Austin - San Francisco, 12 février 2025
La complicité que j'ai avec Ivy n'a pas cessé de s'accroître ces derniers jours. C'est simple, on ne se dispute plus du tout. Au contraire. On s'aime sans penser au lendemain, sans se le dire, et ça me suffit. Juste le fait de me réveiller à ses côtés, de me perdre en elle plusieurs fois par semaine, de rire avec elle, me procure un bonheur que je n'avais pas ressenti depuis des années.
— Mec, arrête de la baiser du regard, c'est gênant, me fait remarquer Jack en riant.
Aujourd'hui, pour faire plaisir aux filles, on a décidé de faire une petite excursion à Muir Woods et Sausalito. Au milieu des séquoias géants, sur des petits chemins superbes, chacun profite d'un grand bol d'air frais bien mérité avant de reprendre la route, direction Sacramento.
— Dégage, marmonné-je en le repoussant. Va plutôt dire ça à Ethan.
Je pouffe malgré tout, et reporte mon attention sur Rose et Ivy, un peu plus loin devant nous. Elles s'extasient tous les deux mètres devant un nouvel arbre ou, encore plus débile, devant les chemins construits en adéquation avec l'environnement et qui se fondent à merveille dans le décor.
— On se croirait dans un conte de fée, observe la blondinette avec un large sourire.
La brune, elle, prend des photos de tout et n'importe quoi, jusqu'à ce que Ethan la rejoigne à grands pas et l'entraîne par la main loin devant nous.
— Dommage, t'as eu le bouffon à la place du prince, ironise Isaac en lui passant devant.
— Haha, très drôle, riposté-je d'un air blasé.
Je m'arrête à côté d'Ivy alors qu'elle remarque un écureuil perché sur une branche, laissant les autres prendre de l'avance sur nous. L'atmosphère est humide à cause de la proximité avec l'océan Pacifique, si bien que son pull lui colle à la peau, moulant chacune de ses courbes.
— Je crois que c'est l'endroit que je préfère de toute la tournée, souligne-t-elle sans décrocher son regard des multiples feuilles qui nous surplombent.
Je hoche la tête en passant un bras autour de sa taille, dépose un baiser sur sa tempe et essaie d'apercevoir l'oiseau qui piaille non loin.
— Moi aussi, avoué-je.
Dieu, son sourire... Je pourrais mourir pour lui, et j'en serais le plus heureux des hommes. C'est dingue, de voir à quel point elle a pris une place si importante dans ma vie en si peu de temps. Il y a encore quelques mois, je pensais qu'elle me détestait, et c'était réciproque. Elle me cassait les pieds, elle était grossière... Aujourd'hui, pourtant, j'ai appris à apprécier sa mauvaise humeur les trois quarts du temps, son rire franc qu'elle ne laisse que très peu entendre, et toutes les petites choses qui pourraient passer pour des défauts.
— Je peux te poser une question ? demande-t-elle en se tournant vers moi.
J'acquiesce sans pouvoir m'empêcher de prendre entre mes doigts une mèche de ses cheveux.
— Il se passera quoi, après la tournée ? Entre nous, je veux dire.
Je réfléchis une seconde sans savoir si elle attend la vérité – que je tuerais pour continuer ce qu'il y a entre nous – ou un mensonge – que tout sera terminé. Haussant les épaules, je finis par chuchoter :
— Tout ce que tu voudras.
Elle laisse passer une interminable seconde, durant laquelle je me perds dans ses yeux qui me dévisagent.
— Je t'apprécie, Austin, annonce-t-elle de but en blanc. Je t'apprécie même beaucoup, et j'ai peur qu'on finisse par tout foutre en l'air.
— Pourquoi on ferait ça ? me renseigné-je en me penchant vers elle.
— Parce que c'est ce qu'on a toujours fait. À chaque fois, ça se passe bien pendant un temps, et ensuite on se tire dans les pattes sans essayer de s'expliquer calmement.
Mes lèvres se posent sur les siennes, comme si c'était la chose la plus naturelle du monde. Ma main sur sa taille et la sienne sur mon bras, je caresse sa pommette du pouce lorsque je me recule et tente un sourire.
— On n'a qu'à faire ça au jour le jour, proposé-je dans un souffle. Et voir où ça nous mènera.
— T'es en train de me proposer d'être en couple avec toi, là ?! bafouille-t-elle en écarquillant les yeux.
Merde. Est-ce que c'est ce que je viens de faire ? Est-ce que c'est ce que je veux ? On ne s'est même pas encore dit ces trois petits mots. Aucun de nous n'est prêt, et je ne serai pas celui qui sautera le pas en premier.
— Peut-être, ouais, constaté-je en inclinant la tête. Pas de promesse d'éternité, on regarde juste si ça peut fonctionner...
— On continue ce qu'on fait déjà, quoi, se moque-t-elle en passant ses mains dans mon dos.
Je pouffe en prenant conscience qu'elle a raison, que l'on se comporte déjà comme un couple depuis des semaines, et que j'aime ça.
— Exact, Serpentard. Mais cette fois, c'est officiel.
Et ça me rend heureux, plus que je ne l'ai été depuis des années.
Je scelle ce dernier pacte entre nous en l'embrassant de toutes mes forces, et en gardant sa main dans la mienne pour le reste de la visite.
San Francisco sera témoin de ce premier pas de géant entre nous, qu'importe ce qu'il se passera par la suite.
La petite ville de Sausalito, située au nord de la baie de San Francisco, offre un cadre presque idyllique. Les quartiers sont en partie flottants, composés de péniches et de bateaux-maisons amarrés dans les différents ports de la ville. Après un arrêt sur le trajet pour aller voir le célèbre Golden Gate Bridge depuis la jetée, nous profitons des températures relativement douces de ce mois de février, qui restent tout de même loin des vingt-quatre degrés de Miami. On se balade dans les ruelles plutôt calmes, profitant d'un moment de répit bien mérité à l'abri des fans et de la célébrité. Ici, nous passons quasiment inaperçus. Juste un groupe d'amis de passage pour profiter d'une promenade dans les différents parcs. Nous nous amusons comme les adolescents que nous étions au début de Sparkling Echoes, Ethan et Isaac jouant au football américain avec un ballon invisible alors que Jack, les filles et moi préférons nous moquer, assis dans l'herbe.
Après trois heures de tranquillité, Ben et Harper nous retrouvent et nous remontons dans le minibus pour une heure et demie de route, direction Sacramento. Nous longeons la baie de San Pablo, avant de rejoindre l'autoroute 80 qui traverse le pays d'Ouest en Est. Il est tout juste dix-neuf heures, aussi on improvise un pique-nique dans le véhicule avec des sandwichs à la dinde immondes que John a pris le temps d'aller acheter cet après-midi. Les rires fusent dans tous les sens, les anecdotes à la con sur nos enfances également, et j'esquive le sujet pour éviter de trop en dévoiler. Au contraire des trois autres, je n'ai pas grandi avec de l'argent à ne plus savoir qu'en faire et des parents qui m'achetaient un nouveau téléphone tous les ans. Bien que mon père ait toujours bien gagné sa vie avec son boulot, il est parti de la maison alors que je n'avais que sept ans, pour demander de mes nouvelles trois fois par an à tout casser : Noël, mon anniversaire, la Fête Nationale du quatre juillet. Je passais parfois quelques semaines avec lui en banlieue de Miami, et c'est grâce à lui que j'ai commencé à jouer de la batterie, mais le manque de mon père était bel et bien présent, d'autant plus lorsque ma mère s'est mise en ménage avec un pauvre type qui passait régulièrement au bar dans lequel elle était serveuse.
Je me tais jusqu'à notre arrivée au SpringHill Suites, l'hôtel dans lequel Ben a réservé deux suites doubles et une chambre simple. Rose et Ivy insistent pour qu'on se retrouve entre couple, si bien qu'Ethan et moi finissons par céder en jurant tout bas. Jack et Isaac se foutent de nous, notre changement d'attitude des derniers mois étant apparemment un peu trop subit, mais on les ignore en fermant la porte de la suite.
— Putain, ils avaient pas précisé que les lits étaient dans la même pièce ! s'énerve déjà Ethan lorsqu'on découvre deux lits doubles, seulement séparés par une table de chevet, avec un bureau et un canapé installés à côté de l'un d'eux.
Je hausse les épaules en déposant mon sac sur le lit le plus éloigné de la porte, alors que les filles s'imaginent déjà coller les deux matelas ensemble pour dormir à côté l'une de l'autre.
— Pas question, ronchonné-je en posant une main sur la bouche d'Ivy. C'est déjà assez chiant comme ça, j'ai pas envie de devoir déménager les meubles en plus.
Elle fronce les sourcils en plantant ses dents dans la paume de ma main, je la retire et bloque ses poignets.
— On peut faire une soirée pyjama ? Masques de beauté et vernis compris ? quémande-t-elle avec un air de petite fille et un grand sourire.
— Tu veux me foutre un masque à base de merde industrielle sur la gueule ?
Elle roule des yeux en testant le moelleux du matelas, Rose s'échappant déjà à la salle de bains avec toutes ses affaires.
— C'est pas industriel, j'ai acheté tous les produits en magasin bio ! se défend Ivy en vidant sa trousse de toilette sur le lit. Argile, avocat, noix de coco... J'ai aussi miel !
— Je ne me retrouverai jamais avec un de ces trucs de nanas sur la tronche, tranché-je en croisant les bras.
Et je me retrouve avec un de ces trucs de nanas sur la tronche lorsque Rose réussit à convaincre Ethan, et que Ivy insiste encore en faisant la moue. Elle étale l'espèce de pâte gluante du bout des doigts sur mes joues, y compris sur ma fine barbe que je prends soin de tailler au millimètre près chaque matin, et sourit d'un air satisfait en m'embrassant du bout des lèvres, son visage déjà peinturluré depuis cinq minutes.
— Pas un mot à Jack et Isaac, râle Ethan derrière moi. Putain, Austin, on vient de perdre toute notre virilité pour deux filles...
— Vous, au moins, vous aurez une peau parfaite, contre Ivy en nous prenant en selfie.
Je pose mes mains sur ses hanches et me prends au jeu quelques secondes, pour lui faire plaisir. Puis elle commence à décoller du bout de l'ongle le masque désormais sec sur mon visage, qui s'enlève comme une seconde peau et me tire légèrement.
— Va falloir que t'ailles te rincer le visage, ça reste collé à tes poils, observe-t-elle alors que Rose réussit à convaincre Ethan de s'épiler le torse.
Le pauvre crie lorsqu'elle arrache la bande de cire qu'elle vient de coller, et j'éclate de rire en le prenant discrètement en vidéo.
— Te moque pas trop, me prévient la blondinette en frottant un gant sur mon visage. Le prochain à y passer, c'est toi.
— J'ai aucun poil sur le torse, fais pas genre que t'as déjà oublié, m'amusé-je en sachant très bien qu'elle m'a vu nu pas plus tard qu'hier soir.
— Non mais je parlais pas de t'épiler le torse, moi, hein !
Elle baisse les yeux vers mon entrejambe, et je secoue vivement la tête alors qu'elle hoche la sienne.
— Jamais de la vie tu ne toucheras à mes boules pour les raser, Serpentard, m'insurgé-je à voix basse.
— Et pourquoi ça ?
— Parce que c'est pas quelques poils qui t'empêchent de me sucer régulièrement, lui rappelé-je.
Ses joues deviennent cramoisies à peine ai-je terminé ma phrase, et elle me frappe l'épaule en jetant un œil derrière moi.
— T'es dégueulasse, Collins, affirme-t-elle tout aussi bas. Et puisque ça te fait rire, t'as gagné : plus jamais tu n'auras une petite gâterie de ma part.
Je lève les sourcils sans me départir de mon sourire, l'entraîne avec moi jusqu'à la salle de bains et verrouille la porte en faisant mine de ne pas avoir entendu les obscénités balancées par Ethan.
— Plus de pipes, plus de cunni, décrété-je d'un ton sérieux. C'est con, ça va réduire le nombre d'orgasmes, et augmenter les dépenses en préservatifs...
Elle ouvre grand la bouche d'un air outré, me frappe encore l'épaule et me regarde passer de l'eau sur les restants du masque, les bras croisés devant elle.
— OK, c'est bon, t'as gagné, cède-t-elle finalement lorsque je l'embrasse, mes mains sur ses joues. Je ne supporterai jamais qu'on le fasse tous les jours, et j'ai pas envie d'avoir une démarche de canard.
Je m'esclaffe dans son cou alors qu'elle passe ses mains sous mon short de pyjama pour les poser sur mes fesses. J'aime quand elle fait ça. Quand elle n'a pas honte de venir me chercher si elle a besoin de prendre du plaisir, et qu'elle se sent assez à l'aise avec moi pour peloter mon cul sans rougir davantage. Même si ça veut dire me retrouver avec une érection de malade en sachant qu'on ne fera rien ce soir, ni demain, ni tant qu'elle ne viendra pas pour me dire qu'elle en a envie. Si je m'écoutais, je passerais littéralement chaque seconde à la prendre, n'importe où, en public ou pas.
— Donc tu préfères jouir sur ma langue que sur ma bite ? m'amusé-je pour le plaisir de la voir s'empourprer un peu plus.
— Ta langue, au moins, elle m'étire pas le vagin ! s'agace-t-elle en chuchotant. Déjà qu'on couche ensemble trois fois par semaine au minimum, laisse-moi juste quelques pauses avec seulement des préliminaires explosifs.
Elle a raison, putain, c'est explosif à chaque fois. Que je sois en elle ou non.
— Marché conclu. Donc mes couilles restent intactes, et tu ne toucheras pas à mes poils pubiens !
Elle lève les yeux au ciel, se met sur la pointe des pieds et caresse mes lèvres de sa langue, que je finis par mêler avec la mienne dans une danse qu'elles connaissent par cœur.
— Je t'apprécie aussi, Ivy, avoué-je en écho à ce qu'elle a dit plus tôt dans la journée. Je t'apprécie beaucoup.
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