C'était le grand jour : le spectacle d'automne de Riverdale High aurait lieu, ce soir-là, avec son lot de révélations, de talents dévoilés et de cœurs brisés. Lorsque Jughead demanda à Lya s'il pouvait passer chez elle sans raison, elle fléchit les sourcils. Il n'avait pas enquêté plus, et il lui avait dit un peu plus tôt qu'il devait passer chez Betty. Et si... ?

  - Lya, faut que je te parle.

  Sa voix était empreinte d'angoisse et de peur tandis que ses yeux semblaient plongés dans une grande réflexion.

  - Qu'y a-t-il ?

  - Je reviens de chez Betty et...

  - Accouche ! s'impatienta la brune.

  - Je l'ai embrassée. Comme ça. Sans prévenir.

  - Enfin ! Alléluia ! Merci mon Dieu ! High five !

  Jughead, détendu par l'enthousiasme de son amie, frappa sa main avant de redevenir un peu plus sérieux.

  - Mais donc...c'est pas grave ?

  - Tout dépend de sa réaction. Elle t'a giflé ?

  - Euh...bah...non.

  - Alors c'est super ! Oh mon Dieu, je n'arrive pas à croire que mon meilleur ami, ce grand maladroit des sentiments, se soit trouvé une petite amie ! Je suis vraiment contente pour toi, Jug. Vraiment.

  - Merci, Lya. Je...je sais pas du tout où ça va me mener, mais...

  - Apprécie le voyage, arrête de te poser des questions.

  - Tu devrais faire psy, toi, plaisanta-t-il.

  - Pourquoi ça ?

  - Et bien, tu donnes d'excellents conseils que tu n'arrives pas à suivre.

  - Mais...

  - Chut. Tu vas au spectacle, ce soir ?

  - J'en sais rien...toi ?

  - Non. J'enquête encore. Avec Betty.

  - Tu m'étonnes... Tant que tu peux toujours squatter ma chambre, ça ne me pose pas de problème. Je plaisante, hein. À moitié.

  - Je sais, mais t'inquiète pas. T'es même plus ma meilleure amie, maintenant, t'es ma famille, j'abandonne pas la famille que je choisis, déclara-t-il, plus généreux en émotions qu'à son habitude.

  - Je crois que Betty a un excellent effet sur toi, jusqu'ici.

  - Ouais... Tu vas essayer d'y aller, au moins ?

  - Sûrement. Il reste mon ami, pas vrai ?

  - Exact. Allez, je file. Pas de bêtises, Miss Catastrophe !

  - Tais-toi !

  Mais il était déjà parti. Tout doucement, elle commença enfin à se préparer. Une fois sa jupe noire et sa blouse rouge enfilées, elle laça ses bottines, prête à partir. Elle vérifia une dernière fois ses cheveux, puis demanda à Nelly si elle voulait bien la déposer à l'école. Heureuse de pouvoir enfin soccuper de sa belle-fille, elle accepta et l'amena devant l'établissement.

   - N'hésite pas à lui faire regretter sa décision, ma jolie. Tu es ravissante, il n'aura d'yeux que pour toi.

  Elle la remercia chaleureusement puis partit trouver une place. En chemin, elle croisa Veronica qui se dirigeait vers les coulisses, ses oreilles de chat sur la tête. Elle accéléra le pas et interpela la nouvelle Pussycat.

  - Hey, Veronica !

  - Oui, Lya ?

  - Est-ce que je peux...te demander un petit service ? J'aimerais que tu dises quelque chose à Archie, pour moi.

  La New Yorkaise tiqua légèrement mais laissa tout de même Lya poursuivre.

  - Voilà, dis-lui juste que...je me suis emballée sans lui laisser l'occasion de s'expliquer, et que je serai dans la salle, s'il a besoin d'un visage amical autre que celui de Valerie.

  - Oh, tu n'es pas au courant ?

  - De quoi ?

  - Il chante seul, finalement.

  - Oh, euh...bah...raison de plus. Merci beaucoup, Veronica.

  Elle se dépêcha de fuir dans les rangées de chaises installées au sol et trouva une bonne place. Les gens arrivèrent rapidement et, juste à côté d'elle, Fred Andrews s'assit.

  - Tiens, Lya ! C'est un plaisir, comment tu vas ?

  - Très bien, merci Mr Andrews, et vous ?

  - Je viens voir mon fils jouer, comme tu t'en doutes, alors j'ai autant le trac que lui, plaisanta-t-il. Mais je ne comprends pas... Tu n'étais pas censée chanter avec lui ?

  - Au départ, si, mais ça ne s'est pas fait et au final, il chante seul, ce soir.

  - Bizarre, il avait l'air enthousiaste, pourtant. Enfin, ce sera pour une autre fois.

  - Oui, pour une autre fois.

  Ils se turent, car le spectacle commença. Quand les Pussycats reprirent « I feel love » de la célèbre Donna Summer, Lya fut bien obligée de reconnaître que Veronica avait une belle voix, probablement plus belle que la sienne. Elle applaudit avec ferveur, comme tout le reste de la salle, et attendit patiemment qu'Archie monte sur scène. « Pense à quelqu'un qui te rassure. » Archie n'avait que cette phrase-là en tête. Il jeta un coup d'œil à Veronica, dans les coulisses, mais reporta vite son regard sur la foule. Il trouva son père, à qui il sourit. À côté de lui, il y avait Lya. Il ne s'attendait pas à la voir ici, mais il était heureux qu'elle soit venue. Il la regarda bien dans les yeux avant de jouer.

Can you hear me ?

Am I drowned out in the crowd ?

Are you listening?

Or is everyone else too loud

For you to hear anything ?

  Lya ne pouvait plus détacher les yeux d'Archie, elle buvait ses paroles. Sa voix la touchait jusqu'au plus profond de son âme et, tout doucement, comblait les trous de son cœur.

Are you just gonna walk away ?

Because there are so many things

I can do but instead I'll say

I'll try

I'll try to let it go

Let a row ride off my back

  Désormais, une larme avait roulé sur sa joue. C'était décidé, elle lui dirait la vérité, après le spectacle. Elle lui dirait qu'elle était amoureuse de lui, et que ça la détruisait.

Yes so I'll try

I'll try to let it go

Let it go and never look back this way.

  Fred Andrews fut le premier à applaudir. Avec seulement un quart de seconde de retard, Elyanna Bennet fut la deuxième. Toute la salle les imita, offrant à Archie l'ovation qu'il méritait. Dès qu'il descendit de scène, Lya quitta la salle.

  - Oh, Lya, où vas-tu comme ça ? lui demanda Fred.

  - Dire la vérité à votre fils.

  Sans plus attendre, elle s'élança dans le couloir bondé, se fraya un chemin parmi la foule. Elle distingua enfin les cheveux roux si caractéristiques d'Archie, et elle voulut l'interpeler, mais son nom resta bloqué dans sa gorge. Il était là, devant elle, en train d'embrasser Valerie. Si son cœur avait été fait de verre ou de porcelaine, elle l'aurait entendu se briser en mille morceaux, pour revenir à un état pire qu'avant cette nouvelle année. Elle croyait être sur la bonne voie, elle croyait avoir sa chance... Mais il y aurait toujours, pensait-elle, une fille plus jolie, plus talentueuse, plus...tout. Elle se retourna, déboussolée, et tomba nez à nez avec Jughead et Betty. Elle était sûrement en train de pleurer, car Betty essuya doucement sa joue. Avant qu'un d'eux deux ne puisse dire quoi que ce soit, Lya s'effondra dans les bras de Betty, qui la soutenait comme elle le pouvait. Jughead, lui, passa ses bras autour d'elles, et regarda Betty, paniqué : il ignorait ce qui mettait sa meilleure amie dans cet état (même s'il avait bien une petite idée), et elle semblait très mal en point. Et dès que Lya allait si mal, au point de craquer devant autant de monde, Jughead avait peur. Il craignait une idiotie, une stupidité, une bêtise : une rechute.

***
Holà amigos ! Vous allez bien ?
Moi, ça va, même si j'ai recommencé la première saison de Grey's Anatomy...
Est-ce que ce chapitre vous plaît ? Dites-moi tout !

-Cxlxnx13