Chapitre 20 : Changement de tactique



Je guide Marcus jusqu'au bar où je commande deux nouvelles boissons.
Je laisse pendant quelques instants mes yeux divaguer aux alentours. La soirée bat son plein et la fille de mon patron ne devrait plus trop tarder à arriver.

La plupart des invités sont sur le qui-vive, prêts à courir se mettre en place à tout moment. La grande majorité d'entre eux sont des amis de fac avec qui elle a étudié pendant sa scolarité. Les autres sont des contacts de son père, des amis de la famille, des oncles et des tantes qui sont tous réunis aujourd'hui pour fêter son succès.

Je profite du moment, assise tranquillement avec Marcus, à discuter de tout et de rien avec lui. Il est ce genre de personne avec laquelle on peut discuter pendant des heures et tout et de rien, et c'est vraiment agréable. Je l'écoute, je ris, je lui donne mon point de vue et je passe un excellent moment.

Même s'il reste le même Marcus Johnson que celui que j'ai connu au collège, je ne peux m'empêcher de penser qu'il est un homme différent. Plus posé, plus réfléchi, peut-être même plus séduisant.
Il ne cesse jamais de rire et à chaque fois, mon cœur se remplit d'une joie incommensurable.

La vie est simple avec Marcus Johnson.

A cet instant, et alors que Marcus détourne le regard pendant deux secondes pour demander deux verres de champagnes supplémentaire, mon visage est attiré vers la foule qui s'est amassée un peu plus loin, au fond de la salle.

Un instant, mon cœur se met à battre à tout rompre ; j'espère que je n'ai pas loupé l'arrivée de Julia. Mais la réalité est tout autre.

Adam fait son entrée, en compagnie d'une déesse brune. Je tente de détourner rapidement le regard, mais ma curiosité prend le dessus.

Le teint halé, les yeux verts, le nez fin et les lèvres pulpeuses. La femme à son bras a tout des beautés italiennes qui font tant fantasmer les hommes. Elle n'est pas très grande, mais porte des talons si hauts qu'elle rattraperait presque son cavalier qui dépasse le mètre quatre-vingt.

Elle porte une longue robe beige en mousseline avec pour particularité d'être fendue sur tout le long de la cuisse, dévoilant ses jambes superbes et ses courbes voluptueuses. Ses boucles brunes tombent en cascade le long de son dos, comme si sa coiffure avait été laissée entre les mains de coiffeurs experts avant la soirée.

Elle est parfaite, jusqu'au bout de ses ongles vernis avec soin. Chaque geste, chaque mouvement de sa part ne la rend que plus belle. Je suis persuadée que si, à mon tour, je venais à pincer mes lèvres pour les faire devenir plus pulpeuses, je passerais pour une idiote finie.

Et je ne peux m'empêcher une fois de plus de jalouser l'une des conquêtes de mon cher et tendre Adam Marciello.

Cette femme est canon.
Vraiment.

Et la proximité qu'elle entretient avec Adam me procure un pincement au cœur. Certes, Judy était également proche de lui ; mais quelque chose me dit qu'entre eux deux, c'est plus que physique. Lorsque leurs regards se croisent, ils ne peuvent s'empêcher de se sourire, les yeux brillants de malice.

Se pourrait-il que ce soit ça, le véritable amour ?

Marcus retourne son attention sur moi pile au moment où Adam relève le visage, comme interpellé par mon regard. Je détourne rapidement les eux ; je ne souhaite pas qu'il comprenne que je l'espionne.

Marcus reprend sa tirade et pour une fois, je suis contente qu'il ne soit pas un homme observateur –faute de quoi il aurait compris que quelque chose n'allait pas et aurait certainement demandé de mes nouvelles. Je hoche la tête à mesure que les mots sortent de sa bouche, tentant en vain de remettre en ordre mes pensées.

Quoi de plus difficile lorsque le vacarme ambiant est dirigé vers une seule et unique personne, la seule que je souhaite éviter de toute l'assistance. 

De plus et c'est le plus perturbant, je sens son regard sur mon visage. Même de loin. Même de là-bas, au fond de la salle. Même sachant qu'il est accompagné d'une personne qui est probablement la femme la plus belle de la planète.

Je serre la mâchoire instinctivement. Ne va-t-il jamais me laisser tranquille ?

« Je ne veux que vous. »

Ses paroles me reviennent en tête, comme une piqure de rappel de quelque chose que je sais pertinemment être faux.

Marcus s'esclaffe –certainement à cause de quelque chose qu'il vient de dire, mais je ne peux pas en être sûre. Je décide de faire comme s'il était l'unique personne qui m'intéressait dans cette pièce, et me joins à lui dans son hilarité.

Mon ami assit en face de moi –qui ne semble pas se rendre compte que je ne lui porte aucune attention– continue son récit avec plus d'énergie.
Vraiment, Marcus, j'aimerais savoir de quoi tu parles.

Malheureusement pour moi, je commets la seule erreur que je n'aurais pas du faire ; je croise le regard d'Adam. Celui-ci me fixe avec ardeur. Il semblait presque m'appeler par la pensée, et un sourire dépeint maintenant ses traits.

Je lui lance un regard mauvais, lui exprimant ainsi le fond de ma pensée.
Et étonnamment, la situation le fait sourire.

Il lance un regard appuyé vers la sublime femme sur sa droite, autour de laquelle il a passé un bras possessif. Il relève ensuite la tête et lance un regard de dégoût en direction de Marcus, assit juste en face de moi.

Il semble clairement être en train de comparer nos deux cavaliers.
Et pour lui, le choix est déjà fait.

Je rougis de colère et détourne le regard.

En réalité, entre colère et tristesse, mes émotions se mêlent.
Je ne comprends pas pourquoi il s'acharne autant sur moi. J'ai un tout petit cœur qui déjà a été détruit pas plus d'un et qui aujourd'hui est plus fragile que jamais. Pourquoi se décider à m'attaquer, à moi ?

Sur le terrain professionnel, je peux le comprendre.
Mais sur le terrain personnel ?

Au loin, deux visages familiers font leur apparition. Une bouffée de soulagement s'empare de moi et un besoin oppressant me pousse à avoir leur présence auprès de moi.

-... et à cet instant ....

- Viens, je dis à Marcus en le coupant d'un signe de la main. Il faut que je t'emmène voir Ivanna et Juliette.

Je me relève et lui tend une main en espérant qu'il ne m'en veuille pas de l'avoir coupé. Il jette un coup d'œil vers ma main et la prend sans rechigner, entrelaçant ses doigts dans les miens d'une manière assez inattendue.

Je ne le contre pas, de peur de le froisser. Son sourire est immense, et il me suit sans rien dire alors que nous parcourons la salle jusqu'à Juliette qui est désormais seule devant le buffet.

-Où est passée Ivanna ? je lui demande en arrivant devant elle.

Je fronce les sourcils et jette un coup d'œil aux alentours avant de rapidement la repérer. Elle vient de rejoindre Peter près du bar, et tous deux semblent en grande discussion.

Juliette porte une paire d'escarpins vernis et une robe courte noire, assez simple mais qui reflète bien son style. Ses cheveux ondulent, attachés par une queue-de-cheval haute qui dégage son visage fin et anguleux. Elle ne s'est pas maquillée ; elle n'en a pas besoin.

Elle jette un coup d'œil peu amène à Ivanna et Peter. Ses lèvres se pincent en un rictus de mécontentement.

-Je ne l'aime pas, celui-là, me dit-elle en se penchant vers mon oreille pour éviter qu'on ne l'entende. Il y a quelque chose chez lui qui me parait louche...

Je regarde l'homme aux allures de nounours avec plus de précision, mais je ne peux me faire à l'idée qu'il est quelqu'un de mauvais. De plus, c'est lui qui m'a défendue un peu plus tôt, lors de ma discussion avec Adam.

Un raclement de gorge me sort de mes pensées ; derrière moi, Marcus hésite à avancer, les deux mains dans les poches. Ses yeux oscillent entre mon visage, et celui de Juliette, qu'il n'a pas vue depuis maintenant plusieurs années.

Juliette se rend également compte de sa présence, et semble se muer en statue. Elle le fixe, les yeux écarquillés, elle qui me reproche souvent que regarder les gens avec insistance est impoli.

-Salut, Juliette.

Marcus la regarde en souriant, avant de s'avancer de deux pas et d'ouvrir ses bras pour la prendre en accolade. Juliette semble tétanisée, et elle ouvre machinalement les bras sans trop savoir ce qu'elle fait.

Il la prend rapidement dans ses bras en signe de salutation, et la laisse reprendre ses esprits, mais la tâche semble compliquée. Gênée de la voir dans un tel état de traumatisme –et je ne sais même pas pourquoi elle agit de la sorte – je m'interpose entre eux deux et décide de leur trouver un sujet de conversation.

-Euh... Marcus ? Tu savais que Juliette savait peindre, elle aussi ?

Voilà un sujet de discussion qui devrait tous les deux les ravir.
Juliette a un talent immense, mais elle ne l'exploite pas. Elle préfère peindre pour elle-même, et parfois même ne pas nous montrer ses œuvres par pudeur. Elle est si timide et a si peu confiance en elle...

Marcus se met à sourire à pleines dents. Il passe une main dans ses cheveux alors que son visage s'illumine.

-Vraiment ? lui demande-t-il en s'approchant instinctivement d'elle. Ça alors ! Quel style de peinture?

-Euh... je... hum, dit Juliette en secouant sa tête pour remettre ses idées en place.

Elle inspire un grand coup, passe une mèche de ses cheveux derrière son oreille et sourit légèrement, à mesure qu'elle s'efforce de détendre ses traits.

-Un peu de tout, commence-t-elle en mimant un vague geste de la main. J'aime beaucoup les dessins de paysages réalistes, mais je trouve également que l'impressionnisme est un des plus grands courants de tous les temps.

-C'est vrai ?! s'exclame Marcus avec entrain. Je pensais être le seul à le penser ! ajoute-t-il en s'esclaffant.

Et les voilà tous les deux partis dans une discussion passionnante sur les différents courants des deux derniers siècles. Marcus a les yeux qui pétillent ; ça se voit que c'est ce qu'il aime faire. Quant à Juliette... Et bien, elle a dû avoir du mal à réaliser que Marcus Johnson, le Marcus Johnson se notre enfance, se tenait juste là, devant elle.

Nous en parlions souvent au lycée ; il était le plus beau, et je craquais pour lui. C'était mon sujet de discussion favori, au point que le souvenir de ce que j'ai pu dire sur lui me fait aujourd'hui rougir. Il aurait certainement pu, à cette époque, porter plainte pour harcèlement moral s'il avait su toutes les heures que je passais à parler de lui...

Je regarde mes deux amis avec joie ; je suis heureuse de les voir tous les deux si enthousiastes, et mes épaules se détendent instinctivement.

Je les laisse discuter et en profite pour m'éclipser quelques instants aux toilettes. Le problème quand on boit, c'est que l'organisme doit se débrouiller d'une manière ou d'une autre pour évacuer. Et là, c'est un problème assez urgent.

Je me dirige vers les sanitaires en essayant tant bien que mal de ne pas me tordre en deux devant les invités qui penseront que j'ai perdu la boule.

Je traverse la foule et me dirige en direction du couloir que je perçois à l'autre côté de la pièce. Je soupire de soulagement, heureuse que la délivrance soit proche.

-Mademoiselle Miller ?

Je me stoppe et me retourne automatiquement, persuadé que cet homme a établit un plan dont le but premier est de gâcher ma vie.

-QUOI ? je demande d'un ton agressif.

Je flanque mes deux poings contre les hanches, furieuse. Une soudaine envie irrépressible de le pousser monte en moi. Un peu de violence ne lui ferait pas de mal, pas vrai ?

D'un autre côté, j'astreins mes muscles à se contracter dans l'espoir de ne pas me faire dessus en plein milieu de la salle. J'évite tout geste trop brusque et fait tout pour minimiser mes mouvements.

Son regard s'emplit de malice et il sourit légèrement. Il s'approche de moi mais veille –pour une fois– à conserver entre nous une distance raisonnable.

-Vous passez une agréable soirée ? demande-t-il nonchalamment.

Parfait moment pour poser cette question.

Je lève les yeux au ciel et continue mon chemin en l'ignorant. Je n'ai jamais vu un homme avec si peu de jugeote ! N'importe qui comprendrait que j'envoie le signal « LAISSEZ-MOI TRANQUILLE » qui signifie, comme son nom l'indique, qu'on doit me fiche la paix !

J'atteins enfin le couloir du fond où le débit sonore est moindre ; quel bonheur de ne plus avoir les oreilles qui sifflent à cause du bruit ambiant. Ma tête bourdonne et mes tempes me font mal. Sans parler de ma vessie qui menace d'exploser à tout moment.

J'aimerais courir mais j'ai peur que ma vessie ne lâche en même temps.

-Vous cherchez à me fuir ? me demande une voix venue de derrière.

Je soupire d'exaspération. BON SANG. Cet homme est une vraie sangsue. Je me retourne en lui lançant un regard dédaigneux.

« Non, je ne cherche pas à vous fuir ; je cherche juste à faire pipi ! » j'aimerais lui dire, mais je me ravise en pensant au ridicule de la situation. Ne me laissera-t-il jamais tranquille ? Son comportement est proche de celui d'un psychopathe, ou d'un tueur en série. Je sais que je devrais m'inquiéter, mais étrangement ce n'est pas du tout le cas.

Il ne doit juste pas comprendre le message que j'essaie de lui faire passer. Celui où il me laisse faire mes petites affaires tranquilles avant qu'on reprenne la soirée comme si de rien n'était.
Je vais aux toilettes, bon sang ; pas dans un club libertin !

J'espère qu'en adoptant un comportement agressif, il comprenne que ce n'est pas le bon moment pour venir me chercher des embrouilles.
Car, rappelons-le, ceci est son passe-temps favori.

-Mademoiselle Miller ? insiste-t-il alors que mes yeux distinguent enfin la porte des toilettes au loin. Lena, est-ce que tout va bien ?

J'entends ses pas se presser et se rapprocher de moi à vive allure. J'ai à peine le temps de comprendre ce qu'il se passe qu'il m'attrape par le bras, m'obligeant à me retourner pour lui faire face.

BON SANG ! MA VESSIE !

Il me semble sentir deux gouttes s'échapper.
Et merde...

-Oui, tout va bien ! je m'exclame avec empressement. Maintenant, laissez-moi tranquille ! j'ajoute avec plus de fermeté.

J'agite mon bras vigoureusement jusqu'à ce qu'il se décide enfin à le lâcher, et continue mon chemin jusqu'à la délivrance. J'espère qu'il va se décider à faire demi-tour parce que je me sentirais bien mal de devoir entrer aux toilettes tout en sachant qu'il m'observe.

Cet homme est incroyable. Une fois il m'ignore comme pas permis, et l'autre il se décide de me harceler jusqu'à épuisement !

-Lena ! s'exclame-t-il d'un ton colérique.

Je me retourne d'un coup, furieuse. Là, c'en est trop.
De un il ne veut pas arrêter de me suivre, et de deux il se permet de me parler sur ce ton ?! Alors là mon coco, si tu crois que je vais te laisser faire sans rien dire, c'est mal me connaître.

Je fais demi-tour et avance vers lui, jusqu'à ce que je sois suffisamment proche pour le fusiller du regard.

Il a un bref mouvement de recul, comme étonné par la puissance de mes pupilles. Mais la colère dans ses prunelles ne s'estompe pas.

-Quoi, encore ? Pourquoi ne pouvez-vous pas simplement faire ce que je vous demande et me laisser TRANQUILLE ?!

Ses traits se ferment, lèvres pincées et front plissé. Malgré cela, il semble partagé entre l'envie de rester sur ses positions ou de laisser l'étonnement prendre le dessus. Il n'arrive pas à comprendre pour quelle raison je suis si à cran.

Que voulez-vous : les hommes n'y comprennent jamais rien aux choses de la vie.

Il soupire longuement et passe une main sur son visage. Lorsqu'il reprend la parole, ses traits sont quelque peu détendus, et sa voix s'est adoucie.

-Pourquoi me fuyez-vous ?

Ses mains se referment en deux poings qu'il tente tant bien que mal de cacher derrière son dos.
Je lève les yeux au ciel, résignée.

-Je ne vous fuis pas ! je m'exclame, exaspérée au plus haut point. Ma vessie est sur le point d'exploser, et ce serait assez contrariant que tout le public en profite !

Je ne lui laisse pas le temps de réagir, et pars me cacher dans les toilettes au bout du couloir. Je ferme la porte derrière moi et plaque mon dos contre le mur.

Le cœur à mille à l'heure, je ne réalise pas la présence d'un homme aux urinoirs -homme dont ma présence semble perturber la vidange.
Deux coups sont frappés à la porte, et Adam force l'entrée.

-Je pense que vous vous êtes trompée de toilettes, Mademoiselle Miller. A moins qu'il y ait quelque chose que vous m'ayez caché..., ajoute-t-il d'un regard moqueur.

Je ne le laisse pas finir sa phrase et sort en trombe des toilettes des hommes. J'étais tellement pressée de le fuir que je n'ai même pas fait attention à ce détail qui est, soit dit en passant, assez important.

Je contourne Adam sans oser le regarder dans les yeux, et pénètre dans les toilettes des femmes, comme si c'était une échappatoire.

Une fois sûre que je suis enfin en sécurité, je m'autorise à respirer normalement. Je plaque mes deux mains sur mon visage, rouge de honte.
Même si je me suis dépêchée de partir, je n'ai pas loupé une miette du sourire moqueur qui a dépeint ses traits pendant un quart de secondes. Voilà maintenant qu'en plus de passer pour une parfaite idiote, je me décrédibilise et réduit à néant le petit jeu de séduction qu'il y avait entre nous.

Une fois ma vessie vide et mon esprit clair, je me dirige vers les lavabos et me lave les mains devant l'image de la jeune femme ratée que je reflète. Je remets en place mes cheveux ébouriffés, et imbibe un morceau d'essuie-main dans l'espoir de retirer les traces de mascara qui ont commencées à couler.

J'inspire un grand coup, la main sur poignée de la porte. Tout va bien se passer. Une fois là-bas, tu n'auras qu'à l'ignorer et faire comme si de rien n'était.

Un coup d'œil à droite, puis à gauche, m'indique que je suis seule dans le couloir. Je triture les plis de ma robe à mesure que l'appréhension me gagne.

S'il a un tant soit peu de galanterie, il ne rappellera pas ce fâcheux incident. Peut-être même ne m'adressera-t-il plus la parole, de peur de voir sa réputation gâchée.
Cette situation me rappelle vaguement la première soirée organisée par Monsieur Davis, celle où une dame avait renversé son verre de champagne sur ma robe et qu'Adam avait insisté pour m'offrir son aide.

Je ne comprenais pas son comportement, et aujourd'hui –une fois de plus – la situation se répète.

Je serre les dents en sortant, tentant de ravaler la peur panique qui me gagne. Et pendant que je redescends le couloir, des dizaines de questions se mettent à embrumer mon esprit.
Et s'il en avait parlé ? Et si, lorsque j'arrivais, tout le monde se moquait de moi ? Et si Monsieur Davis était présent ? Et si...

-M'en voulez-vous pour une raison particulière ?

-Ahhhh ! je m'exclame en sursautant de toutes mes forces.

Je plaque instinctivement mes mains sur ma bouche en espérant que mon cri ne s'est pas fait entendre. Un coup d'œil discret en direction de la fête m'indique clairement que la musique a –heureusement– couvert le bruit de ma stupidité.

Je me retourne pour découvrir l'identité de mon agresseur –si on peut qualifier ça s'agression. Mon cœur bat à tout rompre, et menace de s'arrêter à tout moment.

Adam se mord les lèvres, retenant un fou rire, caché dans un coin sombre du couloir.
Ses yeux pétillent de malice et l'amusement profond dépeint ses traits.

Bien évidemment, j'aurais dû me douter qu'il m'attendrait à la sortie. Je me retiens de lui faire remarquer sa conduite peu galante. Attendre une femme à la sortie des toilettes, on a vu mieux dans le style gentlemen.

Mes mains retombent le long de mes flancs alors que je décide –une fois de plus– de l'ignorer, et de continuer mon chemin sans lui porter attention.

-Parlez-moi, Lena ! s'exclame-t-il, l'amusement retentissant dans sa voix.

Je me retiens de me retourner pour le sermonner.
Cet homme a décidément tout faux. Me suivre, m'espionner, se moquer de moi... Sait-il seulement comment se comporter avec les femmes ?

Je ne désire pas du tout continuer de parler avec lui. Si c'est pour me discréditer, non merci !

-Vous parler ? je répète d'un ton colérique, sans même prendre la peine de m'arrêter ou de me retourner. Pour vous dire quoi, exactement ?

Je perçois enfin le bout du couloir et les invités. Personne ne semble remarquer ce qui se trame par ici, et ... oh !

Adam m'attrape par le bras et m'oblige à revenir sur mes pas, jusqu'à un coin du couloir à l'abri des regards où il décide de me bloquer le passage. Je suis maintenant prisonnière.

Scène qui me rappelle une fois de plus la soirée de Monsieur Davis.
La même soirée où Adam m'avait bloqué le passage pour me retenir de parler à notre directeur.

-Très bien, dit-il en lâchant un soupire. Si vous ne parlez pas, c'est moi qui vais le faire.

Je tente de feinter à gauche, à droite, puis abandonne lorsque je réalise que mes efforts sont vains ; il prédit tous mes mouvements avant même que je les aient effectués.

Finalement je croise les bras, à la fois résignée et impatiente que toute cette situation prenne fin.

-J'ai décidé de changer de tactique avec vous, lâche-t-il, fier de lui.

Il arbore un sourire rayonnant, comme s'il avait réfléchit pendant des heures avant de se décider à me sortir cette phrase.
Pour ma part, je ne vois pas du tout où il veut en venir.

-Pardon ? je demande, interloquée.

Adam a le don de me faire perdre le fil des discussions. Rien n'a de sens avec lui.

-Vous m'avez très bien entendu, dit-il d'un ton ferme. A partir d'aujourd'hui, et ce jusqu'à la fin de votre vie, je serais le seul homme auquel vous penserez.

Je l'observe une seconde de plus, juste pour m'assurer qu'il ne plaisante pas. Mais ses yeux sont d'une sincérité à toute épreuve, et il semble étrangement peser chacun de ses mots.
Je ne peux m'empêcher de pouffer.

-C'est ça..., je lui dis en regardant autre part, portant très peu d'attention à toutes ses sottises.

Si j'ai bien compris, c'est un de ses nouveaux plans idiots pour me voler la place de directrice. Mais... non, non, non, Monsieur Marciello ! Je ne me laisserais pas avoir.

Pas cette fois-ci !

Adam attrape mon menton entre son pouce et son index, poussant délicatement mon visage jusqu'à ce qu'il soit tourné vers le sien.

-Je suis très sérieux, assène-t-il sans une once d'humour. Vous devenez officiellement ma priorité numéro un ! s'exclame-t-il en hochant plusieurs fois la tête. Alors, continue-t-il en retrouvant sa malice, ne vous étonnez pas si je deviens un peu insistant...

Il me lance un clin d'œil charmeur et mon cœur accélère.
Non, Lena ! Ne te laisse pas avoir !

S'il veut devenir insistant, il va devoir s'accrocher parce que je ne compte pas céder si facilement.

-Plus que vous ne l'êtes déjà ? je demande sans cacher mon sarcasme.

Il hausse un sourcil, étonné. Il se mordille les lèvres, comme pour retenir un rire.

-Touché, admet-il d'une voix suave. Mais cette fois-ci, ajoute-t-il en me mitraillant d'un regard séducteur, c'est vous qui en demanderez plus.

Une fois de plus, je lève les yeux au ciel. Il paraît si sûr de lui, si déterminé, si persuadé qu'il arrivera à me faire céder... Ça me ferait presque de la peine.

Presque.

-Mais bien-sûr, je dis en levant les yeux au ciel. Et que deviendra la femme avec laquelle qui vous tenait compagnie ce soir ?

Malgré toute la volonté dont je fais preuve, je ne peux empêcher mon ton de devenir accusateur, et mon rythme cardiaque augmente anormalement. L'appréhension de sa réponse me rend étrangement nerveuse, et je ne sais même pas pourquoi.

Il hausse un sourcil, étonné. La seconde d'après, son visage s'illumine et se tord d'un sourire absolument craquant.

-Alessandra ? demande-t-il sans plus cacher sa joie. Mademoiselle Miller, seriez-vous jalouse ?

Je regarde ailleurs, décontenancée par sa question. Je fronce mes sourcils et le regarde de haut en essayant de me donner un air dédaigneuse, mais je suis persuadée que ça ne fonctionne pas.

-Désolée, Monsieur Marciello, mais je ne pense pas que ce soit le cas. Vous n'êtes pas si important à mes yeux.

Deux mensonges d'affilés. Avec un peu de chance, il n'abusera pas de son super pouvoir sur moi. Vous savez, celui où il devine tout le temps quand je mens.

Son regard est perçant, sexy, charmeur, et ses yeux couleur chocolat sont envoutants.
Il faut que je me ressaisisse !

Il pince les lèvres, pas dupe pour un sou. Il part d'un rire exquis qui provoque des frissons dans toute mon échine. Heureusement pour moi, il ne fait pas ça tous les jours.

-J'y travaille, Mademoiselle Miller... susurre-t-il en appuyant bien sur mon nom. J'y travaille.

Comment ça il y travaille ?
C'est à ne plus rien y comprendre ! A la base, je posais les questions et je contrôlais la situation.

Autant vous dire qu'il a su renverser la situation en sa faveur. Je suis sur le point de le réprimander lorsqu'il me coupe d'un air extrêmement concentré.

-Donc, continue-t-il en posant son index sur son menton, si j'ai bien compris, ma relation avec Alessandra vous dérange. C'est ce qui vous empêche de sortir avec moi, ajoute-t-il en plongeant ses yeux dans les miens.

Où suis-je ? Bon sang ce qu'il est beau.

Il passe une main dans sa nuque, obligeant sa chemise à se coller contre son torse, dévoilant sa musculature herculéenne.

-Je ... hum...je bredouille, hypnotisée par sa carrure impressionnante.

Lena, reprends-toi.
Comme à son attitude, il hausse un sourcil inquiet en me détaillant de haut en bas.

-Je vous l'ai déjà dis, je me dépêche de répondre, peu encline à ce qu'il me prenne pour une aliénée une fois de plus. C'est peut-être un détail pour un homme comme vous, mais c'est la seule chose qui importe pour moi.

Il hoche la tête, compréhensif.
Ce serait bien la première fois que Monsieur serait d'accord avec moi.

-Parfait, annonce-t-il en hochant la tête une fois de plus.

Mais ses lèvres se détendent en un sourire qu'il tente tant bien que mal de dissimuler.
Dans mon cerveau, la sonnette d'alarme est tirée.

Ça, ce sourire... Ce n'est pas bon signe. Vraiment pas du tout.
Et pourtant, si nous sommes tous les deux d'accord sur le fait que nous ne pouvons pas être ensemble, pourquoi semble-t-il si satisfait de lui-même ?

-Vraiment ? je demande, sur mes gardes.

Je cligne plusieurs fois des yeux, incrédule. Il doit y avoir autre chose... Rien n'est si facile avec Adam Marciello.

-Oui, assène-t-il avec une sincérité sans faille. Dans ce cas, je vais vous la présenter.


N'oubliez pas de voter ! :D

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Désolée pour le retard... Je suis partie une semaine en vacances, et quand je suis rentrée j'ai eu pleins de trucs à faire :s

Pour être tout à fait honnête, j'ai aussi eu une petite période de manque d'inspiration et je ne voulais pas "écrire pour écrire", c'est à dire vous pondre des chapitres sans fond et qui n'ont pas de sens.

Bref, je fais de mon mieux et j'espère que ça vous plaira :)

PS : On l'a gagnée cette coupe du monde !!!!! XD

J'accepte toutes les critiques constructives et tous vos avis en commentaire ! :D

Si vous avez des questions, ou juste pour me dire ce que vous avez aimé/pas aimé, ou si vous attendez la suite, c'est dans les commentaires ! ;)

N'oubliez pas de vous abonner si vous voulez encore plus d'histoires, bisous !! ♥☺
16/07/2018

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