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C'est comme si Louis clignait des yeux et que tout d'un coup Harry était le troisième sur la liste des gens qu'il appelle quand il s'ennuie ou qu'il ne se sent pas bien, quand il a besoin de rire ou de conseils. En fait, Harry est le premier choix de Louis la plupart du temps car il ne veut pas déranger Niall quand il est avec Amy ou Zayn quand il voit Liam (attention, ils n'appellent pas ça des rencards).
Liam et Zayn sont vraiment ridicules. A chaque fois que Louis lance le sujet sur le fait qu'ils devraient arrêter de se tourner autour pour passer à la meilleure partie, Zayn le regarde avec une expression patiente et dit, "Harry" avec un ton plein de sous-entendus.
Comme si c'était la réponse à une question que Louis n'avait pas pensé poser.
°°°
Deux heures après avoir commencé le travail, Louis s'ennuie. Pas énormément puisqu'il y a une demi-douzaine de tables occupées autour desquelles Niall et lui n'arrêtent pas de tourner, mais assez pour que lorsque Niall refuse de l'occuper, Louis se tourne vers la tablette derrière le comptoir.
Il cherche les sujets probables de sa prochaine dissertation quand une voix grave l'interrompt dans ses recherches.
"Salut beauté." De l'autre côté du comptoir, emmitouflé dans un manteau qui menace de l'avaler tout entier, Harry sourit à Louis. Un bonnet couvre une partie de ses cheveux, quelques boucles rebelles s'en échappent.
"Coucou toi." Louis se redresse avec un sourire, ferme la page et va faire un câlin à Harry. "Je m'attendais pas à te voir ici aujourd'hui."
"J'étais pas censé venir." La main de Harry descend de l'épaule de Louis pour aller jusqu'à son bras, ses doigts chauds contre le poignet de Louis, avant de faire un pas en arrière. "Mais c'est une bonne chose que tu bosses. Tu sais à quel point je prends ton système de notation très au sérieux."
"Encore un rencard ?" Louis secoue la tête en fronçant légèrement les sourcils. "Tu sais, je comprends pas."
"Quelle partie ?"
"Enfin, tu veux pas vraiment apprendre à les connaître, donc ça serait pas plus simple de sauter l'étape du restaurant ?" Louis s'appuie contre le comptoir. "Pour moi ça ne peut que mener à un malentendu."
Juste quand Harry allait répondre, Niall passe à côté d'eux, un plateau avec des desserts et des digestifs en équilibre au bout du bras. Il arrive à donner un coup dans la hanche de Harry en guise de check au passage sans tout faire tomber suivit d'un, "Ça fait un bail !". C'est un exercice assez impressionnant. Surtout en prenant en compte le fait que lorsque Niall venait de commencer, il faisait tomber au moins un plat par jour, s'en sortant à chaque fois juste parce qu'il était mignon et aimable avec tout le monde. Maintenant, il est meilleur que Louis.
"Il réalise qu'on sait où il dort ?" Le ton de Harry est pensif, comme s'il réfléchissait déjà à tout ce qu'ils pouvaient cacher dans le lit de Niall. Personnellement, Louis avait eu de bons souvenirs avec des bananes pourries. Jusqu'à ce que ses sœurs commencent à se venger.
"Il est en plein délire," dit Louis en réponse à la question de Harry.
"Pilule du bonheur ?"
"Amour naissant."
"Donc une overdose de sexe."
"Très classe, Haz. T'es vraiment pas un romantique toi, hein ?" Louis tire sur une boucle. "Du coup, on en était à pourquoi tu t'emmerde à faire des rencards ?"
Harry bouge comme s'il allait écarter la main de Louis mais finit par enlacer leurs doigts. Sa réponse est accompagnée d'une petite ride sur le front. "Bah." Il hésite. "Oui. C'est plus simple si je rencontre quelqu'un en boîte, évidemment, mais je peux difficilement demander à quelqu'un de venir chez moi si je les rencontre sur le campus pendant le repas, ou au supermarché. Ça le fait pas." Il hausse les épaules et lâche la main de Louis. "Les dîners ne sont pas vraiment mon idée, je préférerais aller boire un verre mais c'est assez impoli de refuser un dîner."
"T'as peur de paraître impoli ?" Pour montrer qu'il rigole, Louis hausse ses sourcils et sourit.
"Ehhh, j'ai grandi dans un village, on m'a appris qu'il y avait des façons de faire ça dans les règles de l'art. Ta gueule."
Louis tire la langue. "Chauffe-moi."
"Je pourrais." L'expression menaçante de Harry est à peu près aussi intimidante qu'un chaton qui se secoue les poils. Louis allait le lui dire mais la porte s'ouvre. A en juger par le petit coup d'œil vers Louis suivit par un long regard vers Harry, c'est son rencard.
Louis ne l'aime pas dès le premier regard.
Objectivement parlant, il n'y a rien à redire sur lui; il est assez attirant et dit bonjour à Harry avec une dose adéquate d'entrain, mais... il y a quelque chose. La façon dont il regarde la bouche de Harry comme pour cataloguer ses utilités diverses, peut-être. Louis ne l'aime pas. Vraiment, vraiment pas.
"Hey." La voix de Niall interrompt ses pensées. "Tu veux que je prenne leur table ?" Son ton est doux et accompagné d'un léger toucher sur son coude.
Louis lui lance un regard surpris. "Si tu insistes, oui. Mais pourquoi ?"
"Ça te dérange pas de le faire ?" Niall semble étonné. Louis lui sourit.
"Je préférerais manger une glace si c'était une option mais c'est pas la glace qui va me payer le loyer."
"Elle devrait," dit Niall, son ton encore un peu étrange. Louis a promis à Harry qu'il serait là, donc il pince la taille de Niall et attend un sourire avant de prendre deux menus et d'aller à leur table.
Il arrive derrière le rendez-vous de Harry et son regard dérive immédiatement de son rencard à Louis, un regard accueillant et joyeux. Louis lui sourit avant de faire son discours habituel, récitant les plats du jour. Pour être franc, la liste change seulement une fois par semaine, mais la plupart des clients ne le sauront jamais.
Sans regarder le menu, le rendez-vous de Harry dit, "On va partager une bruschetta pour commencer. Et une carafe de votre vin rouge s'il est pas trop mauvais." Il regarde à peine Louis, préférant plutôt regarder Harry.
Wow, okay. Quelqu'un est beaucoup trop pressé pour demander à Harry son avis.
L'incrédulité de Louis a dû se montrer sur son visage car Harry hausse un sourcil et lui lance un regard interrogateur. A moitié caché derrière l'épaule du garçon, Louis secoue la tête et baisse son pouce en direction du sol. Puis les deux.
Les lèvres de Harry tremblent.
Parce que ce n'est toujours pas assez pour complètement exprimer son désaccord, Louis fait un signe de mort sur sa gorge avant de faire semblant de se pendre, la langue pendant hors de sa bouche.
Harry éclate de rire. Il est beau comme ça, les yeux plissés aux coins, les dents blanches et les fossettes à la vue de tout le monde.
"Quoi ?" Demande son rencard tandis que Louis essaye de garder une expression neutre, ce qui n'est pas facile avec Harry. Son rire est contagieux.
"Rien. Rien, t'inquiète," dit Harry, le souffle court et très peu convaincant.
"Je rate un truc, là ?" Le garçon semble suspicieux. Il regarde Harry pendant une longue seconde avant de se tourner vers Louis. Un petit sourire prend place sur ses lèvres, il ne peut pas l'empêcher. Quand il regarde autour, il est soulagé de voir que seul Niall les regarde et que tout le monde a le nez dans son dessert et est passionné par leur propre conversation.
"C'est rien, vraiment," essaye Harry une nouvelle fois, mais il a toujours le visage rouge et un sourire, pas très crédible.
"Je peux partir, tu sais," dit le garçon. C'est une tentative pour regagner l'attention de Harry mais ce dernier hausse les épaules, sa bouche courbée que Louis veut embrasser jusqu'à ce qu'il ne sourisse plus, jusqu'à ce qu'il halète sous Louis.
Okay, stop.
"Je vais pas te retenir," lui dit Harry. Louis n'est pas content de cette situation, pas du tout.
Si, il est carrément content.
"Sérieux ?" Le garçon semble incrédule.
Encore une fois, Harry hausse les épaules. Son regard dérive derrière le garçon, au moment où il croise le regard de Louis, ils sourient tous les deux. Ils se sourient encore quand le garçon se lève brusquement, prend sa veste de la chaise et part sans un mot de plus.
La porte se ferme plus bruyamment que d'habitude, ce qui attire l'attention des autres tables. Louis regarde derrière lui et attend que les gens se retournent avant de s'asseoir sur la chaise en face de Harry.
"Putain," dit Harry après plusieurs secondes de silence, l'amusement s'effaçant lentement de son visage. "Je devrais me sentir mal ?"
"Pas du tout." Louis secoue la tête et lie leurs doigts sur la table. "C'était un connard. Il a commandé sans même te demander ton avis. Et si t'aimais pas le vin ou étais allergique à l'ail ?"
"Mais j'aime et je suis pas allergique."
"Je sais ça, mais," Louis fait un geste vers la porte, "il savait pas. A part si c'est déjà venu dans votre conversation, ce dont je doute."
"C'est vrai." Harry fait une grimace. Il attrape la salière et verse quelques grains sur sa main puis les lèche.
"T'as si faim que ça ?"
"Pas vraiment." Harry repose la salière en souriant. "Honnêtement, je l'ai pas rencontré pour la nourriture. Ou les manières."
Louis ne répond pas immédiatement ; il cherche Niall du regard pour s'assurer que tout est sous contrôle avant de reporter son attention sur Harry. Louis peut faire plusieurs commentaires, taquiner Harry sur sa vertu ou ses goûts pour les garçons, mais il le comprend, il se rappelle à quel point c'était libérateur de s'échapper de sa petite ville, comme c'était excitant et drôle, donc il dit, "Eh. Ça aurait été un mauvais coup. Tu devrais me remercier."
"Ah ouais ?" Harry lui lance un regard septique. "Comment tu peux le savoir ?"
"Je t'ai dit que j'avais eu une phase comme toi. Ça apprend à les choisir." La petite pause suivant est comblée par Bruno Mars. "Les bons dans le petit pot et les autres dans le jabot, si tu vois ce que je veux dire," ajoute Louis avec un sourire.
"Des fois je suis convaincu qu'il y a seulement toi qui sais ce que tu veux dire."
Louis lance une serviette à la tête de Harry, mais il l'évite.
"Bon, est-ce que tu pourrais coucher avec moi ?"
"Evidemment," répond Louis sans réfléchir. Puis il lève la tête et reprends, "Enfin, en théorie. Si j'étais toujours intéressé par les coups d'un soir."
"T'es en train de dire que je suis bon que pour un soir ?" Harry semble vraiment blessé, son sourire effacé. Louis appuie ses coudes sur la table et lui sourit. C'est impossible de ne pas le faire quand Harry est illogique et légèrement ridicule.
En fait, Louis trouve généralement assez difficile de ne pas sourire à Harry.
"Nope. Je disais que je sais qu'un coup d'un soir est tout ce que tu recherches pour le moment." Louis bouge sa main en l'air. "Et... tu sais, t'as fait le dépistage et tout. C'est bien. Mais c'est plus ce que je recherche." Il hausse les épaules en souriant toujours, et lance un grain de sel à Harry. "Et je suis pas assez con pour te laisser me briser le cœur, Harry Styles."
Au lieu du rire qu'il attendait, Louis se retrouve en face d'un regard pensif. Harry a l'air de réfléchir à quelque chose, et après qu'un moment se soit écoulé, Louis se recule sur sa chaise.
"Je déconnais pour le dépistage, hein."
Ça tire un rire de Harry. "D'accord. Juste." Il fait une pause. "Ça, nous, c'est un peu comme avec Liam, hein ? Au moins un peu."
"Oui," dit Louis car les similitudes sont là, même s'il y a quelques différences. Ça pouvait être une réelle comparaison lorsque Harry et lui s'étaient vus à la soirée de Nick, avant qu'il y ait des marathons de films et le numéro de Harry dans les raccourcis de Louis, avant que Louis s'assure qu'il y ait toujours un paquet des chips préférées de Harry en réserve caché de Niall, avant que Harry se mette à appeler Louis pour les choses les plus futiles, comme après avoir empêché un chat de se faire écraser par un bus. Avant tout ça, oui.
Louis coince ses pieds derrière les pieds de sa chaise. "Comme Liam et toi, oui. Vous n'auriez pas été amis si vous étiez passés par l'étape du lendemain matin gênant."
"C'est vrai. Je pense pas qu'on aurait été amis."
"Tu vois ?" Louis hoche la tête, satisfait de lui-même. "J'ai toujours raison."
"Rarement." Harry soupire et croise les bras. "C'est injuste que tous les mecs vraiment biens veulent que des vraies histoires."
"Arrête de faire ta moue frustrée," lui dit Louis. "Et merci."
"Je fais pas la moue."
Au lieu de corriger le mensonge évident de Harry, Louis rigole et cherche quelque chose dans sa poche. "Tu sais quoi. Puisque ton rencard t'as planté et que je suis un ami génial, va chez moi et regarde un truc pourri à la télé." Il fouille dans ses clés et en détache une de son trousseau avant de la poser en face de Harry. "Quand j'ai fini le boulot, je te ramènerai tout le tiramisu qui reste."
"Tout le tiramisu ?" Demande Harry avec sa meilleure imitation d'un petit garçon.
"Tout," confirme Louis.
La bouche de Harry se courbe en un sourire rempli d'espoir. "Et ce qu'il reste du moelleux au chocolat ?"
"Abuse pas trop non plus."
"Tu m'as coûté mon rencard," dit Harry. "Tu ferais mieux de te rattraper, ou je demanderai des compensations sous formes de faveurs sexuelles."
Il maintient son expression sérieuse pendant une bonne seconde avant de faire un grand sourire, prenant la clé et se levant. En passant, il se baisse pour passer ses lèvres sur la joue de Louis en chuchotant "Chooocoooolaaat," avec une voix de zombie.
Louis lui donne une fessée. "A tout à l'heure," lui dit-il, et Harry le salue avec la clé.
Ignorant le regard curieux de Niall, Louis se relève. Du travail l'attend. Il a laissé Niall travailler tout seul pendant assez longtemps, et il préférerait ne pas encore devoir une semaine de vaisselle à quelqu'un.
°°°
Louis rentre chez lui pour trouver Harry dans son lit en train de regarder un replay d'un épisode de X Factor. Les épaules de Harry sont nues, le reste couvert par la couette. Laissant tomber son sac vers son bureau, Louis dit, "J'espère que t'es pas à poil dans mon lit."
"En boxer." Harry semble imperturbable. "Considère ça comme une faveur que je te fais."
"Considérée et ignorée." Louis retire son pull et attrape le récipient des restes de tiramisu et deux cuillères avant de se coucher à côté de Harry. Les jeans sont plutôt inconfortables, donc Louis le retire aussi et tire un bout de couette vers lui avant d'accepter de donner une cuillère à Harry.
"Bon," dit-il la bouche pleine. "Qu'est-ce qu'on regarde ?"
"La saison de 2011 de X Factor." Les dents blanches de Harry flashent avec son sourire, la lumière bleue de la télé reflétant sur son visage. "Je pense toujours que Marcus Collins aurait dû gagner."
"C'était la première saison de Gary Barlow en tant que mentor, c'est ça ?" Louis augmente le volume d'un cran et met un coussin derrière lui. "Ne le dis à personne mais Niall, Zayn et moi avons failli auditionner cette saison. On avait fait un pari."
Harry transfert attentivement un gros morceau de tiramisu de la cuillère à sa bouche, mâche et avale. "Et pourquoi tu l'as pas fait ?"
"On a pas entendu le réveil, et quand on est arrivés aux auditions, il y avait une foule immense. Un truc de malade. On avait pas envie de poireauter pendant des heures juste pour un pari." Louis hausse les épaules. Il se penche au dessus du plat et respire l'odeur du café mélangée aux amandes et au mascarpone - très clairement une erreur, le cacao saupoudré sur le tiramisu le fait tousser.
Harry lui tape le dos, la gentillesse du geste en quelques sortes diminuée par le fait qu'il rigole au malheur de Louis.
"Rigole pas," lui dit Louis dès qu'il est de nouveau capable de parler normalement. "Je peux toujours t'enlever le tiramisu, tu sais."
"T'oserais pas," dit Harry, tout innocent et les yeux écarquillés.
"Bien sûr que si."
"Je pleurerais."
Louis lui pince la joue. "Ohhh, des grosses larmes de crocodiles."
"T'es méchant." Harry fait ressortir sa lèvre inférieure. "Je crois que j'ai besoin de plus de sucre pour me consoler." Il plante la cuillère dans le tiramisu à peine sa phrase terminée et en détache un énorme morceau, et bien que Louis soit tenté de l'en empêcher, il y en a vraiment assez pour eux deux; ils vont sûrement abandonner avant que le plat soit à moitié vide. Puis le poids de l'épaule de Harry contre son bras est plutôt agréable. Il n'a pas envie de bouger.
A l'écran, Kelly Rowland et Louis Walsh ont une dispute créée de toute pièce par la production. Pendant un moment, Louis se demande ce que ça ferait, être là debout pendant que les juges s'engueulent pour savoir si t'es une merde ou le prochain grand chanteur, il n'y a pas de milieu, ça n'attirerait pas assez les téléspectateurs.
Eh. Louis est bien où il est maintenant : il a bientôt fini ses études, un gros plat de tiramisu devant lui et quelqu'un avec qui le partager. La vie est belle.
"Hey, bon." Harry sort de ses pensées. "Tu peux évidement m'envoyer chier-"
"Ce que je vais sûrement faire," interrompt Louis.
"-mais je suis vraiment curieux. Genre, t'as dit qu'au début de tes études t'avais plein d'aventures sans lendemain, qu'est-ce qui t'as fait changer d'avis ? Et me dis pas que le sexe t'ennuyait parce que sinon tu t'y prenais vraiment, vraiment mal."
Ce n'est pas une mauvaise question, mais elle n'a pas de réponse claire et précise. Le divorce des parents de Louis a certainement joué un rôle important, parler à sa mère presque tous les jours, ses sœurs qui appellent à des heures pas possibles car elles savent qu'elles peuvent, parce qu'elle sert à ça la famille : la certitude que tu peux te reposer sur les autres. Avec ça, c'est juste... ça ne l'attirait plus de passer la nuit dans le lit d'un étranger et partir en douce dès l'aube pour rentrer chez lui par des rues désertes et avec les habits de la veille.
Mais ce n'est toujours pas une réponse, pas vraiment. Et c'est trop compliqué pour y résumer en quelques phrases, donc Louis répond avec, "Je suppose que l'effet de la nouveauté s'est estompé."
Harry lui lance un regard tellement choqué que Louis rigole et s'étouffe avec son tiramisu. Encore. C'est un dessert dangereux. Quand Louis s'en est remis, l'expression horrifiée de Harry a fait place à une expression amusée, ses joues gonflées de tiramisu.
"Rappelle-moi pourquoi je suis pote avec toi ?" Demande Louis.
"Parce que," Harry avale, "je suis ton projet de charité."
"Ça doit être ça." Louis roule hors du lit pour attraper une bouteille d'eau sur son bureau, l'offrant à Harry avant de boire une gorgée. La télé est toujours allumée avec une prestation d'un des deux boysbands qui faisaient partie de la saison et dont Louis ne connait pas le nom. C'est pas vraiment une perte. "Hum, j'en étais où ?"
"En train d'expliquer pourquoi t'aimais plus les histoires sans lendemain." Harry fait une grimace quand les chanteurs font une fausse note, puis regarde la télé avant d'ajouter, "C'était pas très convaincant d'ailleurs."
"J'essaye pas de te convaincre. T'as demandé." Louis se recouche dans le lit et Harry tourne la tête pour lui sourire, soulevant la couverture pour que Louis se glisse dessous.
"Oui," dit Harry. "Et je veux connaître la réponse."
"Alors arrête de me distraire."
"Je peux pas m'empêcher d'être beau."
"C'est bien que tu sois modeste." Louis colle ses pieds froids contre les mollets de Harry, bouge ses orteils et ignore les protestations de Harry. "Enfin bref," dit-il. "Le truc c'est que, ça parait con de mettre une date d'expiration d'un jour sur un mec que j'apprécie. Donc pourquoi se faire chier ?"
"Parce qu'il est beau ?" Suggère Harry.
Louis réfléchit pendant un moment et secoue la tête. "Nan. D'après mon expérience, un beau connard est juste un connard au lit."
Harry fait un bruit bizarre mais ne le contredit pas. Ça doit être parce qu'il a la bouche pleine de tiramisu, mais Louis le prend comme s'il était d'accord.
"Et c'est bien les relations aussi," ajoute-t-il comme une arrière-pensée.
Harry lèche la crème sur son pouce. "Si tu le dis."
"Je le dis." Louis utilise sa cuillère pour pointer à l'écran, où Gary Barlow est sur le point d'annoncer son verdict. "Maintenant tais-toi et mange ton tiramisu. Je veux regarder ça."
Même si Harry essaye de se la jouer offensé, il sourit. Il bouge comme s'il allait lui mordre le bras et lorsque ce dernier le repousse, Harry se colle à lui, leur bassin se touchant, les pieds de Louis coincés entre les jambes de Harry.
C'est bien. Louis pourrait s'y habituer.
°°°
Louis se réveille seul. Il n'est pas à son maximum le matin, donc ça lui prend un moment pour comprendre pourquoi ça lui semble bizarre alors qu'il s'y était habitué ces derniers mois.
Harry. C'est vrai.
A part s'il ne s'en souvient pas, Harry était encore là lorsqu'il s'était endormi hier soir. Le second oreiller semble bien tassé et Louis ne dort habituellement pas autant sur la droite, donc. Harry a dû partir entre une heure et demi, quand il a vu l'heure pour la dernière fois, et il n'y a pas longtemps, c'est-à-dire... Argh, huit heures passées. Personne n'a besoin d'autant de temps dans sa journée, mais maintenant que Louis est réveillé, il n'arrivera pas à se rendormir.
En poussant un grognement, Louis se sort de la couverture et arrive à mettre les deux pieds au sol. Il est froid. Putain. Il adore son appartement, vraiment, mais même si les grandes fenêtres sont belles, elles ne sont pas vraiment adéquates pour une bonne isolation. Le parquet en bois garde souvent bien la chaleur mais la température a dû chuter dans la nuit.
Louis attrape son portable et tape un rapide, 'Tu t'es enfuis de chez moi !' avant de frissonner en mettant les pieds sur le carrelage froid de la cuisine. Peut-être que les chaussettes pourraient être une bonne option.
Son téléphone vibre avec un nouveau message juste quand il arrive au frigo. Il se verse du lait dans un bol d'une main et lit le message de l'autre. 'DÉSOLÉ ! Je devais aller à la fac, je voulais pas te réveiller'
Ce n'est pas facile de mettre des céréales dans sa bouche en écrivant une réponse. 'Mensonges et excuses alors qu'on a même pas baisé. Donc on en est là maintenant ? ;)'
Zayn arrive dans la cuisine avec les yeux à moitié fermés en ressemblant à rien - enfin, à son échelle. Le sweat qu'il porte ressemble à celui que Liam portait il y a quelques jours. Si ce n'était pas une violation à la loi du matin que Niall avait instaurée environ une semaine après le début de leur coloc, Louis aurait sauté sur l'opportunité. Il pousse la cafetière vers Zayn et continue à manger ses céréales jusqu'à ce que son portable vibre sur le plan de travail, les vibrations le déplaçant plus près du rebord. Louis le rattrape avant qu'il se suicide.
'Haha ! Rejoins-moi au Starbucks quand t'es présentable et je te paye le petit dej .x' Dit le message de Harry.
Louis regarde son bol vide, puis son écran, et décide qu'un deuxième déjeuner n'a jamais blessé personne. C'est le repas le plus important de la journée, après tout ; tous les magazines que sa mère avait ne pouvaient pas tous avoir tort.
Il se lève, ébouriffe les cheveux de Zayn en passant et envoie un, 'J'arrive dans 30 min'
°°°
Harry ne s'est pas seulement enfuit de chez lui mais il a aussi gardé la clé de Louis. Heureusement qu'il a deux jeux au cas où des invités restaient avec eux à l'appartement.
Louis attrape un double en partant et se fait une note mentale de récupérer sa clé.
°°°
Louis a finalement cinq minutes d'avance, ce qui est très rare, mais Zayn l'avait forcé à sortir de la salle de bain avant qu'il ait pu finir de se préparer puis il a attrapé le bus juste à temps. Il regarde les grands titres des journaux étalés à côté du comptoir de Starbucks.
Crise, Kristen Stewart, crise, Syrie, crise, crise.
Liam s'était étonné quand Louis lui avait avoué ne pas lire les journaux ces derniers temps, Louis pense toujours qu'il est plus heureux comme ça. Il aime connaître des chose qu'il est capable de changer. Tout le reste devient trop effrayant quand ce n'est pas servi à doses très contrôlées.
Quand Louis a fini de survoler les journaux, il regarde les spécialités saisonnières. Ça fait longtemps qu'il n'était pas venu, donc le Vanilla Spice Frappuccino est nouveau pour lui. Très bonne nouvelle. Et comme c'est Harry qui paye, il fera bien attention à prendre la boisson la plus grande, peu importe comment elle s'appelle, sachant que toutes les tailles Starbucks ont l'air grandes pour Louis. Pourquoi ne pas avoir choisi XS, S et M pour changer ? Ça serait original.
Concentré à chercher Harry, ça demande un moment à Louis pour identifier l'employé brun à la barbe de trois jours qui est penché sur la cafetière. Quand Louis le reconnait, il l'appelle, "Hey, Matt !"
Matt stoppe sa bataille contre la technologie et relève la tête, son expression tendue fait place à un sourire. "Louis ! Salut !" Il semble content. "Je pensais que t'allais oublier de venir me voir."
En toute honnêteté, Louis a oublié. Mais il ne va pas l'admettre, évidemment, donc il rit en s'appuyant contre le comptoir et fait un geste dans la direction générale du restaurant. "C'est donc ça ton QG ?"
"Plutôt mon enfer personnel." Matt passe une main sur son front et tire sur la ficelle de son tablier autour de son cou. "Mais je pense que c'est pas trop mal, là."
Louis regarde la foule relativement petite, sûrement l'heure creuse entre le petit-déjeuner et le repas. Deux autres employés nettoient les tables, ramassent des gobelets abandonnés, remettent en ordre la décoration des tables et oh, oui. Louis ressent leur douleur. Il sait ce que ça fait d'avoir des clients bordéliques, mais au moins à Simon's, les clients qui font la queue ne sont pas ajoutés à ceux attablés.
"Je suppose que c'est le calme avant la tempête ?" Demande Louis.
"Malheureusement." Matt hoche la tête. "Ça va s'empirer. La foule de midi est carrément horrible."
Louis allait répondre quand un bras entoure ses épaules, Harry arrivant à côté de lui. Il est tellement près que ses boucles chatouillent sa joue, et quand Louis tourne la tête, il y a un moment où il est conscient qu'il a besoin de relever la tête, juste un peu.
Il passe son bras autour de la taille de Harry, le pouce posé juste au-dessous de sa cage thoracique. "Coucou toi."
"Salut." Harry lui sourit puis regarde Matt d'un air étrange. Louis n'est pas sûr de quoi faire avec cette information.
"Ok," dit-il en bougeant sa main. "Harry, c'est Matt. Matt, Harry."
"Oh. Oui, bonjour." Pour des raisons inconnues, Matt a l'air moins qu'enchanté tandis que le sourire de Harry s'élargit.
"Ravi de te rencontrer." Le ton de Harry est doux et il passe le bras par-dessus le comptoir pour serrer la main de Matt avec laquelle il n'est pas en train de serrer l'épaule de Louis. Louis lui lance un regard interrogateur auquel il répond en secouant la tête presque imperceptiblement. Bon. Ok. Et les gens disent qu'il est bizarre.
"T'es prêt à commander ?" Lui demande Harry.
"Vanilla Spice Frappuccino," dit Louis en guise de réponse. Se tournant vers Matt, il demande, "Fais la version la plus chère possible, c'est Harry qui paye."
"Compte sur moi." Le sourire de Matt s'est considérablement effacé, et Louis veut le revoir. C'était un beau sourire. Mais d'un autre côté, il a Harry qui lui fait un grand sourire de l'équivalent d'un millier de soleils, donc c'est probablement assez de lumière pour aujourd'hui. Peut-être qu'il y a un quota de sourire que quelqu'un peut nous faire dans notre vie ? Si c'est le cas, Louis va rapidement atteindre ce quota avec le temps qu'il passe avec Harry.
Il échange quelques mots de plus avec Matt sur les personnes qu'ils connaissent tous les deux du temps où ils étaient à la radio, mais un large groupe d'étudiants arrive et Harry semble être pressé, tirant Louis vers une des tables à l'arrière. Juste à côté d'une fenêtre, les sièges confortables les invitant à rester ici un bon moment.
"Il est à fond sur toi," l'informe Harry dès qu'ils sont assis.
"Qui, Matt ? Je crois qu'il est hétéro, en fait." Louis utilise sa paille pour attraper la chantilly de sa boisson. Il y en a énormément.
Harry penche la tête sur le côté. La lumière qui passe par la fenêtre souligne sa mâchoire. "Vu comment il te regardait, je pense pas."
"J'adore quand t'es possessif." Louis rit et Harry l'accompagne après un petit moment de flottement. La première gorgée de sa boisson à la vanille est incroyable, c'est un mélange de café, de cardamome et de beaucoup de sucre, tout ce que Louis aime. "Alors," il demande après avoir suffisamment savouré l'arrière-goût. "C'était quoi ce truc important que tu devais faire ce matin ? Plus important que de me faire du thé ?"
"Je viens de te payer un café," souligne Harry. "Ça devrait compter." Il s'approche pour boire une gorgée de la boisson de Louis avant même de goûter la sienne. "Et c'était rien de vraiment important, juste des trucs administratifs à régler au bureau des étudiants. Je voulais que ça soit fait aujourd'hui et il y a personne si tôt le matin."
"Oui," dit Louis. "Parce que c'est tôt le matin."
Harry sourit autour de sa paille, il arrive à ne pas être ridicule comme ça. "C'est pas un problème, ça."
"Ouais, mais t'es un extraterrestre. Des cheveux comme ça," Louis tend le bras pour tirer une boucle, "ne viennent pas naturellement de la Planète Terre."
"Heyyy." Harry attrape sa main et entremêle leurs doigts. "Au moins je suis pas minuscule, moi."
"Oh va te faire." Louis essaye de prendre un air blessé mais c'est plutôt difficile de faire semblant avec tout le sucre qu'il a dans le sang. S'il travaillait ici et avait des boissons gratuites, il aurait sûrement un diabète de type 2. C'est une bonne chose que les prix le garderont sain et sauf.
Juste en face de leur fenêtre, deux chiens sont en pleine dispute d'aboiements, suivis par leur propriétaire qui se traitent de mauvais dresseurs. Louis et Harry passent plusieurs minutes à profiter du spectacle, pariant sur les réactions des passants ou s'ils allaient en venir aux mains ou non.
"C'est comme avoir une option 'ajouter des dramas'," dit Harry, amusé.
"J'ai besoin de cette option dans ma vie." Louis tapote la table du bout des doigts. "Ça me fait penser, qu'est-ce que tu fais demain soir ?"
"Je sais pas. Peut-être me demander si avoir dix-neuf ans changera drastiquement ma vie ? Si j'aurai des rides ?"
"Donc t'es libre."
Harry a son gobelet presque complètement à l'envers pour récupérer les dernières gouttes de café, mais interrompt sa tâche sérieuse et difficile pour regarder rapidement Louis. "Je suppose."
"Ok." Louis sourit et hoche la tête. Ça allait être génial. Comme jouer au policier et au voleur, sauf que le policier pourrait s'avérer être bien réel. "Maintenant t'es plus libre. Je passe te prendre à onze heures. Mets des vêtements sombres et des baskets, juste au cas où on doit courir."
"Tu vas rien me dire de plus, c'est ça ?" Demande Harry.
"Nope, sinon ça serait plus une surprise."
"Qui a besoin d'une option dramas quand on t'a toi ?" Harry décale son gobelet et se recule dans sa chaise en réarrangeant ses cheveux. Il a l'air détendu. Convaincant. Presque convaincant. Un petit mouvement de doigts avant qu'il ne bouge le trahit.
Louis attrape sa boisson juste à temps, et Harry reste avec la main en l'air. "A moi," dit Louis en protégeant sa boisson.
"Je l'ai payée."
"Oui, parce que tu devais te faire pardonner." Louis finit sa boisson et sourit à Harry. "Excuses acceptées."
Harry lui donne un coup de pied dans les jambes. Il n'y a aucune force, sa chaussure l'a à peine touché, mais Louis fait tout de même semblant de s'évanouir de douleur, se plaignant d'os cassés et de cruauté envers les animaux jusqu'à ce que Harry lui promette de lui acheter un cheesecake au brownie si ça le faisait taire.
"Je t'aime," dit sérieusement Louis.
"T'es un putain d'emmerdeur," lui dit Harry, mais son sourire le contredit.
°°°
C'est seulement quand Louis s'assoit à son cours de criminologie qu'il réalise que Harry a toujours sa clé. Oh puis c'est pas comme s'il en avait urgemment besoin.
°°°
"T'es malade," dit Harry. La nuit réduit son corps à une simple masse sombre, mais ses dents sont toujours visibles quand il sourit.
Louis marmonne quelque chose et inspecte la troisième vis de près avec la torche. Les deux premières n'avaient pas posé de problème avec le tournevis qu'il avait trouvé dans la boîte à outils de la pizzeria mais la troisième est rouillée. Il s'appuie contre le pont de tout son poids et ça fait grincer les gonds, le support ne lui permet pas de tenir correctement le tournevis, il le met correctement en place avant de commencer à dévisser. La vis ne résiste que quelques temps. Victoire !
Harry met les mains dans les poches de son manteau et vérifie qu'il n'y ait toujours personne dans la rue. "Est-ce que je devrais m'inquiéter de tes tendances criminelles ?"
Louis sourit. "Pas vraiment. Fait réel sur les étudiants en droit : la plupart de nous étudions ça pour apprendre à passer à travers les lois."
"Faux." Harry s'appuie sur ses talons. "Tu l'étudies pour faire du monde un endroit meilleur."
Quatre de dévissés, plus que deux.
"C'est l'hôpital qui se fout de la charité."
"Heyyy." L'amusement est clair dans la voix de Harry. Il se place à côté de Louis pour tenir le panneau en métal pour pas qu'il ne tombe lorsqu'il sera complètement dévissé. Intelligent.
Entre la cinquième et la sixième vis, Harry dit, "Réexplique-moi pourquoi je dois être le complice du vol de mon propre cadeau d'anniversaire ?"
"Parce que c'est drôle ! Puis ce pub est merdique mais il a sûrement une assurance. Donc c'est qu'un petit vol."
"Tant que ça t'aide à dormir la nuit." Le regard que Harry lui lance est tellement plein de délicatesse que Louis trouve difficilement assez d'air pour respirer. Il avale la boule dans sa gorge et reporte son attention sur la dernière vis.
°°°
Heureusement pour tous ceux concernés, ils trouvent la chambre de Harry sans Tom à l'intérieur ; Louis est presque sûr que Tom serait le genre de connard à les dénoncer à la police, mais on dirait qu'il s'est trouvé une copine. Le monde fait des merveilles.
Louis ouvre le manteau trop large qu'il avait emprunté à Liam et sort le panneau métallique volé d'où il l'avait bloqué contre son torse et le pose sur le bureau de Harry. Il va vers le sac qu'il avait laissé dans la chambre plus tôt et cherche un feutre blanc, de la colle à métal et un petit miroir rectangulaire. Quand il se redresse, Harry est en train de passer ses doigts sur les lettres métalliques du panneau, 'Pub de Harry'.
"Donc ton cadeau," dit doucement Harry, presque en un murmure, "c'est un panneau décoratif ? Louis Tomlinson, tu me surprendras toujours."
"Attends, ça va s'améliorer." Louis pose le feutre et la colle de côté. Il se place derrière Harry et passe les bras autour de lui pour positionner le miroir afin qu'il couvre la moitié du panneau. 'Harry' est tout ce qu'il reste de l'écriture. "Tu vois ?"
"Je vois quoi ? Ma tête ?" Harry se baisse pour souffler sur le miroir et dessine un smiley sur la condensation.
"Aussi." Louis débouchonne le feutre et écrit, 'ne tolère pas vos conneries,' sur le miroir, en dessous du 'Harry' permanent. Il fait un geste vague vers la phrase et serre la hanche de Harry avec sa main libre. "C'est génial, non ? Tu peux le mettre sur ta porte et tout le monde saura à quoi s'attendre quand il entrera. Genre, 'Harry est à poil.'"
"Les gens feraient mieux de s'attendre à ça en entrant dans ma chambre !"
"Tu comprends pas," lui dit Louis.
"Un tableau noir n'aurait pas fait l'affaire ?" Demande Harry, mais ses lèvres se retroussent en un sourire. Il fait volontairement le difficile et il le sait autant que Louis.
"C'est pas pareil."
"D'accord." Harry rigole en balançant sa tête en arrière et rapproche Louis de lui. "D'accord, c'est génial. Je l'adore." Il se tourne vers Louis et leur visage ne sont qu'à quelques centimètres d'écart, Louis aurait juste à relever un peu la tête, un tout petit peu, et ils s'embrasseraient. Le regard de Harry tombe sur sa bouche.
La chambre n'était pas aussi silencieuse il y a quelques secondes.
Louis se cogne contre le bureau en reculant trop rapidement pour faire semblant de récupérer la colle. Parce que le miroir doit encore être collé au panneau.
"Je savais que t'allais aimer," dit Louis. Il espère que c'est seulement lui qui a l'impression que sa voix est un peu plus grave.
Harry passe une main dans ses cheveux et pousse sa masse de boucles sur un côté. Harry soupire en regardant autour de la pièce. "Tu sais que je peux pas le mettre ici, par contre. Tom est un gros bâtard et dira qu'on l'a volé."
Pas faux.
"Mets-le à l'appart' alors." Louis sourit. "T'as déjà une clé après tout."
"Oh, d'accord. Tu veux que je te la rendre ?" Harry farfouille dans les poches de son manteau.
"Garde-la," dit Louis.
Les mains de Harry se figent. "Sérieusement ?"
"Oui oui." Louis hausse une épaule. "C'est pas une mauvaise idée de donner un double à quelqu'un, non ? J'attends de toi que tu viennes tous les matins me servir le petit-déjeuner au lit."
"Bien sûr." La fossette de sa joue gauche est légèrement plus prononcée que celle de droite. Ça semble être une très bonne idée de marquer sa taille et sa location avec le feutre, donc Louis se met en action. Harry se recule juste à temps, lui envoyant un boxer sale de Tom en pleine figure.
La guerre est déclarée.
°°°
Le lit de Harry est beaucoup trop petit pour eux deux. Il n'y a pas assez de place pour dormir dans une autre position qu'entourés l'un autour de l'autre, et okay, Louis aurait pu prendre le lit de Tom, mais non merci. Il pourrait attraper quelque chose d'incurable. Comme des microbes de connard.
Etant données les circonstances, ce n'est pas surprenant que Louis se réveille avec Harry à moitié sur lui. Ce qui est surprenant, c'est que Harry est déjà réveillé et regarde Louis avec considération.
"C'est pas du tout flippant," lui dit Louis, la voix encore enrouée. Il a probablement une mauvaise haleine mais Harry ne se recule pas, puis les choses comme celles-ci ont peu d'importance entre eux.
Un bref sourire prend place sur le visage de Harry, atteignant ses yeux. "Zayn m'a dit que tu crains les chatouilles."
La chambre est chaude et silencieuse, la lumière matinale traverse les rideaux. C'est confortable et Louis est encore endormi, donc il ne peut pas pousser Harry du lit. Il baille autour de ses mots. "Zayn est un petit vicieux. Et est-ce qu'il t'a aussi dit que je mordais ?"
Harry n'a pas l'air découragé pour autant.
"Et griffe," ajoute Louis, son cerveau se réveillant peu à peu.
"C'est mignon." Si Harry pense que son sourire est sexy, il se trompe complètement. Il bouge pour se reposer encore plus sur le torse de Louis, posant ses doigts sur son ventre sans les bouger.
Lentement, prononçant chaque syllabe, Louis dit, "Je vais te donner un coup dans les couilles."
"C'est pas gentil ça." Harry fait une moue. Sa main se détend et est simplement posée sur le t-shirt de Louis. "Tu devrais être gentil avec moi pour mon anniversaire."
"Joyeux de putain d'anniversaire," dit Louis, mais il n'arrive pas à avoir l'air énervé, pas quand Harry est au dessus de lui avec les cheveux tout emmêlés, la marque de l'oreiller sur une joue et une trace de feutre toujours visible sur l'autre. Une seconde plus tard, Louis fourre ses doigts dans les boucles de Harry et le tire vers lui pour lui faire un vrai câlin. "Sérieusement. Joyeux anniversaire, Harry."
Harry se détend contre lui, la respiration régulière et lente. Il n'y a aucune raison pour qu'ils ne puissent pas se rendormir, sauf - sauf que le portable de Harry vibre quelque part sous le lit.
Se traînant vers le sol comme une vieille limace, Harry se faufile à moitié sous le lit pour récupérer son portable et décroche avec un "Maman !" joyeux.
Louis baille et s'appuie contre l'oreiller et laisse ses yeux se fermer en écoutant la cadence des mots de Harry sans faire attention à ce qu'il dit. Jusqu'à ce qu'il lui tapote les côtes en disant au téléphone, "Donc tu seras là dans vingt minutes ? C'est génial !"
Quoi ? Vingt minutes ?
Louis se lève rapidement. Quand Harry raccroche, il est déjà dans son jean et est arrivé à trouver son portable, ses chaussures et tout ce qui va avec le panneau volé.
"Tu sais," lui dit Harry, semblant amusé, "ma mère et ma sœur sont super sympas. Pas besoin de t'échapper."
"J'en doute pas. Mais." Louis lève un index en l'air. "Il faut que tu m'invites au resto avant que je puisse rencontrer tes parents. Où sont passées tes manières, Harold ?"
Louis avait rencontré les parents de Niall et Zayn et tout s'était bien passé. Ça ne devrait pas être si différent, sauf qu'il ne les avait pas rencontrés seulement quelques minutes après s'être réveillé dans le lit de leur fils. De manière strictement platonique, mais quand même. C'est bizarre.
"T'es ridicule," l'informe Harry avec la sagesse de ses dix-neuf ans. Avant que Louis n'ait la chance de répondre, Harry l'attire dans un câlin. "A ce soir pour la fête. Merci pour ton super cadeau."
"De rien." Louis lui dépose un baiser sur la joue et recule, souriant en enfilant le manteau de Liam. Le panneau en métal est froid même à travers son pull et restreint ses mouvements quand il veut fermer le manteau. Mais ça en vaut la peine ; il attendait une bonne raison de voler quelque chose comme ça depuis que sa mère lui avait fait rendre le panneau Attention qu'il avait volé sur un chantier il y a des années.
Et c'est un beau cadeau pour Harry.
°°°
Putain de bordel de merde, que celui qui a fait ça à la tête de Louis brûle en enfer, sérieusement. Il a vraiment mal et Harry est en train de chanter, what the fuck ? Il chante juste et pas très fort, mais quand même, ça résonne dans le crâne de Louis.
Très doucement, Louis ouvre un œil. Les murs sont flous pendant quelques secondes avant que sa vue s'ajuste et que la pièce devienne reconnaissable. Les rideaux sont ouverts, laissant la lumière pénétrer et frapper ses paupières pendant que Harry chante toujours, en tailleur parterre en train d'envoyer un SMS.
"Je," grogne Louis, "vais te tuer." Au goût dans sa bouche, on dirait que quelqu'un s'y est fourré pour y mourir.
Harry relève la tête avec un sourire qui fait grogner Louis et couvrir ses yeux.
"Y a trop de lumière."
"Ça t'apprendra," dit joyeusement Harry, et Louis ne sait pas pourquoi il a déjà cru que c'était une bonne personne. C'est un démon. Personne ne mérite de se sentir comme Louis, personne. "C'est ce que tu gagnes pour avoir fait un concours d'alcool avec un irlandais."
"J'ai été assez con pour faire un concours avec Niall ?"
Putain. Si c'est le cas, peut-être que Louis mérite vraiment ça. Il ferme les yeux, l'obscurité réduit les coups dans son crâne et trie ses vagues souvenirs de la nuit dernière. La lumière reflète sur une boule à facettes et tout bouge trop vite, Harry porte une guirlande avec des fleurs pour son anniversaire et roule des pelles à un mec, la longue ligne de son cou, sa tête en arrière pour faciliter l'accès. Quelques amis de Harry, Nick entre autres, ont pris le contrôle des platines et, oui, Louis a bien vidé un verre de shot en comptant jusqu'à trois, comme Niall et... "Amy aussi ?"
"Cette fille peut boire son poids en alcool." Harry semble plein d'admiration. "T'as été carrément déclassé, désolé."
Louis grogne et se force à s'asseoir. C'est une vraie mission. Le matelas n'est pas vraiment stable sous lui, ou peut-être que c'est son sens de gravité qui n'est pas très fiable, qui sait. "Qu'est-ce que j'ai raté d'autre ?"
"Zayn a embrassé Liam."
"Enfin," Louis sourit, puis aurait bien aimé ne pas l'avoir fait.
"Ouais, enfin." Quand Harry se relève, le mouvement expose un bout de peau de son ventre, juste au-dessus de son jean. "Liam l'a repoussé. Il lui a dit de le refaire quand il sera sobre."
"Merde." Louis pense se recoucher, mais il y a de grandes chances pour qu'il ne se relève jamais. Un regard à travers la chambre révèle un verre d'eau sur la table de chevet et deux plaquettes de médicaments à côté.
"Ibuprofène," dit Harry en voyant le regard interrogateur de Louis.
Il attrape les médicaments, les avale à sec avant de chasser les résidus avec l'eau, puis se glisse dans le lit pour s'appuyer contre le mur. Un bon mur. Lisse et solide. "Et qu'est-ce que tu fais là ? Je pensais que t'allais te réveiller dans le lit d'un étranger. Pas que j'apprécie pas les médicaments, hein. Ils sont géniaux et t'es ma personne préférée, là maintenant."
"Quelqu'un devait s'assurer que tu ne meurs pas étouffé dans ton vomis." Harry se met à califourchon sur la chaise de bureau en souriant et tourne tout en regardant Louis commencer à mal se sentir. Il y a trop de mouvements putain, ce n'est pas ce dont il a besoin maintenant. Il veut que tout soit figé et silencieux, s'il vous plaît, et il veut que Harry le rejoigne dans le lit juste pour avoir un contact physique, parce que Harry est.... C'est Harry.
C'est très clair dans l'esprit de Louis.
"Merci pour le boost de confiance," dit-il après un long moment.
"De rien." Le mouvement de la chaise ralentit. "Si je savais que Liam passait la nuit ici, je serais pas venu, mais j'ai pas confiance en Amy et Niall pour s'occuper de ça. Même si, franchement, ils ont l'air en meilleur état que toi."
Louis regarde la porte et essaye d'estimer le nombre de pas qu'il devrait faire pour l'atteindre, puis le nombre de pas qui séparent sa chambre de la salle de bain. Beaucoup trop. Puis son cerveau enregistre les mots de Harry. "Attends, Liam a passé la nuit ici ?"
"Sur le canapé," clarifie Harry. "Je pense qu'il se sentait mal que Zayn se sente mal donc il l'a ramené. Platoniquement. Ou un truc du genre. J'ai pas vraiment compris quand il a essayé de m'expliquer hier, j'étais un peu bourré."
"Mais quand même assez sobre pour me ramener. A ton propre anniversaire." Louis secoue la tête et, aïe, encore une mauvaise idée. C'est le moment que les anti-douleurs fassent effet. Maintenant. "Merci, vraiment. Je te jure que je suis un peu plus intelligent que ça d'habitude."
"C'est pas grave." A la lumière du jour, les yeux de Harry sont presque d'une teinte surnaturelle de vert. "Ça m'a coûté un plan cul, mais tu l'as compensé en étant super déterminé à accrocher le panneau sur ta porte hier. Ah et tu m'as aussi demandé en mariage."
Louis le fixe.
"J'ai accepté, évidemment." Harry le regard avec un air impassible pendant une, deux, trois secondes. Puis sa bouche commence à trembler et il explose de rire. "Ta tête."
"Je te déteste," marmonne Louis. Il faut qu'il arrête de repousser plus longtemps l'inévitable, donc il pose ses pieds parterre et teste la solidité du sol avant de se lever. Il tient sous son poids.
"Tu me détestes pas, c'est pas vrai." La voix de Harry est presque beaucoup trop joyeuse. "Pendant une minute, t'as presque cru que tu m'avais demandé en mariage."
"Pas du tout." La porte. Louis doit atteindre la porte. Maintenant, il faut l'ouvrir et aller à la salle de bain. Il ne pense pas qu'il va vomir mais de l'eau fraîche et une brosse à dents pourraient faire des merveilles.
"Si." Harry rigole encore en se tenant au dossier de la chaise comme s'il s'accrochait à sa vie. "Et d'ailleurs, je lâche pas mon nom de famille, tu devras prendre le mien. Louis Styles. Ça sonne bien, tu trouves pas ?"
"Je vais te raser la tête dans ton sommeil," lui dit Louis avant d'ouvrir la porte et de s'échapper dans le couloir en gardant une main sur le mur.
Harry ne mentait pas pour le panneau ; le fait qu'ils étaient tous les deux saouls hier, bien qu'à des degrés différents, pouvait expliquer pourquoi il était vissé à la porte. A côté, le feutre pend à une ficelle et Louis le prend pour effacer ce qui est écrit ('Harry a 19 ans !!!') et le remplace avec 'Harry est pas du tout fait pour être un mari.'
Quand il sort de la salle de bain, bien plus réveillé, le message sur le panneau a été allongé : 'mais au moins il est assez intelligent pour pas concurrencer un irlandais !'. C'est avec l'écriture de Niall et il est fort probable que Louis en entende parler pour les prochaines années à venir.
Enfin, à part s'il les tue et cache leurs corps, mais ça serait peut-être trop poussé, et il les aime un peu. Des fois.
Il entre dans la cuisine et trouve Niall et Amy en train de se partager une gaufre en évitant Harry qui essaye de leur piquer un morceau. Alors qu'Amy a l'air fatiguée, la nuit dernière n'a l'air d'avoir eu aucun effet sur Niall. Le monde est injuste.
Zayn, par contre, ressemble à un mort vivant.
Il y a des choses dans la vie que Louis a fini par accepter : il aime sa famille même quand elle l'énerve, il déteste les matins, des gens le détesteront toujours pour sa sexualité, quand tu tombes sur une mauvaise personne tu tomberas toujours sur deux bonnes plus tard, Harry est le plus beau garçon que Louis ait jamais rencontré et Zayn est tellement beau que des fois les filles s'arrêtent dans la rue pour le regarder.
Mais là, Zayn est vraiment lessivé, il a à peine relevé la tête pour voir que Louis était là. C'est peut-être directement lié au fait que Liam soit assis à côté de lui en faisant attention à ne pas le toucher.
Louis n'a pas vraiment de compétences au niveau émotionnel, mais même lui peut voir qu'il y a quelque chose qui ne va pas. Il y a clairement une mésentente et puisque Louis sait comment marche le cerveau de Zayn, il est sûr qu'il peut deviner quoi. Il faut que ça cesse.
Après s'être servi une tasse de thé, Louis saute sur le comptoir et balance ses pieds en regardant Harry en train d'essayer d'avoir des gaufres, ce qui est un échec. Niall et Amy arrivent mieux à résister à Harry que lui, ou peut-être que c'est juste parce qu'ils préfèrent manger plutôt que faire sourire Harry.
Enfin, c'est pas le sujet. Pas du tout, pas du tout, pas du tout.
Louis vide sa tasse, la met dans l'évier et tapote l'épaule de Liam. "Hey, je peux te parler une minute ? Seul à seul ?" Bon, Louis n'est pas vraiment le roi de la subtilité.
Liam le regarde d'un air surpris mais hoche la tête sans hésitation et se lève. Appuyé contre l'encadrement de la fenêtre avec les bras croisés, Louis fronce les sourcils. "Tu peux fermer la porte, s'il te plaît ?"
"C'est à propos de quoi ? Je devrais m'inquiéter ?"
"Peut-être un peu." Louis soupire et laisse ses bras tomber le long de son corps. Il n'y a aucun moyen pour simplifier cette conversation. "Bon, okay. C'est très clair que Zayn pense que tu l'as rejeté hier soir."
Les yeux de Liam s'élargissent et il répond rapidement. "Quoi ? Enfin... J'ai pas... J'ai juste... Il était bourré." Il commence à faire comme s'il allait repousser les cheveux de son front, puis Louis se demande depuis quand il les a aussi courts. Quand Liam reprend la parole, il a l'air perdu. "Je veux pas que ça soit... Tu sais."
Il lève les mains en l'air. "Je comprends, okay ? Je pense. Enfin, je me rappelle pas vraiment ce qu'il s'est passé mais je sais que tu le rejetterais pas, pas vraiment." Bon, c'était plus clair dans sa tête. L'incohérence est contagieuse apparemment, et les restes de l'alcool d'hier n'aident pas.
Quand Liam relève la tête, les épaules repliées et semblant beaucoup plus petit qu'il ne l'est, Louis trie ses pensées pour s'assurer qu'elles soient compréhensibles.
"Bon, voilà le truc : Zayn sait pas que tu ne le rejetterais pas." Louis regarde Liam et attend qu'il lui porte toute son attention avant de continuer. "Je l'ai jamais vu comme ça avec quelqu'un, il est fou de toi, okay ? Ça le rend con."
Liam avale visiblement sa salive. "Vraiment ?"
"Putain mais oui." Louis se décale de la fenêtre et lève les mains en l'air en tournant en rond pour finalement finir devant Liam. "Il est aussi fou de toi que tu l'es de lui, pourquoi vous êtes aussi aveugles ?"
Liam ouvre la bouche comme pour protester mais la referme et secoue la tête.
"Ecoute," dit Louis, "je trouve que t'es sympa mais Zayn est mon meilleur ami et il est super mal là, à cause de toi." Il pointe son doigt sur le torse de Liam. "Donc tu ferais mieux de faire quelque chose avant que je remplisse ta boîte mail de tous les spams que je trouve."
Liam soupir profondément et relève la tête. "D'accord." Il hoche la tête. "Okay, je peux faire ça."
"Bien." Louis attends un peu puis sourit. "Réfléchis à tout ça, ok ? S'il te plaît ? J'achèterais une brosse à dents rose avec tes initiales pour notre salle de bain si tu le fais."
"C'est pas très motivant," dit Liam, mais il sourit et ressemble moins à quelqu'un qui doit aller faire une bataille et plus à quelqu'un de déterminé, donc Louis prend ça pour une victoire.
Il signale à Liam de retourner dans la cuisine et le suit, il reste à la porte en regardant Liam s'arrêter derrière la chaise de Zayn. Ce dernier lève la tête avec une expression tellement défaite que Louis veut aller lui faire un câlin, ou un thé, ou quelque chose.
"Euh," dit Liam, et évidemment c'est à ce moment précis que les autres ont décidé d'arrêter leur bataille pour la nourriture et remarquent que quelque chose se passe, plongeant la pièce dans un silence lourd. Parfait. Absolument pas de pression.
Liam regarde autour de lui et repose son attention sur Zayn. Pendant une seconde, il semble perdre son courage, puis il marmonne, "oh et puis merde," et, sans prévenir, prendre le visage de Zayn entre ses mains et l'embrasse.
Woah, bien joué.
Ça commence légèrement, juste lèvres contre lèvres. Puis Zayn penche sa tête en arrière, ferme les yeux et attire Liam plus près de lui, à moitié sur ses genoux.
"J'ai tout arrangé," dit Louis à l'ensemble de la cuisine. Son annonce met fin au silence, Zayn et Liam se séparent, le visage rouge. Niall commence à applaudir et siffler jusqu'à ce qu'Amy lui donne un coup de coude.
Harry fait un câlin surprise à Louis, se courbant un peu pour mettre sa tête dans son cou et chuchote. "T'es le cupidon des temps modernes." Son rire sort en un souffle chaud qui chatouille la peau de Louis et il y a un moment où il a l'impression qu'il va faire une crise de panique.
Il respire, serre Harry contre lui avec un bras et se tient à l'encadrement de la porte jusqu'à ce que la pièce arrête de tourner.
°°°
Une heure plus tard, Zayn et Liam sont toujours enfermés dans la chambre de Zayn - pour parler, apparemment. Si des bruits suspects s'échappent de là, personne ne le saura car sa chambre est la plus éloignée de la cuisine et du soi-disant salon, plutôt un placard à balais avec des fenêtres, juste assez grand pour pouvoir accueillir une télé, un grand canapé, un tapis et une plante que Niall essaye de sauver d'une mort certaine.
Peu de temps après que Zayn et Liam soient sortis de la cuisine, le reste d'entre eux avait migré dans le salon pour commencer un tournoi FIFA que seuls Harry et Niall prenaient à cœur, criant à la télé. Ils sont en plein match nul quand Harry regarde sa montre et se lève rapidement. "Merde, j'ai un corps à disséquer."
"C'est pas une bonne manière de commencer une conversation," lui dit Louis. "Juste au cas où tu le saurais pas."
Il court chercher ses affaires dans la chambre de Louis.
"Je suis sûr que t'as juste peur de mon niveau," intervient Niall. "C'est pour ça que tu t'enfuis."
"Round 2," dit Harry avec sa voix la plus menaçante, qui n'est pas du tout menaçante. "Toi, moi, demain."
Niall lui tape dans la main puis Harry regarde de nouveau sa montre, jure et part. Il laisse derrière une sensation étrange d'arrêt sur image, comme un jeu sur pause. Quand Louis regarde Niall et Amy, ils sont déjà en train de le regarder.
"Bon," dit Niall, son sourire habituel absent.
Maintenant qu'il y a plus de place sur le canapé, Louis s'assoit en tailleur. "Si c'est pour faire la morale, vous inquiétez pas, vous pouvez être sûrs que plus jamais je vous mets au défi quand de l'alcool est en jeu."
Amy et Niall s'échangent un regard puis elle s'en va dans la cuisine. Même si elle peut toujours tout entendre, ça semble être une tentative pour qu'ils parlent en privé.
"Bon," répète lentement Niall. Il pose sa manette et se frotte le nez. "C'est pas à propos de ça mais... J'avais pas réalisé que Harry avait toujours une clé jusqu'à hier soir. Il a dit que tu lui avait dit de la garder et c'est... bizarre, non ?"
"Oh. Ça t'embête ?" Peut-être que Louis aurait dû en parler avec Niall et Zayn avant que ça devienne un arrangement permanent. C'est pas comme si Harry avait le temps de faire un usage excessif de la clé et ça n'avait pas traversé l'esprit de Louis que quelqu'un pourrait avoir un problème avec ça alors qu'ils s'entendent presque aussi bien que Harry que Louis.
"Ça me dérange pas, non." Niall secoue la tête. "C'est pas ça le truc, Harry peut garder la clé, ça me va. C'est juste..." Il lève la main puis la relaisse tomber. "C'est pas bizarre ?"
"Qu'est-ce que tu veux dire ?" Demande Louis, et bon, il est presque sûr que les effets de l'alcool avaient disparu mais c'est une des conversations les plus bizarres qu'il ait eu avec Niall. Niall ne tâte jamais le terrain comme ça, il est direct et taquin mais il ne fait pas ça.
Amy choisit ce moment pour les rejoindre, trois tasses de thé bouillant dans les mains qu'elle porte difficilement. Apparemment, elle comprend la confusion de Louis car elle leur tend leur tasse, s'assoie sur le tapis et dit directement, "Je n'ai pas de clé."
"T'en veux une, bébé ?" Niall semble soulagé de ne plus avoir à s'occuper de ça tout seul, la question est soulignée par une dose d'humour.
"Nan." Après avoir soufflé sur son thé, Amy boit une petite gorgée. "Mon père m'a appris à déverrouiller les serrures quand j'étais petite."
"C'est chelou," dit Louis en même temps que Niall s'exclame, "Okay, c'est carrément sexy."
Un silence s'installe dans la pièce puis Amy commence à rigoler, Niall éclate de rire et Louis se met à sourire. Il décroise ses jambes et s'étire sur le canapé, la tête contre l'accoudoir et ses yeux qui se ferment tous seuls. Autour d'un bâillement, il dit, "Vous êtes trop bizarres."
Niall attrape sa cheville. "Et t'es trop naïf."
"Ehhh." Louis ne prend pas la peine d'ouvrir les yeux. "Peut-être que je vis dans mon propre monde mais c'est pas grave, les gens me connaissent ici au moins."
"Un monde dans lequel c'est complètement normal que Harry ait une clé ?"
Louis soupire et ouvre un œil. "Sérieusement, si ça vous dérange, je peux lui dire de me la rendre. C'est pas un problème."
"Ça nous dérange pas. C'est vraiment pas..." Niall hésite, regarde Amy puis Louis. Il laisse échapper un rire. "Rien. Laisse tomber. C'est pas important."
"Bien." Louis baille de nouveau et referme les yeux, changeant de position pour que la plante de Niall ne lui chatouille plus la joue. Une heure de sommeil en plus ne lui ferait pas de mal. Et elle est totalement méritée, c'est un cupidon incroyable, après tout.
Zayn lui en doit une. Peut-être qu'il pourrait demander à Zayn que sa mère lui envoie des cookies maison. Ils sont délicieux. Avec les partiels qui arrivent bientôt, Louis aura besoin de motivations variées pour tenir pendant ses révisions.
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