2. Harry
Un an et demi ! dix huit mois ! 547, 87 jours ! 13148 heures ! 788880 minutes et 47 332 800 secondes que je suis en break. Les gars et moi en avions grandement besoin. Cinq ans que nous sillonnons les routes du monde entier. Je n'aurais jamais imaginé pouvoir visiter autant de pays en si peu de temps. Enfin, visiter c'est un bien grand mot, parce que, soyons honnête, nous ne jouions pas aux touristes. A peine avions nous fouler le tarmac que nous étions emporté dans un tourbillon de shooting photos, interviews, séances de dédicaces et répétitions. Pas un seul instant de répit. En général nous arrivions la veille du concert et nous repartions dès le lendemain. Pas le temps de réaliser où nous étions. C'est tellement dommage, sachant que nous avions chacun un pays de prédilection : les Etats-Unis pour Liam ; l'Australie pour Louis ; la France pour Niall et le Japon pour moi. Nous sommes allés dans chacune de ces contrées mais tout ce que nous en avons vu ce sont les plateaux de télévision et la salle de concert dans laquelle nous devions performer.
N'allez pas croire que je sois amer, ni que je regrette tout ce que j'ai vécu. Loin de là. Je suis reconnaissant pour tout ce que j'ai pu vivre. Je suis reconnaissant de pouvoir faire ce que j'aime : chanter. Je suis heureux de pouvoir vivre de ma passion et d'avoir eu la chance de rencontrer autant de personnalités. Je ne me plaindrai pas non plus d'avoir la chance de fréquenter autant de jolies femmes, des mannequins, des chanteuses et j'en passe. C'est grisant. Le milieu du show-biz est grisant. Les mondains se mélangent entre eux, forcément, puisqu'on ne peut se rapprocher que des personnes qui gravitent autour de nous. Pourtant est-ce que tout cela est suffisant ? Est-ce que passer sa soirée en boîte permet de se sentir moins seul dans sa chambre d'hôtel le soir ? Est-ce que se saouler permet d'oublier à quel point on se sent seul loin de sa famille et de ses amis ? Est-ce qu'être le petit-ami de la chanteuse la plus en vue du moment rend forcément heureux en amour ?
Il n'y a qu'une seule et même réponse à toutes ces questions : NON. Le fait d'être riche, adulé par des millions de jeunes filles, invité à toutes les soirées huppées ne me rend pas supérieur à vous. Je ne suis pas plus heureux que vous pour autant. Je suis seulement différent. J'ai parfois l'impression d'être complètement déconnecté du monde réel depuis cinq ans. C'est comme si, chacun de mes gestes et chacune de mes pensées étaient anticipés et prédéfinis. Je ne suis plus maître de rien. Je dois suivre les consignes imposées par la production et le management.
Lorsque nous avons commencé notre carrière, tout était parfait. Nous avions des personnes pour nous guider et nous conseiller, comme le font des parents. Nous étions des gosses immatures et naïfs. Tout ce qui nous préoccupait c'était de chanter, de voyager, de signer des autographes et de profiter de notre soudaine popularité auprès des filles. Je n'étais pas le dernier pour ça d'ailleurs. J'ai largement usé et abusé du privilège d'être célèbre. Je changeais de copine aussi souvent que de caleçon. « Une copine par ville » comme s'amusait à me charrier Louis. En y repensant je ne suis pas très fier de l'image que je pouvais renvoyer. Je n'en avais pas conscience à l'époque. Je m'amusais et c'est tout ce qui m'importait. Je n'avais pas conscience des conséquences. De toute façon, notre staff passait derrière nous pour maîtriser les éventuels débordements. Nous n'avions à nous soucier de rien.
C'est pratique quand vous avez 16 ans, mais lorsque vous vous réveillez à 22ans, que vous faites un bilan de votre adolescence, vous vous prenez vos erreurs en pleine figure. Vous vous rendez compte du souci que vous avez pu causer à vos proches et du tort que vous avez pu faire à certaines personnes. Le pire dans tout ça c'est que l'on ne peut rien y changer. Le temps passe, la vie file et nous n'avons aucune prise sur elle. Il faut accepter ses failles et vivre avec, tout en essayant de mieux agir à l'avenir.
Il y a deux ans, lorsque l'un de nos amis a fait le choix de quitter le groupe, j'ai eu beaucoup de mal à l'accepter et à comprendre sa décision. Nous étions au sommet de notre gloire, si je peux m'exprimer ainsi. Nous enregistrions un album par an et nous enchaînions directement avec la promotion et les tournées. Nous n'avons pas pris de vacances en cinq ans de carrière, exceptés les rares pauses que la maison de disque nous octroyait entre deux concerts. Zayn et Louis n'ont pas vu leurs petits frères et sœurs grandir ; Niall n'a pas pu jouer son rôle de témoin et parrain comme il se doit ; Liam n'a pas su rassurer ses parents quant à sa santé. Il n'a pas suffisamment pris soin de lui durant ses cinq ans. Il ne vivait que pour le groupe. Quant à moi, j'ai été égoïste. Je me suis éloigné de ma mère dont j'étais si proche il n'y a pas si longtemps. Je n'ai pas félicité ma sœur pour l'énergie qu'elle a déployé à créer son entreprise. J'ai l'impression d'avoir laissé tomber toutes les personnes à qui je tiens le plus. Je n'ai pas réfléchi aux conséquences de mes actes. Je ne me suis pas demandé si mon comportement pouvait blesser ma famille. J'ai seulement profité du moment présent. J'ai pris tout ce que la vie m'offrait : l'argent ; la célébrité ; les femmes mais je n'ai rien donné en retour. Les fans diront que je leur ai tout donné, mais du temps, des sourires, des câlins, des embrassades, des accolades, des autographes, ce n'est pas l'essentiel. C'est surtout contractuel, arrêtons de nous leurrer !
Attention, ne vous méprenez pas, j'ai toujours été sincère avec les fans. J'aime les rencontrer et pouvoir discuter avec eux, mais tout est toujours chronométrer. La consigne était : un autographe et une photo par fan, pas plus. Si quelqu'un s'attardait il était vigoureusement raccompagné par les gardes du corps. Nous ne pouvions pas prendre du temps pour les fans. Nous devions courir sans cesse. Comme le disait notre manager « le temps c'est de l'argent ». A l'époque, je ne prêtais pas vraiment attention à tout ça. Je ne savais pas encore à quel point l'image que l'on renvoie peut vous coller à la peau, ni à quel point vos paroles et vos actes peuvent être détournés à vos dépends.
L'adage dit qu'« avec des si on referait le monde », mais si j'avais fait plus attention, et si j'avais été un peu plus malin, j'aurais préservé davantage ma vie privée et aucune de ses rumeurs ridicules n'aurait filtré. Vous voyez de quoi je parle n'est-ce pas ? Mais si voyons, il y a deux rumeurs qui m'ont plus particulièrement tenu éveillé ces dernières années. La première concerne ma réputation de Don Juan infidèle. Une histoire qui fait de moi un « homme à femmes » incapable de s'investir dans une relation, ni de résister à une paire de fesses. S'il n'y avait que cela, ce ne serait rien. Je pourrais même me sentir flatté mais il y a cette seconde rumeur, celle qui, ironiquement, contredit en tout point la précédente. Vous savez, cette anecdote qui me décrit comme « gay » et -encore mieux- en couple avec mon pote Louis !
Vous voulez savoir ce qui est le pire pour moi ? C'est le fait que toutes ces rumeurs émanent de personnes qui se disent être nos fans. Ces pseudo-fans ont même inventé une nouvelle communauté : « les larryshipper ». De plus, il y a deux groupes de personnes qui se vouent une véritable rivalité sur les réseaux sociaux à propos de cela. Il y a ceux qui se font appeler les « pro Larry » et ceux qui se renomment les « anti Larry ». Le jour où j'ai découvert cela sur Twitter je suis resté scotché à mon écran. Je n'en croyais pas mes yeux. Je ne comprendrai jamais comment on peut s'immiscer de la sorte dans la vie privée de quelqu'un. Après tout, qu'est-ce que ça peut bien faire que je sois un mâle en rut ou bien que je sorte avec l'un de mes meilleurs amis ? C'est ma vie, je fais ce que je veux. Personne ne peut se vanter d'être parfait. Je n'avais pas soupçonné l'impact des réseaux sociaux !
Toutes ces histoires m'auraient bien fait rire si elles n'avaient pas eu de conséquences sur ma famille. Ma mère a reçu des lettres d'insultes qui m'étaient destinées. Elle a beaucoup souffert de l'image qui a pu être véhiculée sur moi dans la presse people. Elle ne m'a jamais fait de reproche, mais j'ai vu de la déception dans ses yeux à de nombreuses reprises. Je sais qu'il y a un certain nombre de mes choix qu'elle n'a jamais compris, ni accepté.
Aujourd'hui, je ressens le besoin de renouer avec ma mère, mon beau-père et ma sœur. J'ai envie de leur montrer que le Harry qu'ils ont toujours connu est toujours là, qu'il n'est jamais parti. J'ai envie que ma mère soit fière de moi, comme elle l'était au début de cette aventure. Je pense que j'ai, plus que tout, besoin d'être fier de moi. J'ai envie de vivre une vie normale. J'ai envie d'être heureux tout connement.
2ème chapitre! 2ème point de vue! Donnez votre avis. Commentez!
A très bientôt!
Bises.
Lilie§
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