. « Le voilà. »

Louis ne put pas étouffer le petit hoquet d'horreur et d'incrédulité qui s'échappa de lui quand il le vit. Harry traversait le tapis rouge, s'arrêtant devant les photographes dans une horreur absolue pour les yeux qui venait de la collection Automne-Hiver 2014 de Lanvin. Le costume en lui-même était... intéressant, pas du tout le style de Louis. Mais la coupe...

« On devrait me tuer pour que je laisse quelqu'un sortir en public avec des coutures bosselées comme ça sur leurs épaules, » marmonna louis.

« Personne n'arriverait à trouvé ton corps, » dit Caroline, grimaçant.

La veste était trop grande, taillée pour quelqu'un avec des épaules légèrement plus larges et des bras plus longs que Harry Styles. Le col pendait un peu en avant, affaissant son corps. Louis grogna intérieurement, ses doigts le démangeant avec l'envie d'arracher les coutures et recoudre tout l'ensemble. Le pantalon était encore pire. Les jambes étaient drôlement longues ; l'ourlet avait clairement été fait pour quelqu'un d'autre – quelqu'un de plus grand. La couture avait presque migré jusqu'au genou de Harry, tous les plis en désordre. Et il se tenait simplement là, totalement inconscient, souriant comme un idiot aux appareils photos. Toute cette situation fit bouillir le sang de Louis, menaçant de déborder. Ridicule, pensa-t-il, crachant le mot avec ses yeux tandis qu'il le fixait du regard. Un gâchis absolu de ce beau petit corps.

« Au moins, les bottes sont au point, » dit Caroline avec un haussement d'épaules.

« Ce sont des foutus Saint Laurent, » grogna Louis, ses sourcils s'haussant alors qu'il fermait et ouvrait ses poings en continue, comme s'il n'arrivait pas à contrôler ses mains. Bon Dieu. L'audace était vraiment exaspérante. « Qui croit-il être ? »

Caroline tapota son épaule pour le consoler. « Ils sont tous imbus d'eux-mêmes, bébé, » dit-elle avant de tirer Lydia vers une conférence privée.

Christopher va foutrement péter les plombs.

Christopher Bailey, le tout nouveau PDG de Burberry et le Directeur Général de la Création, était le patron et le mentor de Louis. Ce dernier mordit sa lèvre pour s'empêcher de ricaner en regardant Harry poser, passant en revue tous les problèmes que cette situation avait créé pour lui au travail. Il savait que Christopher était sur le point de renoncer à son double rôle au sein de la marque, pour passer complètement du côté business de la chose, et il l'avait bien préparé pour prendre la place de Directeur Général de la Création, mais c'était loin d'être courue d'avance et Louis avait vraiment eu besoin que ce costume soit vu. C'était tellement foutu... et en plus de tout cela, l'odeur de sperme était sur le point de l'étouffer.

Louis lança un autre coup d'œil à Harry alors qu'il se reculait du mur avec le logo et fut immédiatement rejoint par un garde du corps baraqué. Les jambes, grogna-t-il à nouveau, c'était vraiment tragique. Elles étaient la seconde chose que Louis avait remarquée chez Harry quand il avait commencé à faire des recherches sur ses préférences question mode – en parfaite proportion avec le reste de son corps, presque aussi longue que celle d'un mannequin mais avec une rondeur légèrement féminine au niveau de ses cuisses, que Louis devait admettre trouver incroyablement attirantes, voire appétissantes. (La première chose qu'il avait remarqué était que son sexe rentrait à peine dans les jeans moulants qu'il semblait porter quotidiennement – Louis avait calmement et cliniquement élaboré une coupe qui mettrait en avant le galbe des jambes de Harry sans marquer son entrejambe de façon assez... eh bien, obscène.) Il y avait également d'autres parties agréables chez Harry, comme les muscles fins de ses bras et ses magnifiques boucles lâches et marron. Mais ces cuisses. Louis avait eu envie de les caresser immédiatement, se souvint-il, et il repoussa cette pensée au fond de sa tête.

Harry est jeune, se résonna-t-il, essayant de respirer calmement et au moins d'avoir l'air stable. Il a quoi, vingt-deux ans ? Je suis sûr que j'étais aussi un casse-tête égocentrique à cet âge.

Louis était quand même en colère, cependant. Il regarda Harry se mêler à d'autres célébrités juste devant l'entrée du Coliseum, fronçant un peu plus ses sourcils à chaque fois que Harry souriait ou rigolait avec quelqu'un d'autre. Au moins, j'avais une foutue courtoisie professionnelle. C'étaient les British Fashion Awards. La plus grande soirée de l'année dans son industrie. Il était le Directeur de la Création de Burberry putain et Harry Styles, récemment sorti de la puberté, popstar, lui donnait l'impression d'être un serveur sous-estimé.

Louis hocha sa tête, passant ses doigts le long de sa mèche. Et puis merde. Sérieusement, merde.

« M. Tomlinson ! »

Louis se retourna et cligna rapidement des yeux alors qu'un homme avec une grosse caméra sur son épaule avançait vers lui, tirant une corde. Une femme dans une robe fourreau scintillante agitait un micro vers lui.

« Pouvons-nous avoir une interview, M. Tomlinson ? » demanda-t-elle.

Louis haussa ses épaules. Il n'était pas exactement un nom connu, mais s'ils le voulaient, ils pouvaient l'avoir. « Bien sûr, chérie. »

La femme lui lança un sourire qui était tendu mais sincère, elle repoussa ses cheveux par-dessus son épaule et se tourna vers la caméra. « Et nous sommes ici avec le créateur de chez Burberry, Louis Tomlinson, sur le tapis rouge des British Fashion Awards ! M. Tomlinson, pouvez-vous nous dire qui à votre avis a fait un tabac ce soir ? »

« Eh bien, d'emblée, je vais dire Emma Waston... »

Louis complimenta brièvement Emma, Suki Waterhouse et Tamsin Egerton sur leurs tenues, souriant à la journaliste tout en se tournant occasionnellement pour jeter un regard vers la caméra.

« Et juste entre nous, à qui décerneriez-vous la pire tenue de la soirée ? »

Les sourcils de Louis s'haussèrent et il gonfla ses joues avant de rire. « Vous voulez m'attirer des problèmes, n'est-ce pas ? »

La femme lui lança son sourire victorieux et prêt pour la caméra puis elle lui fit un clin d'œil. Elle était très bonne pour faire semblant qu'ils étaient de vieux amis, alors qu'elle ne s'était même pas présentée. Louis se demanda s'il était supposé la reconnaître. « Allez, Louis, » le flatta-t-elle, « donne-nous les ragots ! »

Il leva ses mains, sa voix plus haute et son accent de Doncaster devenant plus présent lorsqu'il dit, « Très bien, très bien... Euh, eh bien. Je ne peux pas dire que je suis un grand fan du Beetlejuice par là-bas. » Il hocha sa tête pour indiquer Harry, qui se trouvait être derrière lui, juste dans le champ de vision de la caméra.

La journaliste hoqueta théâtralement. « Harry Styles ? Mais il est tellement mignon. »

« Mignon, peut-être, » dit Louis en haussant ses épaules. « Mais regardez, l'ajustement est horrible. C'est criard. Et c'est un peu un affront à la mode britannique, pour être assez honnête. »

« Qui porte-t-il... » La journaliste chercha pendant une seconde. Elle sembla surprise pour une raison quelconque, et Louis ignora le petit nœud de culpabilité dans son estomac.

« Lanvin, » dit sèchement Louis.

« Lanvin, » répéta-t-elle. « D'accord. Eh bien, M. Tomlinson, merci pour votre franchise. Et bonne soirée ! »

« Tout le plaisir était pour moi, » dit-il en souriant.

Elle lui sourit en retour, puis il fit un signe de la main maladroit vers la caméra avant de s'écarter. Il se tourna rapidement vers les portes du Coliseum, qu'un flux régulier d'invités passait à présent pour entrer à l'intérieur, prêts à trouver leurs sièges. Est-ce que j'ai été trop sévère ? se demanda Louis. Il haussa ses épaules, son visage figé dans un froncement. Et puis merde ; il a le monde entier à ses foutus pieds. Prêt à lécher ces bottes de chez Saint Laurent. Il n'a pas besoin que je booste son égo.

En fait... il sortit son téléphone alors qu'il s'immobilisait, attendant d'entrer à l'intérieur, et il envoya un rapide tweet pour le bien de ses collègues de travail.

Bam. Le maître de la nuance.

La foule devint plus dense près des portes. Louis verrouilla son téléphone et le glissa dans sa poche.

Il venait juste de pénétrer à l'intérieur, une nouvelle vague d'odeur de sperme déferla sur lui à cause de l'utilisation excessive de kakis décoratives dans un espace clos, lorsque quelqu'un poussa son coude en arrière et l'heurta juste en dessous des côtes. « Ouf, » grogna-t-il, sa respiration se coupa alors qu'il était poussé latéralement vers un corps masculin et chaud.

« Attention, » dit l'homme. Louis sentit une main sur son biceps. Il cligna des yeux, reconnaissant finalement l'horrible ajustement au niveau des épaules du costume avant de reconnaître le visage. Et la... voix. Bien.

Les chanteurs. Ils ont des voix. Généralement des belles voix.

Harry Styles fixait Louis du regard, ses grands yeux verts errant sur son visage. « Salut, » dit-il.

Le cerveau de Louis était en train de crier, toutes ses alarmes internes hurlant, lui rappelant que c'était une personne qu'il venait d'insulter devant une caméra. Soudainement, cette stupide culpabilité se réveilla tout comme le goût de bile dans le fond de sa gorge. Ferme-la, ferme-la, pensa-t-il, irrité. Il leva sa main pour retirer doucement celle de Harry de sur son bras. Il pouvait tenir debout tout seul, merci. La sensation de nausée dans son estomac s'intensifia lorsqu'il toucha la peau bronzée de Harry. Elle était douce et légèrement parfumée, comme celle d'une femme. Louis pensa pendant une seconde qu'il allait mourir.

« Ça sent le sperme ici, » lâcha-t-il.

Harry laissa échapper un petit éclat de rire et mit une main sur sa bouche. Ses yeux verts brillèrent pendant un moment ; Louis put voir le soupçon d'une fossette.

« Et tes manches sont trop longues. »

Il leva son regard à temps pour voir les sourcils de Harry se froncer, un sourire incrédule contractant ses lèvres comme pour dire qui est cet hurluberlu. « Je ne sens rien du tout, » dit-il, véritablement confus. Il haussa ses épaules, secouant sa tête alors que son garde du corps le conduisait plus loin avec une main dans le bas de son dos.

Louis se tint juste au milieu du hall d'accueil et laissa les gens bouger autour de lui, semblant soudainement étouffer de chaud sous son col bien sagement boutonné. Son cerveau était comme un disque dur qui venait juste d'être effacé. Son cœur battait douloureusement dans sa poitrine – Est-ce que c'est ça de l'anxiété social ? – et ses mains tremblaient imperceptiblement. Il laissa échapper un rire tardif et légèrement hystérique avant de refermer brusquement sa bouche, fronçant ses sourcils. C'était quoi ce bordel... Il venait juste de... Il secoua sa tête. Non.

Il trouva son siège près de Caroline alors que les lumières commençaient à se baisser. Elle gloussa quand elle vit son visage orageux, se moquant de lui en faisant une moue exagérée jusqu'à ce qu'ils se mettent tous les deux à sourire. Louis était crispé, l'adrénaline coulant à travers lui et ses épaules tremblant lorsque la cérémonie commença, retenant à peine le rire le démangeant. Putain d'Harry Styles.

Louis prêta une attention très peu sérieuse jusqu'à ce que ce fut le tour de Harry de présenter un prix.

Il y avait une étrangeté à son sujet, décida-t-il, alors qu'il le regardait murmurer quelque chose dans l'oreille d'Emma Waston. Un drôle de charme auquel il ne s'était pas du tout attendu.

Décalé, pensa-t-il. C'est le mot.

Mais ça l'excusait de porter du Lanvin aux British Fashion Awards. Bon Dieu. Louis secoua à nouveau sa tête, essayant d'éclaircir sa confusion, retournant le problème en quelque chose de simple.

« Seulement Harry Styles, » soupira Caroline, lisant ses pensées.

Il est le pire, décida fermement Louis. Il est le pire absolu.

*

Bzzzt.

Louis jeta un bras par-dessus son visage. Putain de téléphone.

Bzzzt.

La faible lumière du soleil pénétrait à travers les rideaux. La tête de Louis nageait encore, sa gorge douloureuse et sa langue épaisse, fade et ayant un goût sucré de la dernière boisson au rhum qu'il avait bu. Il avait terminé par être poliment ivre à l'afterparty, puis il était devenu un vrai trou du cul à l'after-afterparty privée avec Caroline et Niall Horan. (Niall était une star du tennis, et le client célèbre préféré de Louis – surgissant toujours à Londres pour boire avec lui après les grands événements.)

Niall. Nialler. Lime à ongles. (ndlt : pas trop de cohérence en français, mais lime à ongles = Nail file en anglais)

Il s'était moqué de Louis pour une raison quelconque, mais maintenant Louis n'arrivait pas à se souvenir pourquoi.

Bzzzt. Bzzzt. Bzzzt.

« Putain d'merde, » murmura Louis, frottant ses yeux fatigués et se préparant psychologiquement à regarder son téléphone. Il tapa, légèrement, sa joue pour essayer de se réveiller. Sa tête tambourinait.

Cependant, je n'ai pas vomi, pensa-t-il, avec un vague sentiment de victoire. Ma série de ne-pas-vomir en buvant est toujours intact.

Mollement, il tendit son bras et grogna en voyant l'heure. Il était seulement endormi depuis quarante-cinq minutes. Son téléphone continuait de vibrer avec toutes sortes de notifications... des messages, des tweets, des emails, l'alerte Google qu'il avait créée pour son propre nom. Et un snapchat de HappyHappyIrishman93.

Il regarda ses messages en premier. Il y en avait un de Zayn,

Tu mets toujours les pieds dans le plat, hein ?

Caroline (pas encore complètement sobre, ou à moitié endormie),

Tu vaq telleeeement etre dabs la metdz quand tu va te réveiller !!!

Et sa mère.

Pourquoi des ados me crient dessus sur Twitter ? J'en ai assez à la maison, tu sais.

Il y en avait un autre juste après :

Une très bonne source, @MrsHarryStylezzz, m'a fait savoir que j'ai « élevé un monstre. » D'accord ?? Et ?

Louis grogna. Il laissa tomber son téléphone sur son ventre et tira le drap sur son visage. Il ne pouvait rien gérer ; il voulait juste se cacher.

Bzzzt.

Cette fois, ça le chatouilla.

Ne t'en fais pas, je leur ai dit que personne ayant le surnom de Boobear pouvait vraiment être un monstre. J'ai gagné 1500 nouveaux followers ! <3 <3 <3

Louis fit un son étranglé dans le fond de sa gorge. Il appuya sur son alerte Google, décidant de prendre sur lui et découvrir à quels genres d'articles il avait affaire.

« Oh, pour l'amour de Dieu. »

Il parcourut rapidement l'article, qui incluait un extrait vidéo de son interview sur le tapis rouge. Elle récapitulait ses commentaires, leur donnant l'air beaucoup plus mesquin qu'ils ne l'avaient été, pensa-t-il. Elle s'attardait beaucoup sur la partie « affront à la mode britannique. » Ils avaient déterré son tweet et l'avait intégré en bas de l'article, avec... Louis frotta à nouveau ses yeux, louchant.

Il laissa échapper un rire puis secoua sa tête, extrêmement agacé par lui-même. Surtout une fois qu'il se rappela la façon dont il avait agi, comme s'il était en admiration quand il avait foncé dans Harry la veille. Embarrassant. Il pouvait dire que cet incident était destiné à devenir l'un de ces souvenirs à classer dans la catégorie terrible catastrophe – l'un de ceux qui vous revenaient soudainement des années plus tard et faisaient devenir votre sang froid.

Harry, le jeune rocker toujours poli, a fait une réponse amusante, bien qu'une source proche de la star nous a dit qu'il « fulmine. »

Louis grogna. « Alors je dis la vérité et je suis le mauvais garçon dans l'histoire. Génial. » Sa tête était un vrai tambour à présent, la douleur éclatant derrière ses paupières alors qu'il les fermait. Où était le foutu paracétamol, en fait ? Très loin dans l'armoire à pharmacie dans la salle de bain ? Il pouvait définitivement pas marcher jusque là-bas.

L'une des autres notifications attira son regard – un email de son patron, Christopher. Objet : « les récents articles de presse. »

Louis,

Je ne t'aurais certainement pas conseillé de parler comme tu l'as fait, mais cette « querelle » pourrait être de la bonne presse. Consulte Liam aux Relations Publiques pour savoir comment procéder.

Christopher

Il y avait une série de chiffres en bas de l'email, et Louis l'enregistra dans son téléphone ainsi que l'adresse de la société de Liam Payne. Il lui enverrait un message dans un moment. Peut-être. Ugh.

Il avait besoin d'une distraction en premier. Quelque chose de sûr. Puis de dormir, des médicaments pour la douleur – il ne voulait même pas envisager de regarder son Twitter dans l'état dans lequel il était à présent, cependant il pouvait voir qu'il avait soudainement gagné un certain nombre de nouveaux followers. Il appuya sur le snapchat de Niall, laissant impatiemment son doigt sur l'écran pendant le premier puisqu'il en avait envoyé trois à la suite.

(Vingt-trois foiw - #fois ce soir tu m'as dit que tu voulais « chérir » les cuisses de Styles – tu deviens très intéressant là)

Louis jeta son téléphone au loin, sur l'espace vide de son matelas, puis il enfouit son visage dans ses mains. « L'alcool est l'ennemi, » marmonna-t-il, roulant sur son ventre et se priant de ne pas être malade. « N'oublie pas. N'oublie jamais. »

*

« Alors ce qu'on veut faire, » dit Liam Payne, Directeur Adjoint des Relations Publiques, claquant ses mains sur ses cuisses et souriant aimablement à Louis, « c'est attiser les flammes. Juste un peu. »

Louis détendit sa mâchoire alors qu'il balançait son poids dans la chaise de bureau stylée et au dossier bien raide de Liam. Il voulait juste en avoir fini avec toute cette histoire. Plus de presse. Plus d'Harry Styles. C'était bizarre comment sur le moment il avait eu un avis aussi fort et avait été si désespéré que s'assurer que tout le monde le sache, mais maintenant que ça avait été dit, que plusieurs articles avaient été écrits et qu'il y avait eu plusieurs discussion sur le sujet sur Internet, il se sentait vulnérable. Comme s'il voulait mettre un sac en papier sur sa tête à chaque fois qu'il quittait son appartement pour aller travailler.

Il soupira. « Est-ce qu'on est obligé ? Cette stupide contrefaçon de Bieber ruine déjà ma vie. Ses fans sont tellement... insistants... avec moi. »

« J'aime cette lassitude, » déclara Liam, louchant vers lui et dessinant une boîte dans les airs avec son doigt. « T'es plus âgé, t'es plus sage, mais toujours cool. Seulement ne l'appelle pas une contrefaçon de Bieber ; on ne veut pas donner l'impression de s'en prendre à lui. »

Louis roula ses yeux.

« Et pas de ça. N'agis pas comme si c'est indigne de toi ; t'es une voix distinguée dans la mode britannique. Tu défens la mode britannique ! Oui, » murmura-t-il pour lui-même, écrivant quelque chose sur un bloc-notes, « Défendre, j'aime bien ça. » Il ferma son stylo. « Bien. »

« Et maintenant ? » demanda Louis. « On publie une déclaration ou quoi ? »

Liam secoua sa tête. « On doit donner l'impression que la presse est venue à toi pour plus de commentaires. J'ai prévu une interview avec le Mail. Tu seras poli, avec une touche de ce truc acerbe que tu fais toujours, et tu seras très ferme. Tu ne reviendras pas sur ta déclaration. Tu ne t'excuseras pas d'avoir donner ton avis. Tu défendais la mode britannique. » Liam tapa dans ses mains comme si Louis venait de faire un discours inspirant.

« Tu veux promouvoir le sentiment nationaliste, hein ! » dit Louis, pointant Liam avec un doigt accusateur. « Ce n'est pas pour sauver la face parce que j'ai fait une erreur. Tu... » il fit un cercle avec son doigt, montrant l'air suffisant sur le visage de Liam, « retournes la situation. Pour le profit ! »

Liam haussa ses épaules.

« T'es un personnages assez instable, non ? » demanda Louis.

Liam haussa simplement un sourcil et lui tendit un petit morceau de papier. « L'interview est tout à l'heure. C'est l'adresse. Ils m'enverront les questions avant et l'heure à laquelle ils veulent te rencontrer. Je te transmettrai tout ça avec mes notes. T'auras au moins une heure pour te préparer, je pense. »

Louis cligna rapidement des yeux alors qu'il prenait le papier, y jetant un coup d'œil pour lire le nom et l'adresse d'un café à Camden. « Bien, » dit-il.

Liam sourit. « Et peut-être que d'autres célébrités britannique reconsidéreront le fait de porter des marques étrangères aux prochains grands événements. »

Louis secoua sa tête alors qu'il passait la porte, prenant à gauche en sortant du bureau de Liam. Il voulait revenir à la conception de vêtements aussi vite que possible. Ces conneries de lutte de pouvoir de l'empire Relation Publique allaient le laisser avec une migraine permanente, il pouvait déjà le dire. Cependant... il tapota légèrement ses doigts sur le haut de sa cuisse et grogna quand il entra dans l'ascenseur. Cela pourrait être dû au temps qu'il avait passé à penser à Harry Styles, ces derniers temps.

Harry Styles. Ce nom commençait à envoyer un courant électrique le long de sa colonne vertébrale à chaque fois qu'il l'entendait.

Louis inspira profondément et se débarrassa de tout ça en expirant. C'était seulement le trac avant l'interview. Ça n'avait absolument rien à voir avec le souvenir de la main de Harry sur son biceps, le serrant fermement, juste sous son épaule. Louis sentit une explosion soudaine de désir et mordit sa lèvre. Cette voix grave. Ces cuisses charnues qu'il avait juste envie de...

Nope. Ce n'est pas à propre de ça. Ce n'est pas à propos de ça.

Mais Louis sortit son téléphone et envoya un message à Niall pour lui rappeler tous les potentiels dossiers qu'il avait sur lui, juste au cas où.

*

L'entrevue avait bien commencé. Louis et la journaliste du Daily Mail, une belle femme nommé Fehintola, s'assirent dans le fond d'un café chic et eurent une discussion très amicale. Elle lui demanda si la réponse polie de Harry sur Twitter lui avait fait reconsidérer sa déclaration et Louis, d'une voix assez posée, répondit que ce n'était pas le cas. Liam avait réussi à arranger plusieurs questions générales au sujet de Burberry, incluant la collection Prorsum près-automne 2015, dans laquelle Louis avait fait une grande partie de la création et dont il adorait parler. Il réussit également à faire une bonne publicité pour Burberry Bespoke (que Liam avait souligné et mis en gras dans ses notes avec A MENTIONNER !!!! à côté). Dans l'ensemble, il se sentait assez fier de lui – il était un ambassadeur de la marque, amenant la mode à tout le monde. Christopher allait être heureux.

Puis Fehintola retourna au sujet Harry Styles, sirotant son latte et lui souriant radieusement de l'autre côté de leur petite table. « Donc, dites-moi, » dit-elle, « si vous deviez personnellement habiller Harry Styles pour une événement, qu'est-ce que vous lui feriez porter ? J'espère que ça ne vous dérange pas que je pose la question ; je sais qu'elle n'était pas sur la liste. Je suis juste un peu curieuse. » Ses yeux bruns brillèrent.

Quelqu'un lui avait parlé du costume et elle voulait en faire toute cette histoire – Harry rejetant purement et simplement Burberry pour Lanvin – un scandale. Le visage de Louis se durcit imperceptiblement. Une partie de lui avait envie de lui dire, mais une plus grande partie était agacée qu'elle ait amené le sujet sans aucun avertissement. Et une partie encore plus grande de lui savait que ça serait très, très mauvais pour la marque si tous les détails étaient diffusés dans la presse. Ça donnerait un air encore plus mesquin à ses premiers commentaires. Et Burberry serait soudainement la marque jugée comme « pas assez bonne » par la plus grande célébrité britannique de 2014.

« Eh bien, je ne sais pas, » dit-il, posant une main sur son visage pour frotter sa légère barbe. « C'est intéressant que vous me parlez de ça. Question très intéressante. »

Fehintola rit de bon cœur, sachant qu'il avait compris ce qu'elle cherchait à faire. « Allez, faites-moi plaisir, » dit-elle.

« Un trench Burberry, évidemment, » dit Louis. « Classique. Il ferait tomber tous les filles avec ça, je vous le dis. »

Fehintola haussa ses sourcils, sa tasse de café à mi-chemin de ses lèvres. Elle prit une longue gorgée.

« Pas qu'il en ait besoin, j'en suis sûr, » continua Louis. « Ce garçon a, genre, des tonnes de petites-amies américaines, non ? J'ai déjà lu vos articles. »

Fehintola baissa sa tasse et tapota prudemment une serviette au coin de ses lèvres, un air sournois dans ses yeux. « Vous ne devez pas avoir lu les plus récents, cependant. »

« Ah ouais ? Il est revenu vers les anglaises, alors ? » dit Louis en riant. Il mit le dernier morceau de son scone aux cranberries dans sa bouche alors que Fehintola souriait en coin.

« Pas exactement, » dit-elle. Elle balança son sac sur son épaule, attrapant en douceur l'addition alors qu'elle glissait hors de sa chaise. « Je vous laisse rechercher sur Google. » Elle lui fit un clin d'œil, les talons de ses bottines en cuir Ralph Lauren tapant doucement sur le sol en mosaïque alors qu'elle se dirigeait vers la caisse. Louis la fixa s'éloigner.

Il bougea dans sa chaise, son regard se perdant dans les bas-fonds de son thé et mordant l'intérieur de sa lèvre. Il lui fallut trente seconde avant de sortir son téléphone et taper sa recherche dans Google. Et... woah.

Louis cligna des yeux. Il avait simplement présumé. Tout le monde savait que Harry Styles aimait les femmes. Je veux dire... n'est-ce pas ? Je n'imagine pas des choses ? Louis fronça ses sourcils, la tête baissée, il se dirigeait vers la sortie du café, lisant attentivement l'article. Harry avait fait ce commentaire lors d'une interview avec Ode, apparemment, quelques semaines auparavant. On lui avait demandé quels traits il recherchait « chez une femme, » et il avait tergiversé jusqu'à ce que la journaliste l'ait poussé en disant... « Féminin, hein ? C'est un bon départ. » Ce à quoi Harry avait répondu, « Pas si important. »

Louis aurait pensé que c'était une blague, peut-être, si la vidéo n'avait pas montré Harry avec une expression légèrement nerveuse sur son visage en premier, puis un sourire timide et sérieux détendant ses traits alors qu'il disait ces trois petits mots qui avait fait écrire tout un article au Daily Mail. Louis reconnaissait ce regard. Il se souvenait d'un temps dans sa vie où il avait eu l'impression de faire son coming-out à quelqu'un tous les jours. Une vague chaude d'excitation déferla dans son ventre. Les photos de Harry dans un jeans moulant resurgirent dans sa tête dans une clarté haute-définition parfaite. Harry faisant du shopping, mordant la jointure de ses doigts derrière des Ray-Ban, faisant un chignon avec ses cheveux, sa chemise en flanelle ouverte pour révéler son torse musclé et tatoué.

Oh mon Dieu, c'est vrai, pensa Louis, son cœur se tordant de déception quand il perdit son réseau en descendant dans le métro. Je chérirais les cuisses de cet homme.

« Evidemment, il me déteste, » marmonna-t-il avec un haussement d'épaule. Pas que c'était vraiment important. Pas si important ! Louis rigola presque. Harry Styles était une superstar internationale, et même si Louis avait couché avec plus d'un mannequin dans sa vie (Deux. Deux mannequins.), il savait quand même qu'il n'était pas de son niveau.

Ça ne l'empêcha pas de se jeter sur son ordinateur lorsqu'il rentra chez lui et de faire une recherche approfondie sur la question de la sexualité de Harry Styles. Les fans étaient divisés, apparemment. Cependant, plus il regardait des vidéos de Harry – interview, et surtout performances – plus Louis avait le sentiment qu'il s'était fait délibérément berner par une équipe de relation publique dans l'ombre. Il imaginait Liam Payne avec un bouc, en train de caresser un chat blanc et rigoler avec un rire diabolique. « Des petites-amies ! Donnez-lui plus de petites-amies ! Toutes les petites-amies possibles ! »

Louis grogna. Pauvre gamin. Je suis content de ne pas être célèbre.

Il attendit jusqu'à ce que son interview soit postée – Fehintola avait gentiment coopéré ; plus de la moitié de l'article était essentiellement de la publicité pour Burberry. Supposant qu'il avait fait son devoir et que c'était la dernière fois qu'il devait y penser, Louis roula sur lui-même et s'endormit.

*

« Oh, pour l'am – »

Louis laissa presque tomber la poêle de crevettes chaudes grésillant qu'il amenait à table quand il vit ce qui était à la télévision.

« Attention avec mes crevettes, mec, » dit légèrement Zayn, flânant sur le canapé de Louis avec ses pieds repliés sous lui et buvant une bière.

« Qu'est-ce que c'est ? » cria Louis, sa voix aiguë et pleine de désespoir.

Zayn haussa ses épaules. Louis essaya à nouveau.

« Qu'est-ce que c'est ? »

« Les BBC Music Awards ? » Zayn cligna des yeux vers lui, ses sourcils froncés.

« Non, » dit Louis, avec un petit grognement de frustration. « Qu'est-ce que c'est ce... » il commença à faire un geste avec la poêle, « truc, parce que ça ressemble à... » Il se dirigea vers la télévision, pointa la poêle vers le bas de l'écran comme s'il était en train de faire de l'escrime avec. « Genre un putain de pantalon de ski, Zayn ; c'est ce à quoi ça ressemble. »

Zayn éclata de rire, se levant pour emmener les pauvres crevettes au beurre à l'ail loin de son ami avant que plus d'entre elles se retrouvent sur le tapis. « Pourquoi t'es aussi obsédé par les pantalons de Styles, mec ? »

« Je ne suis pas obsédé, » grinça Louis, « je suis offensé, d'accord ? »

Il continua à bredouiller alors que Zayn allait et venait entre la cuisine et la table, déposant calmement les fettuccini, la salade grecque ainsi que les assiettes, les couverts et les serviettes. « Juste ! C'est presque ! » Louis avait l'impression que son cerveau était en train d'exploser, comme si ses oreilles allait tomber à tout moment. « C'est presque comme s'il le faisait exprès. Pour me contrarier. »

« Toi ? » demanda Zayn, dubitatif.

« Moi ! »

Zayn roula ses yeux.

« Genre, est-ce que Lanvin se fiche de ce qu'il a l'air dans leurs vêtements ? Je ne comprends pas. » Louis tripota sa mèche, ses yeux tranchant comme du verre alors qu'il continuait à fixer l'image de Harry sur l'écran. « La coupe est absolument horrible. Je ne peux littéralement pas y croire. Pire que la dernière fois ! »

« J'vois pas ce que ça a à voir avec toi. »

« Rien, » grogna Louis, se forçant finalement à détourner de la télévision et s'asseoir pour manger. « Ça n'a absolument rien à voir avec moi, évidemment. Je suis juste vraiment triste pour la mode. » Il fronça ses sourcils, piquant la bonne nourriture qu'il avait passé quarante-cinq minutes à cuisiner. « Et pour Lanvin, honnêtement. Beurk. »

« T'es tellement dramatique, Lou ; je trouve vraiment que le pantalon n'a pas l'air si mal. T'es sûr que tu ne t'en prends pas à lui parce qu'il n'a pas porté ton costume, ou quoi ? »

Louis ricana. Zayn était un poète perpétuellement au chômage, mangeant toujours le dîner des autres, buvant toujours la bière des autres et ayant toujours une explication intellectuelle et philosophique pour tout. Insensé, Zayn. Un homme pas du tout sensé. Louis roula ses yeux et glissa son téléphone hors de sa poche. En ce qui le concernait, c'était une déclaration de guerre et ça ne resterait pas sans commentaire.

Il soupira, sombrant dans le silence tandis qu'il mangeait ses crevettes. Elles étaient encore un peu craquantes. Pas assez cuites. Merde.

Zayn ne sembla se soucier du fait que Louis était préoccupé, il l'accepta simplement dans sourciller et remplissait son verre de vin pour lui à chaque fois qu'il était vide. Zayn était un bon ami.

« T'es un bon ami, » dit Louis, d'un air absent, jouant avec les bords de son téléphones sous la table, espérant à moitié qu'il vibre.

« Je sais, » dit Zayn, « et je suis beau, aussi. »

Louis grogna juste au moment où il sentit son téléphone vibrer. Il le releva rapidement et passa son pouce sur l'écran de verrouillage, ses doigts tremblant légèrement lorsqu'il vit qu'il avait une notification Twitter.

Louis commençait tout juste à souffler d'agacement quand un autre tweet fut posté, juste à la suite du premier.

Son sourcil gauche s'haussa, sa bouche soudainement sèche. Zayn le regardait bizarrement de l'autre côté de la table, mais il ne dit rien. Le moment s'étendit. Louis pouvait presque sentir la curiosité de Zayn entrer en conflit avec son instinct de ne jamais se mêler des drames.

« Qu'est-ce que signifie un simley qui fait un clin d'œil ? » demanda finalement Louis.

Zayn haussa ses épaules, décontracté en apparence. « Ça dépend du contexte. »

Louis plissa suspicieusement ses yeux vers lui, mais il tourna son téléphone et lui montra.

Zayn hocha de la tête. « Flirt. »

Il mit la dernière crevette dans sa bouche alors que Louis restait théâtralement bouche bée, se tortillant sur sa chaise, pleinement indigné. « Non, ce n'est pas ça ; ce n'est pas du flirt. »

« D'accord. » Zayn essuya sa bouche avec une serviette et se leva pour débarrasser la table tandis que Louis fixait l'écran de son téléphone. Ce n'était pas du flirt.

Louis réfléchit pendant un moment avant d'écrire en vitesse un autre tweet à Harry.

« Attends, le truc de remise de prix est toujours en cours, hein ? » cria-t-il vers la cuisine, par-dessus le bruit que Zayn faisait en commença la vaisselle. « C'est en direct ? »

Il n'attendit pas d'avoir une réponse, se leva simplement et chercha la télécommande, fronçant ses sourcils pour lui-même de trop se soucier de certaines choses et se mettre, ainsi, dans ces situations où il avait l'impression qu'il allait avoir une crise cardiaque à tout moment. Genre, ridicule. Invraisemblable.

Il eut un plan large lorsque la télévision s'alluma à nouveau, des lumières clignotant au dessus de la scène. Quelqu'un était en train de jouer... oh, Coldplay. Louis observa les visages dans le public alors que la caméra faisait un panorama dessus, cherchant Harry. Evidemment ce n'était pas Harry même qui tweetait, mais un équivalent de Liam Payne dans l'équipe de Harry. Louis avait juste besoin d'une confirmation, puis il pourrait aller s'asseoir sur le plan de travail et envoyer des bulles sur Zayn et commença à entraîner son cerveau à ignorer ses instincts terribles et conflictuels.

Son téléphone vibra juste au moment où Coldplay eut fini.

« S'il te plaît, pas de clin d'œil, » marmonna Louis.

Il attendit trente secondes puis répondit,

Il eut une réponse presque immédiate, alors que Chris Evans et Fearne Cotton montaient sur scène puis commencèrent à parler de la catégorie de l'Artiste Britannique de l'Année.

Tom Jones les rejoignit avec une enveloppe dorée, sautant pratiquement sur la scène. Il y eut quelques plans brefs sur le public, mais à nouveau pas de Harry.

Bon Dieu, Tom Jones prenait une éternité. Louis tapota impatiemment l'arrière de son téléphone alors qu'il faisait les cent pas dans la pièce, ses doigts picotant avec l'envie de jouer avec quelque chose. Un crayon pour dessiner un croquis, une aiguille et du fil. Finalement, juste au moment où Sir Tom ouvrit l'enveloppe pour annoncer le gagnant,

« Harry Styles ! »

La tête de Louis se releva brusquement, juste à temps pour voir Harry, avec un léger décalage, verrouiller son téléphone et le glisser en douceur dans sa poche alors qu'il se dirigeait vers la scène pour récupérer le plus grand prix de la soirée. Le public était debout, Harry rayonnant et radieux. La bouche de Louis resta entrouverte. Rapidement, il tapa une réponse.

Le public continua de rester debout et applaudir alors que Harry acceptait le prix, marmonnant un speech de remerciements approprié et décalé qui prit un moment à démarrer mais qui se trouva être assez mignon. Louis laissa échapper un petit soupir, essayant de rester insensible.

Harry leva la statuette au dessus de sa tête, souriant à ses fans dans le public et faisant un signe de la main alors qu'il essayait de sortir de scène – allant dans la mauvaise direction en premier et devant faire demi-tour et trottiner derrière Tom Jones dans l'autre aile.

Louis grogna pour lui-même, roulant des yeux. Qu'est-ce que je suis en train de faire ? Il se rendit compte qu'il avait fait cinq allers-retours à travers la pièce, traçant presque un chemin dans le tapis taché par les crevettes. Il posa son téléphone sur la table à présent vide et se résolut à se rendre dans la cuisine et aider Zayn à nettoyer pour une fois.

A la place, il s'assit sur le canapé et fixa nerveusement l'autre côté de la pièce.

Bzzzt.

« Ah ! » Il se leva d'un bond alors que la dernière performance de la soirée débutait, puis il se jeta sur son téléphone et ouvrit à nouveau Twitter.

Louis ne remarqua même pas qu'il était en train de sourire lorsqu'il tapa,

Chris et Fearne souhaitèrent une bonne nuit à tout le monde et Louis erra jusqu'à la cuisine, balançant son téléphone dans ses mains. « Zayn, » dit-il, tenant l'écran au dessus de l'évier pour que Zayn puisse voir alors qu'il essuyait la fin de la vaisselle, « je te blâme. »

« Moi ? » Zayn haussa un sourcil, jetant le torchon humide sur son épaule alors qu'il se tournait pour remettre la poêle de Louis à présent propre à sa place.

« T'as dit que c'était du flirt. T'as planté la suggestion dans ma tête. Et ensuite tout ça est arrivé. »

Zayn soupira. Le soupir d'une personne de bon caractère mais perpétuellement attaqué. « Tu sembles être un adulte raisonnable, Louis, » dit-il. « Mais tu deviens tellement bizarre quand tu craques sur quelqu'un. C'est comme si tu retournais à l'école primaire. »

« C'est pas le cas. »

Zayn haussa ses deux sourcils avec insistance dans la direction de Louis alors qu'il suspendait le torchon sur le robinet de l'évier pour qu'il sèche. « Que t'agis comme un gamin de sept ans ? »

Louis le fixa avec son meilleur regard noir. « Que je craque sur quelqu'un. Je craque sur personne. Ton hypothèse est fondamentalement erronée. »

« Mais t'as admit avoir flirté. »

« C'était accidentel. »

« D'accord, » dit Zayn en haussant ses épaules. Il tira Louis dans une rapide étreinte. « Merci pour le dîner. »

Louis se cramponna à lui alors que Zayn essayait de se détacher pour attraper sa veste en cuir usée sur le dos d'une chaise. Ils finirent par sortir de la cuisine en chancelant ensemble, Zayn soupirant et roulant des yeux. Louis enroula ses bras autour de sa taille. Doucement, ils traversèrent le couloir jusqu'à la porte d'entrer de l'appartement.

« Lâche-moi, s'il te plaît, que je puisse rentrer chez moi, » dit Zayn. Son ton était sec mais quand même amusé.

« Je me sens bizarre, » répondit Louis, sa voix étouffée puisque son visage était enfoui contre le torse de Zayn.

« Je sais. » Zayn caressa doucement l'arrière de sa tête.

« C'est ta faute, Zayn. »

Louis le sentit laisser échapper un autre soupir. « Je sais. »

Zayn se retira finalement de l'étreinte, et Louis le laissa partir avec une tape sur les fesses et un « Je t'aime. »

« Je t'aime aussi, mec. »

Louis fronça ses sourcils alors qu'il fermait la porte et se retourna pour faire face à son appartement vide. Il tenait toujours son téléphone – qui n'avait pas vibré une seule fois. Evidemment, maintenant que Harry ne s'ennuyait plus et n'essayait plus de se distraire d'une longue cérémonie, il arrêterait de répondre. Louis soupira. « Bien. » En fait, il était l'équivalent humain de Candy Crush Saga.

Il passa une longue nuit à sa table de dessin, ses doigts se crispant sur les croquis à moitié terminés, son téléphone inactif toujours dans le coin de sa vision. Il n'avait pas vibré une seule fois jusqu'au moment où il alla se coucher, à trois heures du matin, tout courbaturé. Très conscient dans le silence, il cligna des yeux vers son plafond et essaya de ne pas imaginer Harry être conduit au genre de fêtes glamours de l'industrie auxquelles Louis n'était jamais invité. Il souhaitait ne pas être seul. Il souhaitait avoir quelqu'un qui lui enverrait des messages. Il avait désespérément besoin de quelqu'un pour rebondir.

Mais le silence régnait.

*

(j'ai atteint le nombre limite d'image, donc suite dans la partie suivante)

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