Nala se sentit en forme de pouvoir remarcher dès le lendemain soir. Lorsqu'elle était dans le coma, la seule raison qui la poussait à se réveiller c'était pour se gratter le bas du dos, même l'expérience traumatique qu'elle venait de succomber n'était identique à cette torture, alors quand elle s'assit pour la première fois, c'était la seule chose qu'elle fit, un vrai bonheur. La nuit de la ville côtière brillait à travers les fenêtres et les autres patients commençaient à regretter la télé que Shayne avait détruite. Celui-ci avait du recevoir triple dose d'anxiolytiques tant il était agité, après tout, on pouvait comprendre, il venait de perdre les fonctions de son œil droit, de subir une importante infection pulmonaire due à un pneumothorax mal soigné et surtout le choc d'avoir du tenir sa figure paternelle dans ses bras pendant qu'il mourait ainsi que tout les autres autour de lui. Apparemment Jordan venait de sortir d'une opération qui s'est avéré bien plus complexe encore, il avait codé lorsqu'on était de lui amputer la jambe, il se trouvait qu'un shrapnel s'était logé près de son cœur menaçant de venir déchirer son aorte. Il était pas encore rentré de la salle de réveil, après tout, tout le monde n'avait pas la précocité de Shayne... Parker et Seth étaient partis pour des tests finaux ce qui laissa à Nala toute l'espace nécessaire de faire ses premiers pas avec l'aide de Jay. Elle avait l'impression d'être à nouveau un bébé, si elle arrivait à se tenir debout avec sa béquille, ce sera encore plus un exploit que si elle avait réussi ses examens d'entrée de sous-officière à West Point.

- Si tu te sens pas prête, ne te forces surtout pas.

- Ça ira, ne t'en fais pas, au moins moi je l'ai encore, ma jambe, alors je n'ai pas à me plaindre.

Il lui laissa une marge de deux pas et se mit devant elle pour la rattraper en cas de problème. Elle se releva avec lenteur de son lit mais dut immédiatement se rasseoir lorsqu'elle sentit une immense crampe dans ses muscles. 

- ok, je vais peut être prendre encore une petite minute.

Jay se rassit à son tour près d'elle et la jeune femme lui demanda tout en indiquant le rideau qui fermait le lit de Shayne.

- Qu'est ce qui va advenir de nous, maintenant que le Colonel est...

le jeune officier mit un certain petit temps avant de répondre, elle ne pouvait que comprendre, après tout, elle n'arrivait pas non plus à croire comment un homme aussi invincible qu'était Laïthan pouvait mourir, elle avait toujours cru qu'il serait le dernier à les quitter, qu'il les mènerai chez eux. 

- Le Général est en route pour nous dire ce qu'on fait maintenant mais on sait déjà tous ce qui va se passer, on a pas besoin de lui pour le comprendre... Les Accords d'Abuja ont été rompu, avec la mort de Nate et de Laïthan, c'était comme si ce truc était devenu complètement inutile, ça veut aussi dire que c'est la fin de notre Régiment.

Nala tourna brusquement la tête vers lui, elle n'arrivait pas à le croire, alors c'était tout ? Six ans de contrôle total sur la population du Nigéria pour finalement les laisser avec encore plus de merde que ce qu'il n'y avait avant leur venue ? C'était terriblement criminel.

- donc on va rentrer... Juste comme ça ?

- oui, recevoir des médailles d'honneur et devoir faire comme si tout ça... Ne s'était jamais passé.

Jay se rapprocha d'elle et regarda autour de lui avant de murmurer.

- Nala écoute moi bien, d'ici quelques jours il va falloir qu'on revienne à Halley pour s'occuper de détruire la base, on détruira tout les dossiers, toute les preuves qui parlent des mines, il n'y aura plus que toi et moi qui sachons exactement où se trouvent ces fichues mines, parce qu'on les aura vu de nos propres yeux.

- je sais, on en parle même pas à notre partie, ces trucs n'ont jamais existé.

Jay avait l'air si épuisé qu'il devait se rasseoir à côté d'elle après ça. Elle posa sa tête dans le creux de son épaule et elle finit par rire de la situation.

- j'aurai du t'écouter.

- quoi ?

- si je t'avais écouté, si je ne m'étais pas penché sur le bord de l'hélicoptère, on en serait pas là. Tu m'avais prévenue que j'allais tomber et à cause de moi, on en est là.

Elle le sentit rire sous elle et elle releva la tête vers lui qui lui prouvait le contraire.

- ça n'a plus d'importance maintenant... Je pense que c'était peut être mieux qu'on sache au moins quel territoire défendre. C'est facile maintenant de s'accuser soi même pour tout ce qui s'est passé. On aurait jamais du être ici en premier lieu, voilà ce qui aurait du se passer, c'était pas notre guerre, c'était pas notre décision à prendre. Tout ça... C'était purement politique. Une guerre de testostérone, pour savoir qui avait le plus grand ego que l'autre, c'est stupide.

Il avait raison, il avait tellement raison... Depuis que le Texas était libre, c'est tout ce dont la question était, il n'y avait plus aucune autre explication, on pouvait tout emballer dans un joli discours de liberté, sous un beau ciel d'été où volaient les drapeaux Texans, mais... La politique, restait la politique, les humains restaient des humains, peu importe s'ils était d'un coté de la frontière ou de l'autre. Nala sentit les bras de Jay lui entourer les épaules et sentit une petite lueur de chaleur se raviver dans son cœur endeuillé, ce qui la rappela bien vite et s'excusa auprès de lui.

- je suis vraiment désolé que le Colonel soit mort. Je sais qu'il était important pour toi.

- il l'était. Le pire maintenant, ça va être pour Shayne, de devoir l'annoncer à sa famille quand on reviendra.

Dans de grands conflits comme celui-ci, les Vautours n'avaient pas assez d'informations pour aller annoncer aux familles si leur proches étaient vivants, morts ou disparus, ce devoir revenait donc à l'officier supérieur en charge du groupe militaire, Laïthan mort, ce devoir revenait à Shayne, c'était d'ailleurs peut être aussi pour ça qu'il commençait à vraiment perdre la tête. Une si grande responsabilité était dur à endosser, passer de famille en famille pour leur annoncer la mauvaise nouvelle... Nala sentit le cœur de Jay frapper fort dans sa gorge et elle entoura sa taille de ses bras pour lui faire comprendre qu'elle sera là pour lui, quoi qu'il arrive.