8- Entraînement nocturne
Le long bruit strident d'une alarme retentit au fin fond de l'esprit de Thomas, jusque-là toujours en plein sommeil. Cauchemardant sur son passé douloureux. « Tout ira bien... Disait-il. Fais-moi confiance ». Puis, ses paupières encore fatiguées, se soulèvent avec difficulté. Il entend Johan se plaindre du haut de son lit, et descendre avec colère.
- Putain ! Grogne-t-il, ils font chier, il fait encore nuit là !
Thomas totalement perdu, échange un regard avec Chris tentant de mettre ses lunettes sur son nez, et tout aussi déboussolé que lui. Le jeune homme ne comprend pas ce qui se passe, la lune est encore haute dans le ciel noir, et les cours ne sont pas censés commencer tout de suite. L'alarme ne s'arrête pas, Thomas voit Alex écraser son oreiller sur ses oreilles, puis se décider à enfin se mettre debout.
- Entraînement surprise... Dit-il d'une voix enrouée. Faut aller dehors. Eh, il est quelle heure ?
- Hum... Bientôt cinq heures, répond Chris en regardant sa montre.
- On pourra même pas retourner dormir après ! S'exclame Johan.
« Un entraînement surprise ? Qu'est-ce qu'ils ont encore trouvé pour me mettre dans la merde... » Se dit Thomas en soufflant. L'alarme se stop enfin, il se redresse appuyant son dos contre la tête de son lit. Il n'a clairement pas envie de se lever, son visage affiche déjà le renoncement. Il ne veut pas refaire des tours de piste, ses jambes en souffrent encore.
- Lève-toi flemmard, faut se préparer. Déclare Alex en regardant Thomas. On met nos uniformes, et on descend.
Thomas serre fermement sa couverture dans sa main, et la rapproche vers lui en tremblotant. Ça recommence, ils vont se déshabiller devant lui pour enfiler leurs uniformes. Il doit encore trouver un prétexte pour s'enfuir, ou ils verront qu'il n'est pas comme eux. Trouver une idée... Il ferme les yeux pour mieux réfléchir, pendant que les autres commencent à se préparer. Il ne va pas rejouer le coup de l'envie pressante, ce serait trop suspect. Il ne trouve rien, et l'angoisse commence à s'emparer de lui. Mais soudain, il entend quelqu'un crier dans un mégaphone :
- HEY ! BANDES DE PETITS BRANLEURS, VOUS AVEZ QUINZE SECONDES POUR SORTIR ET VENIR DÉFILEZ DEVANT MOI AVEC VOS BEAUX PYJAMAS RAYÉS.
Il reconnaît la voix cassée et ironique de Danny Leonhard, qui hurle depuis l'extérieur. Alex, Johan et Chris, aussi surpris que Thomas cessent de se déshabiller, et reboutonnent leur veste de pyjama. Thomas laisse un sourire involontaire se dessiner sur ses lèvres, il s'en sort encore. Il décide de se rendre à la fenêtre. Il voit Leonhard, accompagné de deux autres personnes, un homme et une femme, sans doute des enseignants.
À toute vitesse, les quatre garçons ainsi que le reste du dortoir, dévalent les étages afin de rejoindre l'extérieur. Les filles, arrivées avant eux, sont déjà postées devant Leonhard et ses deux collègues. Les garçons font la même chose, et se mettent en ligne, Thomas suit mécaniquement le mouvement. Mais il trouve cette situation ridicule, dehors au milieu de la nuit, et en pyjama. Il remarque que presque aucun élève ne bronche, mis à part quelques individus qui pestent et murmurent des insultes.
Il commence à percer les traits de caractère de Leonhard, c'est un homme plutôt effrayant. Les élèves semblent le craindre, comme le général Oswald.
- Voilà un magnifique rang de futur soldat ! Se moque Leonhard en passant devant les élèves. Il n'y en a pas un qui peut se tenir droit.
Il marche les mains derrière le dos, fixant chaque adolescent et adolescente. Il passe devant Chris, qui grelote à cause de la brise glacée qui le fait frissonner.
- Pourquoi tu tremble toi ? Lui demande-t-il avec un sourire en coin. Tu as froid ? T'es vêtements ne te réchauffent pas assez, c'est ça ?
- Non, sergent... Répond Chris en devenant rouge. C'est juste une brise passagère...
Avant que Chris ne termine sa phrase, Leonhard lui retire ses lunettes.
- Dit-moi aussi, pourquoi tu portes ça ?
- Je... J'en ai besoin pour mieux voir.
- T'auras pas besoin de tes yeux pour ce que tu vas faire. Réplique-t-il en mettant la paire de lunettes dans l'une des poches de son uniforme. Tu vas avoir besoin de tes bras, et de tes jambes.
L'adolescent se racle la gorge, tandis que Leonhard dirige son regard vers Thomas, qui ne bouge pas d'un pouce. Il s'approche de lui, et le dévisage de haut en bas. Mais le jeune homme ne réagit pas, et continu de fixer le vide. Leonhard finit par détacher son regard, et commence l'entraînement.
- Bon allez, bandes de larves ! Annonce-t-il. On commence par des étirements, puis vous me ferez des séries de pompes.
Quelques soupirs de paresses se font entendre, Thomas étant le premier à se plaindre de cet enfer qu'est le sport. Assis par terre et jambes tendues, debout en équilibre sur une jambe, un genou au sol... En à peine dix minutes, il est déjà en sueur et ressens de nombreuses crampes. Il aperçoit Aurore derrière lui, qui s'en sort très bien, elle est avec Eva et Rosa, qui la regardent presque avec admiration. Thomas se laisse tomber à terre et ne fait plus rien, son corps ne pourrait pas supporter une crampe de plus. Mais le coup de sifflet du sergent le force à se relever, et à continuer l'entraînement. « Je vais te faire avaler ton sifflet » pense-t-il en grinçant des dents.
- Eh ben, lui chuchote Alex, la macchina fatigue déjà ?
- Mais, pourquoi vous m'appelez tous comme ça ? Interroge Thomas agacé par ce nom qu'il trouve stupide.
- Bah, parce que t'es une machine ! Rétorque Alex en riant. Tu t'es tapé vingt-cinq tours de piste, et t'as mis Théo K.O juste avant, tout ça dans la même soirée !
Thomas reste un moment sans rien faire, il n'est pas certain de tout saisir. Il se contente d'inspirer profondément, et de reprendre l'entraînement. Il a l'impression que tous les garçons de cette école sont idiots, à l'exception de très rares cas. Il regarde un instant Chris, qui a l'air de plutôt bien s'en sortir sans ses lunettes. La série de pompes à débuter, et Thomas tente de prendre exemple sur lui, mais en vain. Ses mains s'écorchent sur la terre abrupte, et ses muscles commencent à lâcher.
- Ça suffit ! Ordonne Leonhard en donnant un coup de sifflet. Avec vous, c'est de pire en pire chaque année. Je vais désigner ceux qui n'ont rien foutu pendant tout l'entraînement, et ils vont me faire des tours de piste. Je veux voir de quoi vous êtes vraiment capable.
Il désigne des élèves pour courir, et parmi eux, se trouve Thomas. Le jeune homme râle, puis tente de protester.
- Vous m'avez déjà vu courir, affirme-t-il sèchement. Vous savez de quoi je suis capable.
- Tu es celui qui a le plus rien foutu pendant l'entraînement, réplique le sergent. Et tu me dois cinq tours de piste, alors tu vas courir.
Thomas fusille Leonhard des yeux, mais ce dernier ne lâche pas prise et accentue son regard. L'adolescent finit par céder, ne voulant pas lutter. Il retourne sur le terrain à contrecœur.
- Combien de tours doit-on faire sergent ? Demande une jeune fille aux cheveux bruns en levant la main.
- Vous courrez jusqu'à ce que je me lasse de voir vos faces de zombies. Répond Leonhard d'un ton railleur.
Thomas découvre un autre trait de caractère de ce sergent, en plus d'être craint par ses élèves, il semble sadique. Thomas le déteste, c'est un enseignant exécrable. Il s'amuse à voir souffrir les élèves. Le jeune homme se remet à courir, en évitant le regard perçant de Leonhard. Il court, accompagné d'autres camarades aussi désespérés que lui, sous les regards encourageants et moqueurs des autres.
Mais, il sent un regard en particulier le suivre et le rendre mal à l'aise. Au début, il pense à Eva, mais son regard n'est pas aussi pesant. Puis ses yeux croisent ceux de Théo. Celui-ci ne quitte pas le jeune homme, il a l'air furieux, mais il esquisse tout de même un sourire mesquin sur son visage. Thomas tente de décrypter les quelques mots qu'il lui murmure :
- Tu vas payer.
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