Chapitre 24
Tout cela, tous ces sacrifices, pour en arriver là. Elle se rendit compte en voyant Jerome s'éloigner, qu'elle n'avait jamais aimé personne avec autant de force et de sincérité.
Elle se retourna, et envoya son pied dans l'inconnu qui attendait que Gordon et Bullock se soient débarrassés des derniers maniaques, restés pour les empêcher de suivre Jerome. Dans un élan désespéré, auquel s'ajoutait de la colère et une profonde tristesse, Harley se releva avec sa batte qu'elle ne lâchait plus, et qu'elle agrippait maintenant, pour frapper son ennemi acharné.
Sans qu'elle ne sache comment, elle arriva enfin à se libérer, et courut vers la sortie, sa respiration irrégulière, un air perdu mordant les traits de son visage et qui se lisait dans ses gestes. Mais, alors qu'elle se précipitait vers la sortie en tentant inutilement de rattraper le rouquin, Harley fut rattrapée par un corps plus épais, qui faisait à peu près sa taille, et qui était plus fort qu'elle.
Les bras de son agresseur s'enroulèrent autour de sa taille, ses bras à elle coincés. Dans des mouvements brusques, elle fit bêtement tomber sa batte, et tenta de se débattre pour s'échapper et reposer pied à terre, alors que l'ombre noire fuyait.
- LACHEZ-MOI ! hurla-t-elle furieuse. Jerome ! JEROME ! Il va revenir me chercher ! Il va revenir ! assura-t-elle en gigotant dans les bras du policier.
Gordon ne répondit pas à Harley. Ou Harleen. Elle ne savait plus. Elle pleurait, en criant qu'elle l'aimait, en clamant sa loyauté, mais rien ne fit revenir Jerome. Il était parti, sans avoir aucunement l'intention de revenir. Harleen ne le comprit que de longues minutes après son départ, après qu'elle se soit retournée dans les bras de l'inspecteur.
- Il est parti, dit-il doucement pour essayer de calmer la jeune femme qui devenait presque hystérique. Il ne reviendra pas.
- Non, non, non ! Je lui appartiens, je suis à lui, il va revenir, il va revenir ! persistait-elle en lançant quelques coups d'œil vers l'entrée de l'usine tout en faisant pression sur le torse de James Gordon.
Et soudainement, elle eut peur. Tout lui revint subitement en mémoire, les choses qui s'étaient passées si vite, avec beaucoup de précipitation. L'incapacité qu'elle avait eue face à ses sentiments qui lui avaient fait perdre toute notion établie. Ses actions, motivées par une force incompréhensible et inconnue. L'adoration qu'elle portait à un jeune homme, prisonnier de ses pensées malsaines et maître de la manipulation qu'il avait menée sur Harleen.
- Il m'aime ! cria-t-elle en face du visage de Gordon, qui la retenait toujours avec autant de force.
- Non ! s'écria le détective en secouant un peu Harley. Non !
Elle arrêta tout mouvement en l'entendant, fatiguée de se battre et de croire. Elle observa Gordon qui avait le trait tirés, les yeux d'Harley teintés de surprise et d'incompréhension
- Il ne peut pas, expliqua-t-il plus tranquillement. Il en est incapable.
Elle fut heurtée par ses mots, comme si l'usine s'était effondrée sur elle, l'envoyant plusieurs mètres sous terre, morte sous sa propre crédulité. Sa tentative de vie n'avait pas duré longtemps, finalement. Un instant, elle oublia même toutes les raisons qui firent qu'elle avait fait tout ce qu'elle avait accompli. Elle sentit son esprit divaguer gravement, et sa nuque suivit le mouvement sans qu'elle n'arrive à la retenir.
Elle tomba lentement contre lui, le visage méconnaissable sous cette épaisse couche de maquillage. Elle se sentait si jeune tout à coup, si faible. Sans qu'elle ne sache pourquoi, Gordon la maintint contre lui, ainsi que l'aurait fait un amant dévoué.
Elle aurait dû le savoir, et même prévoir que cela arriverait. Elle avait étudié Jerome, elle savait de quoi il était capable, ce qu'il ne pouvait pas faire. Elle aurait dû dire à sa mère qui était ce garçon, dès la première fois.
- Tout ça, c'est de votre faute ! s'exclama-t-elle sans prévenir, en se retirant des bras de Gordon.
Elle arrêta de pleurer immédiatement.
- Oui, c'est de votre faute ! Et celle de ce... lâche masqué ! accusa-t-elle en le cherchant des yeux sans le trouver. S'il n'avait pas été là, on vous aurait tué, et Jerome et moi serions partis ! On aurait pu vivre ensemble et être heureux ! cria-t-elle, pleinement persuadée de ses paroles. Je vous hais !! Vous m'avez tout volé !
Elle vit le visage de Gordon se décomposer un peu plus, comprenant tout à fait qu'Harleen resterait Harley. Jerome tenait désormais entre ses mains tout ce qui composait l'être d'Harley, et avait emporté tout le reste avec lui.
Bullock faisait le tour de l'usine en vérifiant qu'il ne restait personne, et surtout pour essayer de trouver l'ombre justicière. En revenant sur ses pas, il baissa les yeux sur la carte jetée par Jerome avant de partir, dans l'unique but de narguer et provoquer. Il revint vers son coéquipier et lui tendit le petit bout de carton flexible.
- Regarde, fit-il.
Tenant toujours une Harley épuisée, Gordon s'empara de ce que lui tendait son ami et découvrit l'une des cartes d'un jeu. « JOKER ». Harley tourna les yeux dessus, et alors que les deux autres tenaient une expression incertaine, elle se mit à rire.
Gordon fronça le nez dans une grimace enragée, et colla avec brusquerie Harley à l'un des poteaux de l'usine.
Aidé de Bullock et dans l'impossibilité de demander de l'aide à cause des multiples bombes qui explosaient dans la ville, ajouté à cela la révolution que menaient les anciens et nouveaux partisans de Jerome, ils menottèrent Harley.
- Jerome va prendre la ville, menaça-t-elle avec une voix sifflante, et quand il sera le maître de Gotham, il vous tuera, et vous regretterez tous ce que vous avez fait ! Vous êtes faibles, et pitoyables, Jerome savait ce que signifiait « vivre », lui !
- Si tu pouvais vivre en silence, ça nous arrangerait, grommela Bullock en la retenant.
- On la ramène au GCPD. Et on va arrêter toutes ces conneries, ajouta Gordon en serrant les menottes.
- Vous ne pourrez rien faire ! Il a tout prévu, et Gotham sera enfin libérée des idiots comme vous, assura-t-elle les dents serrées.
Ils sortirent de l'usine en trainant la jeune femme qui refusait obstinément de coopérer et l'installèrent à l'arrière de leur voiture.
- C'est le bordel, fit remarquer Bullock côté passager.
Gordon acquiesça.
- Jerome est trop imprévisible... et il a très bien joué son coup cette fois-ci. Tout ça, c'est un jeu pour lui.
- Et il n'aura jamais joué toutes ses cartes, ajouta Bullock d'un air grave.
Tout en les écoutant parler depuis la banquette arrière, Harley se démenait pour essayer de se libérer des menottes qui lui broyaient les poignets.
- Et est-ce qu'elle va arrêter de gigoter comme ça ?! s'agaça Bullock, sur les nerfs, en regardant dans le rétroviseur pour voir Harley.
Harley leva les yeux et tira la langue en louchant, sans trouver rien de mieux à faire que de lui adresser cette grimace puérile. Bullock grommela, et la voiture fit le tour de la ville en évitant les gros attroupements. Il faisait nuit noire, et plusieurs endroits de Gotham brûlaient, des révolutions plus ou moins conséquentes se développaient un peu partout autour d'eux.
La ville s'imprégnait du chaos qui régnait dans l'esprit du commanditaire de toute cette anarchie.
Harley leva les jambes, sa robe caressant ses cuisses nues, et tapa à plusieurs reprises dans le dos du fauteuil de Bullock.
- Laissez-moi sortir ! s'énervait-elle.
Le policier se retourna et menaça la jeune femme avec son regard, se refusant de céder à la violence immédiatement.
- Calme-toi, Harvey, prévint Gordon qui était tout autant porté sur les nerfs.
- Y a un bordel pas possible là, dehors, et nous on est occupés à faire une virée romantique avec mistinguette, s'agaça Bullock, contrarié.
Harley grogna de frustration, tentant désespérément de faire tomber les menottes. Ils arrivèrent enfin au GCPD, et Gordon se chargea de faire descendre Harley de la voiture. Contrairement à ce qu'elle avait pensé, le GCPD était toujours en état de fonction, même si tout était perturbé : trop de personnes étaient enfermées dans les petites cellules, et trop de monde se précipitait de partout en essayant bien inutilement de maintenir l'ordre. Les deux policiers n'y prirent pas garde et poussèrent Harley à travers tout le monde. Assez difficilement, d'ailleurs, alors qu'elle se débattait avec acharnement et refusait de collaborer, ignorant même les autres clowns présents.
Ils l'assirent de force sur la chaise d'une salle grise et isolée. Ils défirent ses menottes pour attacher ses mains devant elle et les fixer au bureau dont les pieds étaient collés au sol.
- Laissez-moi ! s'écria-t-elle en tirant sur ses menottes.
- On aimerait bien, mais ça va pas vraiment être possible, répondit Bullock, à côté de son coéquipier.
- Où s'est établi Jerome ? demanda immédiatement Gordon en posant ses mains à plat sur la table.
Harley arrêta tout mouvement et plongea son regard dans celui du détective. Avant de pouffer de rire, narquoise.
- Plus besoin de « QG », dans quelques heures Gotham sera à lui, répondit-elle d'une voix plus grave et moins enfantine.
- Et pas à toi, ajouta Jim sans la quitter des yeux.
- Sauf si vous me relâchez, fit-elle remarquer avec un sourire goguenard.
- Dis nous où est Jerome, tenta de marchander Bullock.
Elle laissa s'écouler un certain temps, et put entendre le brouhaha qui régnait plus loin, et presque sentir l'agitation qui bouleversait le monde extérieur. Elle tourna son regard vers Bullock et s'installa correctement sur sa chaise.
- Non.
Le policier barbu grogna et se tourna vers son ami sans se préoccuper de la présence de la jeune femme.
- On va rien en retirer, il faut qu'on arrête tout ça ! Jerome va détruire la ville si on le laisse faire, continua-t-il plus doucement, l'expression inquiétée.
Harley les regardait parler, avec un sourire moqueur et vainqueur qui avait le don d'agacer les deux hommes en face d'elle.
Gordon leva les yeux sur Bullock pour réfléchir, alors que ce dernier l'observait en l'attente de l'idée géniale qu'il pourrait bien avoir.
- On pourrait l'utiliser pour appâter Jerome ? essaya Bullock en levant les sourcils.
- Non, il l'a abandonnée dans l'usine, il ne viendra pas pour elle.
Le jeune policier tourna le regard vers Harley, un air profondément méprisant affiché sur son visage.
- Elle ne peut pas comprendre qu'il l'a laissée pour ne jamais revenir la chercher. Elle aurait encore pu s'en sortir, et ne pas aller à Arkham, menaça implicitement Gordon avant de se détourner.
Il fit quelques pas pour s'éloigner et sortir de la pièce.
- Même si je vous le disais, ça ne servirait à rien, lança Harley en le suivant des yeux. Pourquoi vous n'essayez pas de comprendre ?
Elle vit Gordon s'arrêter subitement, certainement surpris par le ton de voix qu'elle avait adopté : celui d'une jeune femme sûre d'elle, sérieuse, et professionnelle. La voix d'Harleen, la gymnaste en étude de médecine.
- Jerome a raison, expliqua-t-elle, vous ne pouvez pas le nier. Avec ou sans lui, Gotham est perdue, vous ne servez à rien. Il est venu pour sauver tout le monde. Comment expliquez-vous le fait que des hommes et des femmes n'aient pas leur place dans la société, parce qu'ils sont considérés comme « bizarres » ou « fous » ? Juste parce qu'ils sont... différents.
- Vous aviez votre place dans la société, Harleen. Vous aviez tout pour réussir, vous êtes très intelligente, et vous auriez pu aller loin.
- Non, vous confondez. Ceci n'est qu'une façade, une fausse réussite, ce n'est pas la liberté. Je ne veux plus être esclave de la société.
- Il vous a fait perdre la raison, répondit Gordon avec un calme profond.
- Non, c'est tout le contraire. J'espère que vous vous en rendrez compte un jour, parce que ça en vaut vraiment la peine, soupira-t-elle pleinement convaincue.
- Je ne suis pas un criminel, contredit-il.
- Nous non plus. Ne nous réduisez pas à ça.
Bullock eut une grimace expressive, témoignant de son scepticisme.
- Je ne comprends pas ! s'exclama-t-il. Vous avez fait des études, vous étiez la meilleure, et vous tenez ce genre de propos ! s'indigna le chef de la police.
Elle ricana en entendant Bullock, qu'elle qualifiait mentalement de « Gros ours au chapeau ».
- Justement, sourit Harley. Je suis intelligente, sûrement plus que vous deux réunis, et je pense que c'est pour ça que vous ne pouvez pas comprendre.
Et c'est suite à ces paroles que les deux policiers perdirent tout espoir de lui soutirer une quelconque information à propos de Jerome.
Harleen n'était plus.
🃏♥🃏
Salut tout le monde ! Je tiens d'abord à m'excuser pour la looongue attente avant ce chapitre, j'ai juste oublié de poster en fait mdr bref 😂 et aussi pour vous dire que c'est l'avant dernier chapitre !
Toutefois, si quelqu'un à une requête pour un potentiel épilogue, je veux bien entendre vos propositions ! J'avais fait ça pour Mad Love et ça avait bien marché. Enfin vla, juste histoire de vous faire participer à l'histoire, je trouve ça sympa 😀
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