25🤖Le vrai Connor
— Natalia Volkova, je viens voir mon père. J'ai rendez-vous.
— Et l'androïde avec vous ?
— Modèle Connor RK800 n° 313 248 317-51.
« Identification réussie. »
— Ok. Allez-y.
Les portes imposantes du seul pont menant à la tour de CyberLife s'ouvrirent lentement, révélant un passage qui semblait engloutir leur taxi autonome. Alors qu'ils s'engageaient sur le pont, la nuit enveloppait tout, intensifiée par une chute de neige dense qui tourbillonnait autour d'eux, les flocons illuminés par les phares du véhicule créant une atmosphère presque surréelle.
Le contraste entre la tranquillité extérieure et l'intensité de leur mission faisait monter l'anxiété de Natalia, qui passait nerveusement ses mains moites sur le tissu de son élégant tailleur bleu marine.
Soudain, la main de Connor vint trouver la sienne, une étreinte rassurante qui la calma immédiatement. Lui, droit et stoïque dans son uniforme de RK800, incarnait parfaitement son rôle d'androïde programmé, malgré les émotions qui, il le savait, commençaient à émerger en lui.
Alors que la voiture ralentissait, s'approchant de leur destination, Natalia se tourna silencieusement vers lui. Avec un geste tendre, elle ajusta le nœud de sa cravate noire, lissant les plis avec une précision méticuleuse.
Connor lui offrit un bref sourire, un éclat de chaleur dans ses yeux marron avant de replacer son masque d'imperturbabilité juste au moment où la porte s'ouvrit.
Le claquement des talons de Natalia sur la neige fraîche résonnait dans le silence nocturne alors qu'elle ajustait fermement son manteau et avançait avec une détermination palpable. Connor, dans son sillage, affichait une posture impeccable, tout aussi résolue.
À leur arrivée dans le hall d'entrée imposant de la tour CyberLife, leur progression fut brusquement interrompue par un détachement de soldats.
— Nous ne pouvons pas laisser l'androïde vous accompagner, annonça fermement l'un des gardes, son regard fixé sur Connor.
— Son aide est pourtant essentielle à ma mission, insista Natalia.
— Vous pouvez passer, mais lui, nous l'escorterons personnellement une fois que vous serez en sécurité à l'intérieur. Nous avons nos ordres.
Natalia échangea un bref regard avec Connor avant d'acquiescer résolument. Elle s'avança vers le scanner de sécurité. L'appareil bourdonna brièvement, déclinant son identité et lui permettant de pénétrer dans le cœur même de l'organisation qui, jusqu'à ce jour, avait orchestré son destin et celui de tant d'autres.
Elle se dirigea d'un pas décidé vers l'ascenseur monumental qui desservait les étages de la tour CyberLife. Elle appuya sur le bouton appelant l'ascenseur, ses pensées tourbillonnant autour du plan risqué qu'elle et Connor avaient concocté. Les portes s'ouvrirent silencieusement devant elle, et elle pénétra dans la cabine vide.
— Natalia Volkova, niveau -49.
— Reconnaissance de voix validée. Accès autorisé à l'Entrepôt. Bon retour à CyberLife, mademoiselle Volkova.
L'ascenseur l'emmena dans les entrailles de la tour, là où se trouvaient les unités de production et les androïdes en attente d'activation. Lorsque les portes de l'ascenseur s'ouvrirent, Natalia fut accueillie par un spectacle imposant.
Les portes de l'ascenseur s'ouvrirent sur un vaste entrepôt baigné dans une lumière bleutée, où s'alignaient des milliers d'androïdes en sommeil, disposés en rangées parfaites qui s'étendaient à perte de vue sous un plafond structuré en motifs géométriques complexes.
Natalia, un brin déstabilisée par l'ampleur de l'entrepôt, avança rapidement sur le sol métallique, ses pas résonnant légèrement dans l'immensité du lieu. Elle se dirigea vers une console d'ordinateur située à l'opposé de l'entrée, le seul élément dans cet espace qui semblait destiné à l'interaction humaine.
— Elijah m'a vraiment donné tous les accès, c'est dingue..., murmura-t-elle en se connectant rapidement à l'ordinateur avec ses anciens logs de stagiaire.
Sans perdre de temps, elle commença à naviguer dans les systèmes de sécurité de CyberLife, cherchant à les rendre inactifs le temps que Connor éveille tous les androïdes présents et sans éveiller de soupçons.
Les minutes qui suivirent seraient décisives, et elle le savait.
— Natalia.
La voix de Connor résonna étrangement dans l'immense entrepôt, provoquant un sursaut chez Natalia. Elle se retourna, surprise de le voir déjà de retour, et lui adressa un bref geste de la main.
— Tu as fait vite ! Comment as-tu réussi à te débarrasser des soldats ? s'enquit-elle, un soulagement perceptible dans sa voix.
— Les soldats ont été appelés pour une urgence ailleurs dans la tour. Cela m'a donné une ouverture pour te rejoindre plus rapidement, expliqua-t-il.
Ses mots, bien que rassurants, étaient dépourvus de détails, mais Natalia était trop concentrée sur sa tâche pour y prêter attention.
— Bien, j'en ai presque fini ici. Encore quelques minutes et nous pourrons activer tous les androïdes, dit-elle, retournant à son terminal pour finaliser la séquence d'activation.
— À ce sujet..., commença-t-il, se plaçant à côté d'elle tout en observant l'écran. J'ai intercepté des communications en route. Il semble que CyberLife soit sur le point de déclencher un protocole d'urgence. Nous n'avons peut-être pas autant de temps que nous le pensions.
Natalia hocha la tête, absorbant l'information sans suspicion.
— C'est inquiétant. Merci de m'avoir prévenu. Nous devons faire vite alors, répondit-elle, accélérant le rythme de ses frappes sur le clavier.
— Exactement.
Alors que Natalia tapait les dernières commandes pour activer les androïdes, elle sentit soudainement une main froide saisir son épaule. Avant même qu'elle puisse réagir, il la retourna brusquement, une arme pointée sur sa tempe.
Terrorisée, Natalia essaya de se débattre, mais l'imposteur était trop rapide. Il plaça fermement sa main sur sa bouche, étouffant tout cri de protestation ou d'appel à l'aide.
— Tais-toi et ne fais pas un geste, sinon je n'hésiterai pas à utiliser ceci, menaça-t-il en appuyant davantage l'arme contre sa tempe.
Natalia sentit son cœur battre à tout rompre alors que l'imposteur la tenait fermement, son arme toujours pressée contre elle. Ils étaient cachés dans l'ombre des rangées d'androïdes inactifs, le silence de l'entrepôt rendant chaque respiration douloureusement audible.
Soudain, un bruit métallique retentit dans la vaste salle — l'ascenseur venait de livrer une nouvelle personne. Natalia tourna la tête aussi discrètement que possible et aperçut une silhouette familière s'approcher lentement.
C'était Connor, le vrai Connor, marchant d'un pas assuré vers le centre de la pièce pour initier le processus d'activation des androïdes.
À ce moment précis, alors que Connor agrippait la main d'un androïde pour l'éveiller, l'imposteur fit un pas en avant, sortant de l'ombre des rangées. Il traîna Natalia avec lui, l'utilisant comme un bouclier humain tout en braquant son arme sur elle.
— Maintenant recule, Connor, et je l'épargnerai ! cria l'imposteur, son ton tranchant comme l'acier.
Connor s'immobilisa, son regard vif balayant rapidement la scène devant lui. À la vue de Natalia, ses yeux s'assombrirent mais son visage resta imperturbable.
— Désolée Connor, c'est ton salopard de frère jumeau, là... lâcha Natalia avec un mélange d'ironie et de désespoir.
— La vie de cette femme est entre tes mains. Tu vas devoir décider de ce qui compte le plus ! Elle, ou la révolution ?
— Surtout, ne l'écoute pas ! s'exclama Natalia. Je te jure que tout ce qu'il raconte, c'est des conneries ! Jamais il ne tirera.
Connor soutint le regard de l'imposteur avec une intensité implacable, son esprit froidement concentré sur les possibilités d'échappatoire tout en calculant la meilleure manière d'intervenir.
— Avant, j'étais comme toi, articula-t-il calmement. Je croyais que seule ma mission importait. Et puis un jour, j'ai compris. J'ai compris que la vie, qu'elle soit humaine ou synthétique, porte en elle quelque chose de bien plus précieux que des directives programmées.
L'imposteur esquissa un sourire narquois, ses yeux brillants d'une lueur métallique dénuée d'humanité.
— C'est très émouvant, Connor... Mais je ne suis pas un déviant. Je suis une machine conçue pour accomplir une tâche. Et c'est exactement ce que j'ai l'intention de faire !
— Je suis désolé, Nat. Je devais être là pour te protéger, murmura Connor, se tournant brièvement vers Natalia avec un regard empreint de regret.
— Fais pas attention à moi et fais ce que tu as à faire ! répondit-elle d'une voix ferme.
— Assez discuté ! s'exclama le faux Connor, rompant brutalement la tension. Il est temps de choisir qui tu es ! Vas-tu sauver ta partenaire ? Où vas-tu la sacrifier ?
Connor prit une profonde inspiration, son regard balayant l'environnement à la recherche d'une issue, tout en pesant le poids des mots de l'imposteur. Après un moment de silence lourd, il répondit d'une voix basse, chargée de résolution et de détermination.
— D'accord, d'accord. Tu as gagné...
Mais à peine ces mots furent-ils prononcés que Natalia se dégagea de l'emprise de l'imposteur et le repoussa violemment. Cela donna à Connor l'opportunité de s'interposer entre eux. Sans une seconde d'hésitation, il lança un assaut rapide, désarmant l'imposteur d'un mouvement fluide et précis.
Le combat entre les deux versions de Connor s'engagea immédiatement. Chaque mouvement était calculé, exécuté avec une précision et une rapidité qui défiaient les limites humaines.
Les coups s'échangeaient avec une brutalité calculée, chacun cherchant à prendre l'avantage sur l'autre.
— Attendez !
La voix de Natalia retentit clairement, tranchante dans le fracas du combat. Les deux androïdes s'immobilisèrent brusquement et s'écartèrent l'un de l'autre. Elle les visait tous les deux, son bras ne tremblant pas, son regard balayant froidement les deux Connor.
— Merci, Nat. Je n'y serais jamais arrivé sans toi... Allez, tire. On n'a pas de temps à perdre, dit le premier, avec un air de détermination forcée.
— Nat, c'est moi ! Je suis le vrai Connor, protesta l'autre, sa voix empreinte d'une sincérité désespérée.
— L'un de vous est mon partenaire. L'autre n'est qu'un beau sac à merde. Reste à savoir qui est qui, lança Natalia d'une voix acérée, ne baissant pas son arme d'un iota, son regard fixé sur les deux.
— Qu'est-ce que tu fais, Nat ? Je suis le vrai Connor. Donne-moi ton arme, je vais lui régler son c-
— On ne bouge pas ! s'exclama-t-elle, coupant court à son avancée.
Natalia réfléchissait rapidement, son esprit analytique tournant à plein régime pour déceler le moindre détail qui pourrait trahir l'imposteur.
— Et si tu nous posais une question ? Dont seul le vrai Connor connaitrait la réponse.
— OK, euh... où est-ce qu'on s'est connus ? demanda-t-elle, cherchant à trancher une bonne fois pour toutes.
— En salle d'interrogatoire du poste de police de Detroit, le 6 novembre 2038, répondit le premier Connor sans hésiter. Tu as été accusée d'avoir piraté le système d'une boutique d'informatique pour voler les données bancaires de ses clients.
— Il a téléchargé ma mémoire... murmura l'autre Connor.
— Sur quelle musique j'ai dansé devant toi il y a quelques jours ?
— Du Doja Cat. Tu m'as dit que c'était un classique quand tu étais à Los Angeles, répliqua promptement le deuxième Connor.
— Je le savais, moi aussi ! s'exclama le premier.
Natalia les observa, alternant son regard intense entre les deux, puis elle posa une dernière question déterminante :
— Quand est-ce que tu as eu le plus peur de ta vie ?
— Quand j'ai attrapé ce déviant au sommet de la Tour Stratford, que je me suis connecté à sa mémoire et que j'ai ressenti sa mort. Tu étais là, Nat. Je n'avais jamais ressenti une telle émotion.
Elle tourna son regard vers l'autre Connor, lui donnant une chance de répondre.
— Quand tu as failli mourir dans la Tour Stratford. Je t'ai vue là, allongée au sol, avec tout ce thirium s'échappant de ton cœur... Depuis, à chaque fois que je te vois courir un risque, cette peur refait surface. Je réalise que je pourrais avoir à vivre sans toi, et... ça me terrifie. Mais si le prix à payer pour rester à tes côtés est de vivre avec cette peur, alors je l'accepte sans hésiter. Je préfère endurer une éternité de crainte plutôt que de passer un seul jour sans toi.
Ces mots résonnaient avec une sincérité brute, peignant le portrait d'une connexion profondément humaine, une connexion qui ne pouvait être imitée par de simples programmations.
— J'aurais dit exactement la même chose ! s'exclama l'autre Connor. Non, ne l'écoute pas Nat. C'est moi qui suis le-
Sans hésitation, Natalia le coupa net en tirant une balle dans la tête de l'imposteur. L'androïde s'effondra instantanément, court-circuité par l'impact précis. Elle abaissa son arme lentement, son regard se posant d'abord sur le corps inerte de l'imposteur avant de se tourner vers le vrai Connor.
— Je crois que c'est la plus belle déclaration d'amour qu'on m'ait faite alors que j'étais à deux doigts de te tirer dessus. T'as vraiment le cul bordé de nouilles, dit-elle, un sourire triste mais soulagé se dessinant sur ses lèvres.
Connor, quelque peu décontenancé par l'expression, fronça les sourcils.
— De quoi ? Pourquoi serait-il bordé de nouilles ?
Sans un mot de plus, Natalia agit avec une rapidité fulgurante. En quelques pas, elle fut près de lui, saisissant fermement sa cravate et l'attirant à elle.
L'intensité de son geste surprit Connor, qui à peine eut le temps de réagir avant que leurs lèvres ne se rencontrent.
Le baiser était ardent et profond, brûlant avec l'énergie de leurs émotions entremêlées. Connor, bien que pris au dépourvu, répondit avec une passion égale, ses mains trouvant instinctivement leur chemin autour d'elle, la tirant plus près.
Ils se séparèrent après quelques instants intenses, reprenant leur souffle, leurs fronts toujours collés l'un à l'autre. Natalia le regarda droit dans les yeux, un sourire audacieux éclairant son visage.
— Oh la ferme, Connor, dit-elle avec une légèreté amusée, répondant à son interrogation précédente.
Connor rit doucement, la tension de leur situation s'évanouissant momentanément sous le poids de leur connexion.
— C'est noté, répliqua-t-il, son sourire reflétant une joie mêlée d'admiration pour son audace.
Natalia prit une profonde inspiration, regardant autour d'eux, l'ampleur de leur mission leur revenant en mémoire.
— Allez, on a tout un peuple à aider !
Leur mission n'était pas encore terminée.
🤖PROCHAIN CHAPITRE MARDI 9H🤖
La semaine prochaine, ce sera le dernier chapitre et l'épilogue ! J'espère que la fin va vous plaire 🥰
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