Chapitre 17 : Juste une histoire de désir
-Lena, tu m'entends ?
La voix d'Ivanna résonne dans mon salon. J'ai mis le volume du haut-parleur à son maximum et me préparer en même temps.
Je suis déjà très en retard. Mon amie a prit la géniale habitude de m'appeler pile au moment où je suis le plus occupée.
-Hein ?... Oui ! je m'exclame depuis la cuisine en espérant qu'elle entende le son ma voix.
J'attrape une bouteille d'eau et file dans le salon où mon téléphone jonche sur un coin de ma table basse. J'attrape une paire d'escarpins qui traîne sous ma table basse et les enfile, sans faire attention qu'elles aillent ou non avec ma tenue.
-Lena, enlève ce fichu haut-parleur et écoute-moi deux secondes.
Je manque de tomber à deux reprises et je dois me tenir au canapé pour boucler la bride de ma chaussure. Je me rapproche du téléphone en attrapant mon sac à main. Il doit y avoir mes clés de voiture quelque part par là ...
-C'est bon, je t'écoute ! je m'exclame en vidant l'intégralité du contenu de mon sac à main sur mon canapé.
A quelle époque ai-je décrété que mon sac à main serait un fourre-tout plutôt qu'un espace de rangement de choses importantes ? Il devrait contenir mes clés, mon portefeuille, mon portable et ... c'est tout !
Au lieu de ça, je me retrouve avec une quantité impressionnante de tickets de caisse roulés en boule, d'échantillons de parfums, de baumes à lèvres –que je n'utilise d'ailleurs jamais–, d'une dizaine d'élastiques –que je passe ma vie à chercher– et de trois stylos Bic. Mais aucune trace de mes clés de voiture.
-Peter m'a invitée.
Pour le coup, je me stoppe net dans mon mouvement. J'attrape mon téléphone et coupe le haut parleur, le calant dans un creux entre mon oreille et ma nuque.
-Quoi ?!
Peter ? Le Peter d'Adam ? Son meilleur ami ?
Celui qui avait raccompagné Ivanna et Juliette lors que leur soirée bien trop éméchée ?
J'ouvre mon placard et farfouille dans les poches de tous mes manteaux, toujours à la recherche de ces satanés clés.
-Peter m'a invitée, répète-t-elle en soufflant volontairement.
-Merci, j'avais compris la première fois ! Je ... je ne savais pas que vous étiez restés en contact.
Je prends un temps d'arrêt et pose mes mains contre mes hanches. Je parcours rapidement la pièce des yeux.
Je ne prends pas souvent ma propre voiture –dans une ville si bien desservie par les transports, je n'en ai jamais vu l'utilité. Mais étant donné que je dois me rendre à vingt cinq kilomètres d'ici pour rencontrer le chef cuisinier de l'événement –et que je suis déjà en retard– mon petit cabriolet risque de me rendre un grand service.
-Ce n'est pas le cas ! s'exclame Ivanna dans le combiné, à la fois anxieuse et excitée. On avait un peu discuté le soir où il nous avait ramenées avec Juliette, et je lui avais laissé mon numéro parce que je l'avais trouvé gentil et plutôt mignon...
Un coup d'œil à ma gauche me fait tiquer.
Je bondis sur le pot à l'entrée de mon appartement dans lequel se trouvent mes clés de voiture, dissimulées sous un paquet de chewing-gum.
Ivanna laisse planer un silence étrange. Je ne peux m'empêcher de sourire : je peux déjà deviner qu'elle craque pour lui. C'est ce petit quelque chose dans l'intonation de sa voix et dans l'excitation qui résonne lorsqu'elle parle de lui.
-Bref. Depuis, plus rien. Et il m'a appelé il y a tout juste deux minutes parce qu'il aurait apparemment reçu plusieurs invitation pour un grand événement qui aura lieu demain ! Et il voudrait que je l'accompagne.
J'enfile mon manteau dans une prouesse de rapidité, manquant de faire tomber deux fois le téléphone. La première fois de maladresse, et la seconde d'étonnement.
Un évènement ? Demain ?
-Quel genre d'évènement ? je demande, maintenant soupçonneuse.
-L'anniversaire de je la fille de je-ne-sais-qui ... dit-elle apparament sans trop porter d'importance aux détails. Il est connu apparemment. PDG d'une entreprise, il me semble. Ça te dit quelque chose ?
Bon sang.
-Oui... C'est mon patron.
-Quoi ? demande-t-elle, abasourdie.
J'aurais dû me douter qu'Adam Marciello ne pourrait s'empêcher d'intervenir dans ma vie –ou celle de mes proches– une fois de plus !
-C'est Adam qui s'occupe des invitations. Ça ne m'étonne pas qu'il ait invité son meilleur ami, je réponds en tentant de cacher mon énervement.
Ivanna, au contraire, est aux anges.
-Ouf ! Ça me soulage, dit-elle en lâchant un soupir. Ça veut dire que je ne serais pas seule là-bas !
Mais il y a un hic.
J'aurais adoré passé la soirée avec elle, mais je sais que je risque d'être très occupée. Si jamais un problème survient, je serais la première à qui on devra s'adresser. De plus, me connaissant, je serais stressée jusqu'à ce que je sois certaine que la soirée soit terminée sans aucune anicroche.
-Je risque d'être très prise. A vrai dire, je m'occupe de l'organisation de la fête avec ... Adam.
Un long silence s'installe. C'est vrai que je ne lui ai pas beaucoup parlé de lui, alors même que j'ai l'impression que ma vie tourne autour de ce seul et unique homme.
Tout ce qu'elle sait, c'est qu'il sort avec Judy Manson et que je le déteste vraiment.
Deux indices qui, évidemment, lui mettent la puce à l'oreille.
-Lena ... ?
Tout est dans l'intonation de sa voix. Je sais exactement ce qu'elle va me dire. Je sais exactement ce qu'elle va me demander. Après tout c'est ma meilleure amie et elle me connait mieux que personne.
Elle sait comment je suis, et elle connait ma tendance à craquer pour les mauvaises personnes.
« Lena ... ? Tu sais que ce n'est pas un mec pour toi, pas vrai ? »
C'est mot pour mot ce qu'elle aurait dit si je l'avais laissé continuer.
-Arrête.
Elle soupire dans le combiné, mais elle ne dit rien pour me contredire.
-Très bien. Au moins j'aurais essayé de te prévenir !
***
**
-Des huîtres ? Et puis quoi encore ?! C'est un anniversaire, pas un repas chez la reine d'Angleterre.
Adam pince les lèvres et me lance un regard sévère.
Il n'apprécie pas tellement que je le tourne en dérision.
D'ailleurs, je ne pense pas qu'il apprécie que qui que ce soit ne le contrarie.
Tous les deux côte à côte face au Chef Kaï -l'un des cuisiniers de la liste que Monsieur Davis m'a donné- nous tentons tant bien que mal de nous mettre d'accord sur le menu qui sera servit aux invités.
Si ça ne tenait qu'à moi, je demanderais que des hamburgers et des verres de coca soient servis. Malheureusement, ce n'est pas le genre de la maison.
J'ai passé ma matinée à écumer les meilleurs producteurs de vin pour essayer de dénicher la perle rare. Malgré mon pauvre savoir en la matière, je ne peux m'empêcher d'être fière de moi. J'ai fais un bon travail et jusque-là, tout ce que j'avais à faire s'est déroulé sans problèmes.
Heureusement que j'ai avec moi une équipe de choc qui s'y connait bien mieux que moi dans le domaine.
Ils sont trois : Paul, Athéna et Yann.
Paul connait tous les vins sur le bout des doigts, Athéna m'a donné son expérience sur les thématiques de couleur et les décorations à la mode, et Yann est un expert en cocktails et champagnes. C'est également lui qui m'a conseillé de choisir le chef Kaï, bien plus jeune et donc plus moderne que tous les autres qui ont l'habitude de servir les réceptions mondaines.
Cette idée me plaisait bien : allier modernité et jeunesse avec le monde des snobs.
-Bien que je sois certain que la reine Elizabeth II apprécierait la référence, me contre Adam à ma gauche, je peux vous garantir que ce que vous dites n'a aucun sens. Il n'est pas rare de voir des huîtres à un repas d'anniversaire avec autant d'invités.
C'est vrai que c'est son domaine. Ce genre d'évènement doit faire parti de son quotidien, mais ça ne lui permet pas d'avoir une ouverture d'esprit comme la mienne.
-Peut-être, mais moi je n'en veux pas.
Qui a envie de participer à une fête où tout le monde est coincé et que tout est du déjà vu ?
-Très bien, souffle Adam qui paraît de mauvaise humeur face à mes refus répétés. Que proposez-vous, dans ce cas ?
-Hmm...
Réfléchis, Lena.
En face de nous, le chef, semble attendre que je lui donner enfin de quoi faire travailler son inspiration. Voilà plus d'une heure que nous essayons de trouver un terrain d'entente qui satisfera tout le monde.
-Elle vient d'obtenir son diplôme d'architecture, je dis en me retournant vers le chef. Que diriez-vous de faire un repas basé sur des prouesses architecturales ?
-A quoi pensez-vous ? demande-t-il en haussant un sourcil, intéressé.
-On pourrait jouer sur les formes et les couleurs. Représenter des monuments emblématiques ou encore des empilements de formes qu'on ne penserait jamais tenir les unes sur les autres...
-Je ne suis pas certain que ... me coupe Adam en remettant sa veste en place.
-Oui ! s'exclame Kaï en demandant à l'un de ses commis de lui apporter de quoi noter. Elle a fait une partie de ses études à Paris, n'est-ce pas ? Pourquoi ne pas représenter une entrée en forme de tour Eiffel, et à base de spécialités françaises ? Et je sais également qu'elle a fait un stage en Chine, dont la spécialité est le xiaolongbao, une sorte de raviole fourrée de légumes et de ...
-Très bien ! je m'exclame en le coupant après avoir jeté un coup d'œil à ma montre. Je vous laisse faire, Kaï. Si Monsieur Marciello donne son accord ...
Nous retournons tous les deux notre regard dans sa direction.
Mon téléphone vibre, et la pression monte. S'il refuse, j'en ai encore pour au moins deux heures de négociation. Il n'est pas possible que je le laisse mettre des huitres à ce repas.
J'inspire et bloque ma respiration.
Mon téléphone vibre une fois de plus. Un coup d'œil m'indique qu'Athéna traverse quelques problèmes de logistique. Apparemment les fleurs n'ont pas été livrées.
Bon sang. Vite, Adam...
Il me jette un regard mauvais, décidément d'humeur exécrable.
Enfin, il finit par accepter.
-Allez-y, dit-il en soupirant en direction de Kaï. Donnez tout ce que vous avez, mais ne vous trompez pas.
-Bien, Monsieur, dit le chef en se levant promptement. Madame.
Puis il quitte la salle de restaurant, se précipitant en direction de ses fourneaux, le calepin à la main.
Au moment où je suis sur le point de me lever, Adam m'interpelle.
-Pourquoi ne pas avoir engagé Henry ? Il est le traiteur officiel depuis plusieurs années et...
-Justement, je le coupe en prenant deux secondes pour avertir Athéna que j'arriverais avec un peu de retard. Nous ne voulons pas la même chose que d'habitude, nous voulons un évènement mémorable. Le meilleur coup de comm que l'entreprise ai jamais connu !
Mon entrain l'amuse, et un sourire dessine les commissures de ses lèvres.
-Ce que femme veut... conclut-il en se relevant.
Je fais de même. Nous nous retrouvons tous les deux debout, sans trop savoir quoi dire.
Je regarde le bout de mes escarpins en essayant de trouver un nouveau sujet de discussion pour alimenter notre conversation.
Je sais que je n'ai pas de temps à perdre, cependant, quelque chose dans mon fort intérieur me pousse à passer quelques minutes de plus en sa compagnie.
Mais les moments de blanc me mettent toujours mal à l'aise, même si pour Adam, ça ne semble pas être le cas.
-Donc, euh... J'ai entendu dire que vous aviez invité votre meilleur ami à la soirée. Peter, c'est bien ça ?
Je tente de faire comme si son prénom m'avait échappé, alors que je sais pertinemment comment son meilleur ami s'appelle.
D'ailleurs, Adam n'est pas dupe. Il me lance un clin d'œil rieur avant de répondre :
-Effectivement. Vous êtes bien informée.
Ce qui signifie :
« Je sais que votre amie vous a parlé de lui. »
Je tente de me justifier pour ne pas passer pour une idiote complète. Non, je ne passe pas mes journées sur Internet à la recherche d'informations croustillantes sur Adam Marciello, le grand.
-Il a invité ma meilleure amie pour l'accompagner, je dis en triturant l'ourlet de mon manteau.
Une fois de plus, Adam sourit.
Il connaissait cette information bien avant que je la lui dise. Mais il décide de jouer les ingénus, me battant à mon propre jeu.
-Ah, oui ! Il m'en a parlé.
Un nouveau silence embarrassant. Encore plus maintenant que ses yeux sont fixés sur mon visage.
-Donc, euh... Vous viendrez accompagné, vous aussi ?
Bravo, Lena. Maintenant il va croire qu'en plus de passer tes journées à l'épier, tu cherches à le séduire.
Qui d'autre qu'une séductrice en quête de mâle poserait ce genre de questions ?
Bon sang, quelle idiote.
Pour une fois que j'étais sérieusement désintéressée...
Le sourire d'Adam se fane un peu. Malgré tout, un grain de malice l'anime.
Il ouvre la bouche, puis la referme. Il observe le mur derrière moi, semblant choisir ses mots avec soin.
-Pour tout vous dire, je rencontre quelques difficultés... avec Judy.
Il se frotte la nuque, comme gêné. Mais ses yeux m'épient en l'attente de ma réaction... qui ne vient pas. Il semble pourtant n'attendre rien d'autre que ça.
Que ma respiration se coupe.
Que je saute partout.
Que je crie de joie.
N'importe quoi.
Mais je me contiens –difficilement– ne souhaitant pas lui dévoiler le festival qui a actuellement lieu au sein de ma cervelle.
Je ne devrais pas dire ça mais... J'explose littéralement de joie –intérieurement, bien évidemment– de la savoir en froid avec Adam.
Adam m'observe très attentivement. Il ajoute :
-Vous n'êtes pas sans savoir qu'elle possède un caractère un peu... disons particulier.
Ha !
Dites plutôt que c'est une vraie vipère.
-Pardon ? demande-t-il sans pouvoir cacher son sourire.
Ses joues se creusent sous l'effet de l'amusement. Les miennes tournent au cramoisi.
Est-ce que j'ai dis ça tout haut ?
-Euh... Je disais que vous pouviez en être fier. C'est une très belle femme.
Bon sang, Lena ! Toi qui ne voulait rien dévoiler de ce que tu penses, te voilà servit ! Que disait Freud sur les lapsus ? Qu'ils ne sont rien d'autre que le reflet de l'inconscient.
Clairement, cet homme avait vu juste.
-Certes, répond Adam en ignorant ma remarque précédente. Mais la beauté ne réside pas uniquement dans l'apparence extérieure.
-Certes, je répète, sans trop savoir quoi dire d'autre.
Bien évidemment, ça ne compte pas pour lui. Il est beau comme un dieu, et je ne suis pas sûre qu'il ait les capacités pour juger quelqu'un sur autre chose que son physique. Après tout lorsqu'on est beau, pourquoi s'embêter à aller fouiller la personnalité ?
Personne ne voit jamais un bel homme ou une belle femme en couple avec quelqu'un de moche.
Cependant, savoir qu'il ne viendra pas avec Judy a éveillé ma curiosité. Si Judy ne l'accompagne pas...
-Alors... Vous viendrez seul ?
Je déteste la touche d'espoir qui dépeint dans ma voix. Adam ne l'a certainement pas manqué non plus.
-A vrai dire, non. Je serais accompagné.
Je déteste la déception qui parcourt tout mon être.
Bien sûr, Lena.
Bien évidemment.
Adam Marciello ne va tout de même pas venir seul à un évènement de cette ampleur. Quand bien même ce serait le cas, jamais l'idée de t'inviter à toi ne lui aurait effleuré l'esprit.
C'est sa réputation qui est en jeu.
-Pourquoi donc, Mademoiselle Miller ? demande-t-il en retrouvant son air malicieux. Vous auriez aimé que je vous accompagne ?
Derrière la question anodine, je sais pertinemment qu'il a percé mes pensées les plus profondes.
Il a cette capacité à lire en moi qui m'effraie et me fait en même temps rougir de plaisir. Parce qu'il doit tout de même s'intéresser un minimum à ma personne pour chercher à comprendre le fonctionnement de mon esprit déjanté.
Même moi je n'y arrive pas.
J'essaie de cacher mon embarras du mieux que je le peux. Inutile d'ajouter que c'est un échec total.
La prochaine fois, je m'abstiendrais totalement de parler.
-Moi ? Non... ! Je... hum... non ! Pff... Quelle idée !
-Malheureusement pour vous, je suis un homme très demandé ! s'exclame Adam en ne manquant pas de cacher son peu de modestie. Il faudra faire la queue comme tout le monde.
Le clin d'œil qu'il me lance finit de m'ébahir.
J'ouvre grand la bouche, estomaquée.
Non mais pour qui se prend-t-il ? Pense-t-il vraiment que je suis si obsédée par lui ? A tel point que je ferais comme toutes les autres potiches qui lui courent après ?
Monsieur je mets des chaussures de marque et des costumes de luxes pour aller faire les courses ! Enfin, j'imagine. Si tant est qu'il aille vraiment faire les courses lui-même. Il doit être certainement si riche que quelqu'un les fait pour lui.
D'ailleurs, je ne me suis jamais demandé où est-ce qu'il habitait.
Mais je m'en fiche !
Qu'il aille se faire voir, le Marciello de ces dames.
-Merci, je lance en tentant d'effacer l'air ébahit de mon visage, mais je n'ai pas besoin qu'on m'accompagne !
-Vraiment ? me demande-t-il, maintenant intrigué.
Vraiment ?
Oui, vraiment.
Enfin non, pas vraiment.
Bon sang, Lena. Tu dois arrêter de mentir : tu sais bien que tu n'arrives jamais à être crédible.
Et c'est comme une perche tendue qu'Adam Marciello se dépêche d'attraper.
Que dis-je ? Il se précipite !
-Alors, vous avez demandé à quelqu'un de vous accompagner ?
Son sourire est à la fois moqueur et intrigué.
Il sait pertinemment la réponse, mais je me dois de me défendre. Au moins pour sauver mon honneur.
-Je ... oui. Oui, oui.
Cette fois-ci, il lâche un rire puissant.
-Vous mentez, assène-t-il sans aucun doute.
-Non.
Son sourire ne se fait que plus grand. Il semble aimer ma ténacité. La manière que j'ai de continuer à affirmer coûte que coûte ce que nous savons tous les deux être un mensonge.
Mais je me dis que peut-être que si j'y mets de la bonne volonté, il finira par y croire.
-Vous mentez, répète-t-il en baissant le ton de sa voix. Je vous connais trop bien.
Je lève les yeux au ciel dans un ultime geste de dédain.
-Certainement pas. Vous ne me connaissez pas du tout, même !
Bon, pour cette partie, je ne suis pas certaine de dire tout à fait la vérité.
La plupart du temps, j'ai l'impression que mon esprit est transparent pour lui.
-Si seulement vous saviez, dit-il en soupirant longuement.
Défends-toi, Lena !
-Si je savais quoi ? je demande en haussant le ton.
Ses yeux se mettent à pétiller. Il semble avoir attendu que je m'énerve depuis le début.
Il se mordille les lèvres et toutes mes résolutions tombent à l'eau. Il avance nonchalamment vers moi en fourrant ses mains dans ses poches. Il me lance un regard séducteur qu'il sait faire tomber toutes les femmes.
Pour une fois, je peux dire avec certitude qu'il est en train d'essayer de me charmer.
Et il y met tout son cœur.
-Si vous pensez que je ne vois pas la manière dont vous m'observez, c'est que vous vous croyez plus discrète que vous ne l'êtes vraiment.
Sa voix est rauque et pleine de charme.
Bon sang, il y met vraiment toute sa personne.
Je rougis automatiquement, comme un enfant prit la main dans un sac de bonbons. Moi qui me croyais discrète. Cependant, ce n'est pas une raison pour moi de le laisser croire que je lui apporte autant d'importance.
Ce qui est clairement le cas.
Je décide de la jouer finement.
-C'est vrai, je vous regarde, j'avoue en tentant de paraître la plus nonchalante possible. Mais je regarde aussi la secrétaire de l'accueil lorsque je lui dis bonjour, le monsieur de la sécurité lorsque j'arrive le matin, le directeur des ressources humaines lorsque j'ai des papiers à lui amener... Et vous. Mon collègue de bureau.
Il s'esclaffe de plus belle à la notion de cet attribut qui ne lui correspond pas du tout. Adam est tout sauf un collègue. Une figure d'admiration, un dieu vivant, une gravure de mode... d'accord.
Un collègue... Je comprends qu'il se soit esclaffé.
-Vous mentez une fois de plus, dit-il, fier comme un coq. Vous êtes attirée par moi, et vous le savez. C'est plus fort que vous et je vous comprends ; personne ne peut résister à ... ça ! dit-il en pointant l'index en direction de son corps à la musculature impressionnante, en remontant vers son visage d'ange.
Qui pour m'aider à le remettre en place ?
Je pense qu'il a grandement besoin que quelqu'un le replace à son statut d'être humain, comme tout le monde.
-D'accord, Monsieur Marciello, je dis en tendant mes deux mains en signe de reddition. Maintenant, je suis sure que vous déraillez. Peut-être que vous devriez partir à la recherche de nouvelles conquêtes pour assouvir votre besoin d'existence...
Non pas que ce soit vraiment ce que je désire.
Je fais deux pas en arrière, prête à quitter la pièce. Mais ce qu'il me répond me cloue sur place.
-Je n'en ai pas besoin, dit-il du tac au tac. Je ne veux que vous.
-Quoi ?
Je manque de m'étouffer.
-Vous me désirez, et je vous désire.
Certes.
Attendez...
Quoi ?
Il me ... Ha ! D'accord, c'était une blague. Pas vrai ?
-Non. Non, et non. Vous désirez Judy –si étrange que c'est pour moi de l'admettre– et pour ma part, je ne désire perso...
-Moi, me coupe-t-il en s'approchant dangereusement de mon visage. Vous me désirez à moi.
La manière qu'il a de prononcer cette phrase... C'est comme si je lui appartenais. Et je déteste dire que j'adore cette sensation.
-Je suis sûr, ajoute-t-il en approchant encore plus son visage du mien, que vous rêvez de moi la nuit. Je hante vos pensées et votre vie toute entière. Vous devez avoir une vie passionnante, d'ailleurs.
Je me recule d'un pas, peu encline à tomber dans le piège qu'il est clairement en train de me poser. Il faut que je le garde à une distance raisonnable si je veux pouvoir réfléchir correctement.
-Alors là, c'est du grand délire. Je ne rêve pas de vous la nuit –à part dans mes cauchemars– et...
-Alors vous avouez que vous rêvez de moi.
-... je n'ai pas besoin de penser à vous toute la journée, je continue sans plus lui porter d'attention. J'ai déjà suffisamment de choses à faire. D'ailleurs je... ah !
Je sors mon téléphone de ma poche et fais mine de le consulter.
-Justement ! Je dois répondre au message de l'un de mes nombreux admirateurs !
Encore cette histoire.
Bon sang, Lena. Personne n'y croit !
-Vous mentez une fois de plus, dit-il en s'approche à nouveau de moi. Mais vous savez quoi ? demande-t-il en approchant ses lèvres du creux de mon oreille : j'adore ça.
Son visage est une fois de plus bien trop proche du mien pour que j'arrive à me concentrer. Ses yeux m'accaparent, me capturent et refusent de me relâcher.
Une fois de plus, je recule d'un pas. Même de deux, au cas où il tenterait un coup en douce.
-Okay, je dis en hochant la tête de manière répétée. D'accord. Allez vous faire soigner, Monsieur Marciello.
Je lui lance un sourire et me retourne en lançant :
- Bonne journée !
Et alors que je suis sur le point de partir sans me retourner, une idée malicieuse me vient en tête. Je veux qu'il comprenne bien que je suis en totale maîtrise de la situation.
Je tourne ma tête de trois quart et lui lance un regard sous les cils séducteur. Son expression change légèrement, mais il semble ne pas vouloir montrer son trouble.
Mais je n'en ai pas fini avec lui : je veux achever Adam Marciello et lui donner une telle montée d'hormones qu'il ne pourra rien faire d'autre qu'exploser de l'intérieur.
D'un geste charmeur, je fais mine de remettre les manches de ma robe en place, dévoilant la bretelle de mon sous-vêtement en dentelle noir. Mes gestes sont lents et délicats, comme si je prenais un plaisir fou à toucher le tissu que je porte.
L'effet est immédiat. Sa bouche s'ouvre en grand et ses prunelles se perdent en direction de ma poitrine. Il semble totalement hypnotisé, et je suis heureuse de découvrir qu'il n'est pas le seul à pouvoir avoir un tel effet sur moi. Je vois clairement sa respiration s'accélérer et ses yeux s'enflammer.
Je tourne les talons, satisfaite de mon petit effet.
Je maitrise, Monsieur Marciello. Prenez-en pour votre grade !
-Attendez !
J'ai à peine le temps de me retourner qu'il a déjà traversé la pièce, et se retrouve maintenant à quelques centimètres de moi.
Avec une fougue que je ne lui connaissais pas, il attrape mes hanches des deux mains et plaque mon corps contre le sien. Ses gestes sont vigoureux et calculés, et ses prunelles déterminées. La hargne que je lis dans son regard est si puissante qu'elle me laisse sans voix.
Toutes les parcelles de mon corps sont en ébullition. Mes mains se sont instinctivement placées sur son torse et sous mes doigts, je sens le rythme effréné de son cœur. Il bat à la même cadence que le mien, qui résonne jusque dans mes tempes.
Je ne réfléchis plus –je ne peux plus réfléchir. Comme si mon instinct prenait le dessus.
Adam sonde mon regard l'espace d'une milliseconde. Juste le temps pour moi de réagir si je l'aurais voulu.
De le repousser si je l'avais souhaité.
Ce que je serais incapable de faire même si je l'avais désiré car mes membres refusent maintenant de bouger.
Il plante ses pupilles dangereuses dans les miennes, alerte. Elles sont folles et avides d'un désir plus puissant que jamais. Il semble impatient, pressé, à la limite de l'hystérie. L'adrénaline monte en moi, mon corps tout entier électrisé par le moment.
Ses lèvres s'approchent trop –pas assez– rapidement des miennes.
Et avant que je ne puisse comprendre ce qu'il se passe, elles se plaquent durement contre les miennes.
L'explosion. Le désir à l'état pur. Une infinie folie qui s'immisce en moi comme jamais personne n'avait pu le provoquer auparavant. Son souffle mentholé se lie au mien et je goûte pour la première fois à la saveur exquise de ses lèvres.
Sévères et douces, passionnées, pleines d'une émotion charnelle, de puissance et de cet enthousiasme enflammé dont il fait preuve. Ses lèvres dansent une valse exaltée, incendiant l'intégralité de mon être. Je ne suis rien d'autre que chaleur et passion.
Le contact de ses lèvres m'électrise totalement. Sa bouche est experte, et la sensation de jouissance ultime me heurte de plein fouet, tel un tsunami. Ma jambe vient se caler autour de ses hanches, cherchant une proximité plus étroite. Ses lèvres ralentissent un instant, comme si ce contact lui avait envoyé une décharge électrique.
Puis il repart de plus belle, le rythme effréné, la peau brûlante. Sa langue me torture délicatement, glissant le long de mes lèvres pour me titiller. Finalement, j'ouvre la bouche et j'accepte d'approfondir ce baiser.
C'est délicieux et je m'évade. Je vais loin, je m'envole et pour autant, j'ai l'impression de ne jamais avoir été aussi ancré sur Terre qu'aujourd'hui. Ancrée à lui. Tout son corps est parcouru de frissons de plaisir, et la simple idée d'être l'instigatrice de ce désir fait monter en moi une bouffée d'adrénaline. J'en veux plus. Encore et toujours plus.
Ses doigts palpent mon corps, le parcourent de haut en bas, dessinant les courbes délicates partant de mon dos et descendant jusqu'à l'arrondi de mes fesses sur lesquelles il passe bien plus de temps que nécessaire.
L'idée qu'il apprécie ce qu'il touche suffit cependant à me faire oublier tout sens des convenances.
Mes mains remontent lentement le long de son torse, sentant l'étendue de sa musculature du bout de mes doigts. Bon sang, lorsqu'il disait que les femmes faisaient la queue pour pouvoir le toucher... Je comprends maintenant qu'il avait raison.
Je défais rapidement les premiers boutons de sa chemise avant d'en venir à la conclusion qu'il n'a pas besoin de sa veste de costume.
D'un geste rapide, je la lui enlève et elle tombe au sol tel une flaque autour de nous. Je sens le sourire de plaisir d'Adam contre mes lèvres, et son attitude rebelle me pousse à aller plus loin.
Je passe mes doigts sous sa chemise et dessine le contour de ses abdos. Le contact de mes doigts sur sa peau nue lui arrache un frisson de plaisir. Ses baisers ne se font que plus langoureux, et il recule de deux pas en m'entrainant avec lui, jusqu'à ce que son dos se plaque contre le mur adjacent.
Mon index remonte sur ses pectoraux monumentaux, me délectant de la chaleur persistante de sa peau si douce, avant que mes mains viennent s'enrouler autour de sa nuque et agripper ses cheveux.
La sensation de mes mains parcourant son corps le met dans un état second. Il lâche un long râle de satisfaction qui m'émoustille jusqu'au plus profond de mon être.
Il apprécie tout autant le moment que moi.
Notre baiser accélère encore sa cadence, devient plus profond, plus puissant, plus rythmé, plus...
Et au moment où je suis certaine de toucher du bout des doigts la satisfaction à l'état pur, il fait une chose à laquelle je ne m'attendais pas.
Ses lèvres se décrochent des miennes et il me repousse légèrement, essoufflé.
Je reste sans voix et recule d'un pas.
Que vient-il de se passer ?
Lorsque je rouvre les yeux, il est dans un piteux état. Ses cheveux sont complètement ébouriffés, sa veste de costume est par terre et sa chemise à moitié déboutonnée.
Adam ne bouge pas de sa place, les yeux rougis d'une émotion que je serais incapable de décrire. Il m'observe avec intensité et son regard me transperce.
Je touche mes lèvres du bout des doigts, cherchant à trouver une explication au feu ardent qui les anime.
Il m'observe pendant ce qu'il me semble être des heures. Je ne bouge pas, et j'essaie tant bien que mal de reprendre mon souffle, fixant l'homme à l'expression féline qui se tient devant moi.
Adam se décide à initier un geste. Il semble à la fois intensément troublé et craintif. Mais c'est d'un geste sûr qu'il tend la main et effleure mes lèvres du bout de son pouce.
Automatiquement, la chaleur dans mon ventre se ranime. Un toucher suffit pour m'électriser.Ses pupilles sont enflammés et en redemandent.
Pour autant, il semble exercer un contrôle sur lui-même pour ne pas céder à la tentation que je représente.
-Juste pour être certain que vous ne m'oubliez pas, dit-il d'une voix rauque, encore chargée de plaisir.
Il se penche pour récupérer sa veste au sol et part d'un pas rapide, sans se retourner, me laissant seule avec mes pensées dans cette grande salle de restaurant.
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HA HA HA 😂😂😂😂😂
Je suis sûre que vous ne vous y attendiez pas à celle-là 😂
Comme je l'ai dis précédemment, je ne serais pas là jusqu'à jeudi prochain, donc je vous ai posté deux chapitres d'un coup ^^ En espérant que le temps soit pas trop long jusqu'à jeudi prochain !
J'accepte toutes les critiques constructives et tous vos avis en commentaire ! :D
Si vous avez des questions, ou juste pour me dire ce que vous avez aimé/pas aimé, ou si vous attendez la suite, c'est dans les commentaires ! ;)
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21/06/2018
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