Chapitre 22
- Toc, toc, toc ! cria presque Jerome en revenant dans l'appartement.
Harleen leva difficilement la nuque, dû à sa mauvaise position, ses jambes sur le dos du fauteuil, sa tête pendant presque dans le vide, et son attention retenue dans l'étude d'un jeu de carte trouvé dans la cuisine. Posée sur ses coudes, elle bascula en arrière, faisant trembler ses grelots et se mit sur ses pieds.
- Jerome ! s'écria-t-elle en se précipitant vers lui avec un large sourire.
Elle s'arrêta à quelques mètres de lui, le trouvant étonnamment seul et lui présenta son tout nouvel accoutrement en faisant un très élégant tour sur elle-même, les morceaux fendus de sa robes couraient sur ses jambes, dévoilant ses cuisses.
- Je te plais ? demanda-t-elle avec une pointe de timidité.
Un large sourire aux lèvres, Jerome s'approcha d'Harleen pour lui prendre la main et lui faire faire un tour de plus, comme s'il l'invitait à une danse. Elle sourit en faisant du bruit avec ses grelots, et il observa un instant la jeune femme.
- Tu es ce que je voulais, répondit-il en la collant contre lui.
Le regard d'Harleen s'apaisa, et son cÅur se mit à battre rapidement dans sa poitrine, se rendant compte juste maintenant qu'elle avait peur de ne pas lui plaire.
Il analysa quelques instants son maquillage et ses cheveux. Elle leva la batte et entoura la nuque de Jerome avec, et ce dernier posa sa main sur la cuisse d'Harleen pour la déshabiller complètement et la remonter contre sa hanche, la tenant fermement dans une main. Il fit basculer son corps en arrière, pour la soutenir au dessus du sol, sa nuque cassée pour laisser tomber sa tête en direction du sol.
- Et j'ai presque envie de ramener ton cadeau maintenant, susurra-t-il proche de son visage.
Elle se tint à ses vêtements, et Jerome la ramena contre lui pour improviser quelques pas, et coller sa poitrine à la sienne.
- Un cadeau ? s'étonna Harleen en cachant son excitation.
Il ne répondit pas, la lâcha tout à fait pour ouvrir sa veste et en sortir un petit talkie-walkie peint en un orange pétard, et auquel était accroché un nÅud rouge éclatant. Il l'approcha de sa bouche pour parler :
- Ramenez-le, ordonna-t-il en regardant Harleen.
Rien ne répondit de l'autre côté de l'appareil, et après quelques minutes, la porte s'ouvrit pour laisser entrer des maniaques qui tenaient en laisse une énorme bête, s'apparentant à chien, qui grognait et geignait sous les menaces des hommes maquillés. Harleen tenta de définir l'animal, définitivement persuadée qu'il ne s'agissait pas d'un chien, ou alors d'un chien vraiment très mal en point.
L'animal ouvrit la bouche derrière la grosse muselière, et Harleen qui attendait un aboiement irréel fut surprise en entendant la bête rire. Elle passa devant Jerome et émit une légère expression de surprise ravi en s'accroupissant devant la bête.
- C'est une hyène ! s'exclama-t-elle en tapant doucement dans ses mains.
- Et elle est à toi, assura Jerome en laissant tomber son regard sur l'animal.
Harleen tenta de la caresser sur le haut du crâne, mais la hyène grogna et tenta de la mordre. Elle se reçut un coup de cravache qui la fit sursauter, et Harleen leva les yeux sur le maniaque qui l'avait frappé.
- Ne recommence pas ! prévint-elle en regardant la bête couiner. Oooh... ça va aller, ça va aller, rassura Harleen en posant lentement sa main sur le haut de son crâne.
L'animal tenta de reculer, retenu par les chaînes avec lesquelles les maniaques le maintenaient.
- Chuuut... tout doux... murmura Harleen en commençant de tranquilles mouvements dans le sens de son poil rugueux.
Elle grogna, de la bave coulant de la muselière à cause des ses dents dévoilées, mais elle finit par se détendre peu à peu, pour se laisser caresser, les muscles toujours tendus.
- Où est-ce que tu l'as trouvé ? demanda Harleen en se rapprochant un peu plus de la bête.
- Au zoo de la ville, répondit Jerome avec indifférence.
- Comment tu savais que j'aimais les hyènes ? continua-t-elle avec un sourire heureux.
- Ton téléphone, et un petit calepin décoré avec des images de hyènes, qu'on a trouvé dans tes affaires, résuma Jerome, toujours derrière elle.
- Awn, oui t'es beau... t'es un gentil garçon... souffla Harleen à l'animal sans vraiment écouter Jerome.
Elle se leva et prit les chaînes pour tenir elle-même la hyène, et la promener sur quelques mètres.
- Je l'adore ! rit-elle en s'accroupissant à nouveau afin de l'embrasser.
Elle se redressa et se précipita sur le cou de Jerome sans lâcher la chaîne. Surpris, celui-ci passa les bras autour de sa taille en souriant de satisfaction, et elle lui murmura un « merci, puddin' », auquel il ne répondit pas, et se détacha de lui pour s'occuper de sa nouvelle distraction.
***
- Harley ! appela Jerome d'une voix forte.
La jeune femme s'était endormie au début de la soirée, sur le canapé et dans son costume d'arlequin, la hyène tout prêt d'elle. Si bien, qu'elle n'entendit par réellement l'appel du rouquin.
- HARLEY ! appela-t-il à nouveau, plus fort, ce qui la fit se réveiller en sursaut.
Au même moment, la hyène se réveilla dans un mouvement brusque et sauta sur la jambe de l'agresseur pour lui mordre le pantalon. Harleen eut juste le temps de voir la scène, qu'elle se releva pour ordonner à son animal de lâcher Jerome. Ce dernier envoya la batte d'Harleen qu'il tenait pour l'abattre sur l'animal et le sonner, afin qu'il le lâche. Harleen émit un cri, mélange de surprise et de peur, et vit Jerome sortir son pistolet pour le pointer sur la bête.
- Non ! Non ! le tue pas !! supplia Harleen en se laissant tomber par-dessus la hyène. Ne tue pas mon bébé !
Jerome, qui avait engagé le culot, grogna et releva l'arme.
- On peut savoir pourquoi cette satanée bestiole n'a pas sa muselière ? éclata-t-il, réellement en colère.
- Je suis désolée, je lui l'ai enlevée, il a mangé, et il était gentil ! se précipita-t-elle d'expliquer en entourant le cou de la hyène avec ses bras.
- La prochaine fois, je l'achève, t'as compris ?!
- Ãa ne recommencera pas, je te le promets ! répondit Harleen en levant ses yeux sur lui.
Il rangea son pistolet et Harleen put se lever pour retenir son animal avec la chaîne.
- Viens maintenant, on y va, ordonna-t-il en se détournant, le ton toujours coléreux.
Harleen se leva, prit la batte, et suivit Jerome.
- Viens, Bud, on va s'amuser, chuchota-t-elle à la hyène pour qu'elle la suive.
- Certains se sont déjà rendus, expliqua Jerome en marchant devant elle pour rejoindre la sortie.
Elle l'entendit ricaner fièrement.
- La police essaye d'en arrêter le plus possible, mais la ville devient un véritable fouillis ce soir ! Entre les révoltés qui ne veulent pas rejoindre nos rangs, et les autres révoltés qui se battent pour la beauté de nos paroles !
Elle ne savait pas vraiment si par « nos » il entendait « elle et lui » ou « Moi ». Elle ne fit pas plus d'efforts pour comprendre, et se contenta de suivre Jerome en trainant Bud derrière elle.
- Gordon doit nous rejoindre dans pas très longtemps, et les autres accueilleront nos nouveaux amis. Cette fois-ci, je tue Gordon, on ne perd plus de temps. Je n'aurais pas pensé dire ça un jour, mais : la blague a assez duré. Puis on liquide le fils de riche, et Gotham sera enfin libérée de ces gens ennuyeux à mourir, qui ont pour seule occupation de pourrir nos vies ! s'exclama Jerome en levant les mains pour illustrer ses propos.
Ils sortirent de l'appartement et rejoignirent une grande et large voiture dans laquelle ils montèrent, conduite par un clown. Harleen prit Bud à côté d'elle, minimisant la liberté qu'elle lui donnait avec la chaîne.
- J'ai hâte de voir ce qu'il va se passer ce soir, dit-elle dans une expression enfantine.
- Ce soir, répondit Jerome en prenant la nuque d'Harleen dans une main, nous devenons les maîtres de Gotham !
Elle le regarda pour lui sourire, tout à fait persuadée qu'il avait raison.
- On exécute Jimbo en exposant toutes les horreurs qu'il a fait à la ville depuis qu'il est arrivé, il croira mourir en martyr. Mais même ça, nous lui prendrons ! se réjouit-il.
Harleen rit avec Jerome.
- Mes hommes s'occupent en ce moment même du recensement. Plusieurs bombes ont déjà explosées, et la police de la ville tente désespérément de remettre les choses dans l'ordre, dit-il dans une moue faussement triste. Et naturellement, je compte sur l'égoïsme et la recherche de vengeance de ce cher Gordon pour venir me rejoindre seul, et sans toute son armada. Enfin ! s'exclama-t-il, tout fonctionne exactement selon mes plans. Je compte sur toi pour ne rien faire foirer, prévint-il en conclusion.
Sur elle ? Mais elle n'avait jamais fait cela auparavant, c'était la première fois qu'elle plongeait réellement dans le monde du crime et du meurtre. Elle ne répondit pas, pour ne pas dire quelque chose qui pourrait le rendre à nouveau en colère. Et elle eut la soudaine angoisse de le décevoir, se rassurant partiellement en se disant qu'elle y arriverait, simplement pour rester en vie dans un premier temps.
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Alors qu'Harleen pensait que le lieu serait sombre et menaçant, l'usine avait en fait été surchargée de décors de milles couleurs, et était incroyablement lumineuse. Le tout aveugla même Harleen qui dut plisser les yeux quelques secondes, avant de regarder autour d'elle avec un air émerveillé. Tenant toujours la chaîne de Bud, elle fit le tour de l'usine, pour toucher les banderoles et bouger les lumières.
- Tout ça pour Gordon ? demanda-t-elle à Jerome en haussant la voix.
- Depuis que cet idiot m'a arrêté au cirque, j'ai pas arrêté de faire des allées et retours à Arkham ! Alors, en échange, je vais le faire mourir dans un cirque, expliqua-t-il avant de sourire largement.
Ils prirent de l'altitude, afin de voir toute l'usine, et Harleen se pencha légèrement avant pour découvrir plusieurs grandes cuves à l'intérieur desquelles tournaient de grands bras en fer, utilisés pour mélanger les épaisses textures.
- Qu'est-ce que c'est ? demanda Harleen avec curiosité.
Jerome se pencha à son tour pour regarder les cuves.
- Un truc dans le genre acide, ou produit chimiques, j'ai pas fait un état des lieux complet. Mais une chose est certaine, si tu tombes... tu meures, ricana-t-il.
Elle grimaça en imaginant la douleur qu'elle pourrait ressentir si jamais elle tombait effectivement. Sans qu'elle ne s'y attende, elle se sentit rapidement tomber en avant, mais fut rattrapée presque immédiatement par Jerome qui venait de faire pression sur son dos pour lui faire peur. Elle émit un léger cri surpris, son cÅur battant une seule fois très fort contre sa poitrine, accompagné du son de ses grelots.
Elle se retourna vers Jerome pour s'assurer que c'était lui, et découvrit le jeune homme tout à fait hilare. Elle fronça les sourcils en le regardant, et Jerome tenta d'expulser quelque chose au fond de sa gorge, sans y parvenir.
- Oh, allez chérie, c'était pour rire, reste pas si ennuyante ! reprocha-t-il.
Il se rapprocha lentement d'elle, pour que son dos se colle aux barrières de protection, ses yeux bleus captivés par les yeux verts du rouquin qui l'observait avec cet air profondément perturbant, mélange de folie et de chaos, et qui réveillait la tourmente au creux du ventre d'Harleen.
Et s'il lui demandait de sauter ?
Elle envoya balader au loin la question, toute sa concentration retenue par le si jeune criminel. Toute sa concentration. Il n'y avait pas un morceau de son cerveau qui réfléchissait à autre chose. Il n'y avait rien non plus qui puisse la perturber plus dans cette contemplation que la contemplation elle-même. Elle sourit lentement, le visage de Jerome si proche du sien, et passa doucement sa langue sur les lèvres de ce dernier dans un faux baiser. Un tic nerveux se réveilla dans sa joue, et il se sépara d'elle pour se tourner vers ses acolytes qui l'avaient accompagné.
Il avait prévu une montre pour l'occasion, tout réglé à la minute pour cette soirée si spéciale.
- Messieurs ! dit-il en levant la voix pour que toute l'usine fourmillant de clowns l'entende. Les bombes commenceront leurs explosions dans... Dix !
Et tous les clowns présents reprirent le décompte : « neuf ! », toutes ces personnes qui vouaient à Jerome une admiration sans faille, « huit ! », qui le suivaient, parce qu'il avait su donné les bons mots, les bons gestes, « sept ! ». Qui avaient appris à avoir foi en l'anarchie et en l'impartialité qu'il leur proposait, « six ! ». Et Harleen qui était là , avec une hyène dans la main gauche et une batte dans la main droite, « cinq ! ». Elle continua même à compter avec eux, « quatre ! », maintenant qu'elle se sentait appartenir à une communauté, qu'elle en faisait partie intégrante, « trois ! ». Et Jerome, qui était là , légèrement tordu, imparfaitement droit et d'aplomb « deux ! ». Le Clown qui n'avait que pour seule farce la promesse de la mort et de la folie.
« Un ! ».
Une explosion, au loin, et des petits pétards pleins de confettis qui explosent dans l'usine, alors que Jerome levait les bras en croix avec toute la théâtralité du monde. Harleen sursauta discrètement, ne s'y attendant pas, et retint la chaîne de Bud qui tirait dessus à cause de la peur.
Elle se mit à rire lorsque les confettis lui tombèrent dessus, tout brillants et lumineux, lui faisant presque oublier les crimes qui se répétaient à l'extérieur. Un maniaque poussa un grand plateau sur roulette, avec une vieille télé carrée dessus, d'où pendaient de gros câbles, et il l'alluma laissant les images remuer devant Jerome. Harleen le rejoignit pour voir les explosions faire leurs Åuvres, grâce à différentes caméras certainement posées dans les rues.
Jerome passa un bras dans le dos d'Harleen pour lui tenir le dessus de la taille, ses doigts proches de sa poitrine.
- Gotham est en train de connaître sa plus belle nuit, se félicita-t-il.
- C'est merveilleux, souffla Harleen en regardant les images.
Fier, Jerome serra un peu plus l'emprise qu'il avait sur elle, et un large sourire s'étendit sur ses lèvres déformées. Harleen se mit sur la pointe des pieds et enfouit sa tête entre le cou et l'épaule de Jerome en soupirant.
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