chapitre 95 : les moyens tordus d'incorporation
Base Militaire de Dallas, Texas, 2 ans après le Yémen, quelques mois avant le Nigéria.
NASH
Nash arrêta le moteur de sa voiture et regarda Jay ne faire aucun mouvement pour sortir.
- Ça va aller, tout va bien se passer.
Il garda le silence et en guise de réponse, jeta un coup d'œil à la grande bâtisse de la base militaire de Dallas. Nash enleva les clefs du contact de sa Tesla et ouvrit sa portière.
- Le premier qui dira un truc se prendra mon poing dans la figure, je te le promets.
La tension était monté de plusieurs crans, dès l'entrée de Jay.
- Pourquoi tu es ici avec moi, Nash, t'étais pas obligé de venir, je suis pas un enfant.
Murmura Jay tout en se dirigeant vers l'accueil.
- Je sais, mais à quoi je sers, sinon ?
Son ami lui jeta un coup d'œil plus nerveux que colérique et ils s'arrêtèrent à hauteur du bureau d'accueil.
- Bonjour, je viens pour récupérer mes droits et signer mon contrat.
Le caporal assis devant l'ordinateur de réintégrations leva la tête vers les deux hommes et l'expression de son visage changea drastiquement.
- Capitaine Carter ! je... Euh... Vous avez rendez-vous avec...
- Le Surintendant Paulsen.
Nash se tourna vers plusieurs regards malveillants dans leur direction, tout ce qu'il voulait faire c'était de leur dire de se mêler de leur propre culs mais c'était de loin une bonne idée pour aider Jay à se reconstruire une place au sein de ses pairs.
- Il vous attends en haut.
Nash fourra ses mains dans ses poches pendant qu'ils se dirigeaient vers l'ascenseur et une fois dedans, Jay annonça en regardant le sol.
- Le fils du Surintendant... Il était l'un des agents infiltrés au Yémen.
Le Directeur Général de la Compagnie Glock INC. Se tourna brusquement vers lui et le regarda complètement abattu comme il l'était toujours depuis qu'il était revenu de cet enfer. Nash ne savait pas vraiment ce qu'il pouvait lui dire... Alors qu'aucun son sortit de sa bouche, Jay continua.
- Même si... Toutes ces merdes finissent pas passer...
Fit il en indiquant la chemise qui portait l'un de ses bras qui était toujours en voie de rétablissement, maintenant sa clavicule.
- Personne voudra un jour m'engager, ils verront toujours en moi un traître.
- Écoutes moi bien, t'es pas un traître, un jour ce genre de trucs leur arrivera aussi et ils parleront encore plus vite que toi. Si moi, j'aurai été à ta place, j'aurai parlé à la seconde où ils t'auraient touché.
- Je sais que tu veux me rassurer, mais...
- J'ai compris, je me la fermes.
La porte de l'ascenseur s'ouvrit sur le couloir des admissions administratives et une bande de jeunes munis de cartes passaient en courant devant eux, ça rappela au bon vieux temps à Nash qui courait comme ça avec Jay dans les jambes de Shayne. La nostalgie ne sembla pas atteindre Jay qui se contenta simplement de se glisser à travers eux pour rejoindre les sièges de la salle d'attente. Nash enleva sa veste avant de s'asseoir à côté de lui et replia les manches de sa chemise bleu ciel en demandant.
- Pourquoi tu t'inquiètes tellement à ce que tu sois engagé ou pas ? Pourquoi tu veux y retourner ?
- J'en sais rien... Je suppose que je veux rapidement me remettre à tuer légalement les fils de pute qui m'ont fait tout ça.
Nash alla répondre quand tout d'un coup un groupe de grands officiers firent irruption dans le couloir, tous vêtus de leur uniformes de guerre, flambants neufs. Le plus grand d'entre eux, un Lieutenant Général avec un rictus terriblement sadique s'arrêta devant Jay, les mains dans les poches.
- Regardez qui voilà...
Nash voulut se lever mais Jay lui fit un signe de se tenir tranquille, ce qu'il fit, à contrecœur. Jay se leva et un peu gêné, annonça.
- Si vous tenez absolument à dire ce que vous avez sur le bout de la langue, faites-le, je peux l'endosser, il n'y a rien que vous puissiez faire que je n'ai pas déjà entendu ou subi.
Le Lieutenant-Général ouvrit la bouche pour répondre mais fut coupé net par le Surintendant Paulsen qui sortit de son bureau à ce moment précis.
- George, ça suffit.
Le groupe d'officiers s'éloigna à l'entrée de Jay dans le bureau, tout le monde suaf un qui s'attarda avec un regard curieux sur Nash.
- Monsieur Peters, je vous voit bien trop souvent ces derniers temps, la dernière fois c'était il y a quoi... 1 an et demie ? En train de traîner dans les pattes de Nolan ?
Le jeune homme sourit légèrement et lut son nom sur son uniforme.
- Colonel Cole... Criez le encore plus fort.
L'homme en question sortit les mains de ses poches et vint s'asseoir à côté de lui.
- Comment ça se fait que partout où je vais, je tombe sur un Carter ? Comment font ils pour tous être si dramatiques ?
Nash tourna le regard vers le Colonel qui continuait à regarder la porte avec cette curiosité indécise de tout à l'heure.
- Vous vous êtes jamais dit qu'il pouvait y avoir des sous titres à l'histoire ?
- Je suis un officier dans l'armée... C'est pas mon boulot de faire attention aux sous titres. Surtout maintenant, je m'apprête à servir dans le Régiment du Général Carter. Toutes ces histoires de famille ne me concerne pas.
Il était tellement choqué par sa réponse qu'il mit un temps avant de lui demander.
- Ils le laissent retourner sur le champ de bataille ? Même après tout ça ?
- En effet.
Tout allait donc recommencer ? Le Général Carter allait pouvoir passer à autre chose et mener encore plus d'hommes à la mort ? L'officier se leva et remit son uniforme en place, avant de tendre une main respectueuse vers lui.
- Au plaisir de vous avoir officiellement rencontré.
- Attendez, vous ne pouvez pas faire ça.
- Faire quoi ?
- Vous ne pouvez pas aller en mission avec lui, faites moi confiance, il ne vous arrivera que du malheur.
Le Colonel rangea sa main dans sa poche et le fusilla d'un regard colérique.
- Vous êtes sûr de ce que vous avancez ? Porter de tels accusations contre un si grand représentant des forces de l'ordre c'est... J'espère que vous avez des preuves.
Nash se leva et baissa sa voix d'un ton avant de lui rétorquer.
- Vous voulez des preuves ? Regardez Jay, son corps entier est une preuve ! comment à votre avis, toute une base militaire secrètement implantée s'est fait exterminer en si peu de temps ? Sans qu'un rat les aurait prévenu ? Même pour vous ça doit être une sacrée coïncidence !
L'homme en uniforme immaculé marqua un temps d'arrêt et finit par demander, les yeux plissés à demi.
- Admettons que c'est vrai qu'est ce que vous me proposez alors ?
Nash regarda la porte du bureau où Jay se trouvait et ravala sa salive de culpabilité avant de lui dire.
- D'ici deux mois, ses bras seront redevenus ce qu'ils étaient avant et il est l'un des meilleurs sniper que ce monde a connu.
- Monsieur Peters, je...
- Prenez le avec vous.
- Vous vous entendez parler ? Vous voulez que je prenne ce pauvre garçon qui vient à peine de survivre d'un groupe de son père pour en intégrer un autre ? Pourquoi ?
- Parce que c'est le seul qui saura vous aider quand toute la merde vous éclatera en plein visage, il sera le seul qui saura voir où cette mission suicide vous mènera. En plus... Depuis que je le connais, il se nourrit de douleur, prenez ça de lui et il n'est rien, donnez lui en et il combattra avec la force de quatre lions.
L'officier le regarda avec un mélange d'hésitation et d'irritation et Nash se sentait terriblement mal de faire ce qu'il faisait. Mais il savait aussi que peu importe à quel point tout ça sonnait tordu, c'était la meilleure solution pour tout le monde.
- Très bien, admettons que j'accepte l'idée... Qu'est ce qu'il y a dedans pour moi ?
- La vie de vos hommes ?
Apparemment ce n'était pas la bonne réponse à en juger l'expression dubitative qui s'affichait sur le visage du Colonel, alors Nash admit en roulant les yeux vers le ciel.
- D'accord. Quand vous commencerez à avoir des ennuis et croyez-moi, vous en aurez, je serai celui dont vous pouvez compter pour avoir de l'aide.
- Pourquoi je ne pourrai pas compter sur l'aide de son frère aîné plutôt que sur lui ? Après tout il déteste son père tout autant que son frère, mais lui au moins il n'a pas parlé.
Nash retint un rire et s'approcha encore plus du Colonel Cole pour que personne puisse l'entendre.
- A votre avis ? à qui faites vous le plus confiance, celui qui a tout risqué, y compris son honneur et sa vie pour sauver sa famille ? Ou celui qui s'est tu pendant qu'il regardait sa famille mourir et n'a rien fait pour y changer quoi que ce soit ?
L'officier le regarda un instant avant d'éclater de rire à son tour et le désigna du doigt en admettant.
- Nolan m'a prévenu, vous êtes un très bon parleur...
Nash prit une grande inspiration de soulagement et les deux hommes se serrèrent la main comme s'ils passaient un marché. Il allait retirer sa main, mais le Colonel la garda un instant pour lui demander.
- Pourquoi vous faites tout ça ?
- Quoi ?
- Pour le Capitaine Carter... Pourquoi ? Je veux dire que je m'en doute pourquoi, vous, les enfants abandonnés vous êtes comme des animaux de refuge, vous faites les beaux mais si quelqu'un menace l'un des vôtres, vous montrez les crocs, mais... Un business man tel que vous ne devrait pas avoir autant de pitié.
Il lui redonna sa main et Nash essaya de trouver une explication rationnelle, mais n'en trouva absolument aucune. Pourquoi ? ça c'était une bonne question. Voyant qu'il ne répondait pas, l'officier en uniforme continua.
- A moi de vous mettre en garde maintenant, votre boulot ne mérite pas autant de bienveillance, si vous continuez à vous coucher devant quelqu'un qui a... Besoin d'aide, un jour vous en subirez les conséquences et vous mourrez jeune et seul. En attendant, nous avons passé un marché, je prendrai soin de ma part du contrat, vous de la vôtre.
Au moment où il s'éloigna, Jay sortit du bureau, un air soulagé sur le visage et dit envers son ami en entourant ses épaules de son bras valide.
- J'aurai besoin d'un verre.
- Il est neuf heures du matin, Jay.
- Et alors ?
Le jeune homme d'affaires releva les mains en l'air pour s'avouer vaincu et lui indiqua le bout du couloir. Il le regarda s'éloigner pendant un instant, pas sûr ce qu'il venait de faire... Tout ce qu'il savait c'était qu'il venait probablement de le pousser dans les bras de son père... Et il n'y avait que deux façons pour lui d'en finir, en espérant que Jay choisisse la bonne.
- Nash, tu viens ?
- J'arrive.
Il attrapa sa veste et suivit son ami après avoir jeté un dernier coup d'œil sur les futurs cadets militaires qui continuaient à courir dans les couloirs de la Base de Dallas.
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