Chapitre 17
Pas de réveil au son cinglant, et une lumière éblouissante. Harleen était enroulée dans des couvertures qui ne lui appartenaient pas, elle en était certaine rien qu'à l'odeur. Une odeur d'homme, ou du moins ce qu'elle pensait être un parfum masculin. Et justement, elle entendit un gémissement masculin, pas celui qui désignait la jouissance, mais bien une expression de douleur profonde. Elle s'assit sur le lit en passant ses mains sur son visage, pour sentir quelques courbatures héritées des évènements de la veille, ainsi que les traces laissées par les cordes sur sa peau nue.
Assise sur le grand lit, elle observa la pièce dans laquelle elle était, se disant qu'il était tout à fait impossible que Jerome puisse posséder un endroit comme celui-là. Après ce qu'il lui avait fait la veille, elle n'avait aucune envie de le revoir... Non, ce n'était pas une question d'envie. Elle avait peur, tout simplement. Elle leva les yeux vers la porte en entendant un nouveau cri, et découvrit une robe rouge accrochée à un cintre, avec des sous-vêtements propres.
Elle retira ses sous-vêtements abîmés après une courte hésitation, et enfila le tout. Tout en se regardant dans le grand miroir collé au mur, elle tenta de démêler ses cheveux, ne voulant pas paraître trop négligée, et effaça tant bien que mal le maquillage pourtant pauvre qui avait coulé sur ses joues.
Pieds nus, elle sortit de la chambre, priant pour que la porte ne soit pas fermée à clef. Elle avait vraisemblablement le droit de déambuler comme bon lui semblait puisqu'il n'y avait non plus personne pour la surveiller dans le couloir. Mais, à aucun moment ne lui vint à l'idée de courir dans l'appartement pour trouver la porte de sortie.
Si elle se souvenait bien, du peu qu'elle avait vu, elle se dirigeait vers le salon, là où des rires et des supplications fusaient, en plus d'un son irrégulier, le bruit d'un léger choc, comme si deux choses se rencontraient.
Il y avait plusieurs maniaques, munis de petites lames qu'ils lançaient en directions de deux hommes à genoux, mains liées dans le dos, appuyés contre un mur qui portait les traces des couteaux,. Jerome était assis sur une table, semblant pleinement profiter du spectacle.
L'un des hommes vit Harleen entrer, leva les yeux vers elle, et la supplia de les aider. L'attention se tourna alors vers la jeune femme, qui froissa sa robe dans ses mains, impressionnée.
- Notre invitée est réveillée, les garçons ! s'exclama Jerome en se mettant debout sur la table pour sauter à terre avec élégance.
Il fit quelques pas vers Harleen, sourire aux lèvres pour l'accueillir.
- Tout était de la bonne taille ? demanda-t-il en désignant la robe et les sous-vêtements.
Elle hocha la tête, sans arriver à répondre, alors que Jerome ne s'arrêta que très proche d'elle.
- Ton adresse était sur ta demande de stage, j'ai envoyé des hommes à ton appartement, pour voir ce que tu aimais, et quelle taille tu faisais, annonça-t-il fièrement sans obtenir de réponse de la part d'Harleen. Tu as perdu ta langue ? demanda Jerome dans un rire moqueur.
Pour appuyer ses propos, il prit la mâchoire d'Harleen dans sa main pour essayer d'ouvrir sa bouche avec l'autre. Elle recula et repoussa la main de Jerome pour répondre :
- J'ai toujours ma langue ! s'exclama-t-elle.
Les autres maniaques restaient en retrait à regarder la scène, en l'attente de la réaction de leur meneur. Jerome s'avança brusquement vers elle pour prendre sa nuque dans une main et la faire reculer jusqu'à l'un des meubles luxueux de la pièce. En réponse, elle posa ses paumes sur sa poitrine pour la presser légèrement n'osant pas le repousser franchement. Comme la première fois qu'elle lui avait fait face physiquement, elle se retrouvait coincée entre lui et le meuble qui lui rentrait douloureusement dans le dos.
- Ne me fait pas de mal, murmura-t-elle dans un souffle en perdant tout aplomb.
Jerome ne souriait plus, mais le coin de ses lèvres se levait nerveusement dans un début de sourire qui retombait toujours.
- Quoi ? demanda-t-il sans avoir entendu ce qu'elle venait de lui dire.
Il prit sa joue dans une main en enfonçant ses doigts pour lui laisser des traces blanches sur la peau. Elle mit du temps avant de répéter, alors que Jerome avait son visage proche du sien, un air provocateur recouvrant ses traits. Elle sentait la respiration du jeune homme s'étaler sur sa peau désagréablement, alors qu'elle tentait d'échapper à sa bouche dont les lèvres effleuraient son épiderme. Si proche d'elle, qu'elle pouvait sentir sa poitrine contre la sienne à chaque inspiration précipité qu'elle prenait.
- Ne me fait pas de mal, répéta-t-elle enfin en détendant la pression qu'elle maintenait sur la poitrine du criminel.
Jerome ricana, et passa ses phalanges pliées sur la joue d'Harleen pour la caresser lentement. Elle ferma les yeux, ne sachant plus quoi faire entre l'envie qu'elle avait de s'enfuir, et celle qui lui hurlait de rester.
- Te faire du mal, Harley ? Mais on est en train de s'amuser ! rit-il en passant sa main dans ses cheveux sans un savoir faire particulier.
Les mains de Jerome descendirent lentement jusqu'à la taille athlétique d'Harleen, qui n'osait plus respirer, ses yeux perdus dans la contemplation de ce visage plein de cicatrices, qui n'avait d'attirant que sa monstruosité. Jerome se racla durement la gorge sans y prendre garde, tic devenu habituel, et Harleen grimaça légèrement de dégoût. A la suite, Jerome remonta sa main et attrapa une mèche de cheveux à l'arrière de la tête blonde de la jeune femme pour la tirer en arrière et mettre sa gorge en évidence.
La respiration d'Harleen s'accéléra soudainement, de peur que le rouquin ne sorte une quelconque arme qui lui serve à « s'amuser » sur sa peau. Les yeux vers le plafond, il n'y eut cependant aucun mouvement suspect, si ce n'est le visage de Jerome qui vint se placer au dessus du sien. Son autre main quitta sa taille pour se poser sur son cou.
- Chut, chut... calme toi, soupira-t-il en sentant le ventre d'Harleen se lever précipitamment à cause de sa respiration saccadée.
Il sortit lentement sa langue de sa bouche, et lui fit traverser les lèvres d'Harleen, dans un mouvement langoureux. Harleen perdit alors toute conscience de l'environnement, oublia les maniaques autour d'elle, et se sentit partir en arrière de façon tout à fait mentale, bien que son corps semblait suivre le mouvement. Elle baissa les yeux pour regarder Jerome, et récupéra les goûts de la langue du jeune homme avec ses lèvres, ne sentant plus son cœur battre.
Et sans qu'elle ne l'eut commandé, les mains d'Harleen remontèrent jusqu'au cou de Jerome, qui avait gardé la cicatrice de son meurtre, pour sentir sa peau contre ses mains chaudes. Mais Jerome se détacha soudainement d'elle, lui laissant le loisir de retrouver une courbure normale de son dos. Il se dirigea vers l'un des maniaques pour lui soutirer quelque chose, sans qu'Harleen n'écoute, encore sous l'envoûtement d'une chose qui n'existait pas. Elle se sentait lourde, et pourtant capable de tout en cet instant, étrange sentiment qu'elle ressentait pour la première fois.
Et elle sentait encore l'effluve du parfum de Jerome sur sa peau, s'infiltrant dans ses narines dans une mélodie angoissante qui résonnait à ses oreilles, et qui lui disait qu'elle n'avait pas le droit de se laisser ainsi charmer par la créature la plus horrifiante et incroyablement séduisante qu'elle avait rencontré jusque là.
En sifflotant, Jerome revint vers elle tout en lui tendant un couteau qu'ils utilisaient pour viser les deux hommes au mur, qu'elle avait tout à fait oublié.
- Tiens, dit-il en le lui mettant dans la main.
Elle referma ses doigts dessus, et Jerome passa un bras autour de sa taille pour l'inciter à se mélanger aux maniaques.
- Tu te souviens, j'ai laissé deux jours à Gotham pour prendre une décision : il faut qu'on s'occupe !
- C'est qui ? demanda doucement Harleen en regardant les yeux suppliants des deux hommes.
- Les propriétaires, sourit-il fièrement. Je sais plus comment ils s'appellent, et on s'en fout un peu ! L'important à savoir, c'est que tu te trouves ici dans l'appartement qui m'a donné le petit coup de... « punch », dont j'avais besoin ! Et où j'ai aussi appris que tout le monde est potentiellement un traitre, ajouta-t-il avec une voix qui signifiait sa déception.
Mais toutes ces informations n'éclairèrent pas plus Harleen qui fronça les sourcils au fur et à mesure des explications.
- On est chez qui, en gros ? hésita-t-elle.
- Chez feu Théo Galavan, ricana Jerome. Bon forcément, il n'est plus l'habitant de ces lieux, mais j'ai pas eu d'autres idées pour nous héberger ce temps. Faut qu'on tue ces deux gentlemen. Mais ce qui est bien avec les couteaux, c'est qu'on peu s'amuser plus longtemps ! s'exclama-t-il avec un air réjouit. Et ces idiots peuvent s'entrainer à lancer des larmes correctement, grommela-t-il en désignant ses acolytes.
Il se glissa derrière Harleen et l'encouragea à se mettre devant les cibles humaines.
- Ben vas-y, tire !
Elle allait refuser, elle allait le dire : « Je ne peux pas faire ça ». Peut-être même qu'elle aurait dû se retourner pour enfoncer cette lame intacte dans le ventre de Jerome et se débarrasser de la menace qu'il représentait... Une menace ? Pour qui ? Pour la ville, pour ces deux hommes. Pour le GCPD, pour Bruce Wayne. Mais elle avait l'intime conviction qu'il ne l'était pas pour elle. Et elle comprenait que son enseignement commençait, que Jerome l'attirait lentement dans son monde où régnait chaos et anarchie.
Jerome dans son dos, elle leva le petit poignard, pleine d'hésitation à savoir comment le tenir. Ledit Prophète le plaça correctement dans les mains d'Harleen, comme lui le tiendrait s'il devait le jeter et la laissa se concentrer. Elle visa le premier, à sa gauche, qui ferma les yeux en la voyant faire. Le couteau vola sur les quelques mètres, et elle rata sa cible, la lame s'écrasant lourdement contre le mur pour tomber au sol au grand soulagement de la cible.
Elle eut une grimace défaite en se tournant vers Jerome, mais fut déstabilisée en voyant qu'il la regardait avec ce large sourire complaisant.
Elle avait tiré, pour le tuer. Du moins, lui faire mal. Et c'était exactement ce qu'il fallait qu'elle fasse. Et une fierté l'envahit soudain, lorsqu'elle vit qu'elle avait satisfait Jerome.
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