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  Jughead tournait en rond dans la chambre d'Elyana, sa meilleure amie. Il n'avait de cesse de ressasser sa conversation avec Fred Andrews, l'homme dont la société allait démolir le Twilight.

  - Il se moque complètement de retirer le boulot à un deuxième Jones, et il n'arrêtait pas de me dire qu'il avait besoin de ce travail, pour lui et ses employés. Je veux dire, d'accord, on a tous nos galères, mais le Twilight...

  - Allez, Jug, il faut s'y faire, même si c'est difficile... De toute façon, on va passer une super dernière soirée, d'accord ? Ne t'en fais pas. Et tu viendras ici, comme ça, je pourrai te raconter tout ce que je veux, quand je veux !

  Ce petit trait d'humour fonctionna comme prévu et Jughead rigola tout en levant les yeux au ciel.

  - Doux Jésus, non, ayez pitié ! supplia-t-il tout en joignant ses mains.

  Lya lui cogna l'épaule avec la sienne et sourit malicieusement.

  - Tu sais que t'adores quand je te parle super vite sans respirer et sans aucune ponctuation parce que j'ai un souffle d'enfer.

  - C'est vrai, ton débit de parole est impressionnant !

  La bonne humeur passagère retomba soudain, alors Lya posa sa tête sur l'épaule de son ami et prit sa main.

  - On va s'en sortir, tu verras. On s'en sort toujours.

 - Si tu veux tout savoir, cette Lya déterminée m'avait manqué.

  - À moi aussi, avoua-t-elle, à moi aussi.

  Ils restèrent ainsi jusqu'à ce que la sonnette retentisse et les interrompe. Accompagnée de soupirs et de protestations, Lya se leva pour aller ouvrir la porte, puisque son père était encore dans un quelconque bar et que sa belle-mère travaillait. La porte s'ouvrit sur un rouquin et il s'en fallut de peu pour qu'elle ne la lui ferme au nez.

  - Non, attends, tu voudras sûrement entendre ça.

  - Jughead ! s'écria-t-elle. Archie est là et il a quelque chose à dire ! Encore...

  Il ne fallut pas longtemps pour que l'intéressé descende les escaliers, intrigué. Lorsqu'ils furent bien installés dans le salon, Archie prit la parole.

  - J'ai confronté Ger...Jennifer à ses mensonges. Et elle m'a tout expliqué.

  - Alors ? s'impatienta Jughead.

  - Si elle a changé de nom, c'est à cause de son ex-mari. Il...il la battait, et elle a divorcé, mais elle avait peur, donc elle a démarré une nouvelle vie.

  - D'accord, ça se tient, mais il y a toujours quelque chose que je n'aime pas à propos d'elle, affirma Jughead. Je ne la sens pas.

  - Moi non plus, bougonna Lya, toujours mal à l'aise à l'idée d'avoir Archie dans son salon.

  - Les gars, ça veut dire qu'elle n'a rien fait de mal, au contraire...

  - Non, Archie, ça n'excuse pas son comportement. Elle savait que tu étais son élève et t'a tout de même séduit. C'est juste une femme qui veut s'amuser avec quelqu'un de plus jeune qu'elle peut contrôler. Elle t'isole et te coupe de nous, mais tu ne t'en aperçois même pas.

  - Non, Lya, tu ne comprends pas : elle n'a que moi...

  - Très bien, si tu le dis. Mais ne viens surtout pas pleurer près de moi quand elle te lâchera, une fois sortie de ce qui l'implique dans l'enquête.

  La jeune fille se leva, en colère, et ouvrit grand sa porte d'entrée.

  - Maintenant que tu nous as dit ce que tu avais à dire, tu peux t'en aller.

  - Mais Lya...

  - Stop, Archie. Je t'ai déjà tout dit l'autre soir.

  Blessé, le jeune homme s'en alla après avoir salué Jughead, qui fusilla son amie du regard.

  - Désolée, mais c'est trop...difficile.

  - La Lya que j'admire tant est donc déjà repartie ? Celle que je connais aurait refuser de pardonner, mais elle aurait réussi à rester dans la même pièce que lui.

  - Peut-être que je ne suis pas comme tu crois...

  - Lya, arrête. Je te connais mieux que personne ! Alors maintenant, quand on sera au lycée, tu vas te comporter normalement avec lui, parce que tu vaux mieux que ça. Et puis, comment fera-t-on pour le ramener à la raison si tu n'es pas là ?

  Elle sourit doucement et hocha la tête.

  - Tu as raison. J'agirai en personne responsable, dès demain, promis.

***

  Bien au chaud, dans la salle de projection, Elyana et Jughead suivaient le film comme ils pouvaient, tout en discutant. Ils profitaient à fond de leur soirée avec leurs pots remplis de popcorn, leurs immenses gobelets pleins de soda et toutes sortes d'autres douceurs. Ils rigolaient, Lya laissait parfois échapper une larme dans un moment un tant soit peu émouvant,..en bref, ils passaient une dernière soirée mémorable au Twilight Drive-In.

  - Tu sais, je suis très heureuse de passer cette soirée avec toi, Jug. Vraiment, je pense que c'est un grand honneur que nous faisons au Twilight.

  - Bien sûr, mais je crois que quelqu'un ici est très fatigué.

  - Je vois pas pourquoi tu dis ça !

  - Tu deviens extrêmement sentimentale et émotive, je me trompe ?

  - Non. Enfin, si, tu te trompes et non, je ne deviens pas comme ça.

  - C'est cela, oui, abandonna-t-il en rigolant.

  - Sinooooon, comment avancent les choses entre Betty et toi ?

  - Oh, entre moi et Betty...

  - Betty et moi.

  - Donc, entre moi et Betty, ça se passe bien, on écrit ensemble pour le journal de l'école, fin de l'histoire.

  - Allez ! Tu ne me feras pas croire qu'elle ne te plaît pas !

  - Peut-être un peu. Un tout petit peu. Et toi, Archie te plaît, pas vrai ?

  - Oh, Jughead, si tu savais...

  - Et nous y sommes : tu es fatiguée et va être plus honnête que tu ne le seras jamais. Demain, tu vas mettre du temps à te rappeler ce que tu as dit et tu vas en avoir honte. Quand je pense que certains doivent boire pour ça, plaisanta-t-il.

  - C'est pas vrai ! Donc, Archie... Je ne sais pas vraiment ce qui se passe... Mais quand il m'a embrassée, Jug, c'était merveilleux, dit-elle entre deux bâillements. Et l'imaginer avec Grundy, enfin, Jennifer Gibson, ça me donne à la fois l'envie de vomir et celle de pleurer, longtemps. Devine laquelle est la plus forte... Enfin, je ne sais pas... Peut-être que...

  - Que... ?

  - Non, laisse tomber.

  - Lya...

  - Peut-être que j'en suis toujours amoureuse.

***

  Jughead ramena Lya chez elle très tard, et il la laissa une fois l'avoir mise au lit : il avait quelque chose à faire. Lya, elle, malgré sa fatigue, ne trouvait pas le sommeil, mais elle vit quelque chose qu'elle n'aurait pas cru voir ce soir : Archie qui pleurait dans les bras de son père. Une fois qu'elle fut certaine qu'il était dans sa chambre, elle quitta la sienne, son échelle repliée à la main. Elle s'en foutait qu'on la voie ainsi, en pyjama, dans la rue, avec son drôle de chargement. Elle déplia son échelle dans le jardin d'Archie et l'appuya juste à côté de sa fenêtre. Elle grimpa les échelons et frappa doucement sur la vitre. Le rouquin leva ses yeux rouges et la laissa rentrer.

  - Raconte-moi.

  - Pourquoi, tu veux bien de moi, maintenant ?

  - Allons, allons. J'ai décidé de...mettre mes rancœurs de côté, pour ne pas perdre un ami.

  - La mère de Betty a tout découvert, Miss Grundy démissionne et s'en va demain.

  Le garçon enfouit son visage dans ses mains, mais il reçut un texto.

  - Qui c'est ?

  - C'est Betty.

  Il lui répondit tout en lui souriant par la fenêtre. Soudain, Lya paniqua, car Archie l'attira vers elle, sous les yeux de la blonde. Il la serra dans ses bras. Même s'il s'agissait d'une accolade amicale de réconfort, elle ne voulait pas infliger cela à son amie. Pourtant, les bras d'Archie autour de sa taille lui faisaient tellement de bien. Elle l'enlaça en retour et se pencha pour murmurer.

  - Au moins, maintenant, tu peux tout recommencer. Qui sait, peut-être qu'elle ne t'aurait rien apporté de bon, sur le long terme.

  - Tu as peut-être raison.

  - Allez, viens te coucher.

  Elle attira le garçon dans son lit et fit glisser la couverture sur lui. Elle s'assit au bord du matelas, mais Archie n'était pas de cet avis. Il lui prit la main et la blottit contre lui.

  - Ne crois pas que je veux t'embobiner ou quoi que ce soit, alors ne me rejette pas, je t'en supplie. J'ai juste besoin de l'amie que tu étais.

  - C'est pour ça que je suis là, Archie.

  Ils s'endormirent tous les deux, blottis l'un contre l'autre, chacun apaisant les maux de son vis-à-vis. Ils ignoraient comment serait le lendemain, ou les jours suivants, mais peu importait : ils vivaient dans le présent.

***

Ouais, Lya elle traverse la rue avec son échelle, elle s'en bat les ovaires hihi.
Malgré cette petite folie, j'espère que ce chapitre vous plaira !

Dites-moi touuuuut !

-Cxlxnx13

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