30- Flash Back : N'être qu'un spectateur

- Savez-vous combien d'atomes d'oxygène sont présents dans la molécule d'aspirine ? Demande le professeur.

Personne ne l'écoute, les élèves de la classe mènent leurs vies sans même réaliser que nous sommes en cours de chimie. Mais ce n'est pas moi qui vais les raisonner, je les observe les paupières lourdes, attendant impatiemment la fin du cours. Je n'aime pas la chimie, je trouve cette matière tellement ennuyante, même le professeur semble lassé, je le constate à sa voix monotone et à ses yeux fixant le vide. Et dire qu'il s'agit du premier cours de la journée... Je suis déjà épuisée.

Ne sachant pas quoi faire, ou plutôt ne voulant rien faire, je roule entre mes doigts les pointes de mes cheveux. Comme d'habitude et sous les ordres de ma tyran de mère, je me coiffe en faisant deux tresses qui retombent sur mes épaules. Elle dit que de cette manière, ils ne s'emmêleront pas. La façon dont je me coiffe ne me fais ni chaud ni froid, je prévois de me couper les cheveux de toute manière.

La classe est un vrai zoo, il y a ceux qui veulent parler plus fort que le professeur, ceux qui écoutent de la musique, et celles qui se remaquillent. Je les connais bien celles-là, puisqu'elles sont mes meilleures amies dans ce collège. Charlie et Hisa, l'une rousse et albanaise, l'autre brune et japonaise. Je traîne avec elle pour leur sens aigu de la mode, et je pense qu'elles font pareilles envers moi, surtout avec ma mère qui est styliste.

- Eh Judy ! Appelle Charlie du fond de la classe.

Je me retourne et la vois me montrer une feuille de papier sur laquelle est griffonné assez vulgairement une sorte de cochon je crois. Il y a aussi marqué au feutre noir « Katy la grosse truie », je sais déjà ce qu'elle va faire puisque je vois Hisa se tordre de rire à côté d'elle. Mon regard se pose ensuite sur la fille au teint cadavérique assise à ma droite, pourtant elle est plutôt rondelette. Je crois qu'elle, et le garçon aux grandes oreilles derrière elle, sont les seuls à suivre le cours.

Une minute plus tard, elle reçoit une boule de papier en pleine tête, elle pousse un petit cri de surprise et déplie la boule sous le regard amusé de presque toute la classe. Bien sûr c'est le dessin de Charlie. Katy soupire alors longuement et me jette un regard noir... Mais attend, j'ai rien fais moi. Elle se retourne et jette le même regard à Charlie et Hisa. Je suis innocente mais j'ai quand même un sourire scotché aux lèvres je l'avoue.

- Vous êtes des garces les filles, dis-je en souriant.

Hisa me répond en me tirant la langue comme une gamine, et Charlie me fais un clin d'œil. Je me retourne et fais semblant de suivre le cours, je vois que Katy ne suit plus du tout la leçon. Elle a caché son visage entre ses mains, mais je ne pense pas qu'elle pleure, le dessin... Ce n'était qu'une blague non ? Moi je ne trouve pas ça spécialement drôle, mais il n'y a pas de quoi en faire une montagne.

La sonnerie se fait enfin entendre, on peut avoir une pause. Toute la classe sort en troupeau, se bousculant à la sortie... Quand j'avais dit que c'était un zoo... Littéralement. Je range mes affaires et retrouve les filles dans le couloir du collège.

- Vous pensez qu'elle va se suicider à cause de ça ? Plaisante Hisa.

Elle a vraiment des idées bizarres celle-là, mais ses idées collent parfaitement avec son style décalé que j'adore. Charlie se pince les lèvres et fais mine de réfléchir, avant de se moquer.

- Elle va surtout aller chialer dans les toilettes comme d'habitude.

- Elle est trop sensible, j'ajoute en m'adossant contre un mur.

C'est ce que je pense, Katy pleure ou s'énerve toujours pour tout et n'importe quoi. Depuis le début de l'année, je l'entends souvent pleurer dans les toilettes mais je ne vais jamais la voir. Ça ne me concerne pas, et puis je ne la connais même pas, j'ai dû lui adresser la parole deux ou trois fois seulement.

Je commence à me perdre dans mes pensées quand je surprends une boule de papier voler en notre direction et tomber aux pieds de Charlie. Le lanceur n'est d'autre que ce garçon aux grandes oreilles, qui avance vers nous l'air très en colère. Qu'est-ce qu'il veut...

- Tu nous veux quoi Dumbo ? Questionne Charlie l'air mesquin.

- Déjà je m'appelle Stephen ! Ensuite reprend ton sale dessin. Vous êtes justes trois salopes qui cherchent à briser la vie des autres, Katy ne mérite pas ça.

- Bah épouse-la ta Katy, ajoute Hisa.

Pourquoi est-ce que je me fais insulter gratuitement ? Parce que j'ai ri quand Katy a vu cet horrible dessin ? Ou bien parce que je traîne avec la dessinatrice ? Oui je crois que c'est ça, il me met dans le même panier. Mais dans un sens, je me fiche de ce qu'il pense de moi. Je préfère fermer les yeux et le laisser s'énerver tout seul, ce que Hisa a dit ne fait que l'accabler.

- Vous êtes tellement pitoyables... Continu-t-il. Entre la punk déjantée, la bouffonne de service et la petite bourgeoise superficielle, vous êtes exécrables.

Il me toise avec haine, je fais alors de même. Si c'est un duel de regard qu'il veut alors il l'aura, mais je le prends avec amusement et finis par détourner les yeux... Une petite bourgeoise superficielle, vraiment ? Juste parce que je porte des robes de temps en temps, mes parents ne sont même pas si riches que ça, il leur arrive d'avoir des problèmes financiers. Il est peut-être juste jaloux. Hisa lui fait un magnifique doigt d'honneur sous les yeux rieurs de Charlie, et au même moment un garçon de notre classe arrive et bouscule violemment Stephen.

- Vous êtes importunées par monsieur grandes oreilles les filles ? Se moque-t-il.

Juste parce qu'il a dit ça elles se mettent toutes les deux à glousser, surtout Charlie qui est même en train de rougir. Je sais très bien qu'elle a un coup de cœur pour lui, pour Noah. Parce que selon elle, il est beau, viril et il a les yeux verts... Cette fille est presque fétichiste des yeux verts. Á chaque fois qu'elle le voit, elle fond devant lui et redevient une petite fille, c'est ridicule, j'espère que ça ne m'arrivera jamais. Je trouve qu'il n'y a rien de spécial en plus, il n'est pas si beau que ça et il ne sait même pas s'habiller. En tout cas, pendant qu'ils discutent je remarque que Stephen est parti, il a peur de Noah... Il s'est vite écrasé, bien fait il n'avait pas qu'à me traiter de bourgeoise superficielle.

***

L'heure du déjeuner est arrivée et je meurs de faim, je n'ai pas eu le temps de manger ce matin je me suis levée à la bourre, ma mère a même dû m'emmener au collège en voiture. Lorsque je vois la nourriture présentée au self de la cantine, mon estomac se retourne presque, Charlie fait même mine de vomir. Mais j'ai trop faim, alors allons-y pour cette substance verdâtre. Je soulève mon plateau et suis les filles jusqu'à une table, je m'assoie ensuite en face de Hisa qui entame déjà son espèce de purée avec appétit.

- Tu pourrais manger ce truc avec des baguettes ? Interroge Charlie avec un regard sournois.

- Bien sûr, répond Hisa la bouche pleine, pour qui tu me prends.

Je commence à manger avant que ça ne refroidisse, ce n'est pas si mauvais que ça après tout, juste un arrière-goût amère en fin de bouchée. Le réfectoire commence à déjà bien se remplir, heureusement que nous sommes arrivées tôt, parce qu'il n'y a presque plus de place. J'aperçois Katy au self, elle est toute seule. Elle tient son plateau en mains et sort directement du réfectoire, je ne savais pas qu'on avait le droit de faire ça... Je me demande où elle va manger. Mais je n'ai pas le temps de m'interroger sur ça, je viens de coincer de la nourriture dans mon appareil dentaire.

- Eh merde... Je râle.

- Dit tu l'enlèves quand ton appareil qu'on puisse voir ton sourire ravageur ? Me demande Charlie.

- Dans trois mois, je réponds en tentant de retirer ce qui est coincé entre mes bagues.

- Tu les auras plus pour tes quinze ans, c'est déjà ça.

Et j'ai hâte de retirer ces maudites bagues, au moins pour pouvoir me brosser les dents correctement. C'est vrai quoi, combien de fois mon appareil s'est abîmé à cause de ma brosse à dent ? C'est juste l'horreur. Mais Charlie a raison, à mes quinze ans j'en serais débarrassé, d'ailleurs mon père attend qu'on me les retire pour faire une nouvelle photo de famille. Ma mère voudra encore me faire essayer toutes ses robes, et ses chaussures... Ça me saoule déjà.

Je retombe encore dans mes pensées, je n'ai même pas remarqué que Charlie et Hisa sont parties dans une discussion à propos d'un anniversaire ou d'une soirée. Mais de quoi est-ce qu'elles parlent ? Je regarde Charlie en haussant un sourcil en signe d'étonnement.

- Comme je le disais Judy, dans deux semaines Noah fait une soirée pour son anniversaire et on est invités !

Ça y est elle recommence à glousser et à rougir... Mais moi je ne veux pas y aller, j'ai jamais été en soirée en plus.

- Tu t'enjaille trop vite Charlie, dit Hisa en levant les yeux. Il a invité toute la classe, même Katy et Dumbo.

- On s'en fout, allez les filles on y va, nous supplie-t-elle. Et ta mère peut nous prêter des robes Judy ?

- Euh... Bah...

Elle ne me laisse pas le temps de répondre qu'elle part dans un délire sentimental, s'imaginant la reine de la soirée en compagnie de Noah. Je vais la laisser rêver.

- Et puis, reprend-elle plus sérieusement, c'est bientôt la fin de l'année. On aura peut-être plus l'occasion de se voir toutes les trois. Á moins qu'on aille dans le même lycée... Mais toi Judy tu vas choisir un lycée près de chez toi, et Hisa tu comptes arrêter définitivement les cours.

Charlie a vraiment l'air chagrinée, c'est sûr que quatre années passées ensemble dans ce collège ça ne s'efface pas aussi facilement. Je ne sais pas encore si j'irais au lycée près de chez moi, rien n'est décidé.

- On verra, je dis simplement.

- Ouais, ajoute Hisa, je suis pas encore sûre de moi.

***

Il est bientôt dix-sept heures, les cours sont terminés, j'ai hâte de m'affaler dans le canapé en plus je n'ai rien à faire pour demain. Je pousse la porte d'entrée, et je reconnais immédiatement une voix féminine qui m'est familière... Non ce n'est pas ma mère.

- Chloé ! Je crie en entrant.

- Hello ma belle !

Elle est assise à la table de la salle à manger, aidant mon frère à faire ses devoirs. Elle me prend dans ses bras en me voyant, c'est rare qu'elle vienne à la maison en pleine semaine, mais je suis vraiment heureuse de la voir.

- Comment vont Milah et Joffrey ? Je demande.

- Rien de neuf, ils sont en formes. Ils sont partis hier chez leur père.

- Judy est amoureuse de Joffrey tu sais Chloé, intervient mon stupide petit frère.

- Arrête Jimmy !

Chloé se met à rire alors que je deviens rouge de colère à cause lui, ce qu'il peut m'énerver parfois. Je soupire pour essayer de me calmer, au même moment je vois ma mère entrer dans la salle à manger, du tissu et de la craie dans les mains.

- Si tu n'as rien à faire Judy, me dit-elle, j'aurais besoin de toi dans le salon.

Oh non pitié... Je vais encore être son modèle. Je déteste essayer ses tenues, mais comme je n'ai pas mon mot à dire je la suis jusqu'au salon en soufflant. Sur la grande table sont disposés tous ses outils de couture, ses croquis et sa machine à coudre. Je jette un coup d'œil aux dessins, ce sont des robes d'été, un dos nu et décolleté... Faut voir ce que ça donne en vrai, en tout cas ma mère à plus de talent en dessin que Charlie. Je m'approche de la machine à coudre, je sais très bien l'utiliser bientôt je pourrais même confectionner mes propres vêtements, mais je suis franchement pas motivée.

- Fait attention ! Sermonne ma mère. La machine est allumée.

- Ok, je dis en levant les yeux au ciel.

La torture va commencer puisqu'elle prend déjà mon tour de taille, alors qu'elle le connaît par cœur. Ensuite elle m'enroule dans une longue bande de tissu noir, elle place deux trois aiguilles et épingles par-ci par-là, ce qui veut dire que je ne peux absolument pas bouger sans me faire piquer. C'est là que je me dis mais qu'est-ce qu'il a de la chance Jimmy de ne pas être une fille ! Et pourquoi je suis pas un garçon d'abord ? La vie est injuste parfois.

- Tu penses que je devrais rajouter de la dentelle ici ? Me demande-t-elle en désignant le décolleté.

- J'en sais rien maman, mais dépêches-toi.

- Ce que tu peux être désagréable parfois !

Ouais, ouais. Un mannequin, voilà ce que ma mère veut faire de moi, j'en suis certaine. Je repense à ce que Stephen a dit ce matin... Une petite bourgeoise superficielle. Si on en croit la définition une fille superficielle, c'est une fille qui ne pense qu'à la beauté des choses, qui ne se préoccupe pas de ce qui l'entoure. Et plus je m'interroge, plus je me dis que Stephen n'avait peut-être pas tort. J'aime la mode et tout ce qui touche à la beauté grâce à ma mère, et surtout je ne préoccupe pas des autres, leurs histoires ne m'intéressent pas. Je pense que si j'étais dans un film, je serais un personnage secondaire... Non j'ai mieux, je ne serais qu'un spectateur, celui qui assiste aux mésaventures du héros. Mais qui serait le héros ? Stephen ? Katy ? C'est toujours une personne faible au début et qui manque de confiance en elle. Tient, tout ça me fait penser à la soirée de Noah.

- Euh... Maman ? Un camarade de classe organise une soirée chez lui pour son anniversaire dans deux semaines je crois. Je peux y aller avec Charlie et Hisa ?

- C'est la première fois que demande ça... S'étonne-t-elle une épingle à nourrice au bout des lèvres. Tu en as parlé à ton père ?

- Je sais qu'il va dire non... Mais il est à la maison ?

Elle se contente d'acquiescer. Je pensais que mon père était encore en voyage d'affaires ou je ne sais quoi, c'est cool qu'il soit rentré plus tôt, Jimmy a dû être content aussi. Mais je ne veux pas demander à mon père si je peux aller à cette soirée, je sais qu'il ne voudra pas.

- Maman s'il te plaît, ne m'oblige pas à aller le voir... Il va dire non.

- Tu as vraiment envie d'y aller ?

- Bah non en fait. Mais c'est probablement la dernière sortie que je ferais avec les filles.

Elle réfléchit, encore et encore. Je déteste quand elle est indécise comme ça.

- Tu n'as que quatorze ans, je trouve que tu es bien jeune pour aller en soirée... Mais moi je n'ai jamais eu l'occasion d'y aller quand j'étais jeune. Alors je pose mes conditions, tu ne bois pas d'alcool et tu ne touches pas aux cigarettes si on t'en propose. Tu restes bien avec tes amis, et surtout tu ne rentres pas après minuit, tu n'as pas encore l'âge de dépasser cette heure. Je dirais à ton père de venir te chercher.

Elle veut pas venir avec moi et me surveiller toute la soirée aussi ? Ce n'est pas comme si que j'allais me droguer ou quoi que ce soit. Mais au moins je suis autorisé à y aller.

- Merci, je dis.

***

C'est le grand soir, il est dix-neuf heures et on s'apprête à partir chez Noah... Enfin dès que Charlie se sera décidé à enfiler une tenue.

- Et celle-là, elle me va ? S'inquiète-t-elle.

- Bon sang, s'agace Hisa, mais elles te vont toutes choisis-en une ou on ne partira jamais.

J'ai accepté de leur prêter des vêtements pour la soirée, j'espère juste les revoir en bon état. Après que Charlie ait trouvé la robe parfaite, on peut enfin sortir de la maison. On croise mon père qui me lance un de ses regards de tueur dans son fauteuil en cuir. Je peux voir l'effroi sur le visage des filles face à lui, ça me fait rire, il n'est pas si terrible que ça.

- N'oubliez pas que je viens vous chercher à minuit.

- Oui monsieur ! Disent-elles en même temps.

Une fois dehors, je me rends compte que le soleil est déjà presque couché et qu'une brise glaciale survient. J'aurais dû prendre une veste plus chaude, mais tant pis. Je fais confiance aux filles en ce qui concerne de trouver le chemin qui mène à la maison de Noah. Mais les alentours ne me sont pas inconnus, on traverse un vieux parc dans lequel se trouve une maisonnette en bois, je me cachais dedans quand j'étais petite. On passe aussi devant la maison de retraite de la vieille Eva, c'est une vieille femme assez folle qui nous fait bien rire. Hisa pousse un rire aigu en ayant sans doute la même pensée que moi. Après vingt bonnes minutes de marche, on arrive enfin devant la maison de Noah.

- Entrez, déclare-t-il, y'a déjà du monde à l'intérieur.

Sa maison est immense, encore plus grande que la mienne, et puis toutes ces baies vitrées... C'est vraiment beau. On avance dans le salon, la musique est lancée et le son me perce déjà les tympans, je n'aime pas quand le son est aussi fort. Il y a déjà pas mal de personnes, je reconnais certains camarades, il y a aussi d'autres personnes que je ne connais pas et qui semblent plus âgées.

- Sa maison ressemble aux maisons dans les films d'horreur, fait remarquer Hisa.

- T'es glauque Hisa, grimace Charlie.

La soirée s'annonce longue, je ne sais même pas comment on doit se comporter en soirée. Je vais essayer de faire comme les autres et prendre un gobelet pour me servir en boissons. J'avance vers le buffet, toutes sortes d'apéritifs et de bouteilles sont disposés, mais il n'y a que de l'eau et de l'alcool. Je ne bois pas d'alcool, alors je vais devoir me contenter d'un verre d'eau. Hisa me rejoint et me bouscule presque pour remplir son gobelet de bière.

- Ça va rendre la soirée plus intéressante ! Dit-elle enthousiaste.

Si tu le dis...

Le temps défile sous mes yeux, et la soirée de Noah bat son plein. Plusieurs fêtards sont déjà ivres morts, d'autres le sont presque et c'est le cas de Hisa affalée dans le canapé, s'amusant à prendre la télécommande pour un téléphone. Je reste près d'elle, je n'ai que ça à faire de toute façon. Je me suis fait aborder par deux types plus âgés tout à l'heure et il est hors de question que je les recroise. Charlie nous a abandonnées pour son Noah, et elle est aux anges avec lui. J'attends que minuit passe pour que mon père me ramène, je m'ennuie tellement, je suis fatiguée et cette saleté de musique est beaucoup trop forte.

Un bruit sourd surpasse le son des enceintes, je crois que ça vient de la cuisine. J'entends plusieurs rires, ça m'intrigue... Je me retourne et aperçois Katy, elle est trempée de la tête aux pieds. Mais qu'est-ce qu'elle a encore fait pour s'humilier comme ça ? Les moqueries fusent, même Hisa est de la partie alors qu'elle ne doit même pas se rendre compte de ce qui vient de se passer. Et puis pourquoi Katy est venue à cette soirée ? Il n'y a que des gens qu'elle méprise ici. Stephen est venu, alors elle l'a suivi. En tout cas, elle est encore en mauvaise posture, elle est trempée d'alcool et elle empeste. Je la vois filée à toute vitesse pour monter à l'étage et s'enfermer dans une chambre.

- Elle va encore chialer, plaisante Charlie.

Les rires recommencent, et je ne sais pas pourquoi mais je ris aussi.

Je surveille constamment le réveil, il est presque minuit mon père devrait bientôt arriver, il pourra aussi porter Hisa parce que je ne pense pas qu'elle soit en état de bouger. Je ferais mieux d'aller chercher ma veste, mais elle est dans la chambre où est Katy. Tant pis, je ne la dérangerais qu'une seconde. Je quitte le canapé et monte à l'étage, j'hésite un peu avant d'entrer dans la chambre, je vais d'abord toquer... Mais je l'entends pleurer. J'ouvre doucement la porte, la lumière n'est même pas allumée.

- Je récupère juste ma veste.

J'allume malgré elle, puis... Du sang... Une mare de sang. Dans sa main droite, un espèce de couteau qu'elle a dû prendre dans la cuisine, sur son bras gauche une entaille et un filet de sang qui s'écoule... Elle pleure.

Qu'est-ce qu'elle a tenté de faire ? C'est insensé. J'ai le cœur qui bondit, je me sens pas bien du tout. Je suis pétrifiée, je ne sais pas quoi faire. Je devais récupérer ma veste... Qu'est-ce que je fais ? Elle veut vraiment mourir ?

- Katy...

Quelqu'un me pousse brusquement sur le côté, c'est Stephen. Il se précipite vers Katy l'air terrifié. Je recule et descends machinalement l'escalier, tandis que les autres suivent Stephen rongés par la curiosité. Et les rires recommencent. J'entends le rire de Charlie plus fort que les autres. Mais pourquoi ? Ce n'est pas drôle.

Bande de monstres.

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