Chapitre 28 : Aider l'ennemie pour la faire flancher


Si mes calculs sont bons, il me reste au pire deux jours à passer dans cette entreprise.
Au mieux, je repars avec le job de mes rêves et je peux rester là autant de temps que je le souhaite !

Une question demeure cependant sans réponse. 

Et pour Adam ?
Si je suis acceptée et pas lui, devrais-je lui proposer un emploi dans l'entreprise ? Le prendrait-il mal ? Penserait-il que j'ai pitié de lui ?

Une chose est certaine : Adam est un atout à lui seul. C'est un excellent négociateur, quelqu'un d'absolument dévoué à son travail, très intelligent et en plus de cela, bourré de charme. Dans quel monde voudrais-je me passer de lui dans mon entreprise ?

Ne t'avances pas trop Lena. Et si c'était son entreprise ?

Une fois de plus, la situation se corse. Je sais que je ne voudrais pas qu'il se sente obligé de m'embaucher. Après tout, peut-être que mon avis le concernant ne reflète pas ce qu'il pense de moi.

Le dilemme est si ardu que je préfère encore ne pas y penser. Je sais que la question aura une réponse d'ici deux jours, lors du repas annuel de l'entreprise. Pourquoi ne pas décider d'affronter le problème une fois qu'il sera réel ?

Ça, c'est une excellente idée. Laissons tout ça de côté, et profitons des deux jours qu'il nous reste à vivre avant que les choses ne se corsent...

*

* *

Je peux aujourd'hui affirmer avec certitude que Madame Jones me déteste.

Certes, nous sommes supposés quitter nos fonctions dans deux jours ; mais cela ne l'a pas empêchée de me donner une montagne de travail à terminer dans les délais les plus courts. Des entrepreneurs à appeler, des rendez-vous à prendre, de la paperasse à remplir...

En soi, le boulot d'une secrétaire.

De plus, je la soupçonne d'avoir un faible pour Adam. Elle a décidé de le faire participer à toutes les conférences intéressantes qui ont lieu en ce moment, et de lui laisser une infime part de paperasse à remplir au bureau. Tout ça dans l'unique but que, je cite : « il nous fasse un compte rendu détaillé de chacune des réunions auxquelles il aura assisté ».

Tu parles ! Et moi, je suis relayée au second plan.

Au final, je me retrouve seule la majorité de la journée, enfermée dans ce bureau avec pour seule réconfort la perspective que je sois un jour à la tête de cette entreprise.

Néanmoins, je n'oublie pas que mon temps ici est compté, et qu'il me faut profiter au maximum de chaque instant passé dans ces locaux. J'essaie de mémoriser chaque centimètre de la vue époustouflante, l'odeur réconfortante du désodorisant d'ambiance, la chaleur apaisante... Mais rien de tout ça n'arrive vraiment à me distraire de mes pensées, et d'Adam qui est toujours trop présent dans mon esprit sans cesse en ébullition.

Entre midi et deux, je rejoins Sonia à la cafétéria. Cela fait un moment que je ne l'avais pas vue, et je suis heureuse de trouver un visage familier parmi cette jungle de superficialité.

« -Lena ! s'exlame-t-elle en ouvrant grand ses yeux verts.

Elle décroche ses yeux de son téléphone avec en fond d'écran une photo de famille avec celui que je suppose être son mari, et petit garçon.
Elle se décale pour me faire une place à côté d'elle sur le banc. Je dépose mon plateau sur la table et prend place à sa gauche. Elle tourne son visage de poupon dans ma direction, passant nonchalamment une main dans ses cheveux coupés en un carré plongeant.

-Sonia ! Je suis contente de te revoir.

-Moi aussi, répond-t-elle en m'adressant un sourire sincère. J'ai cru comprendre que tu avais un emploi du temps de ministre, ajoute-t-elle en enfournant une pomme de terre dans sa bouche.

Je n'ai malheureusement pas autant d'appétit qu'elle aujourd'hui. Trop de stress et de questionnements, et dans ce genre de situation, mon estomac ne peut se dénouer.
Je tente tant bien que mal d'ingurgiter un peu de nourriture pour me redonner des forces pour l'après-midi qui m'attend.

Au menu : poisson et pâtes –trop cuites.

-Raconte-moi tout ! s'exclame-t-elle avec un sourire encourageant. »

Et pour la première fois depuis bien longtemps, je décide de me livrer à une personne qui ne soit pas l'une de mes meilleures amies. Il y a quelque chose chez Sonia qui m'inspire la confiance. Sans même la connaître, je sais que je peux lui livrer des choses sans avoir peur qu'elle ne les répète.

Je lui parle d'Adam et de notre rapprochement, de mes soucis en ce qui concerne notre avenir et le choix crucial qui est à venir. Ce sera l'un de nous deux.
Au final, nous en venons toutes les deux à la même conclusion : rien ne sert de se créer des problèmes tant qu'ils n'existent pas.

Elle me conseille de profiter de ces deux derniers jours au maximum, comme si c'était les derniers de toute ma carrière ! Comme ça, je m'assure de ne jamais avoir de regrets.

Il est maintenant près de 20h00 et je n'ai toujours pas quitté mon bureau.
Les locaux sont déserts depuis bien longtemps, mais moi je suis encore là. Le truc, c'est que la masse de travail qu'il me reste à accomplir est si conséquente que je n'ai pas d'autre choix que de faire des heures supplémentaires. Je ne voudrais pas partir en laissant du travail inachevé. Ce n'est pas mon genre.

L'After Party ne commence pas avant 22h00, donc j'ai encore un peu de temps devant moi. Même s'il va falloir que je commence sérieusement à me presser si je ne veux pas arriver en retard... Je ne sais pas où c'est, ni ce que je vais porter. Alice a requis des paillettes, mais il ne me semble pas détenir une seule tenue de ce style dans ma garde robe. Peut-être qu'il y a cette petite robe que j'ai acheté lors de notre séance shopping d'il y a quelques semaines...

Je suis plongée dans l'étude du dossier d'un potentiel investisseur lorsque deux coups frappés à la porte me sortent de mes pensées. Je me retourne spontanément, une main sur ma poitrine. Bon sang, ce qu'il m'a fait peur !

« -J'espérais te trouver ici, déclare Adam en refermant silencieusement la porte derrière lui. Tu n'as pas encore fini ?

Il observe le tas de dossiers empilés en face de moi et mon air concentré. Je l'observe de même, prêtant attention aux cernes qui se sont formés sous ses yeux après une journée de travail. Ses yeux n'ont rien perdu de leur gaieté, même si ses traits sont plus tirés qu'à l'habitude.

Il met ses mains dans ses poches, comme s'il ne savait pas trop qu'en faire. Il porte toujours le même costume bleu marine que ce matin, mais on voit bien que c'est la fin de la journée. Le col est déboutonné, et ses cheveux sont en pagaille, comme s'il avait passé la journée à les toucher.

Je retire mes lunettes et les pose sur mon bureau, faisant tourner la chaise être positionnée face à lui. La lumière tamisée de la pièce n'aide pas à me concentrer sur mes dossiers, bien au contraire ; elle pousse mon esprit à divaguer, m'anesthésier et m'accrocher à Adam, me rappelant inlassablement la soirée de la veille.

Les mêmes lumières tamisées, mais dans un lieu différent.
Un hangar, un bureau, et toute une myriade d'émotions qui nous traversent.

Je sens l'atmosphère s'électriser et je fais de mon mieux pour garder mon calme.

-J'ai besoin de terminer tout ça avant ce soir, je lance, la voix éraillée par le désir.

Bon sang.
Je crois que je viens de me tirer une balle dans le pied décidant de parler. J'aurais dû fermer ma bouche.

Adam s'avance d'un pas de plus dans ma direction, mais la lumière est si faible que son regard est imperceptible.

-Tu as besoin d'aide ? demande-t-il d'une voix rauque.

Je secoue ma tête, consciente qu'il ne faut pas que je me laisse séduire si je veux pouvoir parvenir à mes objectifs. Nous sommes au travail, et même si à cette heure-ci les locaux sont déserts, ça n'empêche rien.

Adam me contourne pour se placer à son bureau en face de moi, là où son regard n'est plus dissimulé. Sa lampe de bureau illumine son regard et me dévoile tout ses secrets.
Malgré cela, il semble vouloir à tout prix cacher ce qui lui passe par la tête.

Même si, très clairement, ce n'est pas très compliqué à deviner. A quoi pourrait bien penser Adam Marciello le soir lorsqu'il est enfermé seul dans un bureau avec la collègue avec qui il a passé une très bonne soirée la veille ?

-Aider l'ennemie ? je demande en essayant de prendre un ton léger. Ce n'est pas une stratégie très intelligente.

Ses yeux s'embrasent devant la pique que je lui lance.
En bon Adam Marciello, son taux de testostérone monte en flèche dès lors que j'ose lui tenir tête ou lui reprocher quelque chose.

-Que veux-tu ? dit-il en haussant les épaules avant de se pencher au-dessus du bureau pour se rapprocher de moi. Ma faiblesse d'homme obscurcit mon esprit.

Je cligne deux fois des yeux.
Apparemment, elle obscurcit aussi le mien parce que je ne peux plus réfléchir correctement.
Seuls tous les deux dans cette pièce silencieuse, j'ai l'impression que ma respiration qui s'accélère est flagrante.

-Et tu n'es pas mon ennemie, conclut-il en se redressant, me libérant du calvaire de ses yeux magnifiques.

Je secoue la tête, tentant de reprendre mes esprits.
Bon, Lena. Si tu veux un conseil, ne relève pas sa dernière remarque et remets-toi au travail tant que tu le peux !

Je baisse les yeux et prends grand soin de regarder n'importe où, sauf dans sa direction.

-Tu pourrais commencer par ce dossier-là si tu veux vraiment aider, je dis en lui tenant le premier de la pile.

Il l'attrape en tentant d'effleurer ma main mais je devine ses intentions et lui lâche le dossier du bout des doigts, enfilant mes lunettes pour lui faire comprendre que je me remets au travail.
Un instant, il se fige, comme étonné par ma réaction.

J'aimerais lui dire que c'est une question de survie ! Si je le regarde, plus rien en moi ne pourra se contrôler. Et oui, Adam Marciello, je te désire à ce moment même, enfermée en pleine nuit avec toi dans ce bureau.

Un long silence s'ensuit, et je m'efforce de tenir bon. Je sens son regard bruler mon visage et mes joues s'empourprent.

Aller, Lena. Sois forte. Il va finir par céder.

-Très bien, dit-il après quelques instants, et j'ai l'impression que toute la pression retenue en moi se relâche.

Il s'assoit à sa chaise et se met au travail.

Commence alors un jeu qui va durer une heure durant –et dont, je dois le préciser, Adam est l'initiateur.
Le jeu commence au moment où je parviens enfin à me concentrer et à me plonger sérieusement dans mon travail. A ce moment, je ne remarque pas le regard d'Adam fixé dans ma direction. Ce n'est que lorsque je relève la tête et que je croise son regard que je me rends compte qu'il m'observe avec minutie.

Lorsqu'il réalise que je l'ai repéré, il détourne la tête, comme si de rien n'était.
Je souris intérieurement.

Son attitude étrange me pousse alors à adopter le même comportement que lui. J'attends qu'il se soit remis au travail pour l'observer en douce, essayant de comprendre pourquoi il me fixait.
En même temps, j'en profite pour me rincer l'œil. Un Adam Marciello concentré est un Adam Marciello qui m'a dans sa poche.

Je me mets alors à fantasmer sur les événements de la veille, fixant la manière dont il tient soigneusement ses dossiers et me rappelant que la veille, c'était mes hanches qu'il tenait fermement...

Son regard me prend en train de le détailler d'un air affamé. Je détourne le regard rapidement, gênée. Bien trop rapidement pour ne pas éveiller ses soupçons. Mes joues sont en feu et soudainement, je me mets à avoir une nouvelle passion : les chiffres écrits sur mon ordinateur. Je n'ai aucune idée de ce qu'ils signifient, mais à partir d'aujourd'hui j'en fais mon devoir : je les fixerais jusqu'à ce que mort s'en suive !

Du coin de l'œil, je vois les lèvres d'Adam s'étirer en un sourire malicieux.

Bon sang, Lena ! La prochaine fois, attend qu'il soit loin de toi pour te mettre à fantasmer !

Après avoir passé une heure à s'observer pas très discrètement l'un l'autre, Adam retire ses lunettes et les poses sur son bureau, l'air épuisé. Je force ma tête à rester fixée en direction de l'ordinateur, mais mon esprit ne peut s'empêcher de vagabonder. Je me demande à quoi il a bien pu passer sa journée pour paraître si fatigué.

Adam prend appui sur les accoudoirs de son siège pour se relever avec souplesse, se dirigeant dans ma direction de sa démarche nonchalante. A peine s'était-il levé que déjà mon cœur s'était mit à battre plus fort. Bon sang, se rend-t-il compte de l'effet qu'il produit sur moi ?

Debout derrière moi, je le sens hésiter un millième de seconde de trop.
Est-ce normal ? Où est passé l'Adam spontané qui n'hésitait pas une seconde s'il avait l'occasion de se rapprocher de moi.

Il avance jusqu'à ce que ses genoux cognent contre mon siège à l'arrière.
Il se penche alors, entourant ses bras autour de mes épaules, enfouissant ses lèvres dans mon cou.

Un instant, je me fige sur place. Il hume l'odeur de mon parfum et exprime un puissant soupir de contentement avant d'embrasser lentement ma joue. Je le vois en profiter pour jeter un coup d'œil de haut à ma poitrine, et à ma jupe qui s'est remontée sans que je l'aie remarqué.

Je tire discrètement dessus pour me redonner une allure décente. 

Ses bras se resserrent autour de ma poitrine, et j'ai consciente qu'il prend bien trop de plaisir à se retrouver dans cette position. Je sais très bien ce qu'il est en train d'essayer de faire. Je le connais trop bien pour croire qu'il tente juste de me montrer une marque d'affection. En règle générale dans l'esprit masculin, il y a toujours un moment où leur service trois-pièces a besoin d'être ... entretenu.

-Je ne te l'ai pas encore dit, dit-il d'une voix douce tout contre mon cou, mais cette tenue te va vraiment très, très, très...

-Je sais ce que tu es en train de faire, je le coupe en tentant de calmer les battements effrénés de mon cœur.

Ça suffit, Lena. Il a son bras autour de ta poitrine, il doit savoir aux battement de ton cœur que tu n'es pas insensible à sa mise en scène. D'ailleurs, ses mains se rapprochent dangereusement de mes attributs féminins...
Il lâche un léger rire, découvert. Mais ce n'est pas pour autant qu'il se décide à lâcher l'affaire.

-Un compliment à la plus sublime femme que j'ai jamais vu ? répond-t-il d'un air effronté en rapprochant dangereusement ses lèvres de ma bouche.

Je lâche un rire, et me détache gentiment de lui, le repoussant de quelques pas. Je fais tourner mon siège pour lui faire face. Je ne supporte pas tellement de l'avoir dans mon dos sans voir ses yeux.
Ses yeux mentent pour lui les trois quart du temps. Sans eux, je suis perdue !

Maintenant que j'ai un accès sur son visage, je reprends un peu confiance en moi.

-Sortez les violons ! je m'exclame en mimant l'instrument. Il nous sort le couplet du romantique...

Il se mordille les lèvres et place ses mains dans les poches de son pantalon. Il hausse les épaules d'un air innocent.

-Je suis un romantique dans l'âme, répond-t-il d'un air naturel.

Je lève les yeux au ciel.

-Un romantique qui touche ma poitrine ? je demande en haussant un sourcil.

Je me mordille les lèvres, tentant de contrôler le rire qui menace de s'échapper de mes lèvres.
Il hausse une fois de plus les épaules, bien que son regard se mette à briller de malice.

-Un romantique avec des besoins, rectifie-t-il, un grand sourire aux lèvres.

Je lève les yeux au ciel. Est-ce le moment de le faire revenir à la réalité ?
Je me relève doucement, prenant grand soin d'effectuer des mouvements lents et délicats. J'active mon mode séductrice et compte bien lui montrer qui tient les rennes dans cette situation.

Je m'approche de lui et ses mains se retrouvent sur mes hanches en moins de temps qu'il le faut pour le dire. Mais je le laisse faire... Pour l'instant.

-Malheureusement pour vous, Monsieur Marciello...je commence d'une voix séductrice en entourant mes bras autour de son cou.

-Ahh... J'adore quand tu me vouvoies... me coupe-t-il en m'attirant contre lui.

Je sens chacun de ses muscles contre ma poitrine, comme si nos deux corps étaient imbriqués. Ses pupilles se dilatent et sa respiration s'accélère.
Il faut que je me dépêche, sinon je risque de me faire prendre à mon propre jeu.

Avec une voix que je veux ferme et décidée, je poursuis :

-... j'ai du travail qui m'attend. Et le travail est prioritaire.

Je pose mes deux mains contre son torse et le repousse, l'obligeant à me libérer de son emprise diabolique. Je fais rapidement demi-tour et retourne m'asseoir dans mon siège.
Il reste planté là quelques instants, les bras ballants et les yeux chargés d'une électricité que je n'avais pas prévue.

Ne me dites pas que ça l'excite !

-Est-ce encore une histoire de vengeance ? demande Adam, la voix chargée de désir.

Je m'empresse de me remettre au travail, cherchant une échappatoire à cette situation dans laquelle je me suis moi-même fourrée.

Stupide, stupide Lena.

-Oui.

Je remets mes lunettes en place.

-C'est machiavélique de me torturer de la sorte, Mademoiselle Miller.

Je lève les yeux au ciel et toussote pour cacher mon rire.

-Effectivement.

Je me mets à taper des choses sur mon clavier qui n'ont aucun sens. Mais qu'importe ! Tant que ça me fait paraître pour occupée...

-Très bien, dit-il dans mon dos. Mais tu céderas dans très peu de temps.

L'aplomb dont il fait preuve m'impressionne. Il a cette manière de dire les choses comme s'il les connaissait en avance. J'entends le frottement de sa veste lorsqu'il la remet en place.
Et moi je pense que c'est lui que je devrais remettre en place.

-Tu as raison, je dis sans lâcher mon ordinateur des yeux. Il faut toujours viser plus haut que ce qu'on est capable d'avoir.

Je le sens retenir un rire derrière moi.
Bon sang, pourquoi reste-t-il derrière moi ?!

-C'est bien pour ça que je te séduis... répond-t-il d'un air malicieux.

Je me fige instantanément, outrée. A-t-il osé dire ce qu'il vient de dire ?
Lorsque je me retourne, il arbore un immense sourire sur son visage. Apparemment, c'était la réaction qu'il espérait.

Il récupère ma veste sur le porte-manteau et me l'ouvre pour m'inviter à l'enfiler.

-Aller, il est l'heure d'y aller, dit-il en attendant que je m'approche de lui pour m'aider à enfiler mon manteau. Tu ne voudrais pas qu'on arrive en retard ?

Il me lance un clin d'œil.
Je fulmine.

-Non.

J'éteins mon ordinateur et range un peu mon bureau pour le faire patienter.
Lorsque tout est en ordre, j'enfile mes bras dans les manches du manteau qu'il me tient ouvert.

Je m'écarte rapidement de lui mais il me retient en entourant son bras autour de ma hanche avant de m'embrasser. C'est un baiser langoureux et plein de passion, le genre de baiser pour lequel on accepte de se réconcilier.
J'attrape son visage entre mes deux mains pour coller ses lèvres sur les miennes.

Au moment où je sais que je pourrais flancher, je me retire délibérément. Mais le regard dans ses yeux est si tendre que je ne peux me résoudre à lui en vouloir bien longtemps.
De plus, il y a ce quelque chose d'innocent dans son regard qui me surprend un peu.

Le mot innocent est l'antonyme d'Adam.
C'est marqué dans le dictionnaire.

-Alors...commence-t-il en se grattant la nuque, l'air gêné. Je me demandais si... hum.

-Oui ?

Il se met alors à regarder ailleurs. Adam Marciello qui ne tente pas de m'hypnotiser de son regard de braise ? Dans quel monde ai-je atterri ?
Je tente de cacher mon sourire. Sa gêne me fait tomber sous son charme, encore et encore.

En un instant, c'est comme si un déclic se produisit en lui. Ses yeux retrouvèrent leur étincelle de gaieté et de malice, mais la sincérité de ses prunelles me figea sur place.

-Tu voudrais venir te préparer ... hum... chez moi ?

La pression dans ma cage thoracique redescend instantanément.

-Adam ! je m'exclame en levant les yeux au ciel.

Alors c'est de ça dont il avait si peur ? De me demander une partie de jambes en l'air ? Ce n'est pas comme s'il ne le sous-entendait jamais.

-Pas pour ça ! s'exclame-t-il en levant les yeux au ciel, marmonnant quelque chose sur mon « esprit pervers et déplacé ». Tu n'as jamais vu mon appartement, ce serait l'occasion pour toi de voir où j'habite.

Je le regarde d'un air perplexe. Est-il sérieux ? Parce qu'il en a tout l'air.
Voyant mon air dubitatif, il ne peut s'empêcher d'ajouter en rigolant :

-Et si un jour, pourquoi pas, tu as envie de ...

-Adam ! je m'exclame à nouveau sans pouvoir conserver mon sérieux.

-Je plaisante ! se sent-il obligé de préciser en levant les yeux au ciel. Alors, ça te dis ?

Son sourire.

Des étoiles illuminent ses yeux tel un ciel d'été. Ses yeux chocolat sont une invitation sensuelle à me laisser faire et accepter.
Je me mordille les lèvres tout en sachant que c'est perdu d'avance. Rien ne sert d'essayer de lui résister. Et puis, si c'est seulement pour voir son appartement... Ça me permettra de le connaître un peu mieux.

-D'accord, je cède en faisant mine d'être exaspéré alors que mon taux d'excitation vient de monter en flèche. Mais il faut que je passe d'abord chez moi pour récupérer ma tenue et...

-Ne t'inquiète pas, me coupe-t-il en me lançant un clin d'œil. J'ai tout prévu.

*

* *

Sur le trajet, Adam ne lâche pas ma main une seule seconde.

Il entremêle nos doigts et des fois, il effectue des mouvements circulaires réconfortant sur le haut de ma main. Il me parle de son appartement en plaisantant sur ma détermination à en apprendre plus sur lui. Il a néanmoins conscience que notre relation est encore nouvelle et que je ne sais pas beaucoup de choses sur lui.

Non pas qu'il en sache énormément sur moi.

Il passe d'ailleurs la majeure partie du trajet à me questionner.

Mes parents ? Tous les deux des agents immobiliers qui ont consacré leur vie à leur carrière.
Des frères et sœurs ? Surement pas ! D'ailleurs, je soupçonne mes parents de ne jamais avoir désiré avoir d'enfants.
Mes meilleures amies ? Rencontrées au lycée, et jamais lâchées depuis.
Mon pire défaut ? Manique du contrôle.

Cette dernière révélation lui fait hausser un sourcil.

« -Vraiment ? demande-t-l d'un air amusé. Je ne m'en serais jamais douté... »

Il s'esclaffe et je ne peux m'empêcher de le suivre, plaquant un baiser spontané sur sa joue. C'est étrange comme notre relation évolue de jour en jour, alors même que je ne sais pas combien de temps elle durera, ou même si elle existera encore dans deux jours.

Il laisse planer un silence avant de continuer son interrogatoire. Je comprends que le sujet est un peu plus épineux.

« -Et ce... Marcus ?

Je tente de mon mieux de ne pas réagir à son regard inquisiteur. Il observe chacune de mes expressions comme si elles allaient lui révéler un détail que je veux lui cacher. Or, sur ce sujet, je n'ai pas grand-chose à cacher.

Je hausse les épaules sans trop savoir quoi répondre.

-Que veux-tu savoir ? je lui demande en me crispant un peu.

Il doit le sentir car son regard inquisiteur se retourne dans ma direction.
Je respire un grand coup et décide que, qu'importe les questions qu'il me posera, je lui dirais la vérité.

Adam profite d'un feu rouge pour me regarder droit dans les yeux.

-Comment tu l'as rencontré ? demande-t-il sans pouvoir cacher sa curiosité.

L'intérêt dans son regard trahit son expression sereine.

-Je connais Marcus depuis le collège, je dis en essayant de raconter mon récit de manière naturelle. On était assis à côté en cours, mais ce n'était pas le genre de personne avec qui je traînais.

-C'est-à-dire ? demande Adam dont la curiosité prend le dessus sur sa volonté de rester nonchalant.

-J'étais plutôt du genre à éviter toute forme de popularité, et Marcus Johnson était la représentation parfaite du mec populaire.

Il ne peut s'empêcher de montrer son dégoût.

-Tu parles de lui comme d'une légende vivante.

-C'était le cas. Il était beau, intelligent, gentil... Tout le monde enviait sa relation avec... euh... avec sa copine.

Quelque chose sur l'instant m'empêche de révéler l'identité de ladite personne. Judy Manson. Son ex-copine. Est-ce par jalousie ou tout simplement parce que je ne veux pas mettre une mauvaise ambiance en parlant d'elle ?

Pendant un millième de seconde, je me demande s'il n'est pas déjà au courant. J'observe son visage avec appréhension, mais comme aucune réaction ne vient, j'en déduis qu'il n'en sait rien

Il hoche la tête à plusieurs reprises.

-Donc il était le garçon le plus convoité, et tu étais une jeune fille timide qui n'osait pas lui parler mais qui en pinçait secrètement pour lui ?

Il hausse un sourcil interrogateur. Je sens une pointe d'agacement dans son regard, mais je fais comme si de rien n'était.
J'hausse un sourcil à mon tour. Comment a-t-il deviné que j'en pinçais pour lui à l'époque ?

-C'est ça, j'affirme en souriant pour tenter de cacher ma gêne.

Mais je suis persuadée que mes joues rougissantes me trahissent.

-Je comprends mieux, dit-il en hochant la tête. Vous ne deviez pas avoir beaucoup de choix si toutes les filles étaient amoureuses de ce type-là.

Je lève les yeux au ciel. Voilà qu'Adam le vantard refait son apparition.

-C'est sûr qu'il ne devait pas avoir autant de succès que toi, je dis en levant les yeux au ciel.

Il est vrai que si Adam avait été dans mon collège ou dans mon lycée, j'aurais peut-être revu mon choix à la hausse...
Adam lâche un petit rire sans humour.

-Tu serais surprise..., dit-il en me lançant un clin d'œil amusé. A l'époque, je n'étais pas tellement intéressé par les relations. Sérieuses ou pas d'ailleurs.

-A l'époque... je répète en lui lançant un clin d'œil amusé.

Voilà une chose qui a bien changé.

-Effectivement, confirme-t-il en rigolant. J'étais très concentré sur mes études, et pour moi, les filles ça viendrait après.

Je lève les yeux au ciel, peu conquise par son discours.

-Tu veux dire que de tout le lycée, tu n'es jamais sorti avec une fille ? je demande, interloqué.

Il pousse un long soupir en levant les yeux au ciel.

-Non, et on met bien trop de pression aux jeunes d'aujourd'hui sur ce sujet ! s'exclame-t-il en reprenant son sérieux.

Je ne peux m'empêcher de tiquer sur les « jeunes d'aujourd'hui ». Se prendrait-il pour un papy de quatre-vingts ans ?
Je mordille mes lèvres pour refréner un fou rire, néanmoins intéressée par la suite de son discours.

-Ce n'est pas un problème de sortir pour la première fois avec quelqu'un après ses vingt ans, continue-t-il en gardant son sérieux, au contraire. Ça montre que la personne se respecte et qu'elle ne se contente pas d'être une sorte de marchandise qu'on trimballe de conquêtes en conquêtes.

Je lève les yeux vers lui.

-Tu ne va pas me dire que tu n'as jamais eu de conquêtes ?

Ses lèvres se plissent alors qu'un sourire se dessin au coin de ses lèvres.

-Touché, Mademoiselle Miller, dit-il de sa voix séductrice. Oui, j'ai eu des conquêtes, et pour te dire la vérité il n'y en a pas une que je ne regrette pas aujourd'hui. A part peut-être ce mannequin de Milan...

Ma main atterrit sur l'arrière de son crâne.

-Aïe ! s'exclame-t-il en rigolant. Tu es au courant que tu n'as pas le droit de faire ça ? demande-t-il en m'adressant un regard empli de séduction.

Je lève les yeux au ciel.

-Si tu reparles d'un quelconque mannequin, je m'octroie tous les droits que je veux.

-Jalouse, Mademoiselle Miller ? conclut-il en arborant un sourire radieux.

Il ne croit pas si bien dire...
Mais malgré ce qu'il vient de dire, une question me taraude l'esprit.

-Et Judy ?

Une fois dite, la question me paraît d'une imbécillité sans nom. Je regarde autre part, gênée. Pour autant, j'ai besoin de savoir.

-Pardon ? demande-t-il, plus surpris que jamais.

Je ne sais pourquoi ma question le perturbe autant. Il cligne plusieurs fois des yeux, inquiet, cherchant sur mon visage une quelconque expression qui pourrait l'aider à comprendre ce que je voulais dire.
Je trouve sa réaction étrange mais je ne relève pas. Après tout, je suis tout aussi étrange que lui.

-Pourquoi Judy ? je demande en plongeant mon regard dans le sien.

C'est maintenant clairement lui qui évite mon regard. Sa main sur mon genou se crispe un peu mais je fais comme si de rien n'était. J'ai vraiment envie de connaître la réponse. Pourquoi est-il sorti avec Judy ? Maintenant que je le connais un peu, je peux vous garantir que ce n'est pas le genre d'homme à aimer les femmes superficielles.

Il aime les femmes intelligentes, perspicaces et qui lui donnent du fil à retordre.
Un peu comme sa sœur.
Excepté que ce serait extrêmement étrange qu'il se mette à sortir avec sa sœur...

-Elle ou une autre, répond-t-il en haussant les épaules.

Et à cet instant précis, je suis persuadée qu'il me cache quelque chose. Je me fais certainement des idées parce que je suis jalouse ou je ne sais quoi... Mais sa manière de ne pas me regarder dans les yeux et d'éluder la question...

Lorsque son regard croise prudemment le mien, il réalise que j'attends qu'il continue.

-Elle s'est un peu imposée à moi et je n'ai rien fais pour l'en empêché, avoue-t-il en haussant une fois de plus les épaules. Elle n'avait rien d'extraordinaire, mais je ne cherchais rien d'extraordinaire à l'époque. Je ne cherchais rien du tout, en fait...

Rien d'extraordinaire à par sa poitrine et sa plastique.
Une partie de moi se retrouve blessée par son aveu. Je ne serais jamais aussi jolie que Judy, et je ne ferais jamais le poids avec toutes ces filles qu'il a toujours fréquentées.

Adam jette un regard inquiet dans ma direction. Lorsqu'il remarque mon air absent et mes lèvres pincées, son corps tout entier se fige. Je ne veux pas qu'il se sente coupable de quoi que ce soit. Je veux qu'il me dise les choses telles qu'elles sont parce qu'il ne me doit rien, et que j'ai posé cette stupide question. Je ne peux pas lui en vouloir pour ...

-Je ne cherchais rien avant de te rencontrer, annonce-t-il en plongeant un regard empli de sincérité dans le mien.»


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La dernière phrase.. Alala ! Quel séducteur ce Adam. Moi même je suis sous son charme, pas vous ? ;)
Prochains chapitres : on découvre l'appartement d'Adam et le déroulement de l'After Party (SPOILER ALERT : Il va y avoir de l'action ;) )

Je vous souhaite à tous de bonnes fêtes et un très bon réveillon ! Que ferions-nous sans ces repas de familles terriblement longs et les blagues répétitivement gênantes des oncles/tantes ?

J'accepte toutes les critiques constructives et tous vos avis en commentaire ! :D

Si vous avez des questions, ou juste pour me dire ce que vous avez aimé/pas aimé, ou si vous attendez la suite, c'est dans les commentaires ! ;)

N'oubliez pas de vous abonner si vous voulez encore plus d'histoires, bisous !! ♥☺
24/12/2018

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