-40-

  Jouer à un jeu : du grand Cheryl.

  - Je commence par Veronica Lodge.

  Ce jeu consistant à « assumer ses vérités », comme le disait si bien la Blossom, semblait être une très mauvaise idée, selon Elyana. Elle avait peur de ce que tout le monde allait dire. Pire, elle avait peur que son amie s'en prenne à elle. Quand elle était en colère et qu'elle avait une idée en tête, plus rien ne pouvait arrêter Cheryl. Après avoir bien commencé en humiliant la mère de la New Yorkaise, Cheryl lui rappela l'épisode du placard, avec Archie, et aussi le fait que l'acheteur anonyme du drive-in n'était autre que son père, Hiram Lodge. Veronica, pour se défendre, accusa la jeune femme du meurtre de son propre frère. Lya pouvait voir l'assurance déserter le corps de son amie.

  - Tout le monde sait que j'adorais mon frère, se défendit la rouquine.

  - Exactement. Mais l'aimais-tu comme une sœur n'est pas censée aimer son frère ?

  Elyana voulait faire quelque chose, n'importe quoi, mais elle savait que c'était un combat à armes égales.

  - Et en grandissant, continua la vipère, Jason a pensé que c'était étrange, contre nature. Alors, il t'a préféré Polly. Donc tu lui as tiré entre les deux yeux avec le fusil de ton père.

  - Ce jeu est dingue, je veux être le suivant ! s'exclama Dilton Doiley, au plus grand bonheur de Lya que cette joute verbale rendait malade.

  Et là, il lâcha la bombe : il avait vu la voiture de Mrs Grundy, près de la rivière, le jour de la disparition de Jason. Lya ne put s'empêcher de passer ses mains sur son visage et se fit violence pour ne pas regarder Archie.

  - Je l'ai dit à Betty et Jughead, puis Mrs Grundy a démissionné et quitté Riverdale deux jours plus tard, continua le chef scout. N'oublions pas qu'Archie était aussi à Sweetwater River, ce matin-là.

  - Oh mon Dieu, s'étonna Cheryl, je suis choquée. Archie, c'est pour ça que tu es devenu un musicien médiocre ? Parce que la prof à lunettes à imité Mary Kay Letourneau ?

  - Ne dis rien, Archie. Ne t'abaisse pas à ça.

  Déjà, Elyana voulait administrer une jolie gifle à la New Yorkaise.

  - Quoi ? Andrews se tapait une prof ? Si j'avais su, je vous aurais ajoutés au carnet des conquêtes, ironisa Chuck.

  Cheryl continua de s'en prendre à Archie, jusqu'à ce que Chuck s'en prenne à Betty. Le rouquin, attristé par les paroles de Cheryl, tentait tout de même de défendre sa meilleure amie, mais l'autre ne lâchait pas l'affaire. Il voulait révéler à tout le monde qui était la vraie Betty. Il décrivit en détails comment, accoutrée de manière aguicheuse et affublée d'une perruque noire, la jeune femme l'avait menotté et drogué dans un jacuzzi. Selon lui, elle avait même prétendu être Polly et réclamer des excuses à Jason.

  - Hé, ça suffit ! s'exclama Elyana. Tu vas arrêter de t'en prendre à mes amis immédiatement, ordonna-t-elle au garçon.

  - C'est daccord, répondit-il contre toute attente, les mains levées en signe de paix trompeuse. À une condition.

  - Laquelle ? appréhenda la jeune Bennet.

  - On sait tous que ton père est en prison. On sait également tous pourquoi il y est, et on sait aussi que ta très chère sœur a crevé seule dans votre baraque, asséna-t-il durement.

  Déjà, des larmes menaçaient de couler sur le visage d'Elyana. Une à une, elle les laissa dévaler ses joues.

  - Mais encore ? le provoqua-t-elle, empêchant Archie d'intervenir, par la même occasion.

  - Ce qu'on sait moins, cest pourquoi tu étais dans un état si...comateux, les mois qui ont suivi. Dis-le nous, ici, tout de suite.

  - Non.

  - Lya, Lya, Lya... Reggie m'a tout expliqué, et presque tout le monde l'a deviné, maintenant. C'est un secret de Polichinelle.

 - Bien que je sois plus qu'épatée que tu connaisses cette expression, railla-t-elle difficilement, j'ignore en quoi il serait utile de le dire, puisque tout le monde le sait, selon toi.

  - Tu veux que j'arrête de m'en prendre à tes amis, pas vrai ? Alors dis-le. Je veux que tu...

  - Très bien ! De toute façon, à quoi bon avoir honte ? s'énerva-t-elle. Oui, pendant un peu moins d'un an, j'ai souffert dune addiction à l'héroïne. Mais tu vois, Chuck, contrairement à toi et tes mesquineries, j'ai des amis formidables, et même si je les ai repoussés, par moments, ils ont toujours été là et figure-toi que je m'en suis sortie ! C'est ça que tu voulais entendre, Chuck ? hurla-t-elle presque en posant un doigt accusateur sur le thorax du garçon. Tu voulais essayer de m'humilier devant tout le monde ? Et bien voilà, tu as eu ce que tu voulais, mais sache que ça ne me fait plus rien, désormais.

  Les mots d'Elyana avaient beau être puissants, personne ne se laissait tromper par cette assurance : les traînées humides sur sa peau révélaient ce qu'elle taisait. Elle reprit place sur sa chaise, et Archie posa discrètement une main sur la sienne, geste dont elle fut très reconnaissante. Malheureusement, Chuck ne tint pas sa promesse...prévisible. Il interpela Jughead, et le garçon explosa. Jughead le frappa en plein visage. FP, qu'Elyana n'avait pas remarqué, empêcha les deux garçons de se battre et mis Clayton à la porte. Il quitta les lieux sans plus d'histoire, laissant derrière lui une atmosphère plus que tendue. Petit à petit, la maison se vida. Betty et Jughead partirent terminer leur soirée chez Pop's : tous les deux, ils avaient bien besoin de discuter. Tout ce petit monde regagna son foyer. Elyana, elle, décida d'aider Archie à ranger. L'ampleur des dégâts était non négligeable : beaucoup de déchets jonchaient le sol, sans mentionner les boissons renversées. Elle attrapa un balai, mais la main d'Archie len empêcha. Ils n'avaient toujours pas coupé la musique.

  - Laisse, lui dit-il, on fera ça demain. Tu entends ?

  - Quoi ? s'interrogea-t-elle devant son sourire.

  - La musique.

  Hey you, Pink Floyd.

  - Vous avez fouillé les disques de Jug, pas vrai ? rigola Lya.

  - Ouais, et je me suis permis de fouiller ta playlist, aussi. Tu ne l'as jamais retirée de mon ordinateur, et je l'aime bien.

  - Cette chanson est un excellent choix, Archie.

  - Je sais...ça ne s'y prête pas vraiment, mais viens. Amusons-nous encore un peu, y a plus personne.

  Il s'empara des mains de la jeune fille pour la serrer contre lui et, ainsi, au milieu du salon, pour la faire tourner lentement au rythme des notes que pleuraient les guitares. Elle se laissa bercer par ces bras qu'elle aimait tant et s'empêcha au mieux de penser qu'ils avaient tenu Veronica, un peu plus tôt. Elle expira contre son torse.

  - Je dois te dire quelque chose... Par rapport à tout à l'heure, je t'ai vu, lorsque tu as voulu arrêter ce massacre, alors...merci. Tu sais, je...

  - Val a rompu avec moi, annonça soudain Archie, de façon totalement inattendue.

  Elyana hésita avant de s'écarter un peu en fronçant les sourcils. Elle ferma les yeux et ne put s'empêcher de sourire un peu.

  - Qu'est-ce qui te fais sourire ? l'interrogea malicieusement Archie.

  - Figure-toi que...Dale a rompu avec moi, répondit-elle, oubliant presque ce dont elle lui parlait au départ.

  - Pourquoi ça ?

  - Il craignait la concurrence.

  - Ah bon, de qui ?

  La jolie brune leva les yeux au ciel puis, rendue audacieuse par l'alcool que les trouble-fêtes avaient apporté, elle posa ses lèvres sur celle d'Archie. Ne se faisant pas prier, il laissa glisser ses mains sur les hanches de la jeune fille tandis qu'elle passait ses mains dans sa nuque et ses cheveux. Tout en l'embrassant, il l'incita à enrouler ses jambes autour de sa taille. Contre toute attente, elle éclata de rire en plein milieu de leur baiser. Elle enfouit sa tête dans son cou, gênée de ce réflexe imprévu.

  - Qu'est-ce qui te fais rire ? lui demanda Archie, le sourire aux lèvres.

  - Je me suis juste dit que, la première fois que nous sommes sortis ensemble, tu n'aurais jamais été capable de me soulever comme ça, le railla-t-elle. C'est que t'as pris du muscle, Archie !

  - Ne te moque pas, je sais que tu craques complètement !

  Ils s'esclaffèrent de plus belle avant de reprendre là où ils s'étaient arrêtés. Archie parvint finalement à rejoindre sa chambre et à s'allonger sur le lit, Elyana à ses côtés. Quand ils eurent terminé de s'embrasser, l'esprit de la jeune fille s'assombrit.

  - Archie, qu'est-ce qui va se passer, demain ?

  - Qu'est-ce que tu veux dire ?

  - Ces baisers, ils signifiaient quoi ? S'ils doivent être sans lendemain, comme le précédent, je...je veux le savoir.

  - Est-ce que tu veux qu'ils le soient ?

  - Non.

  - Tu vois, ça tombe bien, parce que moi non plus.

  Il embrassa tendrement le front de la jeune fille, puis il la laissa s'endormir dans ses bras. Quand Jughead rentra, bien plus tard, et qu'il vit ses amis ainsi installés, un sourire naquit sur son visage. Tandis qu'il préparait le canapé pour y passer la nuit, il se dit qu'il était grand temps que ça arrive, quand même.

  Le lendemain matin, lorsqu'ils se réveillèrent, ils déjeunèrent de façon consistante : restes de pizza sur leur lit de carton, accompagnés d'un grand verre d'eau fraîche ainsi que d'une aspirine. Jughead rigolait devant leur état et ne manquait pas de les accabler de réflexions.

  - Tu ne diras rien, pas vrai, Jug ? s'inquiéta Elyana.

  - Je serai muet comme une tombe. Faites-moi confiance.

  Ensemble, ils terminèrent de ranger et de nettoyer. Lorsque, Jughead parti, Lya et Archie s'affalèrent à côté de Vegas, sur le canapé, on les interrompit encore.

  - Archie ! l'interpela Fred Andrews en arrivant chez lui. On est rentrés.

  Alors, la mère d'Archie, aussi rousse que lui, se planta à côté de Fred. Archie, ébahi, ne put que l'appeler.

  - Maman ?

***
Et voilà le chapitre 40 ! Je me suis que j'allais vous en publier deux, puisque je ne serai pas là ce soir... Il vous plaît ? 

-Cxlxnx13

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