11- Tu es une fille
– Alors, tu ne dis plus rien ? Interroge Leonhard avec un ton exagéré.
Thomas se fige, ses yeux s'écarquillent, il n'arrive pas à croire ce que le sergent Leonhard vient de dire. Il a été découvert. Il le regarde droit dans les yeux, mais ne peut sortir aucun mot de sa bouche. De toute façon, quoiqu'il dise, il est piégé. L'école militaire appellera la police et il se fera arrêter, ainsi que Chloé, vu qu'elle est sa complice.« Puis ils me retrouveront, et ils me tueront... C'est sûr. » Se dit-il. Leonhard continu de le fixer sans décrocher son sourire railleur.
– J'avais vu juste alors, déclare-t-il. Thomas Arguer est une fille !
Après ces derniers mots, Thomas tente de s'enfuir en détalant, mais à peine pose-t-il son pied sur la première marche de l'escalier que Leonhard l'attrape par l'épaule et le fait s'asseoir violemment sur une vieille chaise en bois. Le jeune homme ne peut s'empêcher de trembler de tous ses membres, complètement désemparer.
– Pas si vite petite travestie, ordonne-t-il, j'en ai pas finis avec toi. Tu vas tout me raconter, ma grande.
Il articule particulièrement sur ce dernier mot. Thomas tente de se ressaisir, il se rend compte que Leonhard n'est pas un professeur comme les autres. N'importe qui aurait été le dénoncer à la direction sur-le-champ, mais lui non. Il garde son grand sourire sur les lèvres, et a l'air de prendre tout ça à la légère. Thomas est à bout de nerfs.
– Allez vous faire voir. Prononce-t-il lentement.
– Non, non, se moque le sergent, ce n'est pas la bonne réponse. Très bien, tu ne veux pas parler...
Il s'arrête un instant, et sort de sa poche un briquet et un paquet de cigarette, il en allume une et tire une bouffée.
– Je vais essayer de déceler tout ça puisque tu ne veux rien dire, on a encore beaucoup de temps avant le dîner.
– Pourquoi est-ce que vous ne me dénoncer pas ? Questionne l'adolescent. Dans tous les cas je suis renvoyé vu qu'on pense que j'ai volé un couteau.
– Une adolescente qui prend le risque de se faire passer pour un garçon dans un lycée militaire, répond Leonhard, je ne pense pas que ce soit pour s'amuser. En plus, tu as forcément eu ta visite médicale... Et cette année, nous avons une nouvelle infirmière... Elle est avec toi, n'est-ce pas ?
Thomas ne répond pas, mais i hoche mécaniquement la tête.
– Je ne vais pas vous dénoncer, annonce-t-il.
Un frisson parcourt le jeune homme et son cœur bondit, il est encore sauvé, mais il n'arrive pas à le croire.
– Pourquoi ? Demande-t-il suspicieux.
Leonhard prend une nouvelle bouffée de cigarette avant de se mettre à rire.
– J'ai envie de me marrer un peu, dit-il, je veux voir comment une fillette déguisée en garçon va s'en sortir dans cette école. Je t'ai sauvé une fois, mais ça n'arrivera pas une deuxième fois. Je ne veux pas être mêlé à ton histoire, est-ce que c'est clair ?
Il hoche de nouveau la tête, même s'il n'est pas convaincu par ses propos. Mais il reste encore l'histoire du couteau volé.
– Et pour le couteau ?
– J'allais y venir, je sais que tu n'as pas volé ce couteau de lancer. Mais tu sais qui l'a volé, n'est-ce pas ? Tu vas me dire qui, et il se fera renvoyer.
– C'est Théo. Déclare Thomas d'une voix ferme.
– Ça a le mérite d'être clair. C'est donc cet imbécile de Théo Renzi... parfait, je le supportais plus celui-là.
Si Théo est renvoyé, il ne pourra pas se venger. Et il veut plus que tout lui faire payer pour l'entaille qu'il a sur le bras. Mais il veut aussi comprendre pourquoi est-ce qu'il s'acharne autant sur lui. Il a parlé trop vite.
– Attendez ! Reprends Thomas. Je... Je retire ce que j'ai dit, Théo ne peut pas se faire renvoyer.
– Comment ça ? Il a le couteau oui ou non ?
– Il l'a, et il m'a blessé avec. Mais je veux lui faire payer pour ça.
– Ça, c'est ton problème, réplique Leonhard. Théo a enfreint les règles de l'école, il a volé une arme. Il doit se faire renvoyer.
Thomas soupir, « Je vais tenter quelque chose... Mais je ne sais même pas pourquoi je fais tout ça pour lui » songe-t-il.
– J'ai menti, annonce-t-il, ce n'est pas lui qui a volé le couteau de lancer, c'est moi.
Leonhard se fige, et fixe Thomas dans les yeux tout en esquissant un demi-sourire.
– Joue pas à ça avec moi gamine, je sais que ce n'est pas toi.
– J'étais angoissé à l'idée qu'on découvre qui je suis, ment-il. Alors j'ai volé un couteau et me suis entaillé le bras avec, puis je l'ai balancé quelque part. Renvoyez-moi.
Thomas voit Leonhard passer sa main dans ses cheveux, il souffle et semble réfléchir. Le jeune homme a réussi à l'embrouiller, il ne peut pas renvoyer un élève s'il est innocent.
– Tu n'es pas une bonne menteuse, dit-il. Mais je veux en finir avec cette histoire, alors vu que tu sembles vouloir prendre toutes les responsabilités, tu vas me retrouver ce couteau sinon tu régleras ça avec le général lui-même. Au lieu de te renvoyer, je vais essayer de t'arranger quelques séances avec la psy, puisque tu es "angoissé". Maintenant file, j'en ai marre de toi. Mais, je finirais par découvrir qui tu es tôt ou tard.
Thomas esquisse un sourire malgré lui, il ne se fera pas renvoyer. Il se lève, ses jambes tremblent encore, même s'il est soulagé. Mais maintenant, une personne de l'école est au courant pour lui, et il ne sait pas si elle digne de confiance. Tout ne tient plus qu'à un fil, et cela l'angoisse réellement. Avant de s'en aller, il pose une dernière question à Leonhard.
– Au fait, comment vous avez deviné que je suis une fille ?
Il éclate de rire, comme s'il s'agissait d'une évidence.
– Je suis professeur de sport dans un lycée militaire, répond-il. J'ai tout compris la première fois que je t'ai vu courir. Les filles n'ont pas la même façon de courir que celle des garçons, tout se voit dans les hanches. Tu ne pourras jamais changer ça, alors fait attention... Et puis entre nous, tu ne ressembles pas vraiment à un garçon.
Le jeune homme baisse les yeux, depuis le début il était démasqué, pourtant Leonhard n'a rien dit. Il ne sait pas comment réagir face à ça.
– Merci sergent, dit-il seulement avant de partir.
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