Chapitre 16

Harleen observa un instant le maniaque s'avancer dans sa direction, en même temps qu'elle reculait. Elle fut stoppée par le mur derrière elle, qu'elle percuta en faisant bouger les photos avec son dos.

- Vous approchez pas, prévint la jeune femme en mettant une main devant elle.

L'autre eut pour seul réflexe de rire, avant de lever sa batte au dessus de sa tête et de se précipiter sur Harleen. Elle eut envie d'appeler Jerome pour qu'il la sorte de là, elle l'avait quand même aidé à s'échapper d'Arkham. Mais au lieu de ça, elle attendit que l'autre se rapproche et fondit au sol dans une roulade avant qui l'éloigna efficacement de son adversaire. Ce dernier abattit la batte dans le mur, faisant tomber quelques photos d'Harleen.

Elle se redressa pour lui faire face, ses cheveux lui chatouillant les épaules nues, alors qu'elle faisait tout pour oublier le fait qu'elle ne portait pas de vêtements. Elle ajusta son soutien-gorge, pour maintenir le peu de dignité qui lui restait, et se posta correctement sur ses jambes. Il était temps de prouver que toutes ces années de gym étaient utiles.

Le maniaque revint vers elle, plus lentement cette fois, et leva la batte pour l'abattre sur le buste d'Harleen. La blonde se baissa immédiatement, pour que la batte lui passe au dessus de la tête, et elle put rouler sur le côté, un peu à la manière d'un félin agile, pour se retrouver vers la chaise. Elle se leva et la prit dans ses mains pour la brandir en face de l'ennemi.

- Aha ! s'exclama-t-elle avec fierté, un sourire aux lèvres.

Mais aucunement impressionné, l'autre envoya la batte contre les pieds de la chaise pour la détruire sans ménagement. Harleen émit un petit cri aigu et surpris, reculant à force des coups. Avant que la chaise ne lui échappe des mains, elle s'en empara plus fermement et la dirigea dans des mouvements acharnés sur le maniaque, transformant ses cris effrayés en grognements enragés.

Ce fut au maniaque de reculer cette fois, surpris par ce si soudain changement de comportement. Et s'en suivit un combat de chaise et de batte, bois luttant contre bois. Voyant que ça ne se finissait pas, elle jeta ce qui restait de la chaise sur le maniaque, et dans un hurlement déchaîné, elle se jeta sur sa taille pour le faire tomber. Chose qu'elle n'arriva pas réellement à faire, bien que le clown fut déstabilisé un instant.

Elle en profita pour attraper la batte et la tenir fort dans ses mains pour la lui arracher. Décidé à la battre jusqu'au bout, le maniaque la fit tomber au sol dans un mouvement brusque, et tenta de lui abattre son arme de fortune sur le crâne. Elle eut la chance de se décaler au dernier moment, et la batte tapa sur le mur contre lequel elle était appuyée.

Elle prit le poignet de l'homme maquillé dans sa main et l'empêcha de se redresser pour tenter un nouveau coup. Elle fit partir son pied entre ses jambes grâce à un élégant et très souple mouvement de son genou. Il se plia de douleur et elle lui arracha la batte des mains dans une expression victorieuse. Son pied sur son ventre, elle le repoussa en arrière et se releva dans la foulée pour mettre la batte au dessus de son épaule et prendre de l'élan, avant de l'abattre de toutes ses forces sur le visage de son agresseur.

Ce dernier perdit immédiatement connaissance, sa mâchoire craqua, désormais déformée sous la puissance du coup, et s'effondra au sol.

- C'est pas aujourd'hui que tu gagnes, connard, cracha-t-elle en ramenant la batte saignante vers elle.

Jerome. Elle tourna la tête pour reprendre connaissance des lieux, et se dirigea vers la porte invisible à cause du mauvais éclairage.

Elle s'arrêta en découvrant ce qu'il y avait derrière la porte. Jerome avait vraiment des goûts de luxe. Elle leva les sourcils en découvrant la richesse du lieu, en plus d'être tout à fait désert. Elle garda cependant la batte tâchée avec elle, méfiante. Cette grande pièce étant surement le salon, elle marcha jusqu'à la cuisine et la salle à manger. Elle passa ensuite sa tête par une fenêtre pour voir qu'ils étaient bien haut, tout au bout d'un grand gratte-ciel.

Elle continua dans le couloir, et poussa plusieurs portes qui s'ouvrirent sur des pièces vides, chambres, salle de bain, même des salles dont elle ne saurait donner l'utilité. Elle n'osa pas appeler, et encore moins demander s'il y avait quelqu'un. Elle ouvrit une porte sur une nouvelle salle de bain, s'attendant à n'y voir personne, mais découvrit un grand corps dans un costume coloré.

- Ah ! s'exclama Jerome en ajustant le costume et en se regardant dans le miroir. Tu as fait plus vite que prévu !

Il prit le col de la grande veste qui lui tombait presque jusqu'à l'arrière des genoux, et la tira pour l'ajuster une dernière fois, avant de se tourner fièrement vers Harleen. Elle le regardait, sourcils froncés, ne comprenant rien à la situation. De l'eau coulait abondamment dans la grande baignoire, juste à côté de lui.

Il ouvrit les bras, face à Harleen, pour exposer son costume.

- Comment tu me trouves ?

Elle détailla l'accoutrement aux allures psychédéliques : Une grande veste en queue-de-pie violette, un pantalon et une chemise verte, cette dernière habillée d'une sorte de nœud noir fin avec des reflets verts. Et... du parfum ? réalisa-t-elle en respirant l'odeur dans la salle de bain. Ses yeux coulèrent derrière lui, et elle découvrit effectivement une bouteille d'eau de Cologne qui avait l'air vraiment très chère.

- Très coloré, répondit Harleen en posant le bout de la batte sur le sol pour ne plus avoir à porter son poids.

Jerome laissa tomber les bras le long de son corps devant le manque d'enthousiasme d'Harleen. Elle leva ensuite la batte vers lui, comme pour le menacer, et serra les dents.

- Pourquoi t'as voulu me tuer ?! demanda-t-elle en se souvenant de pourquoi elle le cherchait.

- Tu comprends vraiment rien, s'agaça Jerome en claquant sa langue sur son palais.

Il se retourna pour se regarder dans le miroir et se coiffer avec des mouvements remplis de précaution.

- On peut savoir ce que ça veut dire pour toi de m'enfermer avec un gars qui a une batte et qui cherche à me l'éclater contre la figure ?! accusa-t-elle en avançant d'un pas.

- Baisse la batte, se contenta-t-il de répondre sans la regarder.

- Non.

Jerome jeta un coup d'œil à la baignoire qui allait finir de se remplir, mit ses doigts dans la cire posée sur le rebord du large lavabo et les passa une dernière fois dans ses cheveux roux, n'arrivant pas à maitriser quelques épis révoltés.

- Tant pis, soupira-t-il faisant croire à Harleen qu'il parlait de ses cheveux.

Il se retourna brusquement dans son costume haut en couleur, attrapa la batte et la tira vers lui pour attirer Harleen et lui prendre la gorge dans une main.

- Si j'avais voulu te tuer, tu serais morte à Arkham, petit idiote, susurra-t-il entre ses dents.

Elle lâcha la batte qui tomba lourdement au sol, et n'eut pas le temps d'essayer de repousser Jerome qu'il la trainait déjà jusqu'à la baignoire. Il ferma l'eau pour la faire taire, et lâcha la gorge d'Harleen qui eut à peine le temps de reprendre sa respiration que sa tête et le reste de son corps tombait déjà dans l'eau froide.

Elle se débattit, repoussant le corps de Jerome au dessus d'elle, qui la maintenait sous l'eau avec une main d'une poigne puissante. Il la soutint plusieurs secondes, qui parurent une éternité à Harleen qui avait déjà perdu tout son air dans d'énormes bulles qui avaient éclatés à la surface.

Jerome lui prit les épaules et la ramena à la surface, pour lui permettre de respirer dans de grandes inspirations bruyantes. Elle tourna son regard surpris et apeuré sur Jerome, qui approcha sa bouche de son oreille en reposant sa main sur sa gorge, sans forcer.

- C'était pour te montrer de quoi tu es capable, Harley.

Il eut un petit rire très court, ses lèvres effleurant sa peau mouillée. Il en profita pour passer sa langue dessus, juste sur la fin de sa mâchoire, sous l'oreille. La respiration d'Harleen s'accéléra, et elle sentit la main forcer sur le bas de sa gorge pour la pousser à nouveau dans l'eau : elle prit une grande inspiration en criant légèrement, avant de fermer les yeux au contact de l'eau froide sur son visage.

Elle fit cogner ses pieds à l'autre bout de la baignoire, ses genoux sortant de l'eau, en faisant tout pour enlever la main de Jerome. Il la fit revenir vers lui quelques instants après. Il prit cette fois-ci sa mâchoire dans une main, lui administrant une gêne en plus alors qu'elle tentait de respirer.

- Tu sais, commença-t-il avec une fausse nostalgie, au cirque on aimait bien les superstitions, on voyait des signes de partout. Et quand j'ai vu ton prénom en entier, « Harleen Quinzel », ça m'a fait penser à ce truc italien, tu sais, La Comedia Dell'arte, continua-t-il avec un accent exagéré en faisant bouger sa main comme s'il réfléchissait. Tu es l'un de ces Arlequins, Harley, tu es plein de personnes à la fois, tu l'as prouvé aujourd'hui ! Et je vais prendre ça comme un signe, termina-t-il avec un haussement d'épaule.

Elle sentit la main de Jerome se contracter une nouvelle fois et elle en attrapa instinctivement le poignet.

- Non ! non, n...

Coupée par l'eau, elle arrêta de se débattre plus rapidement que les deux premières fois. Jerome la laissa pourtant plus longtemps en apnée, et ne la sortit que lorsqu'elle fut prise de spasmes qui signifiaient qu'elle était arrivée au bout de ce qu'elle pouvait soutenir.

Elle respira rapidement, un mal de tête apparaissant peu à peu, et cette fois-ci, elle passa un bras autour de la nuque de Jerome pour se tenir à lui.

- Pas encore, pas encore, demanda-t-elle en panique, la respiration difficile.

Sa poitrine se levant à un rythme effréné, Jerome eut un sourire satisfait.

- J'avais terminé, assura-t-il en décrochant difficilement le bras d'Harleen autour de son cou pour se lever.

Tremblante, elle s'aida du bord de la baignoire pour en sortir et se laisser tomber sur le sol, appuyé contre son objet de torture. Jambes pliées, bras croisés sur sa poitrine, et les ongles plantés dans sa peau, elle fixait le sol en tressaillant de froid et de peur. Jerome revint vers elle, et Harleen se recula spontanément contre la baignoire en voyant ses jambes approcher. Il s'accroupit vers elle, et lui mit une serviette autour des épaules.

- Chut, chut, chut... ça va aller, c'est fini, rassura-t-il de sa voix grinçante.

La respiration saccadée, Harleen attrapa la serviette avant de lever les yeux sur Jerome. Inexplicablement, elle sentit sa gorge se serrer et ses yeux la piquer. Elle tenta de retenir vainement ses pleurs en mettant une main sur sa bouche, contemplant toujours le visage de Jerome qui se mit à rire en remarquant ses larmes.

- T'as eu peur, hein ? ricana-t-il en mettant une de ses mèches coupée et regorgeant d'eau derrière son oreille dans un mouvement qui n'avait rien de délicat.

Elle hocha activement la tête pour lui répondre positivement, et elle se laissa tomber contre son buste.

- Allons, allons, murmura-t-il avec sa voix sifflante.

Elle avait mal, elle avait froid, elle avait peur, elle avait sommeil. Harleen était extenuée, vidée de toute force et de toute conscience. Elle se réconfortait contre son bourreau, parce qu'elle savait pertinemment qu'elle n'avait pas d'autres choix. Elle ne s'était, du moins, donné aucun autre choix depuis qu'elle avait assommé Carrie et tasé le gardien des cellules d'isolement. Il sentait bon, au moins, son odeur de transpiration et de refermé héritée d'Arkham couverte par l'eau de Cologne qui devait couter le prix de trois mois de son loyer au moins. Elle s'endormirait presque, tant elle était épuisée. Chose qu'elle finit par faire, ses doigts se détendant sur la veste épaisse et violette de Jerome, et sa nuque se relâchant après toutes les tensions qui avaient pesés sur elle pour sortir sa tête de l'eau.

🃏🃏🃏


J'ai rigolé en écrivant ce chapitre mdrrr j'sais pas pourquoi, j'ai trouvé la noyade marrante, bref 😂

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top