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Le lendemain, vers dix heures, on arrêtait Dave Bennet pour homicide. Depuis, le shérif Keller l'avait laissé dans une cellule, et il l'interrogeait jusqu'à ce qu'il avoue, peut-être, son meurtre. Lors de l'arrestation, Elyana, sa fille, se tenait sur les marches du perron des Andrews, blottie entre Jughead et Archie. Dave, tandis qu'on l'embarquait, avait jeté un dernier regard à sa fille. Lya ne savait pas vraiment à quoi s'attendre. Tristesse ? Culpabilité ? Honte ? Tout. Sauf cette haine vengeresse et cruelle qu'il lui lança en plein visage. Elle avait pleuré, après son départ. Ils étaient restés chez Archie toute la journée et avaient même reçu la visite de Betty. La nouvelle se répandrait vite, cependant, et Nelly avait fait son possible pour revenir à Riverdale dès qu'elle eut appris la nouvelle. Désormais, Lya pouvait retrouver son foyer, ou du moins...ce qu'il en restait. Elles n'étaient plus que deux dans une maison bâtie pour quatre ou cinq. De plus, sa mère prétendait être dans l'incapacité de rentrer de San Francisco : son travail l'y avait rappelée.
Depuis une semaine maintenant, Lya allait au lycée, supportait les commérages et les murmures, impuissante. Elle retrouvait ses amis dans le foyer, subissait les conversations plus qu'elle ne les écoutait et regardait distraitement le tableau, en classe. Aujourd'hui, ils devaient lire leurs poèmes. Elle écouta vaguement celui d'Ethel, ou plutôt l'entendit sans en saisir les mots. Elle était encore perdue dans ses pensées et Jughead, au banc voisin, s'en rendait bien compte. Il fut d'ailleurs obligé de lui secouer un peu le bras pour qu'elle réponde à l'appel du professeur.
- Hein ?
- Elyana, c'est ton tour, l'informa-t-il en l'invitant à le rejoindre, devant cet intimidant tableau noir.
Pour son poème, elle était restée des heures penchée sur son bureau, le dos douloureux, les muscles ankylosés. Lorsqu'elle se rappelait des textes d'Archie, cela lui semblait si facile !
- Dans cette pièce aux murs sombres, / Où nos esprits aiment s'acharner, / Le toit nous rappelle, arraché, / Que nous aimons nous morfondre. / Tandis que je contemple ces mots, habilement maniés, / Mon cœur enflammé retentit / De cet effroyable bruit : / Je crois qu'il est brisé.
Elle voulait disparaître, s'enfoncer six pieds sous terre et ne plus ressortir. Tous ces regards posés sur elle l'intimidaient et même si sa récitation était terminée, elle restait là, incapable de bouger. Aucun élève ne parlait, et c'est Archie qui applaudit le premier pour rompre ce silence bien trop pesant. Le professeur la félicita tandis qu'elle regagnait enfin sa place sous le regard protecteur du rouquin, que ne manqua pas de remarquer sa petite amie. Au fil de la journée, elle s'isola au maximum, évita le dialogue. Finalement, quand elle se retrouva près d'Archie, dans le foyer, elle fut forcée d'écouter...et de répondre.
- C'est incroyable, tu te rends compte ? s'enthousiasmait-il. Ce programme d'été...c'est impossible d'y aller. Mais avec l'aide des Blossom... Je ne sais pas, je n'aime pas profiter des gens. T'en penses quoi ?
- Euh, bah...ça dépend. J'adore Cheryl, mais avec ses parents, on n'est jamais sûrs de rien. Et si elle apprend que tu l'accompagnes par intérêt, ça la détruira encore une fois, répondit Lya, lasse d'être sollicitée.
- Ouais, t'as raison... Mais je sais pas, c'est une fameuse opportunité.
- C'est vrai aussi.
Ses jambes repliées contre elle, Lya avait appuyé sa tête sur l'épaule d'Archie. Lui, il passait son temps à se mordiller la lèvre inférieure, confus, et à tapoter son propre genoux. Il était tiraillé, ce programme de musique l'attirait tellement...
- Je ne vous dérange pas, j'espère ? intervint une voix féminine assez irritée.
- Oh, Val, salut, s'exclama Archie en se levant brusquement, peu soucieux de la position de son amie. Comment tu vas ?
Elle lui répondit avec un sourire radieux, soulagée qu'il ne soit pas resté assis près de Lya, puis l'embrassa doucement et...longtemps. Lya détourna le regard avant de se lever et de s'en aller. Archie, s'il remarqua son départ, ne se détacha pas de Valerie pour autant. Elyana, elle, garda les yeux fixés au sol tandis qu'elle se ruait quelque part, nulle part. Arriva ce qui devait arriver : elle buta contre un autre élève, et pas des moindres.
- Hey, Lya, ça va ? s'inquiéta Reggie Mantle.
- Manquait plus que ça, marmonna-t-elle.
- Je sais que je suis la dernière personne que t'as envie de voir, mais laisse-moi au moins te parler.
La jeune fille détailla le visage de Reggie et trouva qu'il paraissait sincère. Elle avait déjà pensé ça une fois, cependant, et elle ne voulait pas se faire avoir à nouveau. Après tout, elle avait eu droit à sa seconde chance, alors pourquoi pas lui ?
- Je t'écoute.
- Dieu merci... J'ai vraiment déconné et j'ai dit des trucs pas très sympathiques...
- Pas très sympathiques ? Tu te fous de moi ? s'impatienta-t-elle.
- D'accord, j'ai été un vrai abruti, et je regrette, sincèrement. J'aurais jamais dû te balancer ça, et maintenant que ton père est... Je veux être là pour toi.
- T'as bien vu ce que ça a donné la dernière fois, Reggie.
- Oui, mais on pourrait au moins redevenir des amis, non ?
- Je...oui, peut-être, mais là, je dois être ailleurs, d'accord ? On verra, ça prendra du temps.
- Je comprends... Encore une fois, je suis vraiment désolé, Lya.
Elle hocha rapidement la tête avant de s'enfuir, encore, et de se réfugier dans cette salle qu'elle aimait tant. Elle sortit son papier, ses crayons, puis les rangea. Elle se rappela des toiles qui l'attendaient dans la réserve et prépara tout son matériel. Elle esquissa très rapidement ce qu'elle voulait, puis se remémora les couleurs, les formes, les nuances, les lumières, les contrastes de cette scène qu'elle peignait. Elle y passa des heures, si bien qu'elle loupa toute sa journée de cours et resta même en dehors de ces heures. Vers vingt-et-une heure, Jughead et Archie déboulèrent dans la salle, affolés.
- Lya ! On t'a cherchée partout ! s'exclama ce dernier, visiblement soulagé. On t'a pas vue en cours, et c'est seulement maintenant que Jug a pensé à cette salle. On est même retournés dans les bois et...qu'est-ce que c'est ?
Lya détailla ses deux amis : ils étaient rouges, ils transpiraient et ils étaient couverts de boue. Elle gloussa devant la brindille coincée dans le bonnet de son meilleur ami qui s'approchait d'elle.
- Disparais plus jamais comme ça, soupira-t-il en retirant son couvre-chef.
- Je pensais que tu te douterais que j'étais ici, enfin, je veux dire, tu sais bien que je viens tout le temps ici quand...
- Ouais, j'aurais dû men douter. Est-ce que c'est...nous ?
- Euh, oui... C'est nous, avant tout ça, chez Pop's.
- Waouh, Lya, c'est magnifique, la complimenta Archie. Je ne savais pas que tu peignais toujours.
- Je n'ai jamais arrêté le dessin. Vous aimez vraiment ?
- C'est superbe, confirma Jughead. Tu devrais le garder, celui-là.
- Je ne sais pas, je trouve ça prétentieux.
- Tant pis, c'est moi qui le garde alors, plaisanta le rouquin.
- Tu peux l'avoir, si tu veux. Enfin, si Val n'y voit aucun inconvénient, asséna-t-elle.
- C'est un tableau, elle a rien à dire.
- Au contraire, rétorqua-t-elle.
Archie, confus, la regarda se lever et ranger ses pinceaux.
- Je vais le laisser sécher correctement à sa place, puis qui le voudra, le prendra. Maintenant, je vais rentrer me coucher, si ça vous dérange pas.
- T'inquiète, Lya, on va passer chez Pop's, justement. Tu viens pas ? lui proposa Jughead.
- Pas cette fois, je ne me sens pas très bien. À demain, les gars.
Une fois la jolie brune partie, Jughead soupira.
- Je sais pas comment, mais va falloir qu'elle t'oublie.
- Je sais... J'essaie de faire tout pour, vraiment.
- C'est pas en lui tenant la main avant qu'elle s'endorme que ça marchera, Archie.
- Que...quoi ?
- Je vous ai vus, la nuit avant l'arrestation. Je te l'ai déjà dit : tu vas lui briser le cœur, à force de la laisser croire que c'est possible.
- Mais que quoi est possible, Jug ?
- Vous deux. Votre histoire.
***
Hello ! Petit chapitre rapidos ce soir, dites-moi ce que vous en pensez !
-Cxlxnx13
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