25- Problème inattendu
Douleur... Thomas marche à grands pas vers l'infirmerie de l'école, mais il ralentit tout en serrant sa main qu'il a placée au niveau de son cœur. Il est épuisé, ce qu'il vient de vivre l'a complètement éreinté. La douleur commence à se calmer, et laisse place à de la frayeur et de la surprise. Il arrive devant la porte de l'infirmerie, mais ne toque pas. Il s'appuie contre celle-ci, régule sa respiration et tente de se remettre les idées en place.
Beaucoup d'élèves passent sous son nez, allant dans diverses directions. Certains lui laissent des regards appuyés et interrogateurs. Thomas ferme simplement les yeux et les ignore, afin de se retrouver seul avec lui-même. La douleur qu'il vient d'avoir à la poitrine était atroce, il en a encore des sueurs froides. Elle s'est déclenché au moment où Alex a posé ses lèvres sur les siennes.
En se remémorant cette scène, Thomas ne peut s'empêcher de frapper frénétiquement l'arrière de son crâne contre le mur. Des centaines de questions défilent dans son esprit : «Pourquoi est-ce qu'il a fait ça ? Il aurait des sentiments envers moi ? Et surtout... Pourquoi je ne l'ai pas repoussé ?» S'interroge-t-il en frappant sa tête de plus en plus fort. Le manque de réponses face à ces questions ne fait qu'accentuer son agacement.
Soudainement, une voix se met à l'interpeller dans la foule d'élèves traversant le hall.
– Toi ! Dit une inspectrice en avançant vers lui. Tu n'as pas le droit de rester ici, je te pris de circuler.
L'adolescent soulève lentement ses paupières, et observe la personne qui se situe en face de lui. Une jeune femme au teint hâlé, le regard sévère et portant un tailleur brun. Il reconnaît cette inspectrice, il s'agit de la seule femme parmi les quatre inspecteurs, celle qui possède un regard perçant. Ses mains posées sur ses hanches dévoilent son impatience.
– Maintenant que j'y pense, ajoute-t-elle, donne-moi aussi ton matricule.
Thomas se racle la gorge à l'entente de ce mot, même s'il sait maintenant ce qu'est un matricule. Il ne peut pas donner le sien, tout simplement car il ne porte pas son collier aujourd'hui. Il ne l'a d'ailleurs pratiquement jamais porté. La sensation de la chaine et de la plaque froide sur sa peau le gêne au plus haut point, en particulier lors des entraînements. D'aussi loin qu'il s'en souvienne il n'a jamais porter de collier, au grand désespoir de sa mère, il n'en voyait pas l'utilité. Mais aujourd'hui, il commence à en comprendre l'utilité, en tout cas l'utilité d'une plaque militaire.
– Je ne l'ai pas. Déclare-t-il naturellement.
La jeune femme sort immédiatement un calepin et un stylo de la poche intérieure de sa veste, et prend note de ce qu'il vient de dire.
– Donc il est correct d'après toi, pour un étudiant de l'école, de circuler sans son matricule ?
Thomas ne répond pas, et tente de ne pas s'énerver. Pour le moment, il aimerait juste qu'elle passe son chemin.
– Quel est ton nom ? Continue-t-elle.
– Thomas Arguer ! Rétorque-t-il violemment.
– Je vois, dit-elle en affichant une mine surprise. Mon collègue a déjà parlé de toi ce matin. Tu me sembles un peu insolent, une discussion avec le général Oswald te serait bénéfique. Viens avec moi.
Le jeune homme la regarde, la bouche entrouverte, ne s'attendant pas à cette décision. Il voulait qu'elle s'en aille, et maintenant elle veut l'emmener avec elle, qui plus est, pour se rendre dans le bureau du général Oswald : «Il en est hors de question»
– Je reste ici, dit-il machinalement.
Cette phrase s'échappe involontairement d'entre ses lèvres, et il regrette ses paroles l'instant d'après, faisant une brève grimace.
– Pardon !? S'indigne l'inspectrice.
Son regard s'intensifie, elle s'apprête à reprendre la parole, mais quelqu'un l'interrompt soudainement.
– Il a rendez-vous avec moi !
Thomas reconnaît la voix de Chloé, et la voit s'approcher, un sourire radieux aux lèvres.
– Je vais m'occuper de lui merci, ajoute-t-elle.
– J'allais justement l'emmener voir le général Oswald, annonce l'inspectrice calmement, les yeux toujours rivés sur Thomas. Il a fait preuve d'insolence, de plus il n'a pas son matricule.
L'adolescent reste muet et fixe Chloé, attendant impatiemment qu'elle riposte.
– Comme je viens de le dire, rétorque l'infirmière en gardant le sourire, monsieur Arguer a rendez-vous avec moi pour un examen, et la santé des élèves de l'école est une priorité. Et puis, je ne pense pas que le général apprécierait qu'on lui amène un élève, il est très débordé en ce moment.
Ne sachant plus quoi répondre et ne voulant pas perdre son sang-froid, l'inspectrice reporte son regard vers Thomas avant de conclure :
–Je vois, je vous le laisse. Bonne soirée.
À peine achève-t-elle sa phrase, qu'elle tourne les talons et disparaît dans la foule, sous les yeux de Chloé et Thomas. Ce dernier pousse un soupir de soulagement, tandis que Chloé efface son sourire forcé. Elle sort de sa poche un trousseau de clefs, et en choisit une afin d'ouvrir la porte de son cabinet. Après y avoir invité l'adolescent, elle referme rapidement la porte. Pendant qu'elle enfile sa blouse blanche, Thomas en profite pour s'asseoir sur le divan d'examen.
– Je l'ai échappé belle, dit-il. Merci Chloé.
– Ne t'en fais pas ma belle, rétorque la jeune femme en retroussant les manches de son vêtement. Ces inspecteurs sont des renards très sournois, en particulier celle-là. Mais si tu croises encore son chemin, prend ton matricule avec toi.
Elle laisse échapper un petit rire, mais l'adolescent ne réagit pas. Il garde la tête baissé, et affiche un air préoccupé. Chloé tente alors de relancer la discussion légèrement gênée :
– Sinon, qu'est-ce qui t'amène ici ?
Thomas commence à parler, les lèvre tremblantes et les yeux fixant le sol.
– Après le cours de badminton, j'ai ressenti une douleur intense au niveau de la poitrine. Au début j'ai cru qu'il s'agissait d'une crise cardiaque, mais ensuite ça c'est calmé. J'aimerais que tu m'examines pour voir s'il y a un problème... Il se stop avant de reprendre plus doucement. Il s'est aussi passé quelque chose de... D'inattendu.
Le visage de Chloé s'assombrit soudainement, un mélange d'étonnement et d'inquiétude paraît dans son regard. Elle s'empare du matériel nécessaire à l'examen de Thomas, et pose le tout sur une petite table.
– Raconte-moi tout, déclare-t-elle en commençant à l'examiner.
Thomas déboutonne sa veste, puis enlève son t-shirt dévoilant les bandages qui masquent sa poitrine.
– Tu n'as entendu aucune rumeur à mon sujet ? Questionne-t-il.
– Non, aucune. Pourquoi ?
– Eh bien, l'autre jour Clara... Tu sais la fille brune qui se prend pour une top-modèle, elle a essayé de m'embrasser.
– Q-Quoi !? S'exclame la jeune femme. Mais pourquoi toi ? Tu ne l'as pas laissé faire au moins ?
– Justement ! Réplique-t-il. Je l'ai repoussé et pour ne pas que son ego en prenne un coup, la seule raison valable qu'elle ait trouvé à mon refus de l'embrasser est de penser que je suis gay, enfin Thomas. Et je ne sais pas pourquoi c'est moi qu'elle voulait embrasser... Ça n'a aucun sens. À cause d'elle, toute l'école ou presque pense que je suis gay.
L'adolescent attend une réaction de la part de Chloé, et à sa grande surprise celle-ci éclate de rire allant même à verser une larme. Thomas fronce les sourcils, vexé, puis peste.
– Pardon, lui dit-elle en se calmant. Mais tu as raison ça n'a pas de sens, cette fille doit être stupide. Mais heureusement, personne n'a découvert que tu es une fille.
– Ouais, heureusement... Souffle le jeune homme. Mais je me suis quand même senti mal sur le moment, surtout que les insultes et les regards de travers ont commencé à jaillir. Je voulais venir te voir plus tôt mais tu n'étais pas là. Alors j'ai été parler à Leonhard.
– Je ne crois pas qu'il soit d'une aide précieuse, avoue Chloé en attrapant un stéthoscope. Qu'est-ce qu'il t'as dit ?
– Il m'as dit de laisser la rumeur se propager, et affirmer que Thomas est gay. Après tout, c'est vrai que j'aime les garçons.
– Oui, mais tu aurais aussi pu dire que tu avais déjà une petite amie, personne ne t'aurais regardé de travers. Respire un coup s'il te plaît.
Thomas s'exécute, et poursuit la discussion :
– Je n'avais pas la force d'inventer un autre mensonge. Ça m'aurait fait un poids de plus à porter sur mes épaules...
– Dis-moi, interrompt l'infirmière, à quel moment exactement tu as ressenti cette douleur à la poitrine ? Est-ce que tu as reçu un choc ou quelque chose comme ça ?
– Euh... C'était à la fin du cours, Alex... il m'a embrassé, et lui je n'ai pas réussi à le repousser. C'est là que j'ai cru que j'étais en train de faire une crise cardiaque.
Pendant un instant Chloé paraît désorientée, et fixe Thomas sans parler.
– Mais Alex est un garçon, n'est-ce pas ?
Thomas se contente d'acquiescer.
– Je vois, soupire-t-elle. Tout ça m'a l'air très intéressant, enfin surtout un peu étrange... Mais pour l'instant on fait face à un problème plus grave...
Thomas arrive à apercevoir le tourment sur le visage de Chloé, il ne comprend pas et sent la peur lui parvenir.
– Qu'est-ce que tu veut dire ?
– Quand tu pensais que cette douleur à la poitrine était dû à une crise cardiaque,explique-t-elle, tu n'avais pas tout à fait tort.
Soudain, tout ce qu'il pensait être des problèmes graves tels que la rumeur propagée par Clara et le baiser d'Alex, Thomas les voit disparaître et être remplacé par ce que Chloé vient de lui annoncer. Il reste sans voix, et accélère malgré lui sa respiration.
– Ce sont tes bandages qui en sont la cause, poursuit la jeune femme, tu as failli faire un infarctus du myocarde aigu. C'est-à-dire que l'afflux de sang vers les artères qui alimentent le cœur, s'est retrouvé bloqué. Avec la diminution du flux sanguin, le muscle cardiaque n'a plus reçu assez d'oxygène.
– Je ne comprends pas ce que tu dis Chloé... Soit plus clair, Demande Thomas la voix tremblante.
La jeune femme se racle la gorge en le voyant apeuré, elle cherche ses mots, et finit par déclarer :
– Pour faire court, il ne faut plus que tu portes de bandages. Ou plutôt, tu ne dois plus compresser ta poitrine. C'est trop dangereux.
L'adolescent se met à rire de façon nerveuse, tout en plaçant sa tête entre ses mains.
– Tu sais bien que c'est impossible.
Chloé ferme les yeux et fronce les sourcils, semblant réfléchir intensément.
– Écoute, je vais trouver une solution. Mais en attendant tu ne dois plus mettre ces bandages. Retourne dans ton dortoir, et ne va pas en cours demain, reste dans ta chambre pour te reposer un peu, je vais te faire un justificatif.
Thomas hoche simplement la tête, même s'il ne voit pas de solution à ce problème. Il ne peut pas se faire passer pour un garçon sans ces bandages, on le repérerait trop vite. Mais il ne peut pas non plus mettre sa vie en danger. Il se lève en silence et se dirige toujours aussi angoissé vers la porte.
– Ne t'en fais pas, ajoute Chloé, je vais trouver une solution.
Il hoche la tête une fois de plus, et part en direction de son dortoir sans dire un mot.
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Bonjour à tous ! Voilà le chapitre 25 de publier, c'est pas vraiment le meilleur de tous, mais j'essaye de rattraper mon retard *rire nerveux*
Et vraiment désolé pour ce long retard, mais comme je rentre bientôt à la fac j'ai été stressé pendant deux mois *rire nerveux (encore)* Mais pour me rattraper je sors le prochain chapitre demain !
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