Chapitre 12 : Affronter son concurrent
Une journée ordinaire, "comme une autre" me direz-vous.
C'est comme cela qu'elle avait commencé.
Une matinée au travail, suivie d'un entretien dans le bureau de Madame Jones qui nous avait donné pour mission de partir à la recherche d'investisseurs dans le cadre de notre nouveau projet participatif. J'étais toute excitée à cette idée -mis à part le fait que je devais m'y rendre en concurrence avec le seul et l'unique Adam Marciello.
Ce à quoi je ne m'étais pas attendue, c'est qu'une rencontre surprenante finirait par mettre mon monde sans dessus-dessous. Une rencontre si inattendue qu'elle me perturberait comme je ne l'avais pas été depuis plusieurs années ...
***
**
Je le déteste !
Je fulmine littéralement en essayant de trouver un moyen de remédier à mon problème. Une stratégie pour le contrer.
Bon sang, ce qu'il est énervant ! Je voudrais allumer un barbecue et le jeter -lui et ses cheveux parfaits- la tête la première !
Vous devez certainement vous demander « Lena, qu'a-t-il bien pu faire pour que tu te mettes dans un état pareil ? »
La réponse est très simple et prouve l'implacable capacité d'Adam Marciello à se comporter comme un crétin fini : il me vole toutes mes prises. Il me passe devant à tous les coups, et s'amuse de la situation.
Ce stupide petit ...
« -Arggg !! je m'énerve en claquant du pied, amenant le jeune homme à ma droite à se poser des questions sur ma santé mentale.
Je lève les yeux au ciel sans vraiment y faire attention. Ce ne serait pas le premier à me prendre pour une folle.
Adam a aujourd'hui décidé de me pourrir la vie. Il a dû se lever aux aurores ce matin, et le noter dans son agenda. « Mercredi 30 Mai : Pourrir la vie de Lena Miller ». Et laissez-moi vous dire que jusque là, il remplit sa mission à la perfection -et avec le sourire.
C'est comme s'il m'observait de loin, et qu'il se jetait sur tous les investisseurs que je suis sur le point d'aborder, et ce juste avant que je ne le fasse.
La première fois, j'ai pensé à une coïncidence.
La seconde, j'ai pensé à y aller quand même, puis je me suis dit « Non, joue-la fairplay, Lena. Ce ne serait pas du jeu d'aller empiéter sur son terrain... ».
La troisième fois, j'ai compris son petit jeu et j'ai faillis lui arracher les yeux.
Voilà qu'il termine presque son affaire avec un des plus gros poissons présents sur cette course. C'est le directeur d'un casino à Las-Vegas qui, en plus de posséder une renommée mondiale, pourrait nous offrir une visibilité d'exception pour l'entreprise.
Je fulmine, persuadée qu'il a décidé de faire de ma vie un enfer. Personne ne connaît mieux que moi cet homme ! Je suis persuadée que s'il m'en avait laissé l'occasion, j'aurais pu décrocher un contrat en or.
Heureusement pour moi, la tâche n'a pas totalement été vaine. J'ai tout de même réussi à parler à quelques personnes présentes, et même trouvé trois investisseurs. J'ai joué mon rôle de messager de la société en diffusant ses slogans et sa bonne publicité. En règle générale, je trouve quand même que j'ai fais du bon boulot au vu des complications auxquelles j'ai été confrontée.
Mais Adam a parlé aux personnes les plus importantes -celles moi, que j'avais choisies- et je sais que ça le place en meilleure position.
« Je sais que, malheureusement pour vous, je pars avec un avantage » m'avait-il dit un peu plus tôt dans la journée.
Quel idiot. Si son seul avantage est de savoir me piquer mes investisseurs, il n'a aucune fierté à avoir !
Je scrute de loin sa discussion avec le directeur du casino, patientant sagement qu'il termine. Au moment où je les vois s'échanger une poignée de main enjouée et s'éloigner l'un de l'autre, je me précipite dans sa direction, manquant à plusieurs reprises de tomber à la renverse.
-Vous ! je m'exclame en le pointant du doigt.
Il se retourne en direction de ma voix, étonné. Lorsqu'il m'aperçoit, ses yeux se plissent et il ne peut s'empêcher de sourire.
-Vous avez une manière assez... personnelle de m'interpeller, Mademoiselle Miller.
J'agite mon doigt sous son nez.
-Oh non, ne tentez pas de jouer à ça avec moi ! Je sais très bien ce que vous faites.
Un sourire en coin dessine les commissures de ses lèvres, mais aucun son ne sort de sa bouche.
"Qui ne dit mot consent."
Alors j'avais raison. Ma mâchoire se décroche.
-Comment osez-vous ne pas jouer selon les règles ? je m'exclame en rougissant de colère.
Comment cet idiot a-t-il bien pu m'avoir avec une telle facilité ? Moi, Lena Miller ? Je serre les dents, tout aussi énervée contre moi-même que contre lui.
Adam s'avance vers moi avec désinvolture, plus proche d'une démarche de podium que de celle d'une personne lambda. Pourquoi faut-il qu'il fasse tout d'une manière si élégante ?
Son parfum mentholée me parvient aux narines, alors qu'il remet en place la veste de son costume. Il époussette ensuite ses manches, comme s'il avait tout son temps à disposition.
Je remarque alors l'absence de Judy -et de ses remarques sibyllines- et mon moral remonte un peu.
-Qui a dit que je devais les respecter ? contre-t-il en regardant autre part.
Pour le coup, je préférerais qu'il me regarde dans les yeux. Lorsqu'on se confronte à moi, j'ai horreur qu'on tente de se dérider. Qu'il assume ce qu'il a fait, un point c'est tout.
Je place les poings contre la taille en réalisant le poids de ses paroles. Cet homme n'a-t-il donc aucune éthique ?
-Euh... je ne sais pas. Votre morale, peut-être ?
L'idée que je m'étais faite de lui est peut-être complètement erronée. Après tout, ce ne serait pas la première fois que je me fais avoir de la sorte. Les beaux parleurs courent les rues, croyez-moi. Et la plupart du temps, leurs discours sont plus que convaincants.
Adam hausse les épaules.
-Je mettais juste toutes les chances de mon côté, dit-il d'un air nonchalant en osant enfin relever le regard.
Ses yeux plongent directement dans les miens, m'observant avec minutie. Ils me sondent profondément, comme pour évaluer ma réaction. Je ne peux alors empêcher un sentiment de nudité monter en moi : pourrait-il arrêter de me scruter de la sorte ?
Sa réaction est tout du moins surprenante : ses sourcils s'élèvent, sa bouche s'ouvre légèrement et ses yeux s'agrandissent. Son évident étonnement face à ma colère me ravit plus que je ne l'aurais imaginé.
Ma voix devient plus sévère lorsque je sens que je prends enfin le dessus de la situation.
-Eh bien arrêtez.
Ce n'était pas une proposition. Ni une requête. Et encore moins une suggestion.
C'était un ordre. Le ton de ma voix l'a clairement fait comprendre.
Et malheureusement pour moi, ça à éveillé l'imbécilité de mon concurrent.
-Et pourquoi cela ? demande-t-il en retrouvant la malice dans son regard.
Son corps se redresse, comme soudainement intéressé par la conversation. Ses joues se rehaussent lorsque son sourire atteint son apogée, dévoilant une dentition impeccable. Il vient placer ses mains dans ses poches, le regard fixé sur mon visage.
Mais sa réaction me laisse pantoise. Comment ose-t-il s'amuser d'une telle situation, et ne pas prendre notre conversation au sérieux ?
-Vous êtes... vous ... je ... je bredouille en cherchant d'adjectif convenant le mieux pour remplacer l'expression "petit con" qui risquerait d'être un peu déplacée.
-Oui ?
Ses yeux brillent d'une intensité inégalable et j'enrage. Je ne peux pas supporter une seconde de plus son air fier.
Je sors de mes gonds,bien malgré moi.
-Je vous déteste ! je m'exclame d'une voix grave. Vous n'êtes qu'un misérable ...
Je m'interromps brusquement, dans un élan de lucidité inespéré. Je ne contrôle plus mes nerfs, et mes membres se crispent de colère, ce qui n'est évidemment pas signe d'intelligence. De nous deux, je dois prouver que je suis la plus digne de recevoir le poste de directrice.
Les pommettes encore rouges, je m'astreins à respirer calmement.
-Non, vous savez quoi ? Je ne vous déteste pas, je lance en me déridant. Ce serait vous accordez bien trop d'importance.
Il ne mérite pas que je dépense autant de temps et d'énergie à m'énerver contre lui. Il y prend bien trop de plaisir.
Malheureusement pour moi, sa réponse ne fait qu'attiser le feu aux poudres.
-Alors, demande-t-il en posant un doigt sur son menton, vous me détestez oui ou non ?
-Oui! je m'exclame instinctivement, avant de me rappeler mes bonnes résolutions. Euh ... non !
Je ne peux décemment pas lui faire croire ce mensonge. A cet instant précis, je suis si énervée que chacun des mots qui sortent de sa bouche me rendent folle. Ne pourrait-il pas se contenter de se taire et de me laisser gagner, pour une fois ?
Son sourire s'agrandit.
-Bon, je reprends en tentant de conserver la sévérité de ma voix, peut-être un peu ...
Adam semble profiter du spectacle comme un enfant au cirque.
Pour autant, il hoche la tête deux fois en signe d'accord. Il regagne une once de sérieux lorsqu'il me répond, la voix plus rauque qu'à l'habitude.
-Tant mieux, dit-il en acquiesçant une fois de plus.
Son visage se rembrunit et son expression se fige en un masque d'autorité qui refroidit l'atmosphère.
Pour le coup, j'en reste comme deux ronds de flancs.
« Tant mieux »? C'est bien ce qu'il vient de dire ?
Un instant, mon cœur se serre à l'idée qu'il puisse croire que je le déteste vraiment. Bon, c'est vrai que son comportement n'a pas été exemplaire, et qu'il a la fâcheuse habitude de m'énerver comme personne d'autre ne le peux. Tout de même, dire que je le "déteste" serait exagéré.
Il me faut deux secondes pour comprendre que je suis à nouveau au cœur d'une de ses techniques d'amadouement.
-La haine est un sentiment passionnel bien plus difficile à effacer que toute autre émotion, Mademoiselle Miller, ajoute-t-il avant de lâcher un rire doux et sans éclat.
Il se rapproche de moi, comme je déteste -j'adore- qu'il le fasse. Il est trop près et mes pensées sont trop ailleurs et je ne peux pas me concentrer. J'ai horreur de ne pas pouvoir réfléchir correctement en sa présence.
Une fois de plus, son parfum légèrement mentholée me frappe de plein fouet. C'est doux, frais, sucré et très agréable.
Sa barbe n'a pas été taillée depuis quelques jours, et son visage est maintenant au sommet de ce qu'une femme pourrait caractériser de séduisant. Ses cils sont très noirs, apportant de la profondeur à son regard couleur chocolat. Tout chez lui est sujet aux fantasmes. Sa présence ne manque jamais de parcourir mon corps de frissons, et chaque discussion entamée avec lui me rend plus joyeuse que je devrais l'être -même si j'ai horreur de l'admettre.
C'est pour cela que je ne suis pas étonnée qu'il ait vu en plein dans le mille.
-Je sais que j'hanterais votre esprit pour un petit bout de temps, et vous savez quoi ? demande-t-il sans attendre de réponse. Ça me fait vraiment plaisir.
Mon cœur fond et se fend et je suis persuadée d'être la fille la plus stupide que cette Terre ait pu connaître.
Je sais qu'il ne cherche rien d'autre qu'une manière d'occuper son temps avec une idiote de plus.
Je sais qu'il me tend un piège.
Et pourtant, je ne peux empêcher une partie de mon cerveau de tomber en plein dedans.
Heureusement pour moi, l'autre partie est toujours d'attaque.
-Vous êtes vraiment le pire de tous les idiots que j'ai pu rencontrer dans ma vie ! je m'écrie d'une voix peu assurée.
Ce n'est même pas un mensonge. Il ne me semble pas être tombé sur plus idiot que lui.
La différence avec les autres c'est que cette fois-ci, je craque pour cet l'idiot en question.
-Quel compliment, j'en suis honoré ! lance-t-il en posant ses deux mains sur son torse. Ai-je droit à une médaille ... ?
Une ... une médaille ?
-Vous ...
Ma phrase reste en suspend, et il vaudrait mieux qu'elle le reste.
Des bruits de discussions passionnées nous parviennent de notre droite, et nous tournons tous les deux la tête d'un même mouvement. La voix qui s'en échappe est reconnaissable entre milles, tout simplement parce qu'il passe les trois quart de son temps à donner des interviews à la télévision.
Il est la star du moment, invité sur tous les plateaux de télévision, dans toutes les radios.
Je jette instinctivement un regard à Adam. Son regard croise le mien, et une étincelle l'anime subitement.
Je penche légèrement la tête sur le côté dans une faible tentation d'intimidation.
-Vous n'oseriez pas...
Mais je n'ai pas le temps de terminer ma phrase qu'il me fait déjà faux bond, filant en direction d'Edward Aldwin.
-Eh ! Revenez ici ! je m'écrie en tentant de le suivre sans m'affaler face contre terre.
J'active le pas mais rien ne sert. Il m'a devancée, une fois de plus.
De loin, je le vois déjà aller aborder et engager la conversation avec le Edward Aldwin. J'avance rapidement, prête à lui mettre des bâtons dans les roues.
-Bonjour, Monsieur Aldwin, lui dit Adam en lui lançant le plus séduisant de ses sourires, c'est un réel plaisir de vous rencontrer. Je suis Adam Marciello, le nouveau Directeur de l'agence Blue Coton.
Ma mâchoire s'ouvre grand. A cet instant, je suis à moins de deux mètres d'eux, mais je ne bouge plus.
A-t-il osé se présenter comme Directeur ?
Edward Aldwin passe une main dans ses cheveux noirs de jais, la faisant descendre le long de sa mâchoire jusqu'à se fondre à travers sa barbe de trois jours. Il possède de beaux yeux clairs –un mélange de gris et de bleu absolument magnifique- des sourcils en accent circonflexes, et un profil grec. Très beau, il sait se différencier des autres hommes présents à cet événement.
Il sourit chaleureusement à Adam et lui tend une main qu'ils se serrent vigoureusement.
-De même, Monsieur Marciello. Comment vont les affaires ? demande-t-il avec politesse.
A cette distance, je peux suivre la conversation sans risque qu'ils s'aperçoivent de ma présence, mais je ne vais pas rester ici indéfiniment.
Je ne peux pas les laisser converser trop longtemps, Adam risquerait de prendre de l'avance sur moi.
Réfléchis, Lena.
Bon sang, réfléchis...
Adam profite de la question de Monsieur Aldwin pour passer à l'attaque.
-Cela tombe bien que vous abordiez le sujet, commence Adam en dévoilant toutes ses dents. Voyez-vous ...
Je m'avance d'un pas incertain, le cœur à cent à l'heure. Aller Lena, courage.
Une fois suffisamment proche, je dépose une main sur l'épaule d'Edward Aldwin avant de me pencher légèrement en avant et de masser délicatement ma cheville.
J'espère que mon petit numéro va fonctionner et que je ne vais pas passer pour une fanatique sans neurones et ridicule.
Mon cœur bat à tout rompre mais je fais comme si de rien n'était. Je relève alors innocemment la tête en direction de notre investisseur, la candeur incarnée.
-Oh ! je m'exclame en posant une main sur ma bouche et en déposant mon pied au sol. Excusez-moi, je suis vraiment désolée. Mais voyez-vous, ces chaussures me font souffrir le martyr ! Quelle idée de marcher avec un tel instrument de torture...
Je lance un regard en biais à Adam. Tu as tes avantages, moi j'ai les miens. Voyons ce que tu va bien pouvoir faire avec ça.
Son visage n'exprime rien d'autre qu'un mélange de choc, de colère et d'admiration. Si Edward Aldwin n'avait pas été là, pile entre nous deux, je suis persuadée que j'aurais rougis.
Je retire rapidement ma main de son épaule et me recule un peu, comme si mon geste était tout sauf volontaire.
Mais le regard qu'il me lance est remplit de gentillesse et de compréhension. J'en viens même à me sentir coupable de l'enrôler dans notre stupide petit jeu. Mais je suis persuadée que s'il savait, il serait heureux de me rendre ce coup de main.
-Je vous en prie, dit-il en souriant avec une gentillesse inégalable. C'est un réel plaisir pour moi de vous aider, Mademoiselle ... ?
-Miller ! je m'exclame, toujours trop consciente du regard d'Adam sur mon visage. Mais vous pouvez m'appeler Lena.
Un coup d'œil discret dans sa direction me confirme qu'il n'apprécie pas du tout le coup que je suis en train de faire. Sa mâchoire se resserre et chacun des traits de son visage exprime la colère à l'état pur.
Rien de plus pour me mettre en joie.
-Lena, répète le meilleur jockey du pays, en prononçant mon nom de manière délicate. Quel magnifique prénom, « éclat du soleil » ?
Subitement, toute mon attention se retrouve accaparée par Edward Aldwin.
Il connaît la signification grecque de mon prénom. En tant que férue de mythologie, je ne peux m'empêcher d'être admirative.
Quelque chose en moi coupe toute connexion avec Adam pour focaliser mon attention sur cet homme. Il m'intrigue, et c'est la première fois depuis longtemps que ce n'était pas arrivé.
Vient-il vraiment de me complimenter ? Mes joues rosissent à cette pensée, et j'espère de tout mon cœur qu'aucun d'entre eux ne s'en rendent compte.
Il faut que je me ressaisisse, et surtout que je garde en tête mon objectif : mettre Adam Marciello hors d'état de nuire.
Une idée illumine alors mon esprit.
-Exact, je réponds en me raclant la gorge pour me donner une contenance. Je vois que vous vous y connaissez, Monsieur ...?
Je vois la mâchoire d'Adam se décrocher.
Je dois avouer que prétendre ne pas connaître le jockey était définitivement un coup de maître.
Je vous explique la stratégie ...
Edward Aldwin va penser que je ne sais rien de lui, et se sentir forcément plus en confiance. De plus, cela me laisse la possibilité d'essayer de le charmer sans qu'il ne pense que je suis une fanatique qui ne vit pour rien d'autre que me marier avec lui -ce que je ne suis évidemment pas. Effectivement, il a un charme fou : cela lui confère une réputation d'homme très désiré. Beaucoup de femmes rêveraient de l'avoir à leurs côtés, mais très peu ont su conquérir son cœur.
- Aldwin, répond-t-il en me lançant un sourire à la fois étonné et charmé. Mais je vous en prie, appelez-moi Edward. Les gens ont tendance à m'appeler Ed, mais j'ai un peu du mal avec ce surnom.
-Je comprends ! Les surnoms, c'est tout un sujet de nos jours...
Prends-toi ça, Adam Marc Marciello l'inconnu Monsieur M.
Il me semble d'ailleurs qu'il a perdu le sens de l'humour depuis au moins deux bonnes minutes. Ses bras sont croisés sur sa poitrine alors qu'il nous observe patiemment, telle une statue de marbre. De l'extérieur, on a l'impression qu'il ne respire plus, mais rien dans son expression ne pourrait faire comprendre son état à cet instant.
Rien à part ses mains refermées en deux poings si serrés que ses jointures ont blanchies.
Un serveur passe devant nous avec un plateau sur lequel sont déposés des coupelles de champagne. Edward en attrape deux à la volée, avant de m'en glisser une dans les mains.
Je le remercie en souriant, totalement sous le charme. Enfin, pas vraiment. Mais je fais comme si c'était effectivement le cas.
Si Adam ne se sentait pas exclus avant cela, il peut maintenant l'être !
-Que faites-vous dans la vie, Lena ? demande-t-il sur le ton de la conversation.
A nous deux, contrat en or.
J'inspire profondément et me prépare à dévoiler ma meilleure technique d'amadouement.
-A vrai dire, je travaille depuis maintenant deux semaine pour Blue Coton, et ...
-Ah ! s'exclame-t-il en tendant un doigt vers l'homme que je ne veux pas voir à ma droite. Vous devez donc être déjà familière avec Adam. Votre directeur, n'est-ce pas ?
Je manque de m'étouffer, et pour la première fois depuis un petit bout de temps, Adam semble se ranimer.
Un sourire discret dessine son visage.
Il va falloir remettre cette histoire au clair, et rapidement.
-Ce n'est pas le directeur...
-A vrai dire, me coupe Adam en s'avançant de deux pas pour me barrer le chemin, nous travaillons en équipe en attendant de savoir lequel de nous deux sera choisi pour ce poste.
Je me décale d'un pas sur la droite, mais Adam en fait de même et ce de manière imperceptible, me bouchant la vue de manière évidente.
Il le fait exprès. Il cherche à tout prix à m'évincer du jeu, quitte à utiliser des techniques que même les moins de cinq ans trouveraient immatures.
-Très bien ! s'exclame Edward en esquissant un sourire et en déposant une main sur l'épaule d'Adam. J'adore l'esprit d'équipe, c'est une valeur qui se perd de nos jours.
Je lève les yeux au ciel devant son sourire ravit. Si seulement il savait ...
Dans les hauts-parleurs, une voix retentit. Elle invite le public à rejoindre les gradins avant que la course ne débute.
Sur le chemin, je prends les devant pour exposer en long et en large notre -mon- projet professionnel à Edward. Je ne manque jamais d'ajouter un trait d'humour et une touche de séduction à mon récit -tout en ignorant royalement Adam qui tente tant bien que mal de s'imposer dans la discussion. Edward semble charmé, et lorsque l'on arrive aux gradins, il est prêt à signer.
Je regarde autour de moi, gênée par tant de bruit. Le brouhaha ambiant est insupportable, et les cris hystériques d'un groupe de filles m'informe sur la disparition mystérieuse de Judy.
Elle n'avait pas disparu : elle était juste allée retrouver son groupe d'amies idiotes pour jouer les fanatiques devant Edward Aldwin.
-Si vous le souhaitez, nous pouvons finaliser notre affaire dans un coin un peu plus calme, je propose en cherchant du regard un endroit plus posé.
La mâchoire d'Adam se décroche.
Un instant, j'observe son air ébahit avec incompréhension. Ses yeux sont écarquillés, sous le choc, et son visage ne dépeint rien d'autre que de la colère et de l'ahurissement.
Qu'est-ce qu'il lui prend ?
Puis, la réponse me saute aux yeux.
Visiblement, il n'a pas bien compris le sens de ma phrase.
"Nous pouvons finaliser notre affaire dans un coin un peu plus calme".
Je ne cherchais pas à séduire Edward, bon sang !
Je cherchais réellement un endroit plus calme. La migraine monte à mesure que les cris des vipères qui servent d'amis à sa copine me parviennent aux oreilles. Je ne pourrais pas supporter cette euphorie plus longtemps.
Malgré tout, Edward, lui, semble séduit. Complètement sous le charme.
Je décide alors qu'il est temps pour nous de finaliser cette affaire et d'en finir avec tous ces sous-entendus inutiles.
Sur notre droite, je perçois une issue de secours qui débouche sur un stand où on peut commander à boire et à manger. Conclure sur un verre de vin serait une bonne idée. Je fais alors un bref signe de la tête à Edward en direction de la sortie.
Il la regarde, comme interloqué, puis sourit en acquiesçant, les yeux brillants.
Bon sang, j'espère qu'il ne s'est pas fait des films.
Nous nous levons comme un seul homme, ignorant volontairement l'idiot assis à ma gauche.
Prends-toi ça dans les dents, Marc !
Mais j'ai à peine le temps de faire un pas qu'Adam nous intercepte. Il vient se placer juste devant moi, de manière à me bloquer le passage.
J'observe son expression, prête à me défendre s'il le faut. Cependant, je me retrouve figée sur place par la noirceur de ses iris. Ses pupilles sont dilatées, et son regard s'est assombrit.
-Laissez, Mademoiselle Miller, lâche-t-il en tentant d'effacer la colère de sa voix. Je sais que votre cheville vous fait atrocement souffrir.
Quoi ? Mais..
Le sourire qu'il me lance ensuite est effrayant. A la fois possessif et colérique.
Je lance un regard désespéré à Edward.
-Non ! Je ...
Je tente de me défendre, mais rien ne sert. Il me coupe allègrement la parole, sans même une once de remords.
Qui est ce homme devant moi ?
Une partie de moi ne peux s'empêcher de penser : "Ça, Lena, c'est un homme jaloux".
L'autre est persuadée qu'il a, au final, finit par dérailler.
-Je vais me charger de tout ça, ajoute-t-il en lançant un regard entendu à Edward. Rien ne sert de faire votre fière devant Monsieur Aldwin.
Alors ça...
Retenez-moi ou je l'étripe.
Je fais un pas dans sa direction, bien décidée à lui faire rentrer les yeux dans ses orbites, mais Edward me prend de court.
Il se place gentiment devant moi et me lance un grand sourire. Il semble peser le pour et le contre mais un coup d'œil discret en direction de ma cheville semble le décider.
Il passe nonchalamment sa main dans ses cheveux noirs de jais pour les remettre en place, avant de la déposer sur mon épaule avec tendresse.
-Restez ici, dit-il avec une infinie douceur. Je me sentirais bien mal de savoir que j'ai empiré votre douleur.
Je jette un regard à Adam qui jubile.
Il avait tout prévu. il savait qu'Edward réagirait comme ça.
-Ce fut un plaisir de faire votre rencontre, Lena.
Il attrape alors délicatement ma main avant de l'embrasser du bout des lèvres. Le visage d'Adam perd son espièglerie.
Je me recule, un peu sonnée.
-De même, Edward.
Ils s'éloignent alors en direction de la sortie, me laissant seule au milieu de la foule qui afflue pour observer la course.
Il est temps pour moi de m'en aller. Je dois partir. C'en est trop pour moi.
Je me relève subitement, parcourant la foule dans l'espoir de trouver une échappatoire. Ma colère ne s'amenuise pas, et je suis encore indécise sur la personne à blâmer. Moi, pour ne pas avoir vu clair dans le jeu d'Adam ? Ou lui, pour avoir daigné jouer sans respecter les règles, et me battre par la même occasion ? Il l'a jouée déloyale, et ça me met hors de moi.
Je me suis encore faite avoir et je suis maintenant certaine que cet homme est devenu mon ennemi numéro un. Ce crétin, cet imbécile...
-Stupide Adam Marciello, je grommelle pour moi-même en tentant de conserver mon calme. Tu va voir ce que je vais te faire espèce de petit...
-Lena ?
Une voix masculine m'interpelle, me sortant de mes pensées noires.
Un instant, il me semble reconnaître la voix d'Adam mais étrangement, quelque chose dans mon esprit me met en état d'alerte.
Lorsque je relève la tête, je comprends pourquoi.
-Lena, est-ce que c'est bien toi ?
Oh mon...
Dites-moi que je rêve.
-Marcus ?
Marcus Johnson.
N'oubliez pas de voter si ce chapitre vous a plu ! :)
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Chapitre plus long mais probablement celui que j'ai pris le plus de plaisir à écrire XD Alors .. Tada ! Marcus Johnson est le nouveau personnage à faire son apparition :D Vous vous y attendiez ?
En tous cas maintenant, l'action va pouvoir commencer !
J'accepte toutes les critiques constructives et tous vos avis en commentaire ! :D
Si vous avez des questions, ou juste pour me dire ce que vous avez aimé/pas aimé, ou si vous attendez la suite, c'est dans les commentaires ! ;)
N'oubliez pas de vous abonnez si vous voulez encore plus d'histoires, bisous !! ♥☺
08/06/2018
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