Ivy - Salt Lake City, 21 février 2025
Je suis en couple avec Austin Collins. Et... je suis heureuse. Très heureuse.
Tout semble tellement naturel, entre nous. Même notre relation, qui a évolué progressivement pour qu'on en arrive jusqu'ici.
— À quoi tu penses ? lance-t-il en me caressant le bras, alors que nous sommes allongés l'un contre l'autre dans un énième lit.
— À rien, mens-je en me retournant pour me retrouver sur lui. Au fait que je vais encore devoir te partager ce soir.
— T'es jalouse ?
Son sourire fait encore vriller mon cœur, mon ventre, et toutes les parties de mon âme. Je démens et embrasse le haut de son torse, par-dessus le tissu de son tee-shirt. Hier, on était trop crevé pour faire quoi que ce soit, et on a sombré comme des masses. C'est là que j'ai pris conscience qu'on n'avait pas besoin de sexe pour se sentir connecté à l'autre d'une façon unique.
— Mia demande si tu pourras venir avec moi la chercher au lycée, quand on sera de retour à Miami, éludé-je en repensant au texto qu'elle m'a envoyé hier soir.
— On verra ça, choupinette, marmonne-t-il en tirant légèrement mes cheveux pour déposer ses lèvres dans mon cou.
La bosse qui se loge entre mes cuisses alors qu'il continue de tracer une ligne de baisers jusqu'au décolleté de mon débardeur ne m'échappe pas. Aussi, je l'arrête en bloquant sa mâchoire d'une main, les siennes posées sur mes fesses, et plisse le nez avant de l'embrasser.
— J'ai promis à Rose qu'on se ferait une virée entre filles pour aller voir le lac, commencé-je alors qu'il râle en laissant tomber sa tête sur mon épaule. Je dois la retrouver dans trente minutes en bas.
— Mmmmh... Je peux être rapide, tu sais. Cinq minutes, et tu décolles au septième ciel.
Comme pour appuyer ses propos, il appuie davantage sur mes hanches pour me frotter contre lui, et je soupire en enroulant mes doigts autour de ses poignets.
— C'est tentant, mais j'en ai pas envie, avoué-je.
Il arrête net ses mouvements, et dépose un baiser chaste sur mon nez.
— Tu aurais dû me le dire avant, tu sais, lâche-t-il doucement. Je t'aurais pas obligé à te frotter contre moi.
— Austin... Ça va, t'es pas non plus en train de me déshabiller sans écouter ce que je veux, souligné-je.
Je lui souris pour le dérider, alors qu'il semble vraiment s'en vouloir de m'avoir chauffée sans avoir demandé avant. Je n'aurais jamais cru ça de lui, moi qui avais plutôt l'image d'un queutard qui prenait et jetait dès qu'il le voulait. À moins qu'il ne se comporte comme ça qu'avec moi, et dans ce cas, c'est qu'il a vraiment changé en comparaison de celui qu'il était le jour de notre départ pour Lisbonne, lorsqu'il nous a ouvert au bras d'une blondasse refaite de la tête aux pieds.
— Mais je bande contre toi alors que tu n'as pas envie, riposte-t-il.
Je souffle d'exaspération en l'embrassant encore, juste pour qu'il arrête de se prendre la tête. OK, je trouve ça super qu'il demande mon consentement et qu'il se soucie de mes envies, mais là, il est carrément en train de me saouler.
— Et alors ? Tu contrôles pas tes érections ! m'exclamé-je d'un ton légèrement exaspéré. Si ça me dérangeait vraiment de te sentir bander, je ne serais déjà plus à califourchon sur toi, abruti. J'ai juste simplement pas envie de prendre du plaisir ce matin, c'est tout.
Un sourire naît sur son visage alors qu'il plonge à nouveau dans mon cou, et je passe dix minutes à rire tandis qu'il s'amuse à gonfler ses joues pour produire des sons semblables à des pets en posant ses lèvres sur ma peau. J'ai l'impression d'avoir quinze ans à nouveau, et de vivre mon premier amour.
— Tu sais que j'adore ton rire ? demande-t-il alors que ses deux billes bleues me fixent d'un air sérieux. Ton sourire, aussi. C'est comme si plus rien n'existait en dehors de ça.
Je vais pleurer, putain. Parce qu'il m'a avoué ne pas savoir comment aimer, alors que ça, ces mots, c'est tout ce dont j'ai besoin pour être certaine qu'il sait comment faire. Sans même dire « je t'aime », il me fait déjà ressentir tout ça.
Je passe une main dans ses cheveux en bataille, cueille le baiser qu'il m'offre et embrasse chaque trait de son visage avant de me lever. Parce que je sais que si je lui dis, moi, maintenant, tout va encore changer, et je n'ai pas envie de perdre ce que l'on a pour l'instant.
Je veux, juste pour encore quelques semaines, me dire que c'est bel et bien réel. Parce que je sais que, bientôt, je vais devoir lui dire ce que je garde pour moi depuis Montpellier, et que tout va éclater.
Une fine pluie s'abat sur Salt Lake City aujourd'hui. Il fait à peine cinq degrés à l'extérieur, si bien que j'ai dû piquer un pull à capuche dans le sac d'Austin en partant tout à l'heure. Je suis gelée, tout comme Rose, qui tente de se réchauffer en se balançant d'un pied sur l'autre alors que nous visitons le jardin international. Divisés en plusieurs sections, les hectares symbolisent la paix, l'amour fraternel et l'héritage culturel entre les pays. En tout, ce n'est pas moins de vingt-huit pays qui sont représentés, dont le Canada, le Vietnam, la Norvège ou encore la Finlande. Je m'émerveille devant chaque décor, chaque sculpture, la capuche rabattue sur ma tête pour éviter de me transformer en glaçon, et prends une vingtaine de photos de chaque section pour les partager avec mes sœurs lorsque je serai rentrée.
Ensuite, nous prenons les transports en commun afin de rejoindre les abords du Grand Lac Salé, qui a donné son nom à la ville. Le temps n'est pas le plus adéquat pour profiter entièrement de la vue sur l'étendue d'eau qui nous fait face, une légère brume surplombant le lac, mais ça n'en reste pas moins à couper le souffle. Je prends une grande inspiration pour profiter de l'air vivifiant qui nous entoure, les yeux fermés, et souris largement alors que Rose me prend dans ses bras.
— Je t'aime, Clover, lance-t-elle de but en blanc.
— Je t'aime aussi, Alex.
On s'étreint plusieurs minutes avant de se détacher, les yeux brillants et le sourire aux lèvres, et chacune a la même idée. Simultanément, nous levons la tête pour contempler le ciel qui pleure, tout autant que nous deux ces derniers mois. Les gouttes ruissellent sur nos visages, se mélangent à nos larmes, alors que nos mains s'attachent entre elles et que l'on tourne sur le sable dans lequel nos pas s'enfoncent.
— Elle va toujours vivre en nous, hein ? observe Rose alors que nous remontons aux abords du centre-ville, trempées.
— Les Totally Spies sont trois, Rose. Elles seront toujours trois, qu'importe s'il en manque une ou non.
Et Samantha ne sera jamais effacée. Elle avait beau avoir son caractère, être une garce lorsqu'elle le décidait, elle n'en reste pas moins l'une de mes deux meilleures amies, une sœur que la vie a décidé de m'offrir.
— Hé, les filles, est-ce qu'on sera toujours toutes les trois, à la vie à la mort ? Comme des âmes sœurs. Maman, la dernière fois, elle m'a expliqué que des âmes sœurs, c'était des gens qui finiraient toujours par se retrouver, même si des milliers de kilomètres les séparent !
— Moi, en tout cas, je veux qu'on reste toute la vie ensemble. Comme ça, on pourra même mourir en même temps !
— Alors moi aussi, je veux qu'on soit des âmes sœurs ! À la vie, à la mort. Et même si un jour, on est très loin l'une de l'autre, on sera toujours ensemble, dans nos cœurs !
Nous sommes toujours ensemble. À la vie, à la mort, qu'importe la distance, qu'importe les nuages qui nous séparent, qu'importe le nombre d'années qu'il nous faudra pour se retrouver réunies.
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