Chapitre 26 : Un bandage et un canapé
-Où sommes-nous ? demande Adam en sortant de la voiture.
Je ne prends même pas la peine de lui répondre. Je fulmine littéralement. Je n'arrive pas à croire qu'il m'ait marchandée en échange d'un repas. Il s'est imposé pour rester la seule personne qui m'accompagne au double rendez-vous, et ce sans que j'ai mon mot à dire !
S'il y a bien une chose que je déteste, c'est bien qu'on prenne des décisions à ma place.
Mais je sais bien que si je me posais quelques secondes, je me trouverais certainement très idiote. Il faut bien se l'avouer, je préfère cent fois qu'Adam m'accompagne plutôt que n'importe quelle autre personne de cette Terre !
A part peut-être Jesse Williams...
En attendant, je reste sur mes positions et décide de conserver mon esprit bougon.
-Suivez-moi, j'ordonne à Adam en m'avançant vers l'entrée du hangar.
Le parking est désert, ce qui signifie que personne ne s'entraîne en ce moment. Vu l'heure, je ne suis pas franchement étonnée.
Je sors les clés de mon sac et me dirige vers la porte en ferraille. J'insère la clé dans la serrure et pousse la porte qui s'ouvre dans un grincement strident. Heureusement qu'il n'y a aucune habitation aux alentours.
Je me retourne vers Adam qui me jette un regard étonné. Il garde le silence et observe sans faire de bruit, une expression déconcertée sur son visage. Je lui fais signe de me suivre et n'attends pas de vérifier que c'est le cas pour entrer. Une odeur de transpiration mêlée à la puissance des déodorants masculins me parvient aux narines.
J'allume les lumières sur la droite qui se mettent à éclairer le ring central. A droite et à gauche se trouve des sacs de frappes de plusieurs tonnes, et des bancs sur lesquels les sportifs ont pour habitude d'attendre le tour.
-Lena ? demande Adam d'un air dérouté. Lena, où m'avez-vous amené ?
Je ne prends pas la peine de me retourner vers lui. Je passe aux quatre coins de la pièce pour allumer toutes les lumières.
-Une salle de boxe ! je m'exclame en levant les bras au ciel, me sentant un peu idiote de le dire tout haut alors que ça me semble plutôt dévident. Je pensais que ça vous ferais du bien de vous défouler après les événements de ce soir, j'ajoute en regardant autre part pour cacher ma gêne, mais je pense finalement que je vais en avoir une bien meilleure utilité que vous !
Je regarde les sacs de frappe avec envie, conservant une expression irritée sur le visage. Il n'y a que lui pour me mettre dans un état pareil. Bon sang, la soirée avait pourtant bien commencée.
Adam se rapproche de moi à pas furtifs, effaçant son air intrigué pour me dévoiler son imperturbable sourire à toute épreuve. Des plis se forment aux commissures de ses yeux lorsque son sourire amusé se transforme en un sourire prétentieux.
-Vous comptez me défier sur le ring ? demande-t-il avec un air de défi en faisant quelques pas dans ma direction. Attention, je ne suis pas du genre à vous laisser gagner sous prétexte que vous êtes une femme.
Je lève les yeux au ciel. Quel crétin de Marciello...
Je décide de passer sur ses imbécillités et de combler le silence en lui expliquant le pourquoi du comment. Pourquoi ai-je en ma possession les clés d'une salle d'entrainement de boxe ? Comment se fait-il que j'ai le droit d'y accéder en pleine nuit ?
Je ne suis évidemment pas une grande sportive ; j'ai plutôt tendance à être celle qui se plaint lorsqu'elle doit courir pour rattraper son bus, que les ascenseurs sont en panne. Les petites formes autour de mes hanches ne diront pas le contraire.
-L'ancien copain de Juliette était entraîneur ici, je commence en pointant du doigt le bureau en bois installé au fond de la salle, et Juliette était la secrétaire. Elle travaillait ici et avait donc le double des clés en permanence.
Adam écoute attentivement mon récit, les mains dans les poches. Il avance lentement dans ma direction et plus il se rapproche, plus ma panique augmente. Je m'accoude aux cordes du ring en plein milieu de la salle, en tentant de paraître le plus naturelle possible.
-Lorsqu'il .... hmm.... Lorsqu'il l'a lâchement quittée, elle m'a donné ses clés en espérant que je m'en débarrasse ou que je les rende, mais je n'ai pas vraiment eu le temps de le faire.
Je hausse les épaules pour finir ma phrase.
Adam –qui se rapproche de moi à une vitesse dangereuse– lâche un sifflement impressionné. Il croise ses bras contre sa poitrine en me fixant.
-Donc, vous les avez gardées ? Bravo Lena, je n'aurais jamais cru que vous auriez l'audace de le faire.
Une lueur de défi s'allume dans son regard chocolat. Il passe une main dans ses cheveux magnifiques et le t-shirt qu'il porte se soulève légèrement.
Je lève les yeux au ciel en serrant les dents. Je sais ce qu'il essaye de faire, et ça pourrait très bien marcher si je le laissais faire. Mais la manière qu'il a de parler de moi manque de me rendre folle... On dirait qu'il me prend pour une petite chose si facilement destructible. Je ne fais pas de la boxe, mais ça ne veut pas dire que je ne sais pas me défendre.
Je me redresse et ose me rapprocher de lui. En deux enjambées je suis en face de lui, le regard planté dans ses prunelles illuminées par l'attrait du jeu. Parce que c'est tout ce que c'est pour lui ; un jeu.
-Ce n'est pas une question d'audace, je commence en plantant un regard furieux dans le sien, mais plutôt de vengeance. S'il n'avait pas été aussi idiot avec ma meilleure amie, je me serais dépêchée de les lui rendre.
Mon ton est bien plus sec que je ne l'aurais espéré mais après tout, il n'avait qu'à pas décider de me mettre sur les nerfs.
-Et vous m'avez amené ici pour que je me défoule sur ces sacs ? demande-t-il en pointant ceux à droite de la salle.
Je me demande bien quelle idée stupide j'ai eu là. Mais c'est le premier endroit auquel j'ai pensé lorsque j'ai réfléchis à un lieu où je ne pourrais être ni embêtée, ni espionnée, ni interrompue... Peu de personnes viennent ici à partir du moment où le soleil s'est couché.
Je me détourne pour cacher mon embarras.
-Suivez-moi, j'ordonne à Adam en me dirigeant vers la salle au fond de la pièce.
J'avance rapidement et ouvre la porte en bois vernis qui donne sur la seule pièce en bon état. Une odeur fraîche de coton en ressort, donnant un instant de répit à mes narines. Je suis sure que Juliette avait pensé à faire installer un désodorisant dans cette pièce, ou à allumer régulièrement des bougies.
A ma droite, j'appuis sur l'interrupteur d'un des seuls luminaires de la pièce qui déverse une couleur chaleureuse et délivre une ambiance cosy.
Je me sens immédiatement plus tendue, et je ne sais pourquoi. Peut-être cette ambiance chaleureuse, confinée avec l'homme le plus séduisant qu'il m'ait été donné de voir. Un coup d'œil à ma robe me fait immédiatement regretter de ne pas avoir mis un pantalon. Je me sens incroyablement nue, sans même savoir pourquoi.
Dans la salle, les murs sont peints d'un blanc immaculé et tout a été refait à neuf. L'odeur de la peinture fraîche est encore tenace, mais au moins on peut être sûrs que tout est propre. C'est là où Juliette faisait son travail de secrétaire mais la salle servait également de salle de repos. Il y a donc un bureau tout au fond, mais également un canapé en plein centre, un petit coin cuisine vers la gauche, des rangements, une machine à café... Bref, tout ce dont une salle de repos est supposée être composée.
Je me dirige vers l'étagère du fond qui comporte une trousse de premiers secours. Je me racle la gorge, gênée. Je me sens immédiatement obligée de me justifier de l'avoir amené dans cette salle reclus aux lumières tamisées...
-En fait c'était surtout pour soigner vos mains, j'annonce en me mettant sur la pointe des pieds pour attraper la trousse en haut de l'étagère. Il y a tout un nécessaire qu'ils utilisent sur les joueurs qui se blessent en donnant des coups.
Lorsque je me retourne, Adam m'observe sur le pas de la porte. Son air attentif m'impressionne un peu, mais je fais comme si de rien n'était. J'ai l'impression qu'il épie chacun de mes mouvements. Son regard brûle mon dos et j'ai bien du mal à faire comme si de rien n'était.
Je lui montre le canapé du doigt et lui indique de s'y asseoir. De sa démarche nonchalante, il s'exécute sans jamais me lâcher du regard. Il prend place sur le canapé d'un mouvement souple et élégant.
Pendant quelques secondes, j'ai un mouvement d'arrêt. Je ne peux m'empêcher de le fixer. De lui ressort cet aura de séduction, de virilité, de puissance qui m'impressionne et m'attire à la fois. Et lorsque je me rappelle de certaines choses qu'il a faites –défendre sa sœur, avouer à Monsieur Davis que j'étais celle qui était supposée gagner, ...– je me demande si cet homme n'est pas en réalité l'homme parfait.
Dans ce domaine, il faut avouer que je n'ai pas beaucoup d'expérience. Mais j'ai horreur d'avoir l'impression de m'être fait bernée. Et tout le monde sait que les Adonis vivants ont une forte tendance à abuser de leurs talents de charmeurs auprès de la gente féminine.
Je m'avance doucement vers lui, et dépose la trousse à côté. Je veille à ne pas croiser son regard qui m'incendie littéralement.
Je me racle la gorge et tend la main pour attraper délicatement sa main. Il faut que je voie si la blessure s'est infectée et par où je dois commencer. Et je dois rester professionnelle. Le sang qui pulse plus vite dans ma poitrine n'a rien à voir avec mon envie irrépressible de le toucher, tout le temps, partout...
Il se laisse faire et laisse choir sa paume chaude dans la mienne sans rechigner. On aurait presque l'impression qu'il y prend plaisir... En même temps, une femme qui s'occupe de lui sans qu'il ait rien demandé ? Je dois avouer que je lui tends une immense perche. Mais je ne peux décemment pas le renvoyer chez lui dans cet état !
Bien sûr, Lena. Ce n'est pas comme s'il avait perdu sa main ! Arrête de t'inventer des excuses.
Tu mourais d'envie de le faire.
Je fais attention à ce que mes gestes soient doux et précis pour éviter de lui faire mal. Malgré cela, il esquisse une mimique de douleur lorsque mon doigt effleure le côté gauche de sa main.
Il bloque sa respiration.
Je me stoppe dans mon mouvement.
-C'est douloureux ? je demande avec une pointe d'appréhension dans ma voix, les traits figés.
Je tente de conserver un air énervé car je ne lui ai toujours pas pardonné sa bassesse d'un peu plus tôt, mais il ne me facilite pas la tâche.
-Non, répond-t-il en arborant un visage neutre.
Rien dans son expression ne pourrait me faire comprendre qu'il est en souffrance. Il y a toujours ce même sourire plaqué en permanence sur son visage, et cet air séducteur qui le caractérise. J'aurais plutôt tendance à l'applaudir pour ses talents d'acteurs.
J'hausse un sourcil, pas dupe pour un sou. Je veux bien essayer de l'aider, mais s'il ne m'aide pas non plus je ne peux pas faire grand-chose. Je lui jette un regard de reproche, pas franchement d'humeur à m'amuser ou à perdre mon temps.
-Et en vrai ?
Je tente de conserver une expression sévère, mais il esquisse un sourire en coin qui fait augmenter mon rythme cardiaque.
-Vous voulez dire si je n'essaie pas de vous impressionner ? dit-il en me lançant un clin d'œil. J'ai l'impression qu'on m'a retiré un morceau de chair à vif.
Je serre les dents et tente de ne pas montrer mes émotions. Il faut que je reste stoïque et que je sois méticuleuse si je veux pouvoir le soigner correctement. Mais le simple fait de savoir qu'il souffre à ce point me donne des hauts le cœur.
Lena, ressaisis-toi.
Bon. Passons aux choses sérieuses.
Je pose délicatement sa main sur sa cuisse et fouille dans la trousse pour en sortir une petite bouteille d'alcool et des cotons.
Adam m'observe sans rien dire. Même lorsque j'ouvre la bouteille pour en verser son contenu sur un morceau de coton.
-Je vais devoir désinfecter, je lui lance en espérant l'aider à se préparer mentalement. Ça va faire mal.
Mais il hoche simplement la tête comme si de rien n'était. Comme si je venais de lui annoncer la météo.
Je ne vais pas mentir : le courage dont il fait preuve est incroyablement séduisant. Mon cœur fond mais je tente de garder les pieds sur terre. On ne voudrait pas que la situation se mette à déraper...
-Faites ce que vous avez à faire, répond Adam en focalisant son regard sur moi.
Je cligne deux fois des yeux, comme hypnotisée.
Tout compte fait, une petite partie de moi apprécierait peut-être que la situation dérape...
J'applique le coton sur sa peau à vif en m'attendant à ce qu'il gigote et m'insulte de tous les noms.
Mais il ne tressaille même pas.
N'importe qui sait à quel point l'alcool est douloureux, et imaginer ce qu'il ressent me suffit à vouloir partir en courant. Et pourtant...
Ses yeux sont deux viseurs qui m'ont dans leur ligne de mire. Il observe chacun de mes gestes méticuleux, de mes déplacements, chaque fois que j'attrape sa main pour tapoter doucement un morceau de coton sur sa peau...
-Je peux vous poser quelques questions ? demande-t-il au bout d'un instant, comme tiraillé par sa curiosité. Pour distraire mon esprit.
Je ne peux m'empêcher de sourire. Après tout, s'il n'y a que ça pour lui faire plaisir...
-Bien sûr, tant que vous êtes au courant que je pourrais ne pas répondre à certaines.
On ne sait jamais, je préfère assurer mes arrières. Il serait capable de me dire que je ne tiens pas parole ou que je suis une dégonflée si je refusais de répondre.
Or, je ne suis pas une dégonflée.
-Vous attisez ma curiosité, reprend-t-il en lâchant un rire bref, le regard illuminé par la malice. Que pensez-vous que je vais vous demander ?
Je lève les yeux au ciel et me met à réfléchir en cachant le sourire qui naît sur mon visage. J'hésite un instant à ne pas répondre, mais je sais que je dois passer un autre coup d'alcool pour m'assurer que la plaie est complètement propre...
Je sors la première chose qui me passe par la tête, regrettant ensuite de ne pas avoir mit l'option "filtre" vendue pour toute Lena achetée.
-Mmm, je commence en attrapant un nouveau morceau de coton imbibé. Voyons... Vous connaissant, je dirais ma taille de soutien-gorge.
Adam s'esclaffe et tressaille en même temps que j'appuie le coton sur sa plaie. Mes joues rosissent mais je ne peux empêcher un sourire de naître sur mon visage.
J'observe le sien avec précision : il semble profondément concentré sur mon expression. Ses prunelles m'incendient et le brasier en moi s'intensifie.
-Non pas que ça ne m'intéresse pas, rétorque-t-il en se focalisant sur mes yeux, mais étant donné que mon temps de question est limité, je penserais plutôt à des choses que je ne pourrais pas découvrir pas moi-même en moins de trente secondes.
Ma main vient lui décrocher une petite tape sur l'arrière de son crâne qui provoque son hilarité.
Ses yeux pétillent de malice.
-Aïe, dit-il en se frottant le crâne de sa main libre.
Je me mordille les lèvres pour cacher mon amusement devant sa mimique faussement outrée.
-Tenez-vous tranquille, je réponds en levant les yeux au ciel.
-J'essaie, mais vous ne cessez de m'agresser.
Mes sourcils se froncent automatiquement.
Je jette le morceau de coton dans la poubelle la plus proche et attrape le bandage dans la trousse en essayant de cacher la pointe d'agacement qui a décidé de repointer le bout de son nez. Je déroule le bandage en me plantant devant lui :
-Moi ? je demande d'un ton sec. Et vous, alors ? Vous passez vos journées à me demander de sortir avec vous, de vous embrasser, ou encore de coucher avec vous.
Lena sans filtre, le retour.
L'intéressé lève les yeux au ciel, comme si je délirais. Ma main manque d'atterrir sur son crâne une seconde fois.
-Quand vous ai-je demandé tout cela ? demande-t-il en prenant un faux air étonné. A part sortir avec moi ; pour ça, je plaide coupable.
Il plaque un sourire immense sur son visage qui pourrait presque me faire craquer. Mes lèvres s'étirent en un rictus qui se rapproche d'un sourire mais je détourne le regard pour me forcer à garder toutes mes bonnes résolutions.
-Vos sous-entendus, Monsieur Marciello. Ne me prenez pas pour plus bête que je ne suis.
Son visage redevient sérieux en un instant, même si ses yeux brillent d'une lueur malicieuse.
-Je ne vous ais jamais prise pour quelqu'un de tel, assène-t-il avec une sincérité implacable. Croyez-moi, la plupart du temps vous m'impressionnez.
J'ai un mouvement d'arrêt. Je plonge mes yeux dans les siens pendant un bref instant.
Je sais bien qu'il essaye de détourner mon attention du sujet principal, mais je ne peux m'empêcher de plonger dedans la tête la première.
-Moi ? je demande avec étonnement. Pourquoi donc ?
Je suis certaine qu'il est en train de me raconter des salades. Tout son blabla doit l'amuser plus que je ne le pense. Pourtant, l'expression de sincérité sur son visage est indéniable, et j'aurais du mal à croire qu'il n'y a pas une part de vérité dans ce qu'il me dit.
-Vos réactions sont imprévisibles, dit-il en haussant simplement les épaules.
Ses yeux ne me lâchent pas, en attente d'une réaction de ma part.
Je lève les yeux au ciel.
-Comme pour chaque personne.
Il plisse les yeux et secoue la tête en signe de dénégation.
Bon sang. Ce qu'il est séduisant lorsqu'il reste sur ses positions...
-Détrompez-vous. Les femmes sont assez prévisibles en règle générales mais comme vous l'avez si bien dit, vous ne "ressemblez à aucune d'entre elles", ajoute-t-il avec un sourire fier en mimant les guillemets. Et comme je vous l'ais déjà dit, il ne me faut rien de plus pour m'attirer vers vous comme un aimant.
Son regard s'embrase et mon cœur bondit dans sa poitrine. Mon regard se redirige vers la blessure, fuyant ses yeux avec hâte.
-Ce n'était pas voulu, je déclare simplement.
Je serais étonnée de savoir pourquoi je l'attire comme un aimant –en partant du principe que ce qu'il dit est vrai. A part si ce n'est pour une histoire de virilité masculine mal placée.
« Je veux avoir ce que je ne peux pas avoir parce que je suis un faible mâle et que ça m'excite. »
-Ne faites pas comme si c'était un supplice, déclare-t-il en levant les yeux au ciel, offusqué. Vous aimez que je vous charme.
Sa dernière déclaration provoque en moi une panique instantanée. Bon sang, ça se voit à ce point ?
Je prends grand soin de ne pas le regarder dans les yeux.
-Pas vrai ? demande-t-il, interpellé par mon absence de réponse.
Je baisse un peu plus ma tête en direction du sol. Mes joues se mettent à rougir et j'espère qu'il ne le voit pas.
Je garde le silence.
-Lena ? demande-t-il avec une pointe d'angoisse dans la voix.
Il soupire lourdement, comme pour relâcher toute la tension qu'il conservait en lui.
La gêne du moment me pétrifie. Bien évidemment, j'aime être charmée. Et plus précisément, j'aime qu'il me charme.
Bien plus que je ne le souhaiterais.
Adam place sa main libre sur la mienne, stoppant mon mouvement avec douceur. Il place son index sous mon menton, m'obligeant à le relever.
-Si ce n'est pas le cas, dites-le moi, Lena, m'annonce-t-il, l'air plus sérieux que je ne l'ai jamais vu. Je ne souhaiterais pas que vous subissiez mes intentions. Je ne voudrais pas que vous vous sentiez ... harcelée.
Je lâche un rire incontrôlé que je stoppe rapidement. Je ne le regarde toujours plus dans les yeux.
La vérité, c'est que n'importe qui de non-intéressé se serait senti harcelé par ses avances insistantes... Sauf que dans ce cas-là, je ne suis pas des « non-intéressés », et ma fierté en prendrait un coup de l'avouer.
-Alors vous ne voulez plus que je vous séduise ? demande-t-il en plongeant un regard sérieux dans le mien. Lena, commence-t-il d'un air furieux, si vous ne répondez pas je prendrais votre réponse pour un oui.
Je soupire longuement en osant affronter son regard. Est-ce que je souhaite qu'il ne me séduise plus ?
-Non, dis-je d'une voix non assurée.
-Non quoi ? demande-t-il en plissant les yeux, un bref éclair de soulagement les traversant.
-Bon sang, vous m'avez demandé de répondre et je vous donne ma réponse ! je m'exclame, les joues en feu.
Je ne sais pas ce qui en prend le plus pour son grade : ma fierté, ou ma raison.
Adam soupire longuement et ses épaules se détendent. Il s'abandonne sur le canapé, ma main toujours dans la sienne. Je me focalise sur ma tâche à accomplir avant que la blessure ne se réinfecte.
-Bien, lâche Adam avec un air satisfait.
Son sourire est si grand qu'on pourrait croire qu'il vient d'obtenir le plus grand contrat de sa vie –alors que, soyons bien clairs, je n'ai rien fait d'autre que lui avouer que, comme toute femme, ça ne me dérangeait pas d'être séduite.
Je n'arrive toujours pas à croire que ce soit le cas.
Qu'Adam Marciello me drague parce que je suis une femme et que je travaille avec lui ne m'étonne pas.
Qu'Adam Marciello soit intéressé par moi relève par contre de l'impossible.
-Alors c'est bien ce que vous faites ? je demande, brisant le silence qui s'était installé.
Je plonge mon regard dans le sien. Il semble confus.
J'ai l'impression de l'avoir coupé dans ses pensées.
-Quoi donc ? répond-t-il d'un air étonné.
Je me racle la gorge, tentant de cacher ma gêne. Mais je veux obtenir une réponse à ma question.
-Me...hum... me séduire ?
La fin de ma phrase monte dans les aigus. Si je pouvais, je me cacherais dans un trou de souris. Mais je veux absolument obtenir une réponse à cette question. Elle pourrait me provoquer des insomnies, des questions existentielles, ... et des insomnies.
Lorsque je l'entends s'esclaffer, je baisse automatiquement la tête, rouge de honte.
Bien sûr que non, il ne cherche pas à te séduire. Idiote, tu viens de te tourner en ridicule.
Tu verras demain au travail, il va pouvoir le raconter à tout le monde. Ta réputation sera ternie et ...
-Si vous avez encore des doutes, je dois me remettre en question sur mes talents de séducteur ! s'exclame Adam, obligeant mon regard à se relever. Une fois de plus, ma fierté en prend un coup avec vous, Mademoiselle Miller...
Mes yeux sont comme deux ronds de flanc. Adam me fixe d'un air mi-amusé, mi-vexé. Et pourtant, ça n'a pas franchement l'air de le déranger. Un éclair furtif traverse ses prunelles.
-Vous me plaisez, soupire-t-il d'un coup, comme pour relâcher ce qu'il avait en lui depuis des semaines. Beaucoup. Beaucoup trop, ajoute-t-il en haussant un sourcil.
Il analyse mon expression avec précaution. Je hoche une fois la tête, perdue dans mes pensées qui se confondent avec la réalité qui se confondent avec ... Je ne sais plus quoi en penser.
Je réfléchirais à tout ça un jour où mon cerveau se sera reconnecté au reste de mon corps.
-D'accord.
J'attrape l'extrémité du bandage et le coince entre son pouce et son index en commençant à enrouler précautionneusement. Je me concentre ; je ne voudrais pas le rater et avoir à tout recommencer. Cette histoire a déjà duré suffisamment longtemps, il est temps que ça se termine.
La réaction d'Adam me sort de mon état de concentration :
- "D'accord " ?! s'exclame-t-il avant de partir dans un accès d'hilarité. Je vous ouvre mon cœur et voilà que vous le piétinez ! Heureusement que je ne me laisse pas démonter si facilement...
Je serre le bandage un peu trop fort, provoquant un léger tressaillement. Je m'agace rapidement, gênée de devoir rester si longtemps à parler de ce sujet.
-N'aviez-vous pas des questions à me poser ? je m'exclame en le réprimandant. J'ai presque fini ce bandage, et votre temps sera bientôt écoulé.
Il hoche une fois la tête, un air de défi dans le regard.
-Bien. Parce que je n'ai qu'une seule dont la réponse m'intéresse véritablement.
Je laisse planer le silence alors que je termine le bandage. Je ne l'ai pas trop serré pour ne pas lui faire mal et j'espère qu'il tiendra le temps que ...
-Comment avez-vous trouvé notre baiser ?
Je manque de m'étouffer sous le coup de l'étonnement.
Mes yeux s'ouvrent grands et la panique s'empare de moi.
-Quoi ?
Bon sang, non ! Je ne veux pas répondre à cette question. Je sais très bien pourquoi il me la pose, et je ne veux pas avoir à lui dire que ça a probablement été le meilleur moment de ma vie et la réalisation d'un des plus grands fantasmes de la gente féminine –soit un homme plus que désirable qui vous saute dessus dans un restaurant désert pour vous donner le plus magnifique moment d'égarement que vous n'ayez jamais eu.
Cependant, ma fierté –et ma gêne– me clouent le bec. Impossible de sortir un mot.
Un rictus amusé et fier s'étend sur son visage. Il laisse sa main dans la mienne même si je n'en ai plus aucune utilité. Mais j'apprécie la sensation de sa chaleur se diffusant à travers ma peau et malgré ma gêne, je ne peux me résoudre à l'enlever.
Adam se relève d'un coup, me dépassant maintenant d'une bonne tête. Son regard est rivé dans le mien, son visage à seulement quelques centimètres. Son parfum envoie valser des effluves à travers mes narines, m'hypnotisant au passage.
La perfection de son visage me frappe une fois de plus. Ses traits sont fins, sa mâchoire carrée et ses longs cils noircissent son regard en lui donnant un air de bad-boy irrésistible.
Cet homme irrésistible se tient en face de moi, sa main dans la mienne.
Je dois certainement rêver.
-Cette après-midi, dit-il en baissant le son de sa voix, dans ce restaurant désert. Dites-moi ce que vous en avez pensé, me défie-t-il d'un air malicieux.
L'intensité de ses prunelles me cloue sur place. Je n'ose pas ouvrir la bouche car je ne sais pas ce qui pourrait en sortir.
La panique s'empare de moi et mes pieds font demi-tour pour s'éloigner le plus de lui. Malheureusement –heureusement– pour moi, il me rattrape en deux enjambées en plaçant ses mains de part et d'autre de mes hanches.
-Non, non, non... Revenez ici, dit-il en me stoppant.
Il plaque son torse contre mon dos, ses mains toujours plaquées sur mes hanches. Il décale sa tête jusqu'au creux de mon oreille, où il me susurre d'une voix séductrice :
-On se dégonfle, Mademoiselle Miller ?
Je me retourne spontanément.
-Je ne me dégonfle pas, je réponds d'une voix mal assurée.
-Très bien, rétorque Adam en replaçant ses mains sur mes hanches, maintenant face à moi. Je vous ai dit que je n'étais plus avec Judy et que vous me plaisiez vraiment beaucoup, commence-t-il à énumérer, et il n'y a aucune raison d'avoir peur de me confier ce que vous en avez pensé, conclut-il en haussant les épaules.
Quelque chose dans son regard me réconforte. J'ai l'impression que oui, effectivement, je peux me confier à lui sans rien risquer.
Mais ma fierté refuse de se la boucler. Elle part du principe qu'on n'a jamais rien sans rien.
Je pose un doigt sur mon menton en signe de réflexion. Adam m'observe avec attention, profitant de notre proximité pour attraper une mèche folle et la remettre derrière mon oreille. Il semble aux anges, et je ne sais même pas pourquoi.
Pour ma part, je peine à tenir debout et à me concentrer. Je ne sais même pas comment j'arrive à sortir une phrase qui a du sens.
-D'accord, je conclus au bout de plusieurs secondes, à condition que vous parliez en premier.
Le sourire d'Adam s'épanouit. C'est comme s'il avait prévu ce que je lui répondrais.
-Soit, dit-il en hochant la tête en signe d'agrément.
Ses prunelles se durcissent d'un coup pour exprimer sa sincérité. Ses sourcils se froncent et ses lèvres s'entrouvrent légèrement sans raison. Il penche sa tête un peu plus vers moi et ses pupilles se dilatent. C'est comme s'il était en train de revivre le moment.
Mon cœur se met à battre la chamade.
-J'ai trouvé ça... parfait, susurre-t-il.
Mon cœur bat, bat, bat dans ma poitrine.
Son regard m'hypnotise et ses lèvres sont une invitation à la luxure. C'est comme si un fil transparent avait été tendu entre nous deux, un fil qui nous relie par la pensée et nous pousse à être toujours plus proches l'un de l'autre.
-Vos lèvres sont exquises et provoquent en moi des sensations que je n'espérais plus, continue Adam en venant poser son front contre le mien. A cause de vous, à chaque fois que je vous croise, je ne peux m'empêcher de vouloir irrémédiablement réitérer ce moment. Je vous désire. Je désire tout chez vous, et la pensée de mes mains sur votre corps m'enflamme...
Il descend ses mains en direction de la courbure de mes fesses et je le laisse faire. Il m'attire vers lui et j'ai l'impression que nous ne pourrions être plus proches l'un de l'autre. Mon souffle devient erratique et je sens les rebonds de son cœur puissant contre ma poitrine. Ses pupilles m'observent attentivement avec un désir non refoulé. Ses mains attrapent mes fesses et mon taux d'hormones monte en flèche.
Son souffle s'accélère et il se met à mordiller ses lèvres. Un sourire de satisfaction s'épanouit sur son visage. Puis, tout se passe très vite.
Son expression se durcit, comme s'il se concentrait, et sa main droite remonte derrière mon oreille. Ses prunelles me sondent et il attire mon visage vers le sien. Nos lèvres ne sont plus qu'à quelques centimètres l'une de l'autre.
-Si vous ne me désirez pas comme je vous désire, dit-il dans un souffle, dites-le moi et nous en resterons là.
La puissance de son regard, le désir qu'il éprouve... Tout chez lui me fait fondre.
Bien évidemment que je le désire. Certainement bien plus que lui d'ailleurs, mais je ne lui avouerais jamais. Pour l'instant ce qui compte c'est lui, et moi. Tous les deux prit au piège d'un espace temps que seul nous pouvons contrôler.
Je plaque mes mains contre son torse qui monte et s'abaisse plus vite qu'à la normale. Je sens son cœur battre plus vite dans sa poitrine, et l'ambiance se charge d'une électricité toute nouvelle entre nous. J'ai l'habitude de le désirer, mais à ce point, c'est inédit.
Toutes les particules de mon corps me poussent à être encore et toujours plus proche de lui. Ses yeux me sondent vraiment, comme s'ils arrivaient à voir à travers mon âme. Son souffle envoi des effluves de son haleine mentholée à travers mes narines à mesure que sa respiration s'accélère. Ses mains resserrent leur prise sur mon corps et il ne me faut qu'une seconde pour chavirer.
Nous plongeons tous les deux en même temps pour se donner le meilleur baiser qu'on n'ait jamais eu.
Ses lèvres se plaquent durement contre les miennes et en quelque secondes, nos langues se lient. Mon souffle devient erratique. Je fourrage mes mains dans ses cheveux comme pour me raccrocher à quelque chose. Mes jambes tremblent mais Adam me soutient plus que jamais personne ne l'avait fait.
Collés l'un contre l'autre, nous manquons de perdre l'équilibre. Mais ni lui ni moi nous préoccupons de ça. Adam me fait reculer jusqu'à ce que mon dos cogne contre le mur de derrière, et vient coller son torse contre ma poitrine. Ses mains s'agrippent à mes fesses, savourant leur forme sans gêne. Mes mains descendent à mon tour en direction de son torse, et de ses abdos. Dans un geste impulsif, je passe ma main sous son t-shirt et balade mes mains sur le dessin de ses muscles, lui soutirant un frissonnement de plaisir.
Il lâche un râle de plaisir avant d'attraper mes jambes et de les passer autour de ses hanches. En moins d'une seconde, il me porte jusqu'au canapé le plus proche. Il m'allonge sur le dos et se positionne au-dessus de moi sans pour autant peser de tout son poids. Son expertise m'impressionne : il a l'air d'avoir fait ça des centaines de fois... Je sors rapidement cette pensée de mon esprit.
Adam décolle une seconde sa bouche de la mienne pour me contempler, contempler mon corps, contempler mes formes...
-Bon sang, ce que tu es belle...
Ses yeux sont enflammés. Il a l'air de ne plus trop savoir où il habite. Une chose est sûre : à cet instant, son regard brûle d'un désir puissant que je n'aurais jamais soupçonné. Il reprend ses baisers et mon sang est en ébullition. Ses doigts me procurent la sensation de milliers de papillons venant se poser sur ma peau. Il est doux, attentionné, calme et précis dans ses gestes.
Je tire sur son t-shirt, et en moins de deux secondes il se retrouve torse nu. J'observe pendant un instant la musculature parfaite de son corps d'athlète, en extase. Il perçoit mon regard et semble plus excité que jamais. Très vite, ses lèvres rejoignent les miennes et une sensation de chaleur m'envahit.
-Enlève.... enlève-moi... ma robe, dis-je entre deux baisers, le souffle erratique.
Le regard d'Adam s'anime instantanément. Il fixe ma poitrine qui déborde de ma robe déjà à moitié relevée. Et pour la première fois de ma vie, je perçois dans son regard un sentiment qu'il ne me semblait jamais avoir perçu auparavant.
Une joie pure et inconditionnelle.
-Si tu savais le nombre de fois que j'ai rêvé de te l'entendre dire.
N'oubliez pas de voter ! :D
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ENFIN j'ai envie de dire ! ^^ Au final, Lena avait prévu d'emmener Adam dans un endroit où il pourrait expulser toutes ses émotions après sa bagarra avec le copain de sa sœur, mais finalement ils ont trouvé une manière un peu moins ... HUM.... un peu moins usuelle de se dépenser ^^
Dites-moi ce que vous en avez pensé ! ^^
J'accepte toutes les critiques constructives et tous vos avis en commentaire ! :D
Si vous avez des questions, ou juste pour me dire ce que vous avez aimé/pas aimé, ou si vous attendez la suite, c'est dans les commentaires ! ;)
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18/12/2018
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