Ivy - Miami, 12 janvier 2025

 Presque quinze jours que Austin passe ses journées avec sa petite sœur, que l'on s'envoie des messages tous les soirs sans pour autant proposer de se voir. Pourtant, je n'ai pas l'impression qu'il regrette quoi que ce soit. Pas plus qu'il ne semble vouloir tout arrêter entre nous.

De toute façon, on doit tous se retrouver à l'aéroport de Miami pour un aller simple au Brésil et débuter la suite de la tournée. Je me suis promis à moi-même d'aller jusqu'au bout, c'est ce que je vais faire.

— Tu as intérêt à nous donner des nouvelles, prévient papa en me prenant brièvement dans ses bras. Pas d'alcool, pas de drogues, pas de bêtises !
— Et pas de sexe avec des inconnus !, ajoute maman d'un air innocent.
— Maman ! T'es horrible !

Elle éclate de rire pour cacher ses larmes, m'étouffe en m'embrassant les joues, et me laisse enfin respirer lorsque Lea et Mia viennent me dire au revoir. Je promets à la cadette de lui envoyer encore plein de photos des villes que l'on va visiter, lui rappelle que je serai de retour début avril pour les concerts de Miami et que ça va vite passer.

Puis je fais rouler ma valise jusqu'à la maison de Rose, où elle m'attend déjà appuyée contre sa voiture, lunettes de soleil sur le nez.

— Prête pour l'Amérique, baby ? plaisante-t-elle en roulant des hanches.
— Carrément ! Grouille, on va se faire démonter par Ben si on arrive en retard !

Lui et Harper m'ont manqué aussi. Lorsqu'ils ne sont pas en train de surveiller les quatre fantastiques dans leur tournée, les époux logent au nord de la ville, dans une villa reculée qui leur permet de vivre d'amour et d'eau fraîche une partie de l'année.

— Se faire engueuler, tu veux dire. Démonter, c'est ce qui nous attend avec Austin et Ethan dans les chambres d'hôtel !

Je fais mine de gerber sur mes chaussures en écoutant sa connerie, insiste pour prendre le volant et démarre en la laissant choisir la musique. À vrai dire, je ne suis même pas certaine que je vais recoucher avec Austin. On n'en a pas reparlé ces derniers jours, on ne s'est même pas vus, et de toute façon, je ne m'attends pas à une demande en mariage de sa part.



Je trouve miraculeusement une place sur le parking de l'aéroport, saute de la voiture aussi vite que Rose et me dépêche de prendre nos valises avant de courir à l'intérieur. On a perdu cinq minutes à tourner à la recherche d'une place, le jet privé doit décoller dans peu de temps, et je m'attends déjà à essuyer les remontrances des garçons lorsqu'ils nous voient enfin arriver.

Pourtant, force est de constater que je me suis trompée. Ben et Harper nous saluent sans rien dire, Jack et Isaac en font de même, Ethan est trop occupé à reluquer sa copine, et Austin me serre dans ses bras avant de m'embrasser au coin des lèvres.

— Salut, toi, chuchote-t-il en posant une main sur ma joue. Comment tu vas ?
— Heeuu... Bien ? tenté-je en arquant un sourcil. Vous allez pas nous disputer pour notre retard ?

Il pouffe en prenant ma main dans la sienne alors que nous nous dirigeons déjà vers la porte d'embarquement.

— On a tous décidé d'être plus cool pour ces quatre derniers mois. Tu sais, pour profiter au maximum avant de prendre des routes différentes, quoi...

Ah oui. J'avais presque l'espoir que lui et Ethan aient changé d'avis concernant la suite de Sparkling Echoes, mais visiblement, je me suis plantée.

— Oh, ouais. Pas trop triste ?
— De retrouver bientôt ma liberté ? Tu rigoles, j'attends que ça !

Je retiens ma grimace au moment où l'on prend place dans le jet, déçue que tous mes efforts aient été vains. Cependant, si Austin apprend ce que j'ai fait... Il me tuera.



Sao Paulo est une ville magnifique. Je m'en rends compte alors que nous survolons la ville en direction de l'aéroport. Avec ses routes gigantesques qui se croisent et le pont qui surplombe une rivière, elle est digne d'un décor de carte postale. Je prends plusieurs photos pour pouvoir faire un album à la fin de la tournée, écoute d'une oreille les discussions alentours et ris à une blague pourrie d'Isaac.

— J'en reviens pas, les mecs. Il nous reste cinquante-et-une dates, et tout est terminé, constate Jack en passant une main dans ses cheveux.
— Ça va passer super vite, renchérit Ethan. C'est dingue, j'ai l'impression qu'il ne s'est passé qu'une semaine depuis Lisbonne.

J'acquiesce, alors que les images de ces derniers mois défilent dans ma tête. Les disputes entre Austin et moi, Zurich et Lyon, Manchester, Munich, Copenhague et Noosa Heads, tout ce qui nous a menés à la soirée du Nouvel An et à ce dérapage qui n'en est plus vraiment un.

— Merci, lancé-je soudain. D'avoir accepté qu'on vous accompagne, Rose et moi, et de nous avoir fait vivre tant de choses avec vous.
— Ne plombe pas l'ambiance, c'est pas encore terminé ! me réprimande Austin en me poussant l'épaule d'une main.

Je pouffe pour retenir mes larmes, alors qu'il pianote sur son téléphone quelques secondes, et le mien finit par vibrer sur mes cuisses.

>Collins, reçu à 15h38 : Et il nous reste encore beaucoup de choses à se dire, Serpentard. Et à faire...

>Moi, envoyé à 15h39 : Tu parles de sexe, là ? Pauvre type !

J'ajoute un smiley qui rigole alors qu'il joue des sourcils en se passant la langue sur les lèvres, mes joues devenant brûlantes sous son regard.

>Collins, reçu à 15h41 : Tu as les idées déplacées, Ivy... Mais j'avoue que ce legging rend trop hommage à tes fesses pour que je n'y fasse pas attention. Surtout maintenant que je sais tout ce qui se cache sous ces vêtements... Et les bruits que tu fais quand tu jouis.

>Moi, envoyé à 15h42 : On en est déjà au stade des messages à connotations sexuelles ? OK. Alors je me dois de te dire que ton érection est tout, sauf discrète.

— Putain !

Je souris, fière de moi, alors que Isaac le dévisage d'un œil interrogateur avant de laisser tomber. Le jet privé entame sa descente sur la piste d'atterrissage lorsque Austin m'envoie un nouveau message :

>Collins, reçu à 15h45 : Tu as mis un soutien-gorge, sous ce petit pull qui te colle à la peau ? Parce que si mon érection n'est pas discrète, je crois que tu n'as pas vu tes tétons qui pointent vers moi...

>Moi, envoyé à 15h46 : Sauf que ça, je peux l'expliquer en disant que j'ai froid. Quelle est ton excuse, Austin ?

>Collins, envoyé à 15h47 : J'ai envie de toi comme un dingue, voilà mon excuse. Je te jure que je te kidnappe toute la nuit dès qu'on pose un pied à l'hôtel, pour qu'on recommence la même chose qu'au Nouvel An, toi et moi...

Je glousse en lui coulant un regard blasé, il sourit de toutes ses dents en cachant son entrejambe de ses poings posés dessus.

— Tu ne descends pas ? demandé-je d'un air innocent lorsque les portes finissent par s'ouvrir, ne laissant bientôt plus que lui et moi à l'intérieur.
— Ne fais pas ta maligne, Ivy. Je peux très bien demander au pilote de faire demi-tour histoire qu'on s'envoie en l'air ici.

Comme pour prouver qu'il est capable de faire ce qu'il avance, il m'enlace par derrière et dépose une ligne de baisers de ma mâchoire à mon cou.

— Austin, on ne fera pas ça ici.

Je m'avance à petits pas alors qu'il reste collé dans mon dos, réussis à sortir et à descendre les marches sans tomber, et il finit par me lâcher lorsque Harper commence à s'énerver toute seule, sans raison apparente.

Les garçons préfèrent la laisser dans son délire et la suivent à travers l'aéroport, Ben fermant la marche avec John et les gardes du corps attitrés, et nous réussissons par miracle à s'entasser dans le minibus sans être alpagués par des paparazzis.



L'hôtel réservé pour quatre nuits est un quatre étoiles situé non loin de la salle de concert. Tout y est immense, y compris la douche à l'italienne de la salle de bains dans la chambre que je vais partager avec Austin. Il attend sagement que le reste du groupe aille prendre leurs quartiers avant de me sauter dessus pour m'embrasser et me soulever dans ses bras.

— On a intérêt à inaugurer chaque endroit de cette chambre, Serpentard, prévient-il entre deux baisers.
— Et si j'en ai pas envie ?

Je dis ça en riant, aussi il glisse une main sous l'élastique de mon legging, puis de ma culotte, avant de venir me torturer avec ses doigts.

— T'es trempée, c'est pas ce que j'appelle ne pas en avoir envie.
— Et tu crois que tu pourrais remédier à ça ? Avec ta bouche, par exemple. Histoire que t'arrêtes de dire des conneries...

Il ne se fait pas prier pour me reposer sur mes pieds et baisser d'un coup sec mon bas et mon sous-vêtement, avant de poser l'une de mes jambes sur son épaule et de plonger entre mes cuisses.



— C'est quoi, le programme pour les deux prochains jours ? me renseigné-je auprès de Ben quatre heures plus tard, alors que nous sommes tous attablés au restaurant de l'hôtel.
— Une émission de télé demain, repos après. Vous nous suivez ?

J'acquiesce en lui demandant si ça ne le dérange pas, il me fait remarquer que c'est ce que l'on fait depuis le début de la tournée. Isaac ajoute que c'est tout sauf dérangeant, au contraire.

— Ça a renforcé les liens entre nous, je trouve, non ? On est plus cool, on s'écoute davantage... On n'est plus les mêmes qu'au début, quoi !
— Je vous l'avais dit, que c'était une bonne idée de prendre en charge les deux biches égarées, se marre Jack en nous regardant tour à tour, sa sœur et moi.
— Ouais, fin, c'est plutôt le serpent venimeux et la tête de mule, pour le coup...

J'ouvre la bouche en grand et me tourne vers Austin en lui lançant un regard noir. Pourtant, je craque lorsqu'il m'embrasse devant tout le monde, sans une once d'hésitation, avant de reprendre la conversation comme si de rien n'était.

J'ignore le pouce levé de Rose en faisant mine d'être absorbée par mon verre d'eau. Inutile de lui donner raison sur ce qu'elle m'a dit au début du mois concernant ma relation avec lui.

De toute façon, on n'a toujours pas parlé de couple, tous les deux. C'est seulement un peu de sexe, très agréable et qui me permet de me sentir encore plus vivante. Rien d'autre.

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