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"Truth is, everybody is going to hurt you: you just gotta find the ones worth suffering for"

– Bob Marley


"Qu'est-ce que tu veux manger, Joshy ?" Demande Louis en poussant le caddie dans l'allée du supermarché. Harry a un patient à opérer aujourd'hui, et il lui montre toujours des preuves lorsque sa journée s'allonge. Il ramène à la maison le dossier et l'explique à Louis, et ce dernier a l'impression qu'il a retrouvé des émotions. Ça fait désormais deux mois et les choses sont calmes. Ils ne dorment toujours pas dans le même lit mais la thérapie se passe bien.

Joshua le regarde avec ses grands yeux bleus et rigole, son hochet dans la bouche. Louis lui sourit et soupire. Il pense faire du poulet avec de la salade de chou. Il avance dans l'allée des légumes et regarde sur le côté pour trouver ce dont il a besoin. Il sent un caddie le cogner et il gémit avant de tourner la tête pour voir le connard qui ne faisait pas attention où il allait.

"Oops, je t'avais pas vu," sourit Nathan.

"Oh. C'est toi," lâche Louis en reportant son attention sur les choux.

"Comment va ton mariage ? Il t'a plaqué ?" Demande Nathan avec un froncement de sourcils moqueur.

"Non, et il est pas revenu vers toi non plus, donc je pense que je gagne," dit Louis en refusant de le regarder.

"Il t'a trompé, donc tout n'est pas rose avec toi et ta famille en carton."

"Bon, c'est bon. J'ai mon bébé avec moi, t'es quel genre de connard au juste ? Harry ne reviendra jamais vers toi donc lâche l'affaire. Trouve une autre famille à essayer de détruire parce que celle-ci s'en sort très bien," crache Louis.

"Je suis sûr que Harry m'a dit qu'il m'aimait plus qu'à toi. Ça doit faire mal, non ?" Dit Nathan avec un sourire méchant. "Il m'a dit que t'avais arrêté de t'occuper de lui et j'étais là pour le faire quand toi t'étais pas là. C'est dur, hein ? De savoir que ton mari est mieux avec quelqu'un d'autre ?"

"N'ose plus jamais me parler comme ça. Je t'ai absolument rien fait, t'es celui qui a couru après un homme marié. Si t'as le cœur brisé, j'ai pas de pitié pour toi. Tu savais dans quoi tu t'embarquais. Je veux que tu sortes de nos vies et que tu passes à autre chose. Agis comme un adulte pour une fois," dit durement Louis en plissant les yeux avant de pousser son caddie plus loin.

Après avoir fini les courses et mis le bébé dans le siège auto, il s'assoit dans la voiture et pleure. Harry aimait quelqu'un qui n'était pas lui, même s'il ne l'aime plus. C'est pas juste, rien de tout ça est juste.

Il entend Joshua gazouiller derrière lui et dire "Papa ?"

"Je vais bien, chéri," renifle-t-il. "On va rentrer à la maison, d'accord ?"

"Maisoooon," chantonne Joshua, et Louis sourit. Au moins il a les meilleurs enfants au monde.

Il prépare le repas pendant que Joshua joue dans sa chaise haute et que Gabriella met la table. Elle lui raconte sa journée à l'école et lui parle de son nouvel ami, Cody. Louis répond à tous les moments appropriés et essaye d'être aussi réactif qu'il peut, mais son corps entier est tendu depuis sa rencontre à Tesco's. Il sait qu'il doit en parler à Harry mais il ne sait pas comment il va lancer le sujet. Tout a été extrêmement difficile cette dernière année et demie et Louis est épuisé.

"Papa va manger avec nous ce soir ?" Demande Gabriella.

"Oui, chérie," répond-il en regardant l'horloge au dessus de l'évier. "Il devrait pas tarder à rentrer."

"T'es toujours énervé contre lui ?"

"Non chérie, plus maintenant," répond-il doucement en mélangeant la salade.

"Pourquoi vous vous disputez souvent alors ?" Demande-t-elle.

"On se dispute tous avec les gens qu'on aime, Gabby. On s'aime toujours énormément et c'est pour ça qu'on se dispute."

"C'est bizarre l'amour," soupire la jeune fille. "Se disputer ressemble pas à l'amour. J'espère que je tomberais jamais amoureuse."

"Gabby," rit Louis. "L'amour est une très bonne chose, mon coeur. Les disputes en font juste partie, mais si papa et moi serions pas amoureux, tu serais pas ici. On aurait aucun de vous."

"Oh," dit-elle. "C'est logique."

Harry arrive peu de temps après, juste au moment où Louis met le repas sur la table. Il dépose sa veste sur le porte-manteaux et entre dans la cuisine.

"Hey," dit-il doucement en embrassant la joue de Louis. "Ça sent bon."

"Merci. Comment ça s'est passé ?" Demande Louis en se tournant vers lui.

"Bien, c'était un vrai succès. Il reste encore cette nuit en observation pour s'assurer que tout va bien et il sera renvoyé chez lui dans la matinée."

"C'est super," dit Louis. "Je suis content que t'aies pu l'aider."

"Comment s'est passée ta journée ?" Demande Harry.

"Pleine de rebondissements," répond-il sèchement. "Je dois te parler après manger."

"Tout va bien ?" Demande Harry, inquiet.

"Non, pas vraiment. Mais j'ai juste envie de profiter du repas avant qu'on en parle."

"D'accord," dit-il. "Mais hey, peu importe ce que c'est, je t'aime, d'accord ?"

"D'accord," dit Louis la gorge serrée. Harry lui frotte légèrement le dos avant de l'embrasser sur sa tempe.

"Je vais chercher les enfants."

Harry appelle les enfants et installe Joshua avec de la nourriture découpée et un biberon. Il leur demande comment s'est passée leur journée et hoche la tête lorsqu'ils racontent leurs histoires. Il regarde son mari de temps à autre pour voir comment il va et Louis hoche simplement la tête.

Après le repas, Harry et Sophia débarrassent pendant que Louis attend dans le salon. Il essaye de réfléchir à ce qu'il va dire, se répète ce qu'il s'est passé cet après-midi. Il est vraiment fatigué et veut juste dormir pour toujours et faire semblant que rien de tout cela ne se soit passé. Il aimerait qu'aimer Harry soit aussi simple qu'avant.

"Bébé, j'ai fini," dit tendrement Harry en entrant dans le salon. "Tu veux parler maintenant ?"

"Oui, assieds-toi," répond-il doucement en se tournant sur le canapé. Harry s'assoie à côté de lui et lie leurs doigts pour les serrer en guise de réconfort.

"Qu'est-ce qui va pas, Lou ? T'as l'air ailleurs, je sais que c'est pas une bonne nouvelle," dit Harry en caressant ses phalanges avec son pouce.

"J'ai vu Nathan à Tesco's," chuchote-t-il en se mordant la lèvre inférieure.

"Oh non," marmonne Harry. "Qu'est-ce qu'il s'est passé ? Qu'est-ce qu'il t'a fait ?"

"Il m'a dit des choses vraiment dégueulasses," dit-il avec une voix tremblante. "Qu'il était mieux pour toi et que t'as dû aller vers lui pour avoir de l'attention et être aimé comme tu le voulais. A quel point tu lui disais... A quel point tu lui disais que tu... tu l'aimais."

"Louis," soupire Harry en l'entraînant dans un câlin, mais Louis le repousse.

"Non. Tu peux pas régler ça avec un câlin," pleure-t-il en séparant leurs mains. "Tu l'aimais et tu le lui as dit plus que tu me le disais. Il était mieux traité que ton propre mari."

"Louis, écoute," tente Harry, mais Louis continue.

"C'est pas juste ! T'étais aimé pendant tout ce temps alors que j'avais personne d'autre que les enfants ! C'était pas juste pour le sexe, tu l'aimais ! T'aimais un autre homme et t'es mon mari, pas le sien !" Crie Louis avec la voix cassée. "Comment je suis censé rester avec quelqu'un qui me blesse autant ? T'aimais quelqu'un d'autre."

"Je ne l'aime plus."

"C'est pas ça le problème ! Je vais toujours avoir peur de pas être assez bien pour toi et tu peux facilement aimer quelqu'un d'autre ! Je préférerais être seul que ne plus t'aimer." Il a l'impression que son coeur se fissure.

"Je t'aime tellement," dit doucement Harry, les larmes dévalant ses joues. "Bébé, j'ai jamais arrêté de t'aimer."

"Tu comprends pas !" Crie Louis. Il se lève et s'essuie les yeux, énervé. "Tu comprendras jamais. Je veux pas rester dans une relation comme ça. J'aimerais avoir le courage de partir d'ici, de te laisser souffrir tout seul."

Il monte à l'étage et fais couler l'eau le plus chaud possible, puis se déshabille et va sous l'eau bouillante. Il tombe contre le mur et éclate en sanglots.

Harry s'assoie sur le canapé et pleure. Louis veut le quitter. Il préférerait partir et changer de vie que de rester marié. Il a l'impression qu'un couteau lui coupe la poitrine en deux.

Il va doucement à l'étage et ouvre la porte de la salle de bain avec la corbeille à linge. Il ramasse les vêtements salles de Louis et les met dedans puis attrape une des serviettes de Louis pour la mettre dans le sèche-linge afin qu'elle soit chaude lorsqu'il aura terminé. Il met les vêtements dans la machine à laver puis attend. Il s'appuie contre et se laisse pleurer.

Lorsque Louis sort de la douche, il récupère la serviette chaude et s'enroule dedans. Il remarque que ses vêtements ne sont plus étalés sur le sol et qu'un pyjama propre est plié sur le rebord du lavabo, il sait que Harry essaye de prendre soin de lui. C'est sa façon de dire qu'il est désolé. Il serre fortement la serviette contre lui puis s'habille. Il va ensuite dans sa chambre et voit Harry en train de mettre une nouvelle housse de couette, et Louis est sûr qu'elle sort également tout droit du sèche-linge.

"Désolé," dit doucement Harry. "Je sais que t'aimes quand la couette est chaude quand tu vas te coucher."

"Il est que vingt heures."

"Oh," dit tristement Harry en regardant le réveil. "Je suis désolé, je voulais juste aider."

"Je sais. C'est l'intention qui compte."

"T'as besoin de quelque chose d'autre ? Je vais faire tourner une machine. Tu veux du thé ?" Demande Harry, plein d'espoir.

Louis hoche la tête, "Ça pourrait être sympa, oui."

"D'accord, je m'en occupe."

Louis se recroqueville dans la couette chaude et ferme les yeux.

°°°

"I wanted so badly to lie down next to her on the couch, to wrap my arms around her and sleep. Not fuck, like in those movies. Not even have sex. Just sleep together in the most innocent sense of the phrase" 

- John Green


"Jakey, qu'est-ce qui va pas ?" S'inquiète Louis en se tournant dans le lit pour voir son fils dans l'encadrement de la porte.

"J'ai fait un cauchemar," répond-il en reniflant.

"Viens là, chéri. Tu peux rester avec moi cette nuit," répond-il. Jake se glisse dans le lit et Louis le serre contre lui. "Papa va te protéger. C'était quoi ton cauchemar ?"

"Papa vivait plus ici avec nous. Il nous a dit au revoir et il est jamais revenu," renifle Jake.

"Oh, mon bébé, ça arrivera pas. Papa va pas nous laisser, d'accord ? Il sera toujours là et il t'aimera toujours, d'accord ?" Dit doucement Louis en écartant quelques boucles du visage de son fils.

"Promis ?" Demande-t-il doucement.

"Oui, chéri. Promis. Allez, essaye de dormir maintenant," le rassure Louis en embrassant son front.

"Papa ?"

"Quoi, mon coeur ?"

"Pourquoi papa et toi vous dormez plus dans le même lit ?"

"Oh," Louis prend son temps pour réfléchir. "Je dors pas très bien, donc papa me laisse dormir tout seul maintenant."

"Et tu dors mieux ?"

"Oui, chéri. Papa va bientôt revenir dormir ici, d'accord ? Donc la prochaine fois que t'auras besoin de moi, il sera là aussi."

"D'accord."

"Repose-toi maintenant."

Le lendemain matin, Louis va dans la chambre d'ami avec Joshua dans les bras, où Harry a temporairement emménagé. Harry se redresse et prend son fils en fronçant les sourcils.

"Bonjour, Lou. Y a quelque chose qui va pas ?"

"Il faut que tu reviennes dormir dans notre lit. Jake est venu hier soir après un cauchemar et il a demandé pourquoi t'étais pas là. J'ai trouvé une excuse bidon mais je crois qu'il faudrait qu'on commence à reprendre nos anciennes habitudes. Ça fait deux mois, donc on est peut-être prêts pour cette étape."

"Ouais, bien sûr, Louis, j'adorerais. Et si tu te sens prêt, je le suis aussi pour cette règle des câlins," Harry sourit timidement.

"On peut essayer, oui," répond doucement Louis en essuyant de la bave sur le menton de Joshua.

"Il te ressemble," constate Harry.

"Non, je trouve qu'il te ressemble plus."

"Ils sont tous beaux. Et c'est parce qu'on les a fait," chuchote Harry.

"Ouais, je crois que t'as raison là dessus."

"Tu te rappelles quand Sophia était persuadée que t'avais mangé Jake et que c'était pour ça que t'étais si gros ?"

"Oui," rigole Louis. "Elle était trop énervée contre moi."

"Papa, j'ai une question," demande Sophia lorsque Louis et Harry la bordent.

"Qu'est-ce qu'il y a, ma puce ?" Répond Louis en lui frottant le ventre. Il restait plus que trois semaines avant la césarienne et il était juste prêt à exploser.

"Pourquoi t'as mangé mon frère ?" Demande-t-elle en semblant blessée. Harry ricane doucement et Louis se retient de rire. "Les bébés c'est pas fait pour manger."

"Soph," intervient Harry en lui caressant les cheveux. "Papa l'a pas mangé."

"Alors pourquoi il est bloqué dans son ventre ? Comment il est rentré là-dedans ?" Demande-t-elle en croisant les bras.

"Eh bien," Harry tousse, gêné. "J'ai utilisé un tube spécial pour planter une petite graine dans le ventre de papa et la graine se transforme en petit bébé, et dans quelques semaines il sortira comme tu l'as fait."

"Oh. Et tu l'as eu où la graine ?" Demande-t-elle.

"Lou ? Tu veux lui dire ?" Demande Harry, la voix un peu plus aiguë.

"Je sais pas où tu prends les graines, bébé. On dirait qu'elles apparaissent comme par magie, donc tu les trouves où ?" Sourit Louis.

"Je, euh, je les achète dans un magasin spécial. Il y a que les garçons de plus de vingt et un ans qui ont le droit d'y aller."

"Oh," dit-elle en y réfléchissant, puis semble accepter la réponse.

"Repose-toi, chérie. T'as école demain matin," dit Louis en lui embrassant le front.

"D'accord. Bonne nuit mes papas d'amour," dit-elle en serrant plus fort son éléphant en peluche.

"Bonne nuit, princesse. Je t'aime," dit tendrement Harry en lui embrassant le nez.

"Je t'aime aussi," baille-t-elle. Louis lui fait un dernier bisou. Harry l'aide à se relever et passe une main dans son dos pour le diriger vers la porte et éteindre la lumière.

"Des graines d'un magasin ?" Demande Louis en souriant. "Un tube spécial c'est-à-dire ta bite ? Et le magasin étant tes couilles ?"

"Si tu veux être plus technique, oui," rit Harry. "C'est mieux que de manger ton propre fils."

"Je suppose oui," dit doucement Louis. "Et si je te disais que j'ai envie d'avaler tes graines spéciales ? Et de sucer ton tube spécial ?"

"Pourquoi c'est si sexy ?" Grogne Harry. "Ça devrait vraiment pas m'exciter."

"T'as jamais été très difficile," rigole Louis en glissant sa main plus bas pour attraper le membre de Harry à travers son pantalon.

"Ouais," il hoche la tête. "Chambre."

"Sophia a un bon caractère," dit Harry. "Tout comme toi."

"Je suppose oui."

Cette nuit-là, Harry entre avec hésitation dans leur chambre et Louis sourit faiblement.

"Hey," dit doucement Harry. "T'es sûr que t'es ok avec ça ?"

"Ouais," répond tendrement Louis. "On peut essayer. Je pense que c'est mieux comme ça pour les enfants et... mieux pour nous."

"D'accord," murmure Harry. Ils se changent en silence, et Louis sait que Harry le regarde pour voir le plus qu'il peut, souriant discrètement. Louis le prend comme un compliment qu'il veuille toujours le voir, qu'il aime toujours ce qu'il a à offrir.

Ils se mettent dans le lit et Louis peut sentir que Harry se pose des questions, qu'il veut le prendre dans ses bras. Louis avale sa salive puis relève les yeux vers Harry.

"Euh, je crois pas être encore prêt pour tout ce qui est câlins," chuchote-t-il.

"Non, non, c'est pas grave, Louis. Je comprends," dit doucement Harry. "Euh, bonne nuit."

"Bonne nuit."

"Je t'aime," ajoute Harry en lui embrassant le front. "Dors bien."

"Toi aussi," chuchote Louis en se mettant dos à Harry, les yeux fermés. Il se sent nerveux. Nerveux et coupable. Il sait qu'il n'a aucune raison de l'être, mais Harry est de retour dans leur lit et il peut sentir son poids de l'autre côté, peut sentir son parfum, son shampoing, Harry. Mais il pense que c'est déjà un pas dans la bonne direction.



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