35- En randonnée militaire

     Comme chaque fin de semaine, Thomas patiente dans le couloir administratif de l'école, fixant éternellement l'horloge murale qui ne daigne pas changer d'heure. Il attend que la porte du cabinet de la psychologue se déverrouille, plus vite sa séance commencera et plus vite il pourra repartir. Ses traits sont tirés, ses yeux rougis peinent à rester ouverts et ses oreilles bourdonnent encore à cause de l'horrible musique électro de la veille. Ce bourdonnement lui rappelle aussi que tout ce qu'il a vécu ce soir-là n'était pas un rêve. Pourtant il aurait aimé que cette soirée ne soit qu'un simple cauchemar, une illusion, un souvenir éphémère.

    Mais il n'en est rien. Alex a bien dévoilé au monde les sentiments qu'il éprouve envers Théo, s'en est suivi un tête à tête des plus sinistres avec ce dernier. Sinistre, mais pas désagréable. Thomas se souvient encore de son étreinte ce soir-là, de la chaleur que cela lui a procuré faisant par ailleurs cesser ses larmes. Néanmoins, ce qui a le plus marqué l'adolescent durant cette soirée, ce sont les paroles maladroites de Théo : « arrête de pleurer, tu ressembles à une fille » avait-il murmuré. Thomas avait décroché un faible sourire à ces mots. Ce n'est pas la première fois qu'il doute de son apparence, et étrangement au lieu de s'en inquiéter, Thomas ressent une forme de soulagement qu'il ne saurait expliquer.  

    Perdu dans ses pensées, il sursaute lorsque la porte du cabinet s'ouvre avec hâte sur Billy. Finissant tout juste sa séance, il referme la porte et salue Thomas de la main.

– Je vois que tu as réussi à te lever malgré la soirée d'hier, plaisante-t-il. Les autres ne seront pas debout avant cet après-midi.

    Le jeune homme ne répond pas et hoche simplement la tête. Billy fait partie des personnes ayant entendu la révélation d'Alex, il partage de plus sa chambre avec Théo et celui-ci a certainement parlé de ce qui s'est passé dans la salle de bain. Pour cela, Thomas se sent déstabilisé face à lui. Billy pose une main sur son épaule pour le rassurer, ayant compris son malaise.

– Si tu t'inquiètes à cause de ce qui s'est passé hier soir, sache qu'il n'y aura pas de répercussions trop lourde. Alex a été stupide, mais il était bourré. Théo était bourré et... Et drogué aussi. Aucun des deux ne se souviendra de cette soirée.

– Et est-ce que Théo... Hésite à demander Thomas. Est-ce qu'il va bien ?

– Cette nuit était un enfer pour lui à cause de sa rechute. Sueur froide et vomissement, mais je vais l'aider à se sevrer t'en fais pas. Il devra juste prendre des forces pour la randonnée de demain.

– Je vois... Aide-le à s'en sortir alors.

    Il lui sourit en signe d'affirmation, et au même instant une voix féminine et familière interpelle les deux adolescents. Thomas se retourne et aperçoit Chloé avancer vers Billy.

– Monsieur Hofmann, déclare-t-elle d'un ton strict, puisque je vous croise par ici je tiens à vous rappeler que vos médicaments sont arrivés à l'infirmerie. Venez les récupérer quand vous en aurez le temps.

– Oui bien sûr, merci.

– Quant à vous monsieur Arguer, poursuit-elle d'un ton plus léger. Passez à l'infirmerie après votre séance avec la psychologue.

    Il acquiesce tout en étant surpris du jeu d'actrice de Chloé avec les autres élèves. Il la regarde donc continuer son chemin d'un pas assuré, puis se résout enfin à entrer dans le cabinet de Katia Ivazov.

***

    Une interminable heure plus tard, le jeune homme est enfin libre de profiter de sa journée comme il le souhaite. Il sort du cabinet tenant un papier en main, un questionnaire qu'il doit remplir quand il le souhaite. Il pense d'abord à le jeter puisque le remplir est facultatif, mais s'il ne prend pas cela au sérieux il risque de passer plus de temps en compagnie de la psychologue. Il décide donc de plier la feuille en quatre et de la ranger au fond de sa poche, peut-être aura-t-il du temps à perdre.

    Il descend l'escalier jusqu'au rez-de-chaussée, marchant tranquillement en direction de l'infirmerie les mains dans les poches et se demandant ce que Chloé veut lui dire. Arrivé au pas de la porte il aperçoit une élève sortir de la pièce tenant une petite boîte en mains, il reconnaît la chevelure rousse d'Eva. Lorsque la jeune fille le remarque à son tour, elle se crispe soudainement et devient rouge. Thomas la dévisage de haut en bas ne comprenant pas ce qui se passe, puis braque son regard sur la boîte de tampons qu'elle tient entre les mains.

– Hum, c'est... Commence-t-il à prononcer.

– Non... Non, bafouille-t-elle en cachant la boîte derrière son dos. Tu n'as rien vu !

– Euh, ok.

    L'adolescente peine à cacher sa gêne et tente de sourire comme si de rien n'était, Thomas fait de même et se décale légèrement afin d'ouvrir la porte de l'infirmerie.

– Dans ce cas à plus tard, dit-il en refermant la porte.    

    Il soupire tout en faisant les yeux ronds, mais étant dans la même situation qu'Eva il ne peut s'empêcher de trouver cela amusant. Elle n'aurait pas été mal à l'aise si elle savait qui il est.

– Je vois que tu as croisé Eva, observe Chloé. Cette petite rougit toujours pour un rien c'est fou !

– C'est dans sa nature, réplique Thomas en prenant place sur la table d'examen. Alors, pourquoi voulais-tu me voir ?

– Ais-je besoin d'une raison particulière pour parler à ma petite protégée ?

– Ta petite protégée ? Répète-t-il en haussant les sourcils.

    Face à sa mine interloquée, Chloé ne retient pas son rire. Elle décide ensuite de s'asseoir près de lui, prenant un air un peu plus sérieux.

– Tu es prête pour demain ?

    Avant de répondre Thomas laisse défiler quelques secondes, la réponse est évidente : il n'est pas prêt à subir deux jours de randonnée en pleine nature, qui plus est avec un gros désavantage féminin qui pourrait le trahir. Mais ne voulant pas inquiéter l'infirmière, il garde ses craintes pour lui.

– On verra bien, dit-il finalement d'un ton involontairement sec.

– Et est-ce que tu as pris tes précautions ? Enfin tu vois.

– Oui, j'ai tout prévu.

    Ses yeux fixent intensément le sol, tandis que ceux de l'infirmière ne le quittent pas dévoilant une pointe de tracas.

– Avant de venir à l'école militaire, raconte-t-elle d'une voix mélangeant amusement et nostalgie, une chose t'affolais plus que tout. Tu ne savais pas où ranger tes tampons, tu avais peur que quelqu'un tombe dessus. C'est alors que Milah t'a conseillé avec un détachement surprenant que...

– ... Que je n'avais qu'à les cacher dans des boîtes de chewing-gum, continu Thomas. Jusque-là, son idée fonctionne à merveille.

– J'ai toujours dit que mes enfants sont de vrais génies, ricane Chloé. D'ailleurs, tu leur manques énormément. Les vacances approchent à grands pas, et tu pourras enfin rentrer à la maison.

– C'est pas trop tôt, soupire-t-il    

    Thomas et Chloé discutent pendant près d'une heure, planifiant leurs vacances, imaginant les retrouvailles avec les jumeaux Milah et Joffrey et se débarrassant enfin de l'identité de « Thomas Arguer » même si ce n'est que pour quelques jours. Durant cette heure, le jeune homme réussit même à oublier la randonnée du lendemain, ainsi que ses ennuis avec Alex et Théo. L'infirmerie est le seul endroit où il peut réellement se détendre et décompresser à l'inverse du cabinet de psychologie où la plupart du temps il ne dit pas un mot.

    Il passe le reste de la journée seul, vagabondant entre les rayons de la bibliothèque, flânant dans la cour de l'école et se reposant dans l'herbe fraîche à l'ombre d'un grand arbre. Personne ne vient à sa rencontre, et ça lui convient parfaitement. Il sait néanmoins que dans peu de temps il aura le droit à de nombreux regards et moqueries à cause de l'événement de la veille, pour le moment les élèves sont bien trop préoccupés par la randonnée.

***

    Le lendemain matin, c'est avec une boule au ventre que Thomas entame sa journée. Tous les élèves de sa compagnie semblent déterminés à aller courir en pleine forêt, et dormir à la belle étoile. Mais lui ne voit pas d'où peut provenir cette motivation. Plus jeune il n'a jamais été en randonnée, mais il se souvient que sa mère aimait beaucoup les sorties en forêts. Le weekend elle l'emmenait souvent lui et son petit frère se promener dans le bois près de chez lui, prétendant que se familiariser un peu avec la nature ne leur ferait pas de mal. Thomas se souvient avoir détesté ce genre de sortie, aujourd'hui il ne compte pas changer d'avis, mais si le souvenir de sa mère pouvait l'accompagner dans cette aventure il serait d'autant plus rassuré.

    Assis sur son lit, il prépare son sac à dos rangeant les fournitures et provisions nécessaires à deux jours de survies en forêt selon le sergent Leonhard. Il entasse entre autres au fond du sac une petite trousse de secours, un k-way en cas de pluie, quelques boîtes de conserve et une boîte de chewing-gum.

– Sérieusement ? plaisante Alex préparant son propre sac. Tu les emmènes partout en fait tes chewing-gums !

    Thomas ignore évidemment sa remarque continuant de faire son sac, il lui jette cependant un rapide regard noir une fois sa tâche finie.

– Putain de merde ! S'énerve Johan.

    Assis par terre au milieu de la chambre, il tente désespérément de faire entrer les éléments d'une tente pliable dans son propre sac à dos.

– Bordel, pourquoi c'est moi qui dois me trimbaler la tente !?

– Vous êtes le plus apte à transporter ce type de matériau monsieur Syle, se moque Alex en imitant la voix aigüe du sergent Werden.

– Bah qu'elle aille se faire foutre cette salope de Werden, s'agace-t-il de plus en plus. Ça veut dire que durant le trail je vais me taper un sac d'au moins dix kilos sur le dos.

– Fallait pas être aussi baraqué mec.

– Je préfère être baraqué que de ressembler à l'autre bigleux ou à la pédale.

    Thomas et Chris s'échangent tous deux un regard surpris se reconnaissant dans les paroles de Johan, mais aucun ne réplique considérant que c'est une perte de temps.   

– Euh... prononce Chris en s'approchant du lit du jeune homme. Tu peux m'aider à accrocher mon sac de couchage ?

– J'arrive déjà pas à accrocher le mien, je pourrais pas t'aider.

– Débutants ! S'exclame Alex en s'immisçant entre les deux garçons. Laissez-moi vous montrer.

     Il attrape le sac à dos de Thomas afin d'y placer le sac de couchage au-devant, resserrant bien les lanières pour qu'il ne tombe pas durant le voyage. Chris observe attentivement et reproduit les mêmes gestes avec beaucoup de maladresses mais parvient tout de même à son but. Thomas se contente de remercier sèchement Alex en récupérant ses affaires. Ce dernier acquiesce faiblement, il inspire ensuite profondément et s'apprête à s'exprimer, mais au dernier moment hésite, puis repart directement aider Johan à finir son sac. Son attitude laisse Thomas perplexe, mais il ne s'en inquiète pas préférant se concentrer sur la randonnée. 

    Aux alentours de dix heures, les élèves de la troisième compagnie se rejoignent près du grand terrain portant tous un sac. Quelques personnes se plaignent déjà de douleurs au dos ou aux épaules, Thomas lui se plaindrait bien de ses crampes d'estomac mais il ne veut surtout pas attirer l'attention des autres. Un long sifflement retentit, obligeant les élèves à se mettre en ligne.

– Aller, plus vite que ça bande de larves ! S'écrit Leonhard en compagnie de trois autres personnes. Le car est arrivé, ce qui nous laisse deux minutes pour faire entrer un tas d'informations dans vos cervelles de gamins ignorants.

    Des rires et des soupires se font entendre à la suite de cette réflexion, mais un second coup de sifflet de la part du sergent réduit au silence tout bavardage. Une fois le calme retrouvé, le sergent Werden avance de quelques pas afin de se démarquer et annonce certaines règles de sécurité. Thomas ne fait pas attention à son discours, mais remarque qu'elle n'est pas en uniforme mais en tenue militaire, ce qui signifie qu'elle sera du voyage. Parmi les deux autres personnes, un homme et une femme, il reconnaît le visage aux traits fins de sa professeure de badminton, elle aussi en tenue militaire. Cependant il n'a jamais vu l'homme près d'elle, grand et sportif, il dégage un air rébarbatif. Thomas remarque aussi que Leonhard et Werden portent chacun à leur ceinture un revolver, il grimace se demandant pourquoi ils emportent cela en randonnée avec des adolescents.   

    Les explications terminées, les élèves sortent alors de l'enceinte de l'établissement et montent dans un autocar qui les attendait à l'entrée. Thomas et Chris ne perdent pas de temps à choisir des sièges et s'installent devant comme à leur habitude, mais l'intervention de Rosa contrecarre cette habitude.

– Chris, déclare-t-elle suivi d'un grand sourire, tu aimerais t'asseoir à côté de moi pendant le trajet ?

    Le garçon la regarde ébahi balbutiant ce qui semble être une réponse, mais intimidé il a du mal à formuler une phrase complète. Thomas lève alors les yeux au ciel trouvant son attitude risible et décide de répondre à sa place.

– Oui il aimerait, dit-il en se levant.

    Il avait remarqué depuis un moment maintenant que Rosa a un coup de cœur pour Chris, mais celui-ci ne voit malheureusement rien.

    Le car ne tardant pas à démarrer, l'adolescent prend place sur le siège juste derrière ayant comme nouveau voisin Yann.

– Yo ! Déclare le jeune homme. Je t'en prie assieds-toi à côté de moi, à la base je voulais m'asseoir à côté de la nana aux lunettes qu'on a croisé à la bibliothèque, j'aime bien son caractère mais elle m'a dit d'aller me faire voir.

– Elle est comme ça Cynthia.

    Les vibrations du véhicule sur la route apaisent Thomas qui sans s'en rendre compte laisse le sommeil l'emporter. Le trajet est estimé à moins d'une heure. Heure durant laquelle il dort à poings fermés, laissant sa tête retomber sur l'épaule de Yann. Ce dernier se montre d'abord étonné de le voir comme ça, mais comprend vite à quel point il doit être fatigué.

– Ravi d'être ton oreiller, dit-il en riant.

    Mais certains passagers ne sont pas aussi compréhensifs que lui, puisque Clara assise au rang d'à côté assiste à la scène le regard joueur et en profite pour sortir son téléphone en toute discrétion. En quelques secondes, elle immortalise les deux adolescents prenant plusieurs clichés d'eux à leur insu.

    À la fin du trajet, le car se gare en plein milieu d'un chemin de terre à l'orée d'une forêt. Les élèves descendent un par un du véhicule légèrement somnolents, certains se s'étirent et se dégourdissent les jambes afin de se remettre en forme. Thomas fait partie de ceux qui ont dormi durant tout le trajet et qui ont à peine la force de porter leur sac à dos. Il observe un peu les alentours, et l'endroit paraît désertique. Une route s'étendant à des kilomètres, idem pour la forêt qui se trouve devant lui. Il lève un peu la tête et constate que le ciel est blanc, une pluie s'annonce et cela ne lui plaît pas du tout.

– Bienvenue en enfer les gosses ! S'exclame Leonhard d'un ton railleur.

– Aller on y va, annonce la professeure de badminton en faisant signe au groupe d'avancer.

    Thomas se racle la gorge et hésite un peu avant de suivre les autres, il les regarde s'introduire dans la forêt le pas sûr et déterminer, tandis que lui serait bien capable de faire demi-tour. Il aperçoit Yann qui l'a quitté pour rejoindre Théo et Billy, discutant avec eux de manière joviale. Billy rit avec lui alors que Théo ne prend même pas la peine d'esquisser un sourire. Il se contente de marcher, le visage fermé et le teint pâle, si pâle qu'il semble presque malade. « Les effets secondaires de la drogue ? » se demande Thomas en fronçant les sourcils.

– Arguer ! S'écrit Leonhard. T'as deux secondes pour te bouger, ou je te réclame vingt-cinq pompes illico.    

– Viens, chuchote Chris l'entraînant avec lui. Il ne faudrait pas se faire remarquer dès le premier jour.

    Les deux garçons s'engouffrent à leur tour dans le bois, et commence alors un périple infernal pour Thomas. Le début de la marche s'annonce pourtant très bien, il reste aux côtés de Chris et retrouve même Eva, Rosa et Aurore qui étaient un peu plus loin. Discussions légères et rires sont au rendez-vous telle une simple promenade de santé, l'air pur lui est agréable tout comme l'odeur de l'herbe et des feuilles vertes. Mais plus les minutes défilent, plus la fatigue le prend.

    Les chemins qu'empruntent les sergents deviennent de plus en plus escarpés, et de plus en plus difficiles à traverser. Thomas manque une fois de trébucher sur un rocher, mais son camarade le rattrape de justesse. Il soupire et reprend sa marche tentant tant bien que mal de suivre le groupe. Ses pieds lui font déjà terriblement mal, surviennent en plus d'atroces douleurs aux ventres. L'odeur de l'herbe et des feuilles ne lui paraissent plus aussi agréable, il prie pour que ses professeurs se décident à faire une pause.    

– Aller tapette on s'active ! Se moque Johan juste devant lui.

    Evidemment Thomas ne répond pas à sa provocation bien que de très mauvaise humeur. Néanmoins, il sourit tout de même en remarquant que l'adolescent est à bout de souffle comme lui, sans doute à cause de son sac à dos beaucoup trop lourd.

– Pas de bavardages, intervient le sergent Werden, marchez plus vite tous les deux.

    Cette intervention déclenche un flot de jurons prononcé discrètement par Johan qui se met au pas de course pour regagner les rangs. Thomas fait de même dans un effort supplémentaire.

    L'heure de déjeuner finit par arriver au grand bonheur des élèves, chacun s'écroule exténuer dans l'herbe, contre un arbre ou sur la terre humide, balançant leur sac à dos et se jetant sur leur gourde.

– Bien, annonce Werden, vous avez un peu plus d'une heure pour manger et vous reposer.

– J'ai envie d'aller aux toilettes, déclare Clara en levant la main, où est-ce que je peux aller ?

– Derrière un arbre, rétorque Leonhard.

     La jeune fille baisse lentement la main en grimaçant tandis que des rires se font entendre derrière elle. Thomas ne rit pas avec les autres, car pour une fois il ressent à peu près le même sentiment qu'elle. Il déglutit difficilement se demandant ce qu'il va faire quand lui aussi devra aller aux toilettes, pour le moment il ne veut pas y penser, son estomac lui réclame à manger.

– C'est toi qui a nos boîtes conserves bouffon ? Demande violemment Johan.

– Oui dans mon sac.

– Bah vas les chercher.   

    « Bien sûr connard » a-t-il envie de dire. Mais il réprime cette envie par principe et se contente d'aller chercher son sac posé au pied d'un grand arbre. Par mégarde, il bouscule Alex qui lui aussi récupère ses affaires. Ce dernier se fige quelques instants et le regarde dans les yeux avant de dire spontanément :

– Je suis désolé.

– C'est bon c'est pas grave, c'est moi qui t'ai poussé.

– Non, je veux dire... Pour la soirée, ce que j'ai fait... Je suis désolé.

    Le visage de Thomas s'assombrit aussitôt, s'il y a une chose dont il ne veut pas parler c'est bien de cette soirée. Et s'il y a une chose qu'il ne veut pas entendre, ce sont les excuses déplorables d'Alex.

– J'en veux pas de tes excuses, marmonne-t-il en attrapant son sac.

    Puis il fait mine de partir, mais est vite retenu par la main du jeune homme empoignant son bras.

– Non attend, laisse-moi au moins...

Il t'a dit qu'il en avait rien à foutre de tes excuses à la con, interrompt soudainement Théo en arrivant.

     Il dégage le bras de Thomas et s'interpose entre lui et Alex.

– Qu'est-ce que tu veux toi ? C'est pas tes affaires.

– C'est pas mes affaires !? Répète-t-il en riant nerveusement. Pourtant t'as bien dit à Thomas d'aller dans mes bras, non ? Je suis concerné.

    Thomas s'écarte légèrement sentant la tension monter, il observe Alex qui semble à court de mot mais qui ne se laisse pas abattre.

– Et alors ? Ajoute-t-il. T'as pas mieux à faire ? Comme aller te shooter à l'héroïne par exemple.

    Théo se met à le toiser longuement, analysant certainement chaque mot sorti de sa bouche avant de lâcher un rire narquois.

– Je vais te buter.

    À peine prononce-t-il cette phrase qu'il attrape violemment la veste d'Alex, sous les yeux hallucinés et terrifiés de Thomas qui tente vainement de dire quelque chose. Mais aucun des deux adolescents ne le remarque, prêts à se battre. Heureusement, deux sergents arrivent et les séparent avant que ne surgisse la catastrophe.

– Hester et Renzi ! S'exclame Leonhard. Cette balade en forêt a ravivé votre instinct sauvage, pour le coup vous me ferez quinze pompes !

    Alex souffle à l'entente de cette sanction, et finit par s'asseoir contre arbre afin de reprendre son calme. Théo continue de le toiser avec fureur en lui crachant un dernier mot :

– Tu caches quelque chose Alex, et je vais le découvrir.    

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Et voilà ! Chapitre posté, normalement il devait arrivé la semaine dernière mais j'ai eu beaucoup de soucis informatique. 

Vous auriez pris le parti d'Alex ou Théo ? ;)

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