Ivy - Brisbane, 1er octobre 2024 🌶️

 Reprise de la tournée. Les garçons semblent reposés, heureux de reprendre la route après un mois entier au même endroit, et Sparkling Echoes est de nouveau dans la place pour faire vibrer l'Australie, la Nouvelle-Zélande et l'Asie ensuite.

Mes parents refusent de répondre à mes appels. Même ma mère, que je pensais pourtant plus compréhensive que papa, ne me donne pas signe de vie. Par chance, je peux toujours compter sur Mia et Lea pour me tenir au courant des dernières nouvelles à Miami, et rire avec elles par écrans interposés. Avec les quatorze heures de décalage horaire, on s'appelle souvent lorsqu'il est tard ici, et tôt à Miami. Généralement, malgré ma fatigue des derniers jours, je ne rate jamais une réunion fraternelle. C'est ma seule raison de tenir face aux parents, d'accepter leur silence et de ne pas craquer en retournant à la maison.

Est-ce que je peux enfin parler au groupe, ou tu vas encore trouver une excuse ? se renseigne Mia après notre échange de banalités quotidien.
— Ils sont encore sur scène, là, mais ils vont bientôt descendre, deviné-je lorsqu'ils entament la dernière chanson.

À l'écran, Mia sourit de toutes ses dents en me criant de filmer les coulisses. Je suis tentée de refuser, mais je cède finalement dans l'espoir qu'elle arrêtera de hurler.

Aaaah, c'est trop coooool ! Je t'entends pas parler !

Effectivement, ici, les instruments résonnent tellement fort que j'évite d'y rester trop longtemps. La majorité du temps, je préfère rester dans les loges, ou m'éloigner dans un couloir, pour pouvoir éviter de devenir sourde à seulement dix-huit ans. Je me marre en regagnant un endroit un peu moins bruyant au moment où la batterie arrête de jouer. Et j'imagine d'ici le mélange de fierté et de déception dans les iris azur d'Austin.

Quelques minutes plus tard, alors que je suis toujours en appel visio avec ma sœur, le groupe rejoint enfin les coulisses, transpirant et souriant. Y compris le guitariste et le batteur.

— Austin, débarque ici ! l'appelé-je en l'amadouant avec une bouteille d'eau.

Il râle à peine une seconde avant de m'offrir le sourire qu'il ne montre que depuis peu de temps. Je le repousse alors qu'il tente de s'essuyer le front contre mon épaule, pointe le téléphone du doigt et découvre la bouche grande ouverte et les yeux écarquillés de Mia en même temps que lui. Il lui offre un signe de la main sans se départir de son sourire avant de planter un baiser inattendu sur ma tempe.

— Tu me prends au piège, Serpentard ? glisse-t-il dans mon oreille de façon à ce qu'elle n'entende pas.
Oh, putain de merde !
— Mia, je te présente Austin ! annoncé-je fièrement en posant une main sur son visage pour le faire reculer.

Le cri qui suit a le don de faire débarquer les trois autres derrière mon épaule. Et de faire crier un peu plus fort ma petite sœur.

— Mia Salazar, notre fan numéro une ! salue Isaac, vite suivi par Jack et Ethan.
— Hé, c'est Ivy, la fan numéro une, je l'ai décidé le jour de son anniversaire ! s'indigne Austin en passant un bras autour de mes épaules.

Je roule des yeux en lui rappelant que je ne suis pas sa propriété, mais il m'ignore pour s'emparer de mon téléphone.

Oh. My. God. Est-ce que c'est, genre, réel ?!
— Respire, on ne va pas te mordre ! plaisante Ethan alors que Rose se pend à son bras et lui bloque le menton.

Pour lui rouler la pelle de sa vie. Devant les yeux de mon innocente petite sœur de quatorze ans et demi.

— OK, c'était une mauvaise idée ! annoncé-je en essayant de reprendre mon portable.
Fais pas ta rabat-joie, espèce de méchante sœur ! Est-ce que je peux avoir une dédicace à votre prochain concert ? Est-ce que c'est vrai, que vous allez retourner en France pour recevoir une récompense ? AAAAAAH !

Jack éclate de rire alors qu'Austin me regarde avec un sourire aux lèvres et lance :

— Ouais, fais pas ta rabat-joie, Serpentard ! Elle, au moins, elle apprécie notre musique !

Je suis tentée de lui dire qu'en revanche, lui, il semble un peu trop apprécier m'embrasser, mais me retiens au dernier moment en me souvenant qu'on n'est pas tout seuls – et que c'est sûrement pas le moment pour parler de sexe, entre autre.

— Alors, Mia, des secrets qu'on doit savoir sur ta sœur adorée ? se renseigne Jack en feignant l'indifférence. Des passions débiles ?
— Mia, t'as pas intérêt ! lancé-je en me glissant sous le bras d'Austin pour offrir à ma sœur mon regard le plus noir possible.

Elle plisse les yeux d'un air malicieux, malgré mes protestations.

— Elle adore faire des gâteaux, mais ils sont toujours dégueulasses ! Et elle a tous les disques de Taylor Swift planqués sous son lit, parce qu'elle refuse d'avouer qu'elle adore les musiques déprimantes qui parlent de rupture !

Les quatre fantastiques partent en fou-rires, que Rose suit également alors que je fronce les sourcils et arrache l'appareil des mains d'Austin.

— J'avais quinze ans ! tenté-je de me dédouaner d'une voix forte. Et on en parle, du fait que tu dors avec un poster de Sparkling Echoes à ta tête de lit ?!

Elle raccroche avant même que je puisse la charrier un peu plus. Je peste en montrant mon doigt du milieu aux cinq traîtres à côté, ouvre la bouteille qu'a reposé Austin et vide le fond sur lui car il est le seul à continuer de se moquer.

Je devine à ses yeux joueurs qu'il ne compte pas en rester là, et détale dans le labyrinthe de couloirs à ma droite sans demander mon reste. Mon prénom résonne plusieurs fois contre les murs alors qu'il réduit de plus en plus l'avance que j'avais prise sur lui. C'est son bras, qui passe autour de mon buste, qui me fait stopper ma course poursuite radicalement et je grimace lorsque mon dos percute son torse avec force.

— Je t'ai fait mal ? s'inquiète-t-il juste après.
— Un peu.

Je ne m'attendais pas à ce que sa main restée libre se faufile entre nos deux corps pour masser l'endroit exact où la douleur est plus forte. Je soupire de soulagement en le laissant faire, jusqu'à sentir ses lèvres sur mon épaule, puis derrière mon oreille.

— Austin... susurré-je sans me dégager.
— Mmmh ?

Presque trois semaines. Une éternité, alors que je pensais ne jamais vouloir retenter l'expérience d'un baiser avec lui.

Pourtant, je le laisse descendre ses doigts qui me retenaient jusqu'ici prisonnière jusqu'à ma cuisse, sur laquelle il trace de petits cercles. Je n'aurais pas dû mettre une robe, je le savais à l'instant où Rose et moi avons rejoint les loges après la répétition. Lorsque le regard du batteur a remonté ma silhouette, et que ses dents ont tiré sa lèvre inférieure.

— Tu transpires encore, observé-je lorsque l'odeur de sa peau, pas désagréable, me parvient.

Mon corps, lui, le réclame. Mon bassin recule pour se plaquer au sien, alors que sa bouche continue de me chatouiller le cou.

— Alors comme ça, t'es une Swiftie ? se moque-t-il d'une voix rauque.

Sa main remonte le tissu du jupon pour se placer à l'intérieur de mes cuisses, qu'il continue de caresser. Son index remonte un peu plus encore, me laissant pantelante alors qu'un feu s'empare de mon bas-ventre.

— Et toi, un abruti, soufflé-je en tournant la tête.

Nos visages sont proches, nos nez se frôlent, nos iris refusent de se détacher. La glace et le bois. L'ours mal léché et le serpent venimeux.

Je l'embrasse au moment où il plaque sa main contre le tissu de ma culotte. Je tremble au moment où son pouce s'insinue sous l'élastique pour rencontrer la peau sensible et les quelques poils que je n'ai pas pris la peine de raser depuis deux semaines.

— Dis-moi d'arrêter, Ivy, et je le ferai, promet-il dans un souffle.

C'est trop bon, beaucoup trop désiré, pour que je lui fasse une telle demande. Alors je préfère goûter à ses lèvres rendues salées par la sueur et le laisser continuer de me caresser, , dans un couloir où n'importe qui pourrait nous surprendre.

Je gémis dans sa bouche lorsqu'il appuie sur mon clitoris, ferme les yeux et garde mon visage contre le sien. Je gémis encore lorsqu'il glisse son index entre mes lèvres mouillées et l'enfonce en moi. Et je gémis lorsqu'il ajoute un autre doigt, les crochète à l'intérieur et fait rouler mon bouton de chaire contre son pouce.

— Je suis toujours un abruti ?

Je râle lorsqu'il ralentit le rythme et ouvre les yeux. Son sourire... Celui qu'il avait lorsqu'on s'est retrouvé seuls, dans ma chambre, à Noosa Heads. Lorsque les barrières sont tombées, que les vêtements ont volé, que nos corps ont presque fusionné.

— Continue de me faire languir, et tu seras bien plus qu'un abruti, parviens-je à lancer au moment où il accélère de nouveau.

Des langues qui dansent ensemble, toujours un peu plus. Des doigts qui s'amusent entre mes cuisses, toujours plus vite. Des étoiles qui voilent mon regard, après cinq minutes d'une torture insoutenable.

Si son bras ne me retenait pas, si ses doigts n'étaient pas encore en moi pour faire durer mon orgasme, je me serais déjà écroulée par terre.

Et le sale gosse retire sa main de ma culotte pour se lécher les doigts, toujours en me regardant, toujours fier de lui. Mon entrejambe toujours trempée, mon sous-vêtement souillé.

— Ne remets plus de robe, Ivy, prévient-il alors que je tremble encore dans ses bras.
— Ne me dis pas ce que je dois porter, Austin, rétorqué-je du tac au tac.

Il m'embrasse encore, me serre encore, m'aime encore ?

— Alors ça ne sera pas la dernière fois, lâche-t-il tout bas.

Je lui offre un sourire aguicheur, son érection toujours retenue par son jean, toujours plaquée contre mon bas-ventre.

J'ai dix-huit ans. L'âge de toutes les expériences. L'âge où je peux faire ce que je veux, qu'importe avec qui. Si bien que je me surprends à avouer :

— J'espère bien,

avant de me dégager et de retourner en coulisses. Les cheveux en bataille, les lèvres probablement gonflées de nos baisers, la culotte témoin du plaisir qu'il m'a fait ressentir.


Il y a trois mois, je le haïssais de tout mon être. Je pensais connaître le vrai Austin. Celui qui parle trop fort, râle trop fort, le batteur détaché, l'homme à la réputation de tombeur.

Aujourd'hui, pourtant, j'ai compris que derrière son masque se cache l'adolescent qui n'a pas réussi à sauver son cousin, qui a rendu sa petite sœur paraplégique, et qui s'en veut. Qu'il culpabilise, de la même façon que je culpabilise pour ce qui est arrivé à Sam. Et qui a grandi en croyant qu'un homme ne devait jamais se montrer faible.

Noosa Heads a marqué un tournant dans notre relation. Il m'a fait confiance, on a parlé durant des heures, on s'est disputés, et on a appris à s'apprécier sincèrement.

Faites juste que tout ça, ça dure encore longtemps.

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