Chapitre 14
Elle avait insisté pour rester avec Carrie, le lundi soir, et n'était pas retournée voir Jerome. Il devait sûrement croire qu'elle ne ferait rien, et rien que le fait de penser qu'il se trompait sur son compte la réjouissait.
- La garde de nuit ne va pas tarder à arriver, fit savoir Carrie en griffonnant ses dernières notes sur son agenda, entourée des dossiers.
Harleen acquiesça. Ça faisait plus d'une demi-heure qu'elle ne bougeait pas, en l'attente du moment. Son cœur cognait dans sa poitrine, témoin de son appréhension et de la tension qui gouvernait son être entier. Elle sentait la chaleur monter à chaque nouvelle minute qui passait, alors qu'elle faisait tout pour ignorer l'heure. Elle ne répondait que partiellement aux conversations que tentait de mener Carrie, trop concentrée sur la transpiration qui perlait avec légèreté sur son front.
Elle n'avait pas reçu d'autres messages les deux journées suivant le samedi. Et s'ils ne venaient pas ? Elle n'aurait pas à assumer des actes qui lui vaudraient toute la haine de la ville, et la perte de tout avenir possible.
Il était peut-être temps de tout arrêter maintenant ? D'envoyer un message, de laisser les choses comme elles sont. Et perdre quoi ? Une illusion forgée par son esprit, qu'elle nourrissait depuis bien peu de temps, mais qu'elle adorait plus que tout.
Ils la croyaient incapable d'aimer. C'était sûrement le moment de montrer qu'ils avaient tort, la seule opportunité qu'elle aurait de « faire ses preuves ».
Les lumières s'éteignirent soudainement au dessus de leurs têtes, faisant sortir Harleen de ses pensées. Elle sursauta en même temps que Carrie.
- Oh mon Dieu, non, surtout pas ça, lâcha cette dernière en se levant.
Harleen se leva immédiatement après, et se dirigea vers Carrie à l'aveuglette, ses yeux pas encore habitués à l'obscurité soudaine. Elle attrapa l'un des vases dont elle faisait la collection sur l'étagère derrière elle et l'abattit sur la nuque de Carrie avec une force qu'elle ne soupçonnait pas.
- Oh merde ! s'exclama Harleen en se baissant pour s'assurer qu'elle ne l'avait pas tuée.
Elle chercha son pouls plusieurs secondes, au niveau de son cou, et le trouva enfin. Rassurée, elle fouilla ses poches et s'empara des clefs, en entendant le monde remuer dans les couloirs et des cris lointains.
Elle avait oublié la peur et les incertitudes, maintenant qu'elle était dedans, tout à fait prête à enfin comprendre ce qu'elle faisait. Elle entrouvrit la porte pour découvrir des gardes et des infirmiers se dépêcher vers les internés. Elle retourna à l'intérieur du bureau pour prendre son taser, et sortir pour suivre le rythme du personnel.
En arrivant le matin même, elle avait caché le petit taser entre sa culotte et son pantalon, pour pouvoir passer avec, prétextant l'avoir oublié, les fouilles devenant de moins en moins vigilantes avec l'habitude.
Le directeur était au milieu et tentait désespérément de donner des ordres, les petites lumières fluorescentes sur les murs activées, pour remplacer les grosses du plafond. Elle se mit à courir, pour qu'il ne la voit pas, et se sépara du reste des infirmiers et gardes pour rejoindre les cellules d'isolement.
Les infirmiers ne s'y rendaient pas en priorité, puisque les patients y étaient enfermés, sans possibilité de sortir. En théorie.
En arrivant devant le garde, Harleen fronça légèrement les sourcils comme si elle allait pleurer, sa respiration déjà accélérée par la course.
- Il faut que vous m'aidiez ! appela-t-elle en cassant sa voix.
Peu convaincu, ayant pour ordre de toujours rester ici, le garde fronça les sourcils aussi, sans bouger. Elle le rejoignit sans se défaire de son expression, et une fois à sa hauteur il put entendre le son du taser s'activer. Elle le lui plongea dans le cou, le faisant trembler avec excès sans qu'il n'arrive à crier.
Il s'effondra à terre, ses yeux retournés dans ses paupières à cause de la décharge. Sans plus attendre, elle s'enfonça dans le couloir, haletante, et se rendit compte qu'elle tremblait lorsqu'elle chercha la grosse clef des cellules. Elle l'enfonça dans la serrure en se forçant à ne pas la rater, pour ouvrir la porte de Jerome. La cellule n'était que faiblement éclairée, par les mêmes lumières du couloir qui répandaient un certain chaos dans le petit espace.
Un large sourire satisfait étendit les lèvres de Jerome lorsqu'il découvrit Harleen.
- J'y croyais plus, annonça-t-il en faisant quelques pas vers elle.
Le regard transpirant d'admiration, Harleen se refusa de faire un pas en arrière, et se contenta d'observer Jerome s'approcher, les bras autour de son corps, coincés dans la camisole.
C'était pour ce garçon qu'elle avait détruit tout son passé, et ruiné son avenir. Et il fallait l'avouer : ça lui faisait vraiment très peur. En voyant Jerome approcher avec cet air vainqueur, elle comprenait que ce n'était pas de ce passé ni de ce futur qu'elle voulait, mais bien celui qu'il lui proposait depuis la première fois.
Il mit un pied hors de sa cellule, et Harleen sentit son cœur s'emballer sous le sentiment de victoire qui lui brulait les entrailles. Il tourna lentement la tête vers l'entrée, pour deviner ce qui s'y passait à cause du manque de lumière, et découvrit la forme incertaine d'un corps sur le sol.
- Cette fois-ci, tu as assommé le garde, fit-il remarquer avec un sourire.
Elle lui sourit franchement en retour, pour la première fois, avec l'impression idiote qu'elle était amoureuse. Elle n'arriva pas à répondre, et ne sut quoi faire pendant un instant, anxieuse et impressionnée.
- La camisole, soupira Jerome avec lassitude en voyant Harleen immobile.
Elle se réveilla rapidement et se déplaça derrière lui pour défaire avec difficulté les boucles qui le retenaient. Enfin, la camisole se détendit et Jerome laissa échapper un soupir de satisfaction, la tension sur ses bras et ses épaules disparaissant peu à peu. Le tout glissa et tomba sur le sol, alors que le rouquin tirait ses bras dans tous les sens pour retrouver une circulation sanguine normale.
Des exclamations et des cris se firent entendre plus loin, et Jerome prit une grande inspiration exagérée, faisant trembler ses paupières rapidement, un rictus aux lèvres.
- Je vais adorer cette nuit, rit-il avant de se tourner vers Harleen en tendant sa main vers elle. Le taser, réclama-t-il.
Elle lâcha Jerome du regard pour le glisser le long de son bras et redécouvrir l'arme. Elle le lui céda, et il le fit vibrer dans le vide avec une expression enfantine, son visage réjouit.
- Ça fera l'affaire !
Il s'engagea dans le couloir, et ignora les autres patients qui frappaient contre les portes en hurlant.
- Faudra être plus malins la prochaine fois ! s'exclama-t-il en marchant sur le garde pour sortir.
C'était le chaos total : des infirmiers et des patients mélangés, dans un méli-mélo d'incohérence. Ces derniers tentaient de s'échapper, criaient, pleuraient, se battaient, voire se débattaient, tapaient sur tout et n'importe quoi. Il n'y avait clairement pas assez de personnel. Jerome ne se fit pas prier pour taser le premier infirmier croisé et se mit à rire en le voyant trembler sous les décharges électriques.
Harleen le suivait de près, pressée de trouver la sortie.
- Jerome, il faut qu'on parte ! appela-t-elle.
Au milieu de la foule, Jerome se tourna vers elle pour se moquer. Un patient passa devant eux, et il plaqua le taser sur sa nuque jusqu'à ce qu'il tombe à terre, sous les expressions exagérées de Jerome. Mais avant qu'il ne puisse répondre, un coup de feu retentit à l'autre bout de la pièce, calmant quelques secondes l'anarchie qui régnait. Tout le monde eut pour première réaction de fléchir les genoux, mise à part Jerome qui perdit son sourire pour se tourner vers la gardienne qui tenait l'arme. La même qui fouillait les entrées d'Harleen dans l'établissement.
Le visage de Jerome se ferma dans une expression colérique, et il avança vers la gardienne.
- PLUS PERSONNE NE BOUGE !
Jerome grogna d'exaspération et continua d'avancer vers elle, alors qu'elle pointait son arme sur lui, étant la seule source de mouvements. Harleen se redressa en le voyant faire.
- Jerome ! appela-t-elle à nouveau.
En toute réponse, il fit vibrer le taser en continuant sa progression entre les corps pliés des patients et du personnel qui ne voulaient aucunement se recevoir une balle dans la peau.
- JE VAIS TIRER ! prévint la gardienne de sa grosse voix qui tremblait légèrement, surement à cause de l'adrénaline.
Et effectivement, un coup partit. Sec, et assourdissant, le son se baladant dans l'immense établissement avec l'écho. Harleen étouffa un cri aigu en se plaquant une main sur la bouche, mais fronça les sourcils d'incompréhension en voyant que Jerome restait debout, mais que la gardienne s'écrasait lourdement sur le sol.
Se trouvait derrière les mêmes maniaques qui avaient aidé Harleen à sortir Jerome. Les mêmes maniaques qui avaient coupé le courant et provoqué le chaos ambiant. Harleen se leva alors, et Jerome se baissa vers le corps de la gardienne pour la taser à plusieurs reprises, alors que son corps ne laissait plus parler aucun signe de vie.
Il riait à chaque nouveau coup qu'il administrait, son hilarité surement provoquée par le fait que le corps se soulevait à chaque décharge.
- C'est moi qui donne les ordres ! s'écria-t-il au dessus de son visage en donnant un dernier coup avant de se lever.
Il lâcha le taser qui tomba sur le sol et passa ses mains dans ses cheveux, arrêtant soudainement de rire, pour se rhabiller partiellement dans ce costume à rayures.
- Bon ! avant que la police arrive, je veux que tous les infirmiers se lèvent. Allez, allez, encouragea-t-il.
Il se tourna pour leur laisser le temps d'obéir, alors qu'Harleen les rejoignait doucement, et il prit l'arme du maniaque qui avait tué la gardienne. Harleen se tourna vers le personnel, et elle découvrit le regard incompréhensif du directeur, celui haineux de Brenton, et tous les autres qui ne comprenaient pas ce qu'elle faisait debout plutôt que d'être menacée par le rouquin.
Elle eut soudainement envie de dire qu'elle était désolée, que ce n'était pas sa faute, que c'était la première fois qu'elle faisait ce genre de chose. Qu'elle le faisait parce qu'elle voulait vivre, et qu'elle était la seule à pouvoir se sortir de cette chose horrible qu'était sa réalité, et que le seul à pouvoir l'aider était Jerome. Qu'il lui avait parlé, qu'elle avait si bien assimilé ses paroles qu'elle les adorait, et que maintenant elle l'aimait lui, et qu'elle l'aidait à sortir par égoïsme. Et elle se rendit compte en même temps qu'elle n'avait pas dit au revoir à sa mère et à son père. Elle n'avait remercié personne, ne s'était faite pardonné au près de personne.
Mais elle ne dit rien de tout cela, et se contenta de baisser la tête devant tous ces regards accusateurs.
- Très bien, très bien... commença Jerome avec cet air professionnel. Je ne vous cache pas que je déteste la plupart d'entre vous. Et je ne vous cache pas non plus que beaucoup d'entre vous ne sortirons pas vivant.
Les maniaques derrière rirent, et Harleen sursauta. Elle ne l'avait pas sorti pour ça, ce n'était pas le but. Alors, pour quoi ? Jerome ne faisait rien d'autre que de tuer et détruire. Qu'est-ce qu'elle avait espéré ?
- Alors ! s'exclama-t-il soudainement en redressant ses épaules avant de laisser couler son bras de façon décontractée, arme en main. Qui veut mourir en premier ?!
Il laissa s'écouler quelques secondes.
- Allons, messieurs, un peu de courage ! Non ? Bon, laissons faire le hasard, dans ce cas !
Il tourna la tête et posa une main sur ses yeux en dirigeant l'arme sur le directeur, avec pour motivation tout, sauf du hasard. Alors qu'il allait tirer, Harleen se jeta sur son bras pour le faire aller vers le plafond, surprise par son propre geste. Le coup péta, et Jerome retira lentement sa main de ses yeux pour regarder Harleen.
- On peut savoir ce que tu fais ? demanda-t-il d'une voix lente et menaçante, légèrement rauque.
- Le tue pas ! s'écria-t-elle en sentant la nausée lui monter à la gorge à cause de la peur.
Il prit le temps de mâcher dans le vide en regardant Harleen sans expression. Il profita de l'instant d'après pour lui attraper la gorge dans une main, avec un mouvement brusque, qui coupa le souffle de la blonde. Elle posa immédiatement ses mains sur le poignet de Jerome pour essayer de l'obliger à la lâcher, grimaçant de douleur, mais le rouquin la ramena vers elle, le visage haineux, ses yeux grands ouverts, ses cicatrices élargies.
- Tu peux répéter ? demanda-t-il en rapprochant leurs deux visages pour que son souffle s'étale sur sa peau.
Elle hoqueta sans arriver à respirer, et il la lâcha enfin, alors qu'elle reprenait de grandes gorgées d'air, se tenant la gorge souffrante dans ses deux mains.
- Sinon on fait les choses autrement : tu la fermes, et je gère le truc.
Il passa sa langue sur ses lèvres et se tourna vers l'assemblée.
- Où est-ce qu'on en était ? Ah ! Oui ! Le hasard.
Il garda les yeux bien ouverts cette fois-ci et pointa l'arme sur le directeur qui affichait une mine tout à fait effrayée, de la sueur tombant sur ses tempes. Cette fois-ci Harleen s'agaça et lui sauta dessus pour lui retirer l'arme. Jerome grogna de colère et la repoussa avec violence pour la faire tomber à terre, et, les traits tendus, il s'empara d'une seringue posée sur l'un des plateaux renversés, et fondit sur Harleen pour la coincer sous lui. La blonde se débattit alors que les autres maniaques tenaient le reste du groupe en joue. Jerome lâcha son arme sur le ventre d'Harleen, pour l'avoir toujours à portée de main sans se la faire prendre, et posa sa paume de main sur le front de la jeune femme pour le pousser brusquement en arrière et lui cogner la tête sur le sol.
Sonnée, Harleen reçut le coup sans qu'elle ne puisse gémir de douleur. Jerome maintint sa tête contre le sol, main à plat sur le front de la jeune femme et leva la seringue.
- Je sais pas ce qu'il y a dedans, annonça-t-il avec un sourire.
Harleen eut juste le temps de l'entendre et d'ouvrir grand les yeux de surprise que l'aiguille s'enfonçait dans son cou dans une douleur fulgurante, Jerome n'ayant naturellement prit aucune précaution. Elle voulut crier à ce moment là aussi, mais son cerveau s'embruma rapidement, et sa vision se flouta à la suite. C'était un tranquillisant, et bien chargé, vraisemblablement. Harleen eut le temps d'apercevoir Jerome se lever avec l'arme et tout de suite tirer dans l'assemblée. Mais toutes ses sensations disparurent petit à petit, alors qu'elle luttait inutilement contre le lourd sommeil artificiel qui la menaçait.
🃏🃏🃏
VOILÀ LES GENS J'AI KIFFÉ. LA BISE HEIN.
Une petite note d'ailleurs : la fic sera plus courte que prévue les amis, genre la jsuis au chapitre 23 jcrois, et y en aura pas beaucoup plus ! Mais che réserve plein de suuurrrprrïïïze mwehehe
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