Chapitre 27 : Entre travail et sentiments...

Mon téléphone se met à vibrer, me sortant peu à peu de mon sommeil.

Je ne prends même pas la peine de décrocher, je déteste que les gens me dérangent alors que je suis en train de dormir. Mon réveil n'a pas encore sonné, ce qui signifie que ce n'est pas encore l'heure de se réveiller.

Je garde les yeux fermés en cherchant à tâtons mon téléphone.

Je vais le mettre en mode avion et me rendormir rapidement. Je pose ma main à droite mais à mon grand étonnement, ce n'est pas la surface rugueuse et dure de ma table de chevet que je percute.

C'est la surface plane et lisse du sol.

J'ouvre les yeux d'un coup, à mesure que les évènements de la veille me reviennent en tête.

-Bon sang, Lena. Ton téléphone... lance la voix endormie d'Adam derrière moi.

Oh mon...

Je me redresse instinctivement en tenant la chemise d'Adam qui m'a servie de couverture cette nuit. Je me retourne vers Adam qui ouvre un œil pour m'observer.

Il est totalement nu et il n'a pas l'air d'avoir de problème avec ça. Il me fixe distraitement, encore à moitié endormi.

Les premières lueurs du matin me parviennent à travers la fenêtre ; il doit être à peine l'aube. Je cligne deux fois des yeux, incapable de croire que tout ceci est réel. Je jette un coup d'œil vers mon corps sous la chemise : je suis également nue.

Adam lâche un ricanement en observant mon expression désorientée. Ses yeux pétillent de malice et tout son être paraît plongé dans un océan de sérénité.
L'inverse total de mon état actuel.

BON SANG.

J'ai couché avec Adam Marciello.

-C'est exact, répond Adam en écho à mes pensées. Et je peux m'avancer en disant que c'était la meilleure nuit de ta vie !

Il reste allongé, le visage contre son pantalon qu'il a roulé en boule pour s'en servir de coussin. Encore une fois, son air paisible et comblé me perturbe au plus haut point.

Je reste comme une idiote à le fixer. Je suis sûre qu'il va finir par me prendre pour une folle.

Il est complètement nu. Je sais, je l'ai déjà dit... Mais bon sang ! Il n'a pas du tout envie de mettre quelque chose sur lui. Il surprend l'un de mes regards et je me mets à rougir.

Il s'esclaffe d'un rire délicieux et se redresse en position assise. Il passe une main devant moi pour récupérer son caleçon qui gît au sol, frôlant volontairement mes cuisses nues.

Je dois l'avouer, le contact m'embrase automatiquement.
Non, je n'ai rien imaginé de cette nuit. Tout était réel.

Il enfile son sous-vêtement avec l'agilité et la dextérité des années. Et je ne peux m'empêcher de le regarder faire, même si c'est incroyablement gênant et qu'il finira par me prendre pour une perverse.

Du coup sec mais délicat, il attrape mon genou et me fait tourner jusqu'à ce que je sois positionnée en face de lui. Maintenant assis face à face, lui en caleçon –et bon sang, ces abdos ! – et moi avec sa chemise pour me couvrir, nous nous fixons droit dans les yeux pendant un long moment.

Il semble vouloir comprendre quelque chose. Peut-être pourquoi je n'ai pas dit un seul mot depuis mon réveil ?
Son regard se plonge dans le mien avec une intensité réconfortante. Il positionne sa main chaude sur ma joue, faisant des cercles rassurants sur mon visage. La tension diminue instantanément.

Voyant mon visage reprendre des couleurs, il se penche vers moi et plaque un baiser doux et délicat sur mes lèvres. Elles en ressortent comme anesthésiées.

-Bonjour, dit-il de sa voix rauque du matin.

Mon taux d'hormone monte en flèche. Il est extrêmement séduisant, surtout lorsque ses cheveux sont décoiffés au matin.

-Euh... bonjour, je dis d'une voix timide, impressionnée par la puissance de ses prunelles dans les miennes.

-Tu as bien dormi ? me demande-t-il avec un clin d'œil.

La vérité, c'est que dormir sur le sol m'a cassé le dos. Je ne sais même pas comment nous y avons atterrit !
Nous étions sur le canapé et puis l'instant d'après, nous n'y étions plus.

J'aurais probablement des courbatures pendant plusieurs jours mais vous savez quoi : le jeu en valait la chandelle.

-Oui, mentis-je sans pouvoir détacher mon regard du sien. Et toi ?

Il hausse un sourcil, étonné que je pose la question. Puis, un immense sourire se plaque sur son visage.

-J'ai expérimenté ce que ta meilleure amie appelle « le meilleur coup de ma vie », donc j'ai plutôt bien dormi après ça.

Mes joues rosissent instinctivement. Il place ses deux mains sous mes fesses et me soulève pour me poser plus proche de lui, entre ses cuisses. La chaleur de mes joues se propage à mon corps tout entier.
Ses pupilles se dilatent, et le désir monte en moi, me rappelant le déroulement des événements de la veille. Nos corps vibrent à l'unisson, et je sais à ce moment que je peux décider d'avoir le pouvoir sur lui.

Par exemple pour lui faire regretter de s'être imposé en tant qu'accompagnateur au double rendez-vous d'Ivanna. Ça, je ne l'ai pas oublié.

Ses yeux brûlent de désir lorsque je plaque mes deux mains sur son torse avec un regard que je veux séducteur.

Il se laisse totalement faire à mesure que mes doigts parcourent son torse, de ses pectoraux jusqu'à ses abdos qui semblent être une zone plus sensible. Ses muscles se contractent et il ferme les yeux. A mesure que j'avance, Adam ne peut s'empêcher de tressaillir.

Lorsque mes mains ont atteint la zone juste en dessous de son nombril, ses yeux se rouvrent spontanément, urgés par le désir. Sa bouche se dirige vers mon visage, mais je le stoppe d'un doigt sur les lèvres, un air maléfique sur le visage.

Il s'arrête, partagé entre son désir urgent et son incompréhension. Je me penche vers lui jusqu'à ce qu'il pense que je vais lui rendre son baiser, mais au dernier moment, mes lèvres dévient de leur trajectoire. Je me contente de me pencher en direction de son oreille :

-Tu n'aurais pas dû marchander avec ma meilleure amie pour t'assurer que tu sois le seul à pouvoir m'accompagner à ce repas, je murmure d'une voix mi-amusé, mi-maléfique.

Il se recule d'un millimètre pour sonder mon regard. Comparé à ce que j'aurais pu penser, la situation l'excite au plus haut point. Je fais monter en lui un désir qu'il ne soupçonnait pas. C'est la raison pour laquelle il décide de se prendre au jeu.

-Au contraire, Lena, se met-il à susurrer de sa voix rauque en emplie de désir. C'est le meilleur marché que j'ai jamais conclut.

Je plisse mes lèvres pour empêcher un rire de sortir. Ma main continue sur exploration de son torse et Adam retient son souffle.

-Mais tu vois, le problème c'est que je n'aime pas qu'on pense pouvoir me contrôler... je dis d'une voix douce et séductrice.

Il se mordille les lèvres, comme s'il devait exprimer d'une manière ou d'une autre son désir. Il tente d'approcher sa main droite en direction de la chemise qui cache ma poitrine, mais je la rattrape au vol, la coinçant fermement entre la chaleur de mes paumes.

-Et j'aime bien rendre la monnaie de la pièce...

Je me relève aussi vite que possible et m'écarte de lui, le laissant seul avec ses hormones en ébullition. Voilà qui lui donnera une bonne leçon ! S'il pense pouvoir me contrôler, c'est parce qu'il ne me connaît pas encore.

J'observe son regard perdu, puis la compréhension qui traverse son visage. Son expression de torture finit par m'avoir. J'explose d'un rire puissant, un de ces fous rires qu'on n'a que très rarement.

Adam se relève et pince les lèvres, une expression mi-irritée, mi-admirative plaquée sur son visage. Il croise les bras et me fixe et train de rigoler. Contrairement à ce que j'aurais pu penser, il ne semble pas s'être offensé –à mon grand soulagement. Son air de défi est affiché sur son visage. 

Apparemment lorsqu'il est question de jeu, il trouve toujours son compte.

Et alors que je suis encore en train de reprendre mon souffle, Adam décide de me rejoindre. En deux enjambées il est à côté de moi, et me colle fermement contre lui, comme pour déclarer que je lui appartiens.

-Lena..., commence-t-il en arborant le plus grand des sourires. Que vais-je faire de toi ?

J'accroche mes bras autour de son cou, consciente qu'il va falloir ruser si je veux conserver l'avantage de la situation.

-Ne l'as-tu pas déjà compris ? je demande d'un air désobéissant. On ne peut rien faire de moi ;  je décide de tout.

L'étincelle de malice s'allume dans le regard de mon prétentieux préféré.

-C'est ce que l'on verra... dit-il en me lançant un clin d'œil. Maintenant, reste tranquille.

Je l'écoute et le regarde sans bouger, un sourire béat sur les lèvres.
Il s'avance alors de ma bouche et plaque un baiser long et sensuel sur mes lèvres. Ses mains s'accrochent autour de mes hanches et ne m'auraient pas lâchées si le téléphone ne s'était pas une fois de plus mis à sonner.

Un éclair de panique traverse mon regard. J'espère que ce n'est pas le boulot !

Je décroche ma bouche de la sienne pour aller récupérer mon téléphone qui gît au sol. Derrière moi, Adam soupire, agacé d'être une fois de plus interrompu.

-Laisse Ivanna se débrouiller toute seule pour une fois ! s'exclame Adam en revenant dans ma direction, posant ses mains sur mes hanches à peines cachées par sa chemise.

Je déverrouille l'écran et découvre plusieurs messages de Madame Jones. Je les fais lire à Adam par-dessus mon épaule.
Il se fige instantanément.

-Elle veut nous voir au plus vite, je dis en me dépêchant de lui répondre pour qu'elle ne s'inquiète pas. Je pense que le devoir nous appelle.

Lorsque je me retourne vers lui, le regard d'Adam est penaud. Comme lorsqu'on retire son jouet favori à un enfant. 

Précision : je suis le jouet dans l'histoire. 

Il souffle longuement, déçu.

-Nous n'avons même pas le temps de ... commence-t-il en amorçant un geste en direction de ma poitrine.

-Non, je réponds fermement.

Il ne nous reste plus beaucoup de temps, et nous devons encore rentrer, nous doucher, et nous changer avant d'arriver au bureau. Croyez-moi, j'adorerais recommencer mais là n'est pas le bon moment.
Je recule d'un pas pour le dissuader de tenter quoi que ce soit. Parce que je sais avec certitude qu'il va essayer de m'avoir avec son esprit sournois.

Adam fronce les sourcils, mécontent que j'y voie clair dans son jeu.

-Juste encore une fois... demande Adam d'un air suppliant.

Il s'avance vers moi mais je suis décidée à ne plus le laisser me toucher. Son air déçu me fait tout de même de la peine. Je lève les yeux au ciel lorsqu'une idée ingénieuse me vient à l'esprit.

-Non. Mais par contre...

Je ne veux pas qu'il me touche, mais ça ne veut pas dire que je ne veux pas qu'il en ait envie. Je laisse tomber la chemise qui me couvrait la poitrine, laissant mon corps nu à sa vue. Sa réaction est immédiate : ses pupilles se dilatent et il s'avance d'un pas vers moi. Je le stoppe de la main en lui faisant un signe de tête.

Je dirige les opérations maintenant. Et non, Adam Marciello, tu ne me toucheras pas.
Même si tu en as extrêmement envie.

Le regard d'Adam s'anime lorsqu'il comprend enfin. Il s'esclaffe et profite de la vue :

-Lena, dit-il en secouant la tête comme s'il n'arrivait pas à en croire ses yeux. Tu es machiavélique.

*

* *

-Merci d'être venu me chercher.

Je referme la porte de la voiture d'Adam en lui lançant un sourire poli, admirant par la même son tout nouveau bolide. C'est une Mercedes noire rutilante avec vitres teintées à l'arrière, jantes d'origine, semi-cabriolet. Je tente de cacher ma confusion, mais ses yeux m'observent avec attention et Adam sait toujours comment me décrypter.

Je suis sûre qu'il a saisit mon étonnement.

En même temps, il y a de quoi l'être ! Combien de voitures possède-t-il ? A quel point est-il riche ?
Dès la première fois que je l'ai croisé, confinés dans cette salle d'attente à l'ambiance stressante, j'ai de suite compris qu'il venait d'un milieu aisé. Tout dans son allure le laisser deviner, de sa manière de s'habiller à celle de se tenir.

Mais depuis notre première rencontre, c'est la troisième voiture différente qu'il me sort. Chercherait-il à m'impressionner ? Si c'est le cas, je devrais lui dire que ce genre de chose n'a aucune importance pour moi.

Je lève les yeux au ciel à cette pensée. Si j'étais Adam Marciello, je ne cherchais à rien du tout ! J'obtiendrais tout ce que je veux sans rien avoir à demander.

-Aucun souci, répond Adam en se penchant pour déposer un baiser sur ma joue.

Ma peau s'électrise, et des éclairs de passion traversent nos deux corps. Je cligne des yeux, comme hypnotisée, alors qu'il s'écarte de moi pour mieux me détailler.

Après une douche express, j'ai opté pour une jupe crayon taille haute, et un chemisier en dentelle blanche. Je n'ai jamais vraiment fais attention à la manière dont je m'habille. Je vérifie que tout s'harmonise correctement, et que mes vêtements soient bien repassés, certes ; mais rien de plus.

Ce matin, par contre...

Il y a deux fois où j'ai pu déceler dans le regard d'Adam une étincelle de « waouh » provoquée par l'une de mes tenues.
La première fois était il y a deux semaines, je portais exactement ce chemisier ci.
L'autre fois remonte à la semaine dernière, et c'était la jupe qui avait retenu l'attention de son regard séducteur. Il n'avait pas fait une seule remarque –en même temps, il n'en avait pas besoin ; son regard parlait pour lui.

Et une fois de plus aujourd'hui, son regard le trahit. Un sourire naît à la commissure de ses lèvres. Une expression étrange anime maintenant ses traits. Serait-ce de la ... fierté ? Comme lorsqu'on est fier d'avoir une belle femme à ses côtés ? 

Non. Je dois surement rêver.

Je profite de ce moment pour l'examiner à mon tour. Après tout, je dois toujours me cacher et déployer des efforts considérables pour rester discrète.
Aujourd'hui, je sais que je peux le reluquer sans avoir à m'occuper de ce qu'il pourrait penser de moi.

Adam a eu le temps de se changer, et de se doucher si on en croit l'odeur de gel douche masculin qui embaume l'habitacle. Il a revêtit une chemise blanche qui moule à la perfection la moindre parcelle de muscle qui compose son corps d'Apollon. Chacun de ses mouvements se transforme en moment de fantasme.

Les costumes.
Ça a toujours été mon point faible.
Voir en homme dans une telle tenue m'émoustille toujours plus que ça ne le devrait. Mais il y a ce quelque chose qui impose le respect lorsqu'on porte un costume... 

Infaillible sur moi.

Et je peux vous dire une chose : Adam Marciello sait manier son apparence à la perfection. Tout fait de lui une gravure de mode internationale, de sa paire de chaussures italiennes en passant par son pantalon en toile bleu marine et sa veste de tailleur assortie, déposée avec soin dans une housse à l'arrière de la voiture.

Ses cheveux sont tout aussi décoiffés que ce matin, et cette apparence lui donne un air sauvage absolument irrésistible. Je me contiens pour empêcher mes hormones de me pousser à lui sauter dessus.

Une fois son examen de ma tenue terminé –non sans avoir passé bien trop de temps à étudier le décolleté de mon chemisier– il reprend son étude minutieuse de mon visage. Ses yeux en épient chaque recoin au point que le malaise prend part en moi.

Il s'aperçoit automatiquement de la chaleur qui envahit mes joues ; je le vois dans son sourire en coin absolument craquant. Il me lance un clin et une lueur malicieuse étincelle dans son regard. Sa main s'élève pour venir se caler derrière mon oreille, tenant tendrement mon visage.

-Tu es magnifique, dit-il dans un souffle en caressant doucement ma joue de son pouce.

Je rougis de plus belle, mon regard déviant dans une autre direction.

-Cette jupe te va à ravir, ajoute-t-il en posant sa main sur ma cuisse, touchant le tissu d'une manière délicate.

Tous les atomes de mon corps s'embrasent.

« Il ne touche pas le tissu, Lena ! Il touche ta cuisse ! Ressaisis-toi ou il va finir par te sauter là, maintenant, tout de suite, dans cette voiture ! » s'exclame ma voix intérieure.

-Si nous n'étions pas aussi pressés ...continue Adam, la voix maintenant chargée de désir.

Un coup d'œil à ses prunelles m'indique qu'il est clairement en train de défaillir.

Ah, tu vois ! Je te l'avais bien dit !

Ses pupilles se dilatent et ses joues commencent à se réchauffer. Son visage se rapproche lentement du mien, comme hypnotisé...

-Mais nous sommes pressés, je le contre en le repoussant aussi froidement que possible.

Bon sang. Je soupire longuement, comme pour relâcher la pression. D'une certaine manière je suis fière de moi. Fière d'avoir su être celle qui pose les limites.
Adam a l'air sonné.
Mais la vérité, c'est qu'il est chimiquement impossible de résister à Adam Marciello. S'il retente de...

-Vous avez raison, dit-il en hochant la tête d'un air professionnel.

Il sonde rapidement mon regard avant d'y déceler quelque chose qui lui fait hausser les sourcils. De mon côté, je reste stoïque. Je ne fais aucun mouvement, faisant attention à ce qu'aucune émotion ne se dépeigne sur mon visage.

Il hoche la tête une fois de plus et se remet en position de conduite. Cependant –et je ne peux faire semblant de l'ignorer– il prend soin de conserver sa main droite sur mon genou.
Je souris intérieurement. 

Serais-ce à nouveau un signe de possession ?

Est-ce nécessaire de rappeler que je n'aime pas qu'on me contrôle ?

-Monsieur Marciello... je commence d'un air supérieur.

L'étincelle dans son regard s'illumine.

-Mademoiselle Miller..., répond-t-il en se tournant vers moi pour me lancer un clin d'œil.

La main sur mon genou remonte lentement. J'attrape sa main et la replace plus bas, là où elle était initialement. Adam s'esclaffe bruyamment en secouant la tête, comme si toute cette situation l'amusait plus que nature.

Il démarre le moteur de la voiture et s'engage sur la route principale, déjà pleine à cette heure-ci. Les seuls moments où sa main se décroche de mon genou, c'est pour tourner le volant. Sinon, il prend garde à tenir son cap d'une seule main.

S'il pense qu'il m'est indispensable, il faut que je lui prouve le contraire. 

-J'aurais très bien pu m'y rendre toute seule, j'assène en essayant d'emprunter une voix sèche et sévère.

Malheureusement, la main sur mon genou suffit à m'irradier d'ondes de désir, et ma raison a bien du mal à trouver sa place dans tout ce bazar.

-Je sais, dit-il en appuyant dangereusement sur l'accélérateur, zigzagant entre les différentes voitures de la roue bondée. Mais si je t'emmène, ça veut dire que je dois également te ramener...

Je ne peux empêcher un rire de fuser. Je lève les yeux au ciel en sentant son regard brûlant mitrailler mon visage.

-Qui est machiavélique, maintenant ? je demande d'un air séducteur.

Il me lance en retour une expression ravie, prenant son air de petit enfant sage.

Mon téléphone se met à sonner, interrompant notre discussion.
J'ouvre rapidement mon sac, à la recherche du petit objet qui a formellement décidé de me pourrir la vie.

-Encore ?! s'exclame Adam, un brin agacé (on se demande pourquoi). Tu es plus demandée que la reine d'Angleterre !

Sa dernière réplique me fait sourire. Il a ce je-ne-sais-quoi dans la voix d'autoritaire, un peu comme s'il n'appréciait pas de me partager. Une fois de plus, je me fais promettre de lui faire comprendre que je ne suis pas sa chose.

Je trouve enfin mon portable et déverrouille le téléphone qui ne cesse de vibrer.

-Chut ! je lui lance en posant un doigt sur mes lèvres. Concentre-toi sur la route et ne dis pas un mot.

J'appuie sur la touche verte, décrochant devant la photo de ma meilleure amie –devenue professionnelle du harcèlement.

-Allô ? je lance d'une voix que je veux assurée.

Difficile alors que je sais qu'Adam ne loupe pas un mot de notre conversation –sans compter que ses doigts caressent lentement mon genou dans un geste réconfortant.

Ivanna garde un long silence. Lorsqu'elle en sort, elle s'exclame :

-Tu as couché avec lui !

Ses intonations se reprochent provoque le rougissement instantané de mes joues. Mon premier réflexe est de vouloir me défendre et tout nier en bloc.
Je n'ose même pas observer la réaction d'Adam...

-Qu... quoi ? Mais d'où tu sors ces âneries...

-Lena, commence-t-elle en me sermonnant, je te connais depuis bien trop longtemps. Tu n'as même pas besoin de dire un mot. Bonjour, Adam ! ajoute-t-elle à la volée.

Celui-ci tente en vain de cacher son sourire en regardant dans la direction opposée.

-Bonjour, Ivanna, dit-il d'un ton amusé.

Il se racle deux fois la gorge et tente de se ressaisir.

-J'espère que vous passez un bon début de matinée, poursuit-il en n'oubliant pas ses bonnes manière.

Un regard dans sa direction me suffit à être furieuse. Il est littéralement à deux doigts d'exploser de rire. Rien ne pourrait plus le faire rire à ce moment-même.
Je serre les dents et éjecte sa main de mon genou. Ça t'apprendra Adam Marciello !
Il me jette un regard en biais et son froncement de sourcils en dit long.

Le feu passe au rouge et il s'arrête. Il serre le frein à main et profite de l'occasion pour attraper mon visage entre ses mains. La sincérité de son regard me prend aux tripes, et le message qu'il veut me faire passer est très claire : « Ne retire pas ma main ».

Il plaque alors un court mais intense baiser sur mes lèvres. Lorsque le feu repasse au vert, il se remet en place et reprend sa route, non sans m'avoir lancé un clin d'œil.
Sa main se repose sur mon genou, et je le laisse faire. 

Faible Lena!

Tout s'est passé si vite que c'est comme si rien ne s'était passé. J'en aurais presque oublié Ivanna  -à condition, bien sûr, que ce soit possible.

-Ne me dites pas que vous vous embrassez devant moi ! s'exclame Ivanna avec un air de dégoût.

Adam ne peut s'empêcher de rire. Il arbore son air de gamin joueur qui me plait tant.

-Techniquement, vous n'êtes pas devant nous. Nous pourrions être nus que vous ne le sauriez pas !

Ivanna retient un hoquet de frayeur. Je l'imagine bien, les deux mains plaqués sur ses lèvres et une mimique de choc sur le visage.

-Ne me dites pas que vous êtes nus ! LENA ! s'exclame-t-elle en paniquant à moitié.

-Non, calme-toi ! je m'exclame sans pouvoir cacher mon hilarité. Je ne suis pas nue ...

-Pas maintenant, réplique Adam en provoquant une fois de plus Ivanna, mais ça ne saurait tarder...

-BEURK ! lance Ivanna en se calmant. Bon... reprend-t-elle en employant un ton de conspiratrice. Si je peux vous donner un conseil, avec Lena, le mieux c'est de ...

-Ivanna ! je m'exclame, choquée qu'elle prenne parti pour le camp adverse.

Est-ce qu'elle était vraiment sur le point de lui donner des conseil pour m'attirer dans son lit ?!
Le sourire d'Adam est radieux.

-Lena ! répond-t-elle avec un ton de reproche.

-Adam ! s'exclame l'intéressé en partant d'un fou rire incontrôlable.

Je lève les yeux au ciel. Bon sang, avec ces deux là, je ne suis pas sortie de l'auberge.

-Ça tombe bien que vous soyez là tous les deux, continue Ivanna en faisant comme si de rien n'était, j'étais sur le point de vous tenir informés pour ce soir.

Ah oui.
Ce soir.
J'avais presque oublié.

-Peter connait quelqu'un ... commence-t-elle de sa voix de groupie.

-Pierre DeLaCroix... la rectifie Adam d'un air amusé.

-Ouais, répond-t-elle comme si c'était un détail. Lui. Il organise je sais plus trop quoi...

-Le défilé « Made For You », un des plus prisés de l'année...

Je jette un coup d'œil étonné à Adam.
Premièrement parce qu'il a l'air bien trop informé pour ne pas avoir passé un coup de fil à Peter avant qu'on se rejoigne, et deuxièmement parce que je n'aurais jamais cru qu'Adam connaissait ce défilé.

En même temps, ça fait aussi parti de notre boulot de savoir ce genre de choses.

-Ouais, ça, confirme évasivement Ivanna. Et Peter est chargé d'organiser une After Party lors de laquelle seront conviés pleins de gens connus et de gens inconnus. Du coup, pas besoin de réserver, on a déjà une table V.I.P. !

Je cligne deux fois des yeux.

-Peter organise des événements ?

Je ne m'étais jamais demandé ce que Peter faisait dans sa vie, mais il me parait maintenant évident qu'il soit relié au milieu mondain d'une manière ou d'une autre. Et cette After Party, on ne demande pas à n'importe qui de l'organiser.

-Oui, répond Ivanna d'un air fier, et c'est le meilleur de la ville.

Je lève une fois de plus les yeux au ciel. Elle ressemble bien trop à une groupie pour que je puisse continuer cette conversation avec elle.
Adam m'observe toujours en silence, l'air plus concentré sur moi que sur la route –ce qui n'est pas forcément une bonne idée.

-Merci, Ivanna. Alors... on se voit ce soir ?

-Tenue de cocktail exigée, se sent-elle obligée de préciser. On sort les paillettes et on dévoile de la peau !

Le regard d'Adam se met à pétiller. Voilà une nouvelle qui semble le réjouir.

-Hum... Oui... je réponds d'un air embarrassé.

-Quelle merveilleuse idée, me coupe Adam en souriant. Elle va faire ça.

Il plante son regard fermement dans le mien. Il a l'air de vouloir me provoquer –tout en sachant pertinemment que je le prendrais mal.

-Non !... Je... j'essaie de contrer, mais Ivanna me coupe rapidement.

-A ce soir ! s'exclame-t-elle en exprimant bruyamment sa joie.

Et elle raccroche.
Je jette un regard rempli d'animosité en direction d'Adam.

Préparez-vous, parce que je risque de faire un massacre ! 

Pour qui se prend-t-il, bon sang ?! Je ne vais certainement pas le laisser prendre des décisions à ma place toute ma vie. Qu'il ne croit pas que je laisse passer ce genre de chose, parce que ce n'est clairement pas le cas. Je me promets de lui faire subir ma vengeance un peu plus tard.

Adam observe mon expression d'un air penaud. Il a l'air d'avoir comprit ce qui l'attendait.

-Je t'ai déjà dis que je n'aimais pas qu'on prenne des décisions à ma place, j'annonce d'une voix sèche.

Il ouvre la bouche pour dire quelque chose, mais se ravise. A la place, une étincelle de malice se met à illuminer ses yeux. Ses pupilles se dilatent et sa main se resserre sur mon genou.

-Lena, commence-t-il de sa voix séductrice. Si le supplice est le même que celui que tu m'as fais subir ce matin, je suis prêt à retenter le coup.

*

* *

Adam me précède pour frapper deux coups à la porte de Madame Jones.

Nous sommes tous les deux essoufflés car nous avons dû courir pour s'assurer d'arriver à temps. Même lui ne se risquerait pas à voir Madame Jones de mauvaise humeur –en partant du principe qu'il existe des jours où elle est effectivement de bonne humeur.

Adam me lance un clin d'œil, heureux de pouvoir partager notre complicité devant tout le monde –non pas que quiconque s'intéresse à nous.

-Enfin ! s'exclame Madame Jones en ouvrant la porte à la volée. Heureusement que nous ne sommes pas pressés...

Il est nécessaire de rappeler que le premier coup de fil qu'elle nous a passé était il y a moins d'une heure. C'est un exploit que nous soyons arrivés si vite.

Elle nous invite à entrer et à prendre place sur un des sièges en face de son bureau.
Adam me tire la chaise avec galanterie, et je le remercie d'un clin d'œil à la volée.

Heureusement pour nous, Madame Jones ne se rend compte de rien.

Un fois tout le monde installé, elle croise ses doigts sur son bureau et se met à nous fixer de son regard dur et sévère.

-Nous voilà à la fin de la compétition, commence-t-elle de cette voix sèche qui la caractérise, le moment où je vous accorde une dernière mission.

La pression monte alors d'un cran. Je ne sais pourquoi toute cette histoire de compétition me semblait si lointaine... Elle est pourtant belle est bien réelle. Je n'ose croiser le regard d'Adam.

-Elle sera décisive et me permettra de déterminer lequel d'entre vous prendra le poste que Monsieur Eras a laissé vaquant, poursuit-elle sans nous laisser le temps de digérer la nouvelle.

Un instant de malaise plane –ou bien est-ce juste moi qui me fait des films ?
Le problème est que je ne sais plus trop ce que je veux. Est-ce que je veux vraiment gagner si ça signifie gagner contre lui ?

A ma droite, je sens Adam se raidir et retenir sa respiration.

Je ne m'étais pas rendue compte que ce jeu était si dangereux. Lorsque les sentiments entrent en compte, tous les jeux sont à revoir.
Je sais que je veux encore devenir directrice de Blue Coton. Je sais que c'est un rêve. Mais ...

Il y a Adam maintenant.

-Un chef d'entreprise doit avoir plusieurs qualités, poursuit Madame Jones, inconsciente de ma torture interne. Il doit pouvoir donner une bonne image de son entreprise et savoir ameuter les investisseurs ; c'est ce que vous avez fait lors de la course hippique « Sandler ». Il doit pouvoir encadrer une équipe et gérer des événements de grande envergure : c'est que vous avez réussi avec succès à l'occasion de la fête d'anniversaire de Mademoiselle Davis.

Ces événements me paraissent si lointains. Comme si j'étais une autre personne, avec d'autres objectifs et une autre manière de pensée...
Madame Jones rapproche son siège et se racle doucement la gorge avant de reprendre.

-Pour cette dernière épreuve, je vais vous demander d'affronter une personne que vous êtes supposés bien connaître : vous-même. Un véritable chef d'entreprise doit savoir cerner ses forces et ses faiblesses, savoir ce qui le rend vulnérable et les terrains sur lesquels il sait être le meilleur.

A ma droite, Adam se met à gigoter.
Si j'avais retrouvé l'usage de mes membres, je ferais certainement la même  chose. Tous les atomes de mon corps se mettent en alerte.

Madame Jones lâche un long soupir.

-Vous devrez donc, lors d'une discours d'au plus deux minutes trente, présenter à une assemblée de représentants de l'entreprise votre vision de vous-même, dit-elle d'un souffle. Le but étant de percevoir ce que vous pouvez apporter à l'entreprise, mais aussi ce qu'elle pourra vous apporter en retour. 

Un sourire naît sur son visage; le premier que j'ai jamais vu sur son visage.
Elle paraît au comble de l'excitation.

-Vous vous exprimerez au cours du repas annuel de fin d'année qui aura lieu dans deux jours. A cette occasion, tous les membres de l'entreprise seront conviés, et vous devrez leur faire fier impression. 

Deux jours ?!
Mon sang ne fait qu'un tour.

A ma droite, Adam se tourne vers moi. au même moment où Madame Jones ajoute d'un ton solennel :

-Vous n'aurez pas de seconde chance.



N'oubliez pas de voter ! :D

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La compétition est relancée, mais entre travail et sentiments, que choisir ?
Est-ce que certains d'entre vous ont des théories sur la suite ? ;)

Dites-moi ce que vous en avez pensé ! ^^

J'accepte toutes les critiques constructives et tous vos avis en commentaire ! :D

Si vous avez des questions, ou juste pour me dire ce que vous avez aimé/pas aimé, ou si vous attendez la suite, c'est dans les commentaires ! ;)

N'oubliez pas de vous abonner si vous voulez encore plus d'histoires, bisous !! ♥☺
21/12/2018

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