Chapitre 8 : dans la tanière du loup
- Est-ce que tu as complètement perdue la raison, Ella ?! Je ne peux pas faire ça ! Je ne suis pas hacker ! Moins encore banquier ! Je suis courtier en bourse, c'est tout ! Je n'ai pas du tout les capacités pour détourner des virements ! Tu sais combien de temps ça prendrait ? Sans oublier toutes les valeurs cryptées auxquels je ne peux pas accéder ?! C'est impossible !
Pourtant, Ella ne l'entend pas de cette oreille. À la place, elle me contourne en posant une main sur mon épaule et la fait descendre le long de mon bras jusqu'à ce que nos doigts s'entremêlent.
- Viens.
- Ella, je ne rigole pas, je ne suis pas capable de faire ce que tu me demandes... Je suis désolé, mais tu as le mauvais homme.
- Non. J'ai le bon. Il n'y a que toi, en dehors de lui, qui puisse comprendre comment reprendre ses actions. Ce sont les tiens, Zade. Et ce sont les miens, aussi... Maintenant reprends-toi et respire. Je l'ai pensé, tu sais ? Ce que j'ai dit ? Tu es plus intelligent que tu ne le prétends.
Je la scrute, choqué par la détermination qu'elle arbore.
Est-ce que la vengeance l'aveugle au point de voir la raison ?
Voyant mon hésitation, elle soupire et ce n'est qu'après avoir rangé l'arme et la carte dans son sac qu'elle me fait face, le visage fermé :
- Écoute-moi bien, Zade. J'ai calculé chaque chance que nous avons pendant des semaines. J'ai fait suffisamment de recherches sur toi et sur ce que tu faisais pour savoir que tu étais dans le cercle proche de Judd. Il t'a peut-être trahi, mais bien avant ça, vous étiez amis. Tu ne crois pas que c'est possible, parce que tu n'as plus rien, à cause de lui... Mais il est temps pour toi pour que tu arrêtes de douter que la divine justice existe... Parce que tu l'as dans les mains. Là, maintenant... Ici.
Ella plaque une main sur mon cœur et abaisse sa voix au point où je l'entends à peine poursuivre :
- Mais je n'ai pas le temps de devoir te consoler à chaque fois que tu te remettes à croire que c'est impossible. Ça l'est. Crois-moi. Parce qu'on a réussi jusqu'à présent, pas vrai ? On a Lucille. On a la clef de Frère Karel. Et oui, on est blessés, mais on est encore en vie. Tu es encore en vie.
Elle se hisse sur la pointe de ses escarpins écarlates et pose à nouveau ses mains sur mes épaules pour me regarder directement dans les yeux.
Et il y a quelque chose qui danse au fond de ses iris si noirs... Un feu des plus passionnés.
De quoi persuader n'importe quel être vivant doté d'un cœur à accepter aveuglément ce qu'elle a à offrir.
C'est peut-être elle, la meilleure arnaqueuse du monde.
- Parce que c'est toi et moi, Zade... Jusqu'au bout de la nuit.
J'ouvre la bouche pour répondre, mais me ravisse très rapidement.
Malgré sa posture qu'elle veut droite et relâchée, elle se tient les côtes et respire avec difficultés. Si c'est moi qui me suit fait tirer dans le bras et que c'était elle qui était agenouillée pour me soigner... Elle n'en a pas moins souffert.
Je ne peux pas l'abandonner. Pas maintenant.
À ce stade, je ne pense même plus à la drogue ou à l'argent.
Bordel ce que je la déteste...
- Je ne te promets rien, l'avertis-je en lui emboîtant le pas pour rejoindre Lucille.
Ses doigts froids s'enroulent autour de mon poignet pour se tenir et elle chuchote avec un sourire plus large encore que l'étendue de l'univers :
- Merci.
***
Je n'ai jamais été aussi stressé de toute ma vie. Et pourtant, j'ai été courtier en bourse dans une nouvelle branche qui pouvait chuter au moins quinze fois par semaine avant de pouvoir décoller comme Wall Street peut si bien le faire. J'ai vu ma fortune aller et venir, jusqu'à me laisser palettant sur l'échafaud de la ruine, avec à peine assez d'argent pour pouvoir anesthésier mes sens meurtris à coup de drogue et d'alcool.
Et me voilà, quand même, en train de planter mes doigts de mon bras valide dans le cœur, face aux voitures de police qui gardent la porte d'une immense allée de graviers blancs, illuminés par des réverbères anciens.
- Comment est-ce qu'on va rentrer là-dedans, Ella ? parviens-je à articuler alors que la concernée se dandine à mes côtés pour mieux sonder les périmètres.
- Heureusement pour nous, on a quelques heures d'avance avant que Judd ne puisse revenir. Il est coincé en Australie au moins jusqu'à demain après-midi.
- Ça ne répond par à ma question.
Même si je suis soulagé de savoir ça.
- Fais-moi confiance.
- Hors de question. J'ai un trou dans le bras qui m'immunise contre toutes tes manigances.
- Ah oui ?
Elle se retourne vers moi et m'adresse le plus délicieux des sourires.
- Alors pourquoi est-ce que tu es encore ici ?
Je grince des dents, sans répondre et la laisse examiner la situation en paix. Mon regard se reporte sur la villa qui se situe bien au-delà du sentier. Divisé en deux et relié par une longue pergola en verre, la bâtisse me paraît immense. Avec des façades en pierre et du terrain fraichement tondu, l'intimité est à son comble. Pourtant, avec l'égo surdimensionné de Judd, j'aurais parié qu'il allait plus opter pour une vulgaire maison avec des baies vitrées illuminées vingt-quatre heures sur vingt-quatre. Après tout, pour n'avoir vu que son appartement en ville, ça coulait de source. L'outrage dans la richesse exposée à la vue de tout le monde pourrait donner la nausée à un aveugle.
Mais cette villa ?
Ce n'est pas Judd.
C'est cent pour cent Ella.
Je grimace lorsque j'abaisse le regard vers elle et ricane d'un ton amer :
- Je croyais que Judd ne te laissait pas avoir des choses.
- Ce n'est pas le cas.
- Et cette maison ?
- Il a eu la bonté de cœur de me laisser choisir dans quelle prison il allait m'enfermer.
Ses épaules d'habitude si graciles et fières s'abaissent et je ne remarque que maintenant qu'elle grelotte sous le froid. Je lui aurais bien donné ma veste, mais je n'ai sur le dos que ce pull stupide qu'elle m'a acheté. Mon nez se fronce quand je commence à imaginer tout ce que cette maison peut enfermer.
Mes millions.
Ses millions.
Le lit qu'elle partage avec cet enfoiré.
Je ne laisse toutefois pas l'occasion à mon esprit de commencer à se poser des questions auxquels je ne veux pas avoir de réponses et m'incline sur le capot de Lucille pour mieux voir l'étendue des voitures de police. À première vue, je n'en repère que deux, mais du renfort est surement en chemin. Ella semble le remarquer aussi et m'entraîne tranquillement le long du trottoir.
- Tu connais ce quartier ? me demande-t-elle avec un sourire, tout en m'indiquant une propriété adjacente à la sienne pour qu'on prenne cette direction.
- Non. Je devrais ?
On traverse discrètement la route et on s'infiltre sans gêne sur une large étendue d'herbe qui continue jusqu'à une grande barrière de saules pleureurs, toujours tenaces, malgré l'hiver.
- C'est ici que viennent habiter tous les proches de Judd. Tous les gars qui lui font de la lèche et qui finissent par lui être utile.
Je suis légèrement vexé, face à cette nouvelle. Après tant d'années à avoir travaillé pour lui... Je n'ai connu que son appartement en ville.
Mais je laisse sa fiancée poursuivre :
- Je ne compte plus combien de fois où j'ai dû participer à toutes ces insupportables soirées barbecue, poker ou encore une autre connerie du genre. Mais au lieu de rester dans la cuisine avec toutes les autres femmes, j'ai préféré m'éclipser et apprendre à connaître tout le monde.
Pas étonnant de sa part.
- Je dois dire que j'ai eu beaucoup de mal à me fondre dans la masse. Judd n'arrêtait pas de me surveiller, lorsque je parlais à quelqu'un. Et j'ai même failli me compromettre plusieurs fois, parce qu'ils sont allés lui rapporter le taux de questions que je pouvais poser.
- Et alors ?
- Et alors, j'ai réussi à trouver le maillon faible. Heureusement pour moi, c'était notre voisin direct.
Ella appuie ses propos en m'indiquant la propriété en question qui paraît plus silencieuse encore qu'un mausolée. Mais elle me rassure tout de suite en me poussant à continuer notre chemin à travers le domaine.
- Ce vieux porc se trouvait aimer les filles plus... Jeunes, que sa femme. Et je l'ai assez séduit pour le persuader que si jamais un soir, j'avais autant marre de mon conjoint que lui... Que j'aimerais pouvoir venir lui rendre visite sans que personne ne soit au courant. Et comme par hasard, le lendemain, il m'a laissé la clef de la porte qui relie nos deux jardins.
Du coin de l'œil, je distingue nettement le genre de décoration qui orne la villa.
Entre les grandes baies vitrées donnant sur des œuvres d'art douteuses et une décoration intérieure digne d'un enfant de cinq ans, il ne me faut pas plus de quelques minutes pour reconnaître tout ce que Gregor Kent a pu me débiter pendant des échanges qui m'ont paru interminables, au cours de ma carrière.
Et cette révélation fait écarquiller mes yeux bien plus que toute la cocaïne du monde.
- Tu as réussi à faire craquer le vice-président de la bourse de Baltimore ?!
- Pas si fort ! m'assène-t-elle en grinçant des dents. Je ne suis pas sûre si sa femme est déjà revenue de son séminaire...
Bordel.
Bordel.
Bordel !
La sueur qui coulait déjà de mes tempes se décuple et glisse le long de ma gorge.
Ella est à quelques pas devant moi et me guide à travers des buissons taillés au coupe-ongles qui nous protègent de la vue de la villa. J'ai de plus en plus du mal à la suivre et ça, ce n'est même pas en prenant en compte la douleur massacrante qui me tenaille le bras et la tête.
C'est trop d'informations pour le bordel qui sévit déjà dans mon crâne...
Je ne me sens même plus unique, à ce stade.
- Combien d'hommes est-ce que tu as réussi à t'attirer les bonnes grâces, Ella ? articulé-je en augmentant ma cadence pour venir la rejoindre, elle et son pas si rapide.
- Qu'est-ce que tu veux réellement insinuer ? réplique-t-elle en me décochant un regard sévère.
- Rien du tout. Je suis juste surpris de voir que de tes seuls beaux yeux, tu arrives à faire craquer le plus pourri des enflures.
Elle se détend et pose sa main dans mon dos pour me pousser à accélérer.
- Tu veux parler de Frère Karel, c'est ça ?
- Je ne comprends toujours pas ce qui est arrivé.
- Pour le malheur de Judd, Frère Karel et moi, nous nous connaissons depuis la rue.
- La... La rue ?
- Oui. Mes parents n'étaient pas aussi... Riches, que toi, quand Judd nous a dépouillés, mais c'était suffisant pour les rendre fous. Et une chose en menant une autre... J'ai dû me débrouiller seule.
Un frisson froid me parcourt l'échine, quand j'essaye d'imaginer Ella sans abris. Cette perspective me rend si colérique que mon poing se forme dans les tréfonds des poches de mon pantalon.
Il l'a détruite... Et continue de le faire.
- Je suis restée avec un groupe qui a partagé le peu qu'ils avaient avec moi. Ils m'ont donné une tente, un sac de couchage, deux conserves et une bonne place près du feu. C'était une famille démunie qui s'est fait chasser d'une ville dont on a retiré le code postal. Ils travaillaient pour le gouvernement et... Eux aussi, une fois le travail fait... Se sont débarrassé d'eux, en les privant d'identité.
- Comment est-ce possible ?
- La véritable question est : comment est-ce que ce n'est pas possible ? C'est le gouvernement, Zade.
J'ouvre la bouche pour protester, mais elle soupire en dégageant de son passage quelques feuillages épais.
- J'ai appris à lire au plus jeune des fils qui se trouvait être sourd. Et comme je l'ai aidé... Il m'a enseigné en retour le langage des signes.
- Tu veux dire que Frère Karel...
- Oui, oui. On est des amis d'enfance. Mais Judd n'a pas pris soin de prendre des infos de la paroisse dans laquelle il vient prier et... Expier ses péchés, je suppose. C'est Karel lui-même qui est venu m'expliquer qu'il a reçu la garde attitrée de sa carte biométrique. Encore un autre signe qui m'avait poussé à croire que l'heure de la vengeance avait bel et bien sonné.
Sur le coup, je m'arrête.
Ella se retourne vers moi, les sourcils froncés par l'impatience et la curiosité et je ne peux m'empêcher de rire en secouant la tête.
- Quoi ?
- Rien. J'ai juste besoin de temps.
- Zade...
- Je suis désolé, Ella. C'est juste que là... Ça fait beaucoup. Vraiment... Vraiment beaucoup à avaler.
Devant moi se tient une femme. Une jeune femme. Avec des magnifiques yeux onyx qui ont vu la misère. Un visage de porcelaine qui a jadis été enduit de saletés. Un ventre moulé dans une robe rouge, qui avait hurlé de famine.
Combien de sales hommes a-t-elle dû séduire ?
Est-ce qu'elle a seulement connu la douceur ?
- Tu avais raison, finis-je par renifler en passant mes pouces sous mes narines qui n'ont toujours pas reçu satisfaction depuis cinq heures, à présent. J'ai perdu ma fortune, et toi... Tu as perdu ta famille. Et...
Ella lève la main pour m'arrêter et m'assure avec douceur :
- Zade. On est peut-être différents sur ce point, mais ça ne veut pas dire que je t'estime moins.
- Ah non ?
- Le truc... C'est que toi, tu ne t'estimes pas du tout.
Elle soupire en rejetant ses cheveux en arrière et fait mine de poursuivre son chemin, mais à la dernière minute, elle pivote dans ma direction.
- Tu peux me promettre quelque chose ?
- Quoi ?
- Ne te suicide pas. Peu importe... Ce qui peut un jour t'arriver.
Je souris, malgré moi et vient la rejoindre en lui replaçant la mèche la plus longue de sa frange derrière l'oreille.
- Si je l'avais fait plus tôt... Qui est-ce qui sera venu m'offrir le plus foireux des plans pour récupérer ma fortune ?
Elle se tapote le sein droit et arque un sourcil malicieux.
- Et ta cocaïne.
Garce.
- Allez viens, c'est par là.
On finit de longer la haie de saules et on arrive à une petite porte chinoise fermée à clef. Et comme prévu, Ella sort une clef de son petit sac.
Je ne mentirais pas si je disais qu'à cet instant précis, j'ai l'impression d'atterrir au Pays des Merveilles.
Ella est sans doute la meilleure version de ce maudit lapin avec son horloge... Et elle m'en donne la preuve quand elle s'élance vers la porte vitrée de l'arrière de la maison en se tapotant le poignet.
- On ne peut plus tarder !
Essoufflé, mon bras blessé replié contre mon ventre, je monte la petite colline qui mène jusqu'à l'immense salon.
- J'espère que ça va marcher... marmonne-t-elle en faisant apparaître un clavier de sécurité près d'une grande porte en bois de chêne.
De ses doigts tremblants, elle compose un code si long que j'en oublie les chiffres qui défilent... Mais il ne se passe rien.
Du moins jusqu'à ce qu'un clic s'enclenche et qu'Ella ouvre la porte.
Et quand elle la referme derrière nous...
Une longue minute de silence scelle nos deux regards... Avant qu'elle ne sautille sur place et qu'elle écarte les bras en grands :
- On est rentrés ! On a réussi ! J'ai réussi !
Son étreinte se referme autour de moi et je pousse un cri endolori qui la fait reculer sur l'instant. À moitié plié en deux sous la douleur, j'enfonce mes dents dans ma langue et laisse les milliers d'insultes empoisonner ma bouche du goût cuivré du sang.
- Je suis désolée ! J'avais oublié !
- Tu es excusée... Seulement si tu me donnes un pourcentage supplémentaire pour compenser les dégâts.
- Ne soit pas gourmand !
Son avertissement nous arrache à tous les deux un sourire, jusqu'à ce qu'elle s'élance dans le vaste salon dont les fenêtres sont protégées par des grands rideaux cotonneux.
- Je vais vite me changer et à nous les trois cents millions de dollars !
Et sans crier gare... Elle me laisse planté en plein milieu du salon.
À nous les trois cents millions de dollars...
Je souffle avec force pour dégager de mes poumons l'air qui m'empoissonnait jusqu'à présent et mon nez se perd dans les hauts plafonds de la maison.
S'il y a des photos, c'est uniquement de Judd et de ses rencontres importantes. Des sénateurs, des ministres... Il n'y en a qu'une seule avec Ella. Accrochée sur un grand bloc de brique beige qui sépare la cuisine au salon, je la scrute avec des yeux plissés à demi. Il sourit, la main glissée un peu plus en-dessous que sa taille, tandis qu'elle... Non. Je passe mes doigts derrière le cadre et elle se décroche pour tomber au sol.
- Oups.
Je prends bien soin à piétiner les débris de verre avec la semelle de ma chaussure et dépasse les chaises, les fauteuils accommodés aux teints chaleureux des pièces de vie pour essayer de retrouver la trace d'Ella.
Mais ce n'est pas facile avec le labyrinthe que représente cette villa.
Je me retrouve rapidement perdu et pour ne pas aider, elle n'a allumé aucune lumière que je puisse utiliser comme repère.
- Ella ?
Mon appel n'obtient aucune réponse.
J'aboutis malgré tout dans une salle d'eau spacieuse et je contourne la baignoire ancienne placée au beau milieu de la pièce pour me ruer vers les placards au-dessus des lavabos en pierre.
Pas une pilule.
- Fais chier.
Je baisse le regard vers mon bras et grimace lorsque je vois du sang couler le long de mon poignet et égoutter sur le sol.
Quoi que je dois faire ici...
Je dois le faire vite.
J'abandonne donc les placaeds ouverts et continue ma recherche.
- Ella ?
Les couloirs se font plus courts et j'aperçois enfin une lumière que je poursuis avec hâte.
- Ella ? appelé-je une dernière fois en dépassant une série de chambres aux portes closes.
Et je la retrouve là. Entre les vêtements de son dressing. Ses longs cheveux chocolatés chutant dans son dos nu, uniquement habillée de ses talons écarlates et d'une petite culotte dentelée de noir. Entre ses mains, à qui on aurait jamais accordé une seule violence, elle tient l'arme à feu que Frère Karel lui avait donné.
Bordel.
Parfaitement immobile, au point où je doute que mes poumons se souviennent de ce que la nature leur avait ordonné de faire, je la regarde sans même pouvoir cligner des yeux.
Je comprends à présent pourquoi Judd ne l'avait pas dégagé après qu'il ait compris qui elle était et ce qu'elle comptait faire un jour ou l'autre...
S'il devait se faire trahir, c'était avec la trique de sa vie.
Je déglutis et pars sur la gauche pour rejoindre ce qui me semble être son dressing à lui. Je peux sentir mon cœur battre dans les plus petites capillaires de mon visage et contient à peine la sensation embrasée qui s'empare de mes joues.
Concentre-toi, Zade, concentre-toi, concentre-toi, concentre-toi !
Je racle ma gorge et m'écrie :
- Je peux prendre une chemise ?
Je l'entends rire de l'autre côté.
- Tu es dans une maison que tu t'apprêtes à cambrioler et tu demandes encore la permission de voler ?
- Je dis ça, parce que tu as dépensé de l'argent pour mon pull. Et soyons honnête... C'est un vrai scandale.
Quand je me tourne, elle est devant moi. Malheureusement habillée d'une autre robe, cette fois-ci noire et...
Je viens de dire malheureusement ?
- Tu peux m'attacher ?
Un million de pensées différentes s'emparent du peu de cervelle qui me reste, mais quand j'ouvre la bouche pour demander où se trouvent les menottes ou les cordes, elle pivote et m'indique la fermeture de son nouveau vêtement resté ouvert dans son dos.
J'en soupire de soulagement.
Ou du moins, je crois que c'est ça.
J'ai à peine le temps de toucher sa peau qu'elle se parsème de frissons et elle m'adresse un regard courroucé.
- Tu es froid.
- Désolé. Ça doit être la blessure par balles, ironisé-je en me mordant la lèvre.
- Très drôle. Allez, dépêche-toi.
Je m'exécute du mieux que je peux avec ma main valide et elle me dépasse en rentrant dans le dressing de Judd.
- Tu es plus... Solide, que lui, alors tu vas être à l'étroit, me prévient-elle en examinant les étendues de vêtements.
- Solide, hein ?
Ella revient avec une chemise noire, identique à celle que je portais en début de soirée, et secoue sa chevelure brune.
- Tu ne peux pas sérieusement être fier d'avoir plus de viande que Judd. Par pitié, mets tes standards un peu plus haut !
C'est à mon tour d'être torse nu. Je ne le suis pourtant pas la première fois, ce soir, mais cette fois-ci, je me précipite sur la pièce textile pour le rester le moins longtemps possible. Mon bandage est suintant de sang, mais je me débrouille suffisamment pour m'apprêter.
Et on est fins prêts.
Je regarde Ella.
Et Ella me regarde.
Et dans un murmure, je demande :
- Alors... C'est par où, le coffre-fort ?
Elle prend d'abord le temps de m'essuyer les épaules avant de répondre avec un demi-sourire :
- Suis-moi.
Si près du but et... On dirait bien que ça chauffe entre Zade et Ella ! 😏
Et on en apprend bien plus !
• Ella n'a pas eu une vie facile et c'est ce que la guide sur le chemin de la raison, quand il s'agit de prendre des décisions dures.
• On apprend un peu plus en profondeur ce qui a pu lui arriver. Les gens qu'elle apu rencontrer, malmener à sa guise et la mettre en tête du rang prédatrice dans un corps de gazelle... Ce genre de responsabilité est dur a porter pour quelqu'un d'aussi jeune qu'elle, hein ? 🥺
• Zade a vraiment besoin de soins, à ce stade 😂😂😂 mais pour Ella, il combat la douleur SANS DROGUE ! eh, on peut l'applaudir ! (C'est surtout qu'il en a pas trouvé en fait 😂)
Il reste deux chapitres et un épilogue ! Comment est ce que ça se passera, a votre avis ?
Je vous dit à demain pour un pdv d'Ella !
N'oubliez pas la petite étoile et de me dire en commentaires ce que vous en avez pensé !
Gros bisous !
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