8 - remise des prix
Des rangées de chaises étaient disposées au centre de la grande place. La foule n'étant pas encore très dense, Marzia réussit sans mal à trouver une place assise. Elle sortit le papier de sa poche et l'observa une nouvelle fois, comme si un texte caché pouvait y apparaître – mais rien n'avait changé depuis qu'elle l'avait lu.
Son pied tapait nerveusement contre le sol. La jeune femme se figea dès qu'elle se rendit compte de son geste. Elle n'avait aucune raison d'être nerveuse : elle avait prit la décision de venir à la remise des prix, et maintenant elle devait assumer. Il était trop tard pour partir.
Marzia redressa le menton, et immédiatement, son regard se fit plus assuré. Elle se détendit. Autour d'elle, les habitants s'installaient en discutant bruyamment du concours. Elle pouvait ressentir la bonne humeur qui régnait sur la grande place.
Soudain, un large écran apparut devant eux et le silence se fit. Un homme-hologramme surgit juste devant. Bien qu'elle ne l'ai jamais vu auparavant, Marzia se douta qu'il s'agissait d'un homme important sur la planète.
— Bienvenue pour la remise des prix de la vingt-huitième édition du concours de Zetenia. Comme chaque année, nous avons eu des participations extraordinaires – les départager a été difficile, mais vous avez pu voir les résultats officiels hier. Aujourd'hui, nous allons récompenser les trois premiers gagnants, qui nous on coupé le souffle avec leur créations aussi originales que sophistiquées. Zetenia est extrêmement fière d'avoir parmi ses habitants ces petits prodiges. Veuillez tout d'abord accueillir Zane Nellis, créateur du phénix qui a été un coup de cœur pour le jury.
Le dénommé Zane s'avança devant l'écran, qui faisait défiler des images de sa machine-phénix. Selon Marzia, il avait largement mérité sa troisième place. Le second vainqueur ne la surprit pas non plus : il s'agissait de Ion, l'ami de Rhysa. La jeune femme se redressa légèrement sur son siège. Elle n'avait reçu aucune nouvelle de son amie depuis l'incident de l'atelier. Cependant, elle avait continué à discuter avec les autres membres du groupe, qui n'étaient pas présents ce soir là.
Marzia se doutait que la raison de leur absence était qu'ils n'approuvaient pas les robots de Viktor.
Le regard de Ion balaya les spectateurs, sans s'attarder sur elle. Il reçu un nouvel équipement à la pointe de la technologie et s'éloigna de l'écran, son prix entre les mains, un large sourire collé au visage. Il ne manqua pas de saluer la foule et son attention tomba sur Marzia. Le petit sourire gêné qu'il lui offrit la laissa perplexe. Cela ressemblait étrangement à une excuse, mais s'il n'était pas en colère contre elle, pourquoi ne pas lui avoir parlé depuis deux jours ? Suivait-il simplement l'exemple de Rhysa ?
Cependant, la jeune femme n'eut pas le temps de s'interroger longtemps : le vainqueur de la compétition allait être appelé.
— Et laissons maintenant place au fameux gagnant de cette compétition. Avec son dragon enflammé qui a marqué les esprits de plus d'un d'entre nous... voici Viktor Creek !
Marzia l'observa s'avancer devant l'écran. Bien qu'il ait revêtu un sourire beaucoup plus avenant qu'habituellement, la jeune femme ne s'y trompa pas : son air était toujours aussi froid. Comme s'il n'avait pas envie d'être là. Mais ce n'était pas si étrange, étant donné qu'il avait clairement déclaré ne pas vouloir la récompense.
Le regard de Viktor croisa celui de Marzia au milieu de son discours de remerciement. Il ne s'arrêta pas de parler – mais ses yeux exprimèrent sa surprise. Avait-il pensé qu'elle ne viendrait pas ?
Lorsque la remise des prix fut terminée, la foule se dispersa rapidement. Les habitants retournaient travailler, supposa Marzia. Elle se leva à son tour, sa veste dans les mains, les rayons du soleil frappant sa peau. Elle remarqua le regard de Viktor posé sur elle tandis qu'elle s'avançait vers lui.
— Qu'est ce que tu fais ici ?, interrogea-t-il.
Elle déplia le papier et lui tendit.
— C'est à toi, non ?
— Pourquoi...
Il ne termina pas sa phrase, observant la brochure. Marzia n'arriva pas à déchiffrer son expression tandis qu'il la retournait rapidement. Un doute la prit soudain : et si Viktor ne lui avait jamais donné le papier ? Et si elle avait simplement oublié l'avoir prit quelque part ?
— Je l'ai trouvé dans ma veste.
Viktor releva la tête vers la jeune femme. Une lueur de compréhension éclaira son regard. Il se contenta cependant de hausser les épaules, comme si leur conversation l'ennuyait. Marzia ne savait quoi penser – son comportement était étrange. Il prit la parole :
— Je ne pensais pas te revoir. C'est déjà la deuxième fois que tu t'enfuis comme une furie de mon atelier.
La jeune femme haussa les sourcils. Comme une furie ? Mais elle prit sur elle pour ne rien lui rétorquer. Elle était venue à la remise des prix pour une raison, et elle allait jusqu'au bout.
— On peut discuter un moment ?
Mais Viktor afficha un air presque amusé. Il la dévisagea.
— Pourquoi ? Tu m'as déjà dit tout ce que tu penses mon travail.
— J'ai réfléchis à ce que tu m'as dit.
Alors qu'elle allait continuer sur sa lancée, Viktor la coupa en s'exclamant :
— Oh, et je suis obligé de t'écouter à chaque fois que tu te fais une nouvelle réflexion ?
— Pardon ?
— Tu t'occupe de mes affaires sans que je ne t'ai rien demandé et maintenant tu veux m'imposer d'écouter ton opinion. Je ne vois pas ce que ça peut m'apporter.
Marzia resta silencieuse quelques secondes, la gorge bloquée. Il en profita pour continuer
— Tu va encore me menacer d'aller voir les autorités si je ne discute pas avec toi ?
Elle serra les poings. Il avait raison : elle ne voulait définitivement plus parler avec lui. Son air froid et arrogant l'insupportait plus de seconde en seconde, et son calme s'était envolé.
Elle ne savait pas ce qui lui était passé par la tête en allait le voir le matin même.
— Tu sais quoi, tu as raison. Ce sont tes affaires et je n'en ai rien à faire.
L'agacement transparaissait dans sa voix, pourtant maîtrisée. Son ton était plus bas qu'avant. Marzia tourna les talons. Son pas vif ne ralentit pas lorsqu'elle traversa la place en ignorant les habitants autour d'elle.
Elle froissa le papier dans son poings et le laissa tomber au sol.
Elle avait prévu de passer une année de repos, de liberté, une année pour profiter de ce que l'univers avait à offrir tant qu'elle avait encore le temps. Et la voilà qui se retrouvait l'esprit encore plus encombré que sur la planète-capitale : ce n'était définitivement pas comme cela qu'elle voulait passer ses vacances. Surtout, elle ne voulait pas s'entourer de personnes comme Viktor Creek.
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