Chapitre 4 : Découvrir la surprise
Le dîner a été plus que fabuleux.
La nourriture était succulente, et la compagnie de notre cher présumé patron est très agréable. Son ami et lui-même sont de joyeux larrons qui ont des sujets de conversation intarissables. Bien évidemment, j'ai fait étalage de tout mon savoir et de ma connaissance en diverses matières pour les impressionner, ce qui a eu l'effet escompté. J'ai donc suscité plusieurs « Oh » et certains « Ah » et même quelques « Vraiment ? C'est incroyable ».
Pour cela, j'ai bien évidemment été obligée de volontairement oublier la personne assise à ma gauche. Dans un environnement aussi splendide –lustres en cristaux, musique douce en fond- tout me pousserait à faire abstraction des deux personnes en face de moi, pour me consacrer uniquement à Adam.
Et pour une fois dans la soirée, je pense m'être plutôt bien débrouillée. Étonnamment, il n'a pas cherché à se mettre plus en avant que moi, mais ce n'est pas pour autant qu'il n'acceptait pas volontiers d'ajouter une rectification à mes dires, ou bien de raconter une anecdote lorsque j'évoquais un sujet qui lui était familier. Dans ces situations, il ne manquait jamais de me jeter un regard rieur, presque joueur.
Malheureusement pour moi, et après avoir utilisé toutes mes cartes, ce sont les deux vieux hommes qui se sont mit à discuter, chacun se remémorant avec vivacité les souvenirs d'une autre époque.
« Te souviens-tu de la fois où .. ? » « Oui, je m'en souviens très bien ! Mais tu as oublié de mentionner que... »
Au début, j'ai suivi avec plaisir leur discussion animée, le sourire aux lèvres. Je me suis imaginée, mes amies et moi, dans vingt ans, nous remémorant des souvenirs de notre jeunesse folle. Enfin, pas si folle que ça...
Et puis au bout de vingt minutes, j'ai décroché.
Et j'en ai profité pour laisser libre court à mes pensées, car un détail ne cessait de me tourmenter.
Pourquoi diable son ami l'a-t-il appelé « Marc » ?
Un sentiment d'angoisse monte en moi : aurais-je mal comprit ? Il me semblait pourtant clairement l'avoir entendu prononcer Adam et non Marc. Je me souviens avoir fait un lien avec le fruit défendu... Bon sang, je ne comprends pas. Cet inconnu qui n'avait même pas de nom au départ, a maintenant deux prénoms !
Je me fige lorsque je sens un regard se poser sur moi. Son regard.
Je me tourne lentement vers la gauche ; la tête penchée sur le côté, il m'observe avec une expression animée sur son visage. Son esprit à l'air de bouillonner de pensées, et cette idée me met mal à l'aise. A quoi peut-il bien penser avec autant d'entrain ?
Lui aussi a définitivement abandonné l'idée de suivre la conversation des deux hommes. Mais la profondeur de son regard me fait regretter qu'il ne focalise pas son entière attention sur eux plutôt que moi.
Je me détourne rapidement, gênée. J'attrape mon verre de vin blanc et le porte nonchalamment à mes lèvres, espérant laisser le temps à son regard de vagabonder dans une autre direction. Les secondes s'écoulent et je sens toujours l'intarissable chaleur de son regard irradier mon visage.
Lorsque je me retourne une fois de plus, je suis étonnée de percevoir son regard immobilisé sur le creux de ma nuque. Il détaille avec attention les angles de mon visage, remontant jusqu'à mes yeux, effleurant mes lèvres du regard.
Idiote Lena, idiote.
Je me racle la gorge et prend mon courage à deux mains.
« -Il y a un problème ? je lui demande d'une voix plus sévère que je l'aurais imaginée. »
Bon sang, il va falloir que j'apprenne à me contrôler. Mais suis-je vraiment en colère, ou ma voix est-elle plus rauque parce que chargée d'envie ?
Il hausse un sourcil comme à son habitude, puis se redresse légèrement.
« -A quoi pensez-vous ? me demande-t-il d'une voix plus enrouée que coutume. »
Ses questions me dérangent. Non pas que je n'aime pas ce qu'il dise, mais plutôt que je n'aime pas la manière dont il le dit. A chaque fois, ses paroles sont d'une sincérité accablante et je me retrouve obligée d'y répondre sans même arriver à échapper à son emprise.
« -A rien, je réponds avec empressement. »
Voyant son regard interloqué, je me sens obligée d'improviser :
« -J'écoutais simplement la musique. »
Il tend l'oreille vers les tonalités douces du piano. Un instant, il ferme les yeux, comme pour se concentrer : dans mon corps, le déluge apparaît. N'a-t-il jamais été aussi beau ? En même temps, ce n'est pas comme si je le connaissais depuis toujours... Mais les yeux fermés, son corps est à ma merci et je me surprends à voir des pensées insolites traverser mon esprit. Mes joues s'échauffent lorsqu'il rouvre les yeux et sent mon regard brulant de désir sur lui. Il hausse un sourcil, comme à son habitude, et se mord les lèvres, réprimant un accès d'hilarité.
Je regarde autre part, gênée. Bon sang, Lena ! Reprend-toi ! C'est tout à fait humiliant. Que va-t-il penser de moi maintenant ?
« -Vous aimez le piano ? me demande-t-il en attrapant son verre de vin et en le déposant à la commissure de ses lèvres. »
Je secoue la tête pour essayer de me mettre l'esprit au clair. La fatigue et l'enchaînement des évènements m'ont embrouillé l'esprit plus que je ne le pensais, et je me retrouve à avoir du mal à réfléchir. Son verre sur ses lèvres est comme une invitation silencieuse à laquelle j'ai du mal à résister.
« -Euh... je commence, le regard focalisé sur ses lèvres. »
Bon sang Lena, tes manières ! Pour qui va-t-il te prendre ?
« -Vous disiez ? Ah oui, le piano. Non... Enfin oui, j'adore le piano, j'en ai même fait à une époque. »
Il plonge un regard plein de malice dans le mien, et rapproche imperceptiblement –perceptiblement- son siège du mien. Nos genoux s'effleurent. Bon sang, je vais devoir être forte.
« -Vraiment ? demande-t-il en posant son menton dans sa main, coude sur la table. Quel âge aviez-vous ? »
D'accord, maintenant je sais qu'il se fiche de moi. Je me mords les lèvres et retiens un sourire. S'il veut jouer à cela, je vais jouer avec lui. Fini la Lena impressionnée qui ne sait plus quoi dire devant lui. Maintenant, il va découvrir la vraie Lena.
J'ai l'impression qu'il me pose tout le temps des questions, que c'est la seule et unique chose qu'il n'ait jamais faite dans sa vie. Etant redevenue la Lena non-impressionnable, je décide de lui dire exactement ce qu'il me passe par la tête.
« -Vous posez beaucoup de questions, je le sermonne en prenant un faux air contrariée. Ce n'est pas très galant. »
Rejetant sa tête en arrière, il me lance un regard remplit d'humour. Saisissant mon changement d'humeur avec une joie non dissimulée – je vous l'avais dit, il adore jouer- il attrape délicatement ma main et se penche pour l'effleurer de ses lèvres.
Putain ...
« -Excusez mon impolitesse, Mademoiselle Miller, dit-il en relâchant délicatement ma main sur la table pour pouvoir y faire courir son index. Voyez-vous, vous êtes tout à fait charmante et je dois avouer que vous m'intriguez. »
Mes joues s'enflamment et je retire ma main promptement. Maintenant, je sais qu'il se moque de moi.
Lui, me trouver charmante ? Je lève les yeux au ciel. Cela me renvoi à mon enfance, lorsque les garçons se moquaient de moi en me faisant croire qu'ils m'aimaient. Rien de plus humiliant pour moi.
« -Je ne vous excuse pas, et merci de garder vos mains rangées dans vos poches, Monsieur Marciello, je contre d'une voix froide. »
Pense-t-il me charmer en m'appelant par mon nom de famille ? Cherche-t-il à se la jouer « Christian Grey » ? Intérieurement, toutes mes particules étincellent à cette idée.
« Chut », j'ordonne à mon corps, en espérant qu'il ne me trahisse pas.
Il récupère ses mains et les fourre dans ses poches, comme je le lui ai demandé. Je lève une fois de plus les yeux au ciel : il n'avait pas besoin de me prendre au mot.
Surprenant son sourire, je comprends encore que c'est l'une de ses ruses pour attirer mon attention. Rien ne sert de faire tout ce cirque, ai-je envie de lui répondre, je ne pourrais être plus concentrée sur quelque chose que sur vous. Je suis littéralement hypnotisée, comme je ne l'ai jamais été. Je n'ai jamais subit une telle attraction, et savoir que cet homme a autant de pouvoir sur moi m'effraie et me remplit de joie en même temps.
Je n'ai pas l'habitude que les gens aient un effet sur moi : d'habitude, c'est moi qui leur fais de l'effet. Je ne parle pas de mon physique, mais plutôt de cette sorte de don que j'ai toujours eu et qui a toujours attiré les foules. Je suis capable de rallier à ma cause n'importe quelle personne, de n'importe quel grade et de n'importe quel milieu. Là est ma force : c'est la raison pour laquelle je sais que ce poste de directrice est fait pour moi. C'est aussi la seule et unique raison pour laquelle cet inconnu aux noms multiples me trouve intriguante.
Mais sa résistance et son intérêt pour moi sont étrangement une véritable bouffée d'air frais. Je suis étonnée de découvrir qu'il est plaisant de trouver un adversaire à ma taille qui ose me défier. Et cette situation augmente mon excitation au plus haut point : je ne peux pas résister à l'envie de me lancer corps et âme dans la bataille. Et s'il compte la jouer déloyale et tenter de me séduire, je jouerais sur le même terrain.
*
* *
« -Mais où est passé ce satané portable ? »
Cherchant dans chaque recoin de mon appartement –mettant au passage une pagaille monstre-, je pars à la recherche de l'unique chose à laquelle je tiens plus qu'à ma propre vie. Mon outil de travail est indispensable dans toutes les situations de mon existence, que je sois en week-end ou en pleine semaine. Sans mon portable, je ne suis rien. Et ne vous inquiétez pas, j'ai conscience de mon pathétisme.
« -S'il te plaît, reviens ! je m'exclame au beau milieu du salon en levant les bras au ciel. »
Heureusement pour moi, personne n'est là pour observer tout ce manège, auquel cas j'aurais déjà été internée en hôpital psychiatrique.
Chacune des pièces de mon appartement a été passée au peigne fin : le salon, la chambre, la salle de bain, les toilettes, et même la cuisine ! Je désespère.
Aujourd'hui, nous sommes samedi.
« Samedi ? Et alors ? »
C'est aujourd'hui qu'ils vont nommer le prochain directeur. A ce souvenir, une boule se forme dans mon estomac. Puisque je me suis réveillée aux aurores, la matinée semble s'écouler avec une infinie lenteur, et savoir qu'ils pourraient appeler à n'importe quel moment de la journée n'arrange rien : je dois me tenir prête. C'est l'occasion de ma vie. Et je ne compte laisser aucun inconnu au corps magnifique me passer devant.
Je m'assois sur le canapé, résignée. Je l'avais pourtant dans la main toute la matinée !
J'attrape un des coussins jonchant sur le sol, et le serre de toutes mes forces. La soirée d'avant-hier était vraiment splendide. Du début à la fin –et malgré les embuches semées sur mon passage- j'en garderais un très bon souvenir. J'ai d'ailleurs passé la majorité de la journée d'hier à me remémorer chaque détail de cette soirée.
La beauté des lustres en cristaux, des amuses-bouches préparés avec soin, de l'élégance des invités ... et d'Adam. Ne nous voilons pas la face, Adam est une partie non négligeable de la soirée. Même si tout s'est très rapidement terminé – serrage de mains et au revoir professionnels-, je n'ai pu m'empêcher de remarquer une pointe de déception dans son regard, et pendant quelques instants j'ai espéré que ce soit lié au fait de ne plus me revoir. Car dans cette situation, le choix ne sera pas compliqué: ce sera lui ou moi. Lui et sa voix sombre et envoûtante, son regard joueur et provoquant, son attitude espiègle et pourtant tellement attirante...
Mon téléphone sonne, me ravivant en sursaut.
Je me lève d'un bond, partant à la recherche de la sonnerie. Bon sang Lena, active-toi ! Tu sais que ça pourrait être important. Tendant l'oreille, je me précipite vers la provenance du bruit. Je fais quelques pas vers ma droite... La cuisine ? Je fais méticuleusement le tour de l'ilot central, ouvrant les placards et vérifiant le plan de travail. L'angoisse augmente et j'accélère mon pas : et si jamais je n'arrivais pas à décrocher à temps ? Intérieurement, je remercie ma mère de m'avoir donné le don de tout perdre. Elle était capable d'oublier sa paire de lunettes dans sa commode, et de mettre des jours avant de la retrouver. Question cachettes improbables, elle était calée.
Puis, une idée me vient à l'esprit. J'ouvre rapidement la porte du frigo et découvre avec étonnement mon téléphone, caché derrière un pot de yaourt. J'ai dû le poser lorsque j'ai pris mon petit-déjeuner. Je lève les yeux au ciel pour moi-même : stupide, stupide Lena. Mais pas le temps pour les reproches ; j'attrape mon téléphone avec précipitation, faisant tomber le pot de yaourt. Je décroche sans même regarder le nom de mon interlocuteur, le cœur à mille à l'heure.
« -Lena Miller, dis-je d'une voix tremblante d'appréhension. »
« -Salut Lena, lâche la voix endormie de mon amie. »
« -Oh, Ivanna... »
Fausse alerte. Je ne peux m'empêcher de cacher ma déception. J'aimerais tant recevoir cet appel et pouvoir enfin fêter la victoire. « Ne soit pas trop sûre de toi » avait l'habitude de me répéter mon père. « Tu pourrais être déçue, et en plus ce n'est pas très élégant. » C'est vrai, il n'a pas tort, mais je peux tout de même montrer un peu de confiance envers moi-même.
« -Tu peux cacher ta joie, s'exclame Ivanna, maintenant bien réveillée. »
« -Excuse-moi, je ne voulais pas te froisser. C'est juste que j'attends un appel important... »
« -Justement, c'est la raison de mon appel, réplique-t-elle avec entrain. J'en déduis que tu n'as pas encore eu de nouvelles ? »
« -Non... »
A cet instant, mon téléphone vibre bruyamment, m'indiquant qu'une autre personne essaie de me joindre. Mon cœur ne fait qu'un bond :
« -Ivanna, j'ai un double appel ! Je te laisse. »
« -Bonne chance, s'exclame-t-elle dans le combiné. Et ... »
Mais je ne lui donne pas la possibilité de terminer sa phrase. Je raccroche et prends l'autre appel en jetant un coup d'œil au numéro cette fois-ci : il m'est inconnu.
« -Lena Miller, dis-je d'une voix beaucoup plus professionnelle qu'au premier coup. »
« -Mademoiselle Miller, quel plaisir de vous entendre ! s'exclame la voix familière du petit homme trapu. »
« -Monsieur Davis, le plaisir est entièrement partagé. »
Mon voix et douce et séductrice : le genre de séduction professionnelle qui ne s'applique qu'au milieu du travail. Il rit légèrement, comme heureux d'être en vie. Je retiens un fou rire : cet homme me plaît.
« -Comme vous le savez certainement, c'est aujourd'hui que nous choisissons notre représentant à la direction de « Blue Coton ». Bien évidemment, vous avez été dans mes favoris depuis le début. »
Intérieurement, je saute de joie. J'ai été dans ses favoris !
« -Il était donc nécessaire pour moi de vous avoir dans mon équipe, annonce-t-il sans laisser planer de suspens. Vous êtes talentueuse Mademoiselle Miller, très talentueuse. Vous êtes charmante, dynamique, et dure en affaires : toutes les qualités que j'admire chez un directeur. Je vous propose donc aujourd'hui le poste de directrice, en espérant de tout cœur que vous accepterez. »
Mon cœur voltige et je saute d'un bond dans mon appartement, incapable de retenir mon excitation.
« -Ce sera avec joie et honneur que j'accepterais ce poste Monsieur Davis, dis-je en tentant de contenir mon bonheur. »
« -Très bien ! s'exclame-t-il avec une joie non dissimulée. Je suis heureux de vous compter parmi nos membres Mademoiselle Miller. Je vous vois donc cette après-midi pour une première réunion d'équipe, et je peux d'ores et déjà vous annoncer que je vous ai concocté une petite surprise... »
Son ton énigmatique laisse planer le mystère. Si ça avait été n'importe qui d'autre, je l'aurais forcé à me révéler la surprise. Malheureusement pour moi, je vais devoir me contrôler et patienter jusqu'à cet après-midi.
« -Très bien Monsieur, je vous vois donc plus tard, dis-je le sourire aux lèvres. »
Il raccroche et je ne peux plus contenir mon emballement : je jubile. Je saute sur place, pressée de pouvoir l'annoncer à tout le monde. J'ai eu le job ! Tu vois papa, parfois il faut avoir confiance en soi.
Je contemple le bazar de mon appartement avec un grand sourire : non, rien ne pourra gâcher ma mauvaise humeur aujourd'hui.
*
* *
Parée de ma plus belle tenue –robe crayon prune et trench camel agrémenté d'une ceinture de la même couleur-, je me dirige avec une excitation non dissimulée vers le bureau de la secrétaire. La jolie brune affiche une mine resplendissante, et une bouffée d'ondes positives m'envahie. Je suis certaine que je vais me sentir à ma place ici.
Patientant calmement devant le bureau de la réceptionniste, je sonde les personnes environnantes. A mon plus grand étonnement, les bureaux sont plutôt vides et les quelque personnes qui y sont présentes sont toutes habillées de manière détendue : jean et baskets, la plus audacieuse osant même une petite robe à fleur. Seule la secrétaire reste bien habillée, avec un tailleur chic se mariant parfaitement avec son visage fin et sa coupe au carré plongeant. Ses yeux verts sont vifs et enjoués, rehaussant ses pommettes saillantes et lui donnant bonne mine. Sa bonne humeur est communicative, même si elle reste imperturbable devant la masse de travail qu'elle semble avoir.
Terminant son dernier coup de fil, elle lève un regard amical vers moi, auquel je réponds spontanément. Elle m'observe avec attention sans pour autant paraître impolie, avant de me demander :
« -Tu es Lena Miller, c'est bien ça ? »
J'hausse un sourcil d'étonnement. Comment me connaît-elle déjà ? Se pourrait-il que je sois déjà devenue célèbre ? Je n'ai même pas signé les papiers, le poste me revient mais il n'est pas encore à moi.
« -Oui, c'est bien ça, je lui répond en m'appuyant nonchalamment sur son bureau. Le mythe des secrétaires est donc vrai : vous êtes toujours au courant de tout avant tout le monde ? »
Elle pouffe doucement et me lance un regard remplit d'humour. Elle hausse les épaules en répondant :
« -Que veux-tu ? Les choses ici se savent plus vite que l'éclair. Tu n'auras pas le temps de cligner des yeux que la rumeur de ta grossesse viendra au jour ! »
« -Tu es ENCEINTE ? me demanda une blonde ingénue passant à côté de nous. »
Les oreilles affutées, elle n'avait retenu qu'une seule information de notre discussion.
« -Non, non ... On était juste... »
« -Ce n'est pas mes affaires de toute façon. »
Et elle tourna les talons, disparaissant aussi vite qu'elle était arrivée.
Je me retourne vers la réceptionniste avec un regard désespéré.
Se mordant les lèvres de culpabilité, elle me lance un regard d'excuse.
« -Je suis vraiment, vraiment dés... »
« -Ne t'inquiète pas, je la coupe en levant les mains en l'air, il n'y a pas mort d'homme. »
Soulagée que je ne lui en veuille pas, elle se détend instinctivement. Un sourire arbore son visage :
« -Tu sais que maintenant, tout le monde va croire que tu es enceinte ? »
« -Mais non ! Ça ne peut pas être si pire que ça, je suis sûre que j'arriverais à arranger la situation... »
La secrétaire me dévisage de la tête aux pieds, se mordant les lèvres comme pour essayer de refouler un sourire. D'un coup, elle se relève en contournant son bureau et vient se poster vers moi, une main tendue :
« -Je m'appelle Sonia, et je suis ta nouvelle secrétaire ! Viens, je vais te conduire dans le bureau de Monsieur Davis. »
*
* *
Sur le chemin jusqu'au bureau du directeur, j'apprends avec étonnement qu'elle a été la secrétaire de Keira Allen pendant des années. Qui ne rêverait pas d'être à la place de Madame Allen, qui a trouvé l'amour au bureau et s'est marié avec le célibataire le plus convoité de la ville : Aaron Eras. Elle a littéralement vécu un conte de fée, et cette fille en face de moi en a fait parti. Je ne peux m'empêcher de retenir mon excitation.
Après le départ de ses fonctions, Keira Allen a laissé une place vacante et une secrétaire expérimentée en prime, qui n'attendait qu'une chose : avoir à nouveau du travail.
« -Tu vois, j'ai toujours été réceptionniste, même lorsque Keira travaillait ici. J'ai simplement aussi son assistante, et c'est ce travail là qui me manque. »
Peu à peu, je prends conscience de tout ce que ce nouveau travail va m'apporter. Tous les avantages, comme par exemple avoir une secrétaire, ou bien voyager en jet privé... Je lève les yeux au ciel : bien sûr Lena, un jet privé. Commence déjà par faire tes preuves parce que tu peux être renvoyée aussi facilement qu'embauchée.
Nous nous arrêtons devant une porte en bois massif fermée, comprenant un écriteau couleur or : « Bureau du directeur général – Monsieur DAVIS P. »
« -Voilà, nous y sommes. »
« -Merci, je lui réponds, le stress m'envahissant peu à peu. »
« -Ce n'est rien. Je te revois lorsque toute cette histoire sera arrangée ! Je ne sais pas comment vous allez arriver à vous en sortir... »
« -Attends, de quoi tu parles ? je la coupe, les yeux ronds de panique. »
Elle hausse un sourcil et se rétracte. Visiblement, elle en a dit plus qu'elle n'aurait du.
« -J'ai cru que ... (Elle hausse les épaules) Ce n'est rien ! On se revoit tout à l'heure. »
Et elle fait demi-tour, filant à toute allure, faisant sautiller les mèches de ses cheveux foncés.
Mais...
D'un coup, la porte s'ouvre, laissant percevoir le petit homme qui d'habitude me met si à l'aise. Mais pour une fois, l'angoisse prend le dessus et j'ai tout le mal du monde à l'évacuer.
« -Il me semblait bien avoir entendu du bruit ! Entrez, installez-vous Mademoiselle Miller. Nous vous attendions avec impatience ! »
Nous ? J'hausse un sourcil interloqué, mais ne patiente pas plus longtemps avant de pénétrer dans le bureau. Où sont les papiers ? Où dois-je signer ?
Malheureusement pour moi, pas de papiers en vu, mais une surprise inattendue. Je me stoppe, droite comme un piquet, et l'étonnement prend le dessus.
Que fait-il ici ?
Habillé d'un pantalon noir en lin et d'une chemise blanche élégante, Adam se lève avec allure pour me saluer.
« -Bonjour, Mademoiselle Miller. »
Sa barbe de trois jours habille son visage, et c'est comme si je le redécouvrais. Je l'ai vu pourtant il y a moins de deux jours, mais mon cœur se serre à sa vue : pourquoi est-il si sublime ? Ses yeux verts son si intense que la tête me tourne et je suis obligée de regarder autre part.
Mais... Mais... Ne m'a-t-on pas choisie ? La déception envahit mes traits. M'a-t-on fait venir uniquement pour me dire que je n'avais pas le poste ?
« -Asseyez-vous Lena, et ne tirez pas de conclusions trop hâtive. »
Je lance un regard étonné vers le petit monsieur, et décide de l'écouter, passant devant Adam avec dédain et l'ignorant royalement. Je pense d'ailleurs qu'il apprécie : il me semble même l'avoir aperçu sourire.
Je défais soigneusement mon trench en le gardant à la main, et prends place sur le fauteuil à la droite d'Adam.
Monsieur Davis nous observe maintenant tous les deux. Il a l'air plus excité que jamais.
« -Voilà, si je vous ai fait venir tous les deux aujourd'hui, c'était pour vous faire part d'une décision étonnante que j'ai prise. Il n'est pas dans mes habitudes de modifier les règles, mais dans ce cas je m'en suis senti obligé. »
Il remet sa cravate en place, se racle la gorge et croise ses doigts avant de continuer :
« -Vous êtes tous les deux incroyables : des CV parfaits, une expérience sur le domaine de très bonne qualité, une maitrise du langage parfaite et un charisme fou. Alors la question est : comment vous départager ? »
Mon esprit s'embrouille... Attendez, nous départager ? Je pensais avoir été choisie !
Je jette un regard à ma droite : Adam semble tout aussi étonné que moi, mais il ne laisse pas paraître son scepticisme.
« -Alors voilà ce que l'on va faire : je vais vous mettre en compétition. Dès aujourd'hui, vous entrez en période d'essai. Vous ne serez pas uniquement concurrents mais aussi alliés ; vous devrez travailler en équipe et montrer le meilleur de vous-même pour une période de trois mois. A la fin, et grâce à l'ensemble des appréciations que vous aurez obtenu, un seul d'entre vous accédera au poste. »
*
* *
« -Attendez... Nous aurons allons être évalués ? demande Adam en l'interrompant poliment. »
L'intéressé hoche vivement la tête. Décidément, cette situation le rend très en joie. Penchant la tête en direction du couloir, il s'exclame :
« -Madame Jones ! Venez, que je vous présente à votre nouvelle équipe. »
Nous retournant tous les deux d'un coup, nous voyons une femme d'âge mur faire son apparition dans la pièce, vêtue d'un tailleur strict noir, d'escarpins vernis et de lunettes rectangulaires. Sa sévérité se perçoit à travers ses traits, et je me retrouve plongée en maternelle avec mon institutrice au chignon parfait et à la prestance toujours impeccable.
Celle-ci s'avance vers nous d'une démarche habile, la tête haute, et nous serre tour à tour fermement la main. Elle vient ensuite se placer juste derrière Monsieur Davis.
« -Voici Madame Jones, la présenta-t-il en tendant une main vers elle. Elle sera votre évaluateur durant toute la période d'essai. Ne vous fiez pas à son air sévère, elle peut tout à fait se montrer cordiale ! ajoute-t-il en s'esclaffant. »
Ce qui n'eut pas pour effet de la dérider pour autant.
Cette femme ne m'inspire pas la joie.
« -Elle va vous montrer votre bureau et vous donner votre première mission. »
Votre bureau ?
« -J'espère que tout se passera bien et que cette expérience vous sera bénéfique, quel qu'en soit le résultat. »
« -Merci, Monsieur, répond Adam en lui souriant avec éclat. »
Je tourne un regard vers lui. Essaierait-il de lui lécher les bottes ? Je peux jouer à ça moi aussi.
« -Merci beaucoup ... »
« -Venez, m'ordonne Madame Jones en me coupant dans ma tirade. Nous avons une entreprise à faire tourner. »
Elle sort de la pièce en flèche, me dépassant de près. Premier jour et je pense déjà qu'elle ne m'aime pas beaucoup.
La suivant de près, Adam me passe devant en m'effleurant le bras.
« -Bonne chance, Mademoiselle Miller, me susurre-t-il de sa voix envoûtante. Et excusez-moi d'avance du peu de galanterie dont je vais faire preuve en remportant ce poste. »
Et il s'échappe du bureau plus vite que nature.
N'oubliez pas de voter ! :)
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Alors voilà, maintenant ils sont en concurrence ! Enfin, ils vont être obligés d'être alliés et concurrents et plus encore ... ? ^^ Qu'en pensez-vous ? Voyons voir si certains devineront la suite de l'histoire... :p
J'accepte toutes les critiques constructives et tous vos avis en commentaire ! :D
Si vous avez des questions, ou juste pour me dire ce que vous avez aimé/pas aimé, ou si vous attendez la suite, c'est dans les commentaires ! ;)
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16/01/2017
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