Kit Snicket se réveilla dans les bras de sa compagne, éreintée. Chacun de ses muscles était douloureux, ses os craquaient, et elle sentait son sang pulser dans ses tempes. Une larme vint par surprise et roula sur sa joue. Pourtant, elle allait mieux.

- Coucou, murmura-t-elle très doucement.

Jacquelyn entrouvrit les yeux et un léger sourire se dessina sur son visage.

- Bonjour, Kit.

- Comment vas-tu ?

- Bien. Merci. Et toi, ça va ?

- Ça va. Je suis désolée de t'avoir repoussée hier, c'est seulement que...

- Non, je comprends. Tu as bien fait. Et... tu ne m'a pas repoussée, au contraire. Tu as été tellement présente que j'ai rêvé de toi.

- Ah oui ?

- Oui, lui susurra-t-elle. On était dans une immense bibliothèque, avec beaucoup de livres, c'était très beau. On faisait des recherches mais on ne savait pas sur quoi, il fallait trouver un livre jaune qui changeait de couleur... enfin. Et alors, je te voyais et d'un coup, je ne savais plus quoi chercher donc je m'avançais vers toi et puis on devenait des libellules et on s'envolait.

- Et c'était bien ?

- C'était génial.

Kit se leva et remit l'eau de la veille sur le feu. Il pleuvait toujours, mais ce n'était plus qu'une légère bruine, presque agréable. Elle était sûre que si elle sortait dehors, ça la rafraichirait un peu, en douceur. Mais elle ne sortirait pas - pas aujourd'hui, pas seule. Elle entendit Jacquelyn se lever.

Elle eut un vertige soudain, s'accrocha au plan de travail en attendant que ça passe. Voilà. C'était déjà passé. Elle sentit alors les bras de l'ex-secrétaire de M.Poe autour de sa taille. Une sorte de boule de chaleur se diffusa dans son ventre, dans sa poitrine, et elle sentit qu'elle était fatiguée.

- Est-ce que tu as froid ? chuchota Jacquelyn.

- Non.

Elle se retourna pour lui faire face. Elle était bloquée entre ses deux bras, mais elle n'avait pas peur. Elle n'avait pas peur mais elle remarqua qu'elle l'avait remarqué.

- Non, c'est beaucoup mieux.

- Qu'est-ce que tu es belle...

Kit comprit, elle sourit. Elle n'avait pas menti, hier : elle la voulait. Mais elle était tout de même soulagée qu'elle ait refusé, c'était pour elle une preuve de plus qu'elle pouvait lui faire confiance et elle n'avait pas eu de mal à lui parler de... à lui parler, grâce à ça, alors qu'elle était persuadée qu'elle n'y arriverait pas. 

Mais ce matin, Jacquelyn était magnifique et Kit était amoureuse Elle pencha la tête en arrière et enlaça à son tour la jeune femme. Elle sentit ses lèvres sur sa clavicule puis remonter le long de ses cordes vocales, jusqu'à ses lèvres à elle. Elle se laissa faire quelques secondes puis lui rendit son baiser, passionnément. Elle sentit sa main, dans son dos, s'accrocher à sa chemise puis passer en dessous, faisant fi du tissus. À son tour, Kit enleva ses mains de sa compagne et commença à déboutonner... ce qu'elle pouvait déboutonner. Jacquelyn s'arrêta quelques secondes pour la regarder et l'embrassa à nouveau. Elle glissa sa main droite vers... Elle sentait que Kit respirait de plus en plus audiblement et sourit.

- Kit ? Ça va ?

- Oui... oui, continue...

- Tu veux... commença-t-elle.

Kit l'empêcha de terminer sa phrase. Dehors, il pleuvait encore et toujours mais c'était beau, presque poétique. Leurs mains, leurs bouches s'entremêlaient et elles trouvaient ça beau et presque poétique.

- Mon amour, souffla l'une d'elles.

Kit embrassa Jacquelyn une dernière fois, tout doucement.

- Lemony.

- Pardon ?

- Lemony... ton frère est là. En bas, dans la rue.

La jeune femme éclata de rire avant de remettre ses vêtements avec la rapidité et l'élégance de quelqu'un qui a souvent eu à se déguiser et à changer de costume rapidement pour échapper à une mort certaine dans un opéra.